Editeur : Rageot
Nombre
de pages : 91
Résumé : Plume est une Ombre. Grâce à ses talents
d'acrobate, elle se glisse discrètement dans la nuit.
Jeune écuyer des Chevaliers
du Vent, Estéblan accompagne la délégation chargée de rappeler au nouveau roi
ses devoirs. Quand la délégation est assassinée, il est menacé à son tour.
Plume sera-t-elle son alliée
?
- Un petit extrait -
« - Les états d'âme sont plus faciles quand on a le ventre plein, n'est-ce pas ?- Que veux-tu dire ?- Simplement que chez certains les convictions morales ne se font entendre que lorsque l'estomac se tait. Ce n'est pas une attitude que j'apprécie. Un peu trop lâche à mon goût. »
- Mon avis sur le livre -
Dix ans après, c’est toujours aussi difficile
de se faire à l’idée que Pierre Bottero n’enchantera plus nos vies de nouveaux
récits, de nouvelles aventures, de nouveaux rêves. J’ai un petit pincement au cœur
à chaque fois que j’y pense, un petit vide à l’âme à chaque fois que cette
triste réalité traverse mon esprit. Alors, quand Rageot a annoncé la sortie
prochaine de ce bref récit, paru en 2005 dans Je Bouquine, l’heure était à la joie … bien que
subsiste toujours cette petite étincelle de regrets : maintenant, c’est
véritablement fini. Maintenant, il ne me reste plus qu’à prendre mon courage à
deux mains pour me procurer – enfin – les quelques ouvrages de Pierre Bottero
que je n’ai pas encore, puis d’oser les lire, en sachant qu’après cela, je ne « découvrirai »
plus jamais une histoire Botteresque. Je ne sais pas combien de temps il me
faudra pour passer ce cap, mais il faudra bien le franchir un jour. En
revanche, je n’ai pas pu résister bien longtemps avant de me plonger dans ce
petit livre …
Plume et Estéban ont tous les deux 13 ans,
mais tout les sépare : Plume est une Ombre, et son quotidien est fait de
petits larcins qui lui permettent de subvenir à ses besoins, tandis qu’Estéban
est écuyer pour les fiers Chevaliers du Vent et leurs aigles géants. Ils n’auraient
jamais dû être amenés à se rencontrer, et encore moins à se côtoyer et à
devenir amis. Mais ils se sont retrouvés au même endroit au même moment :
dans le palais du prince. La première pour voler quelques objets demandés par
son commanditaire, le second pour accompagner la délégation de Chevaliers venus
s’entretenir avec le nouveau Roi. Mais lorsque ces derniers sont sauvagement
assassinés par les gardes du Roi, le jeune Estéban n’a pas d’autre choix que
fuir s’il ne veut pas mourir à son tour. Et contre toutes attentes, c’est Plume
qui va lui venir en aide …
On retrouve ici la plume unique et inimitable
de Pierre Bottero : cette sobriété mêlée de poésie, cette simplicité
pleine de magie. C’est en en disant peu qu’on en dit le plus : jamais
Pierre Bottero ne s’embarrasse de longues descriptions, de longues
explications. Il raconte, tout simplement, et tout fait sens, comme une
évidence. Contrairement à beaucoup trop d’auteurs de fantasy, qui s’imaginent
qu’il faut nécessairement expliquer en long, en large et en travers tous les
menus détails qui composent l’univers, comme pour exhiber leur imagination,
Pierre Bottero s’est toujours arrêté à l’essentiel : l’histoire. C’est ce
que cherche le lecteur, c’est ce qui le passionne. Et c’est ce que Pierre
Bottero lui offre avec Les Aigles de Vishan-Lour : un récit d’une brièveté et d’une
force incroyables, un récit qui le happe du début à la fin, un récit qui le
fait passer par toutes les émotions possibles et inimaginables. En l’espace d’une
toute petite centaine de pages, il a su me captiver comme peu de livres savent le
faire, il m’a fait oublier tous mes petits tracas et mes gros soucis, il m’a
fait rêver les yeux ouverts, et ce fut un tel plaisir !
Plume est une jeune fille très attachante, qui
n’est pas sans rappeler la petite Ipiu aux lecteurs familiers de l’univers de
Gwendalavir : orpheline, débrouillarde, agile et déterminée, elle est
la meneuse des Ombres, petite bande de gamins livrés à eux-mêmes qui n’hésitent
pas à dérober quelques menus objets chez les puissants de ce monde pour
subvenir à leurs besoins. Face à elle, il y a Estéban, jeune écuyer rêveur et
courageux, le cœur plein de bons sentiments mais aussi de naïveté. Cette
histoire, ce n’est rien de plus que la rencontre entre ces deux mondes :
le jeune noble promis à un bel avenir de Chevalier du Vent, et la jeune gamine
des rues obligée de voler pour se nourrir. Ils sont aussi opposés que peuvent l’être
Sillage et Tempête, la chouette effraie de la fillette et l’autour des forêts
de l’adolescent. Un oiseau nocturne, un oiseau diurne. Le jour et la nuit. Ils
n’auraient jamais dû se rencontrer … et encore moins devenir amis. Mais
cette amitié, née d’un simple regard, représente le cœur même de cette petite
histoire : le reste n’est qu’accessoire. Parce qu’il faut bien un peu d’aventure.
Mais l’essentiel, il est là, dans cette Amitié avec un grand A, cette amitié
aussi simple qu’évidente, évidente car elle est simple, simple car elle est
évidente. Il y a besoin de peu quand l’amitié est forte …
Et les aigles, dans tout cela, me demanderez-vous
à juste titre, au vue du titre ? Ne vous inquiétez pas, ils sont bien
présents. Ils constituent finalement la petite touche de fantasy qui manquait
au récit, le petit élément qui fait toute la différence entre une simple
histoire d’amitié entre deux enfants que tout oppose, et un véritable récit de
l’imaginaire. Imaginez des aigles de cinq mètres, libres et fiers, qui
acceptent d’être chevauchés par des Chevaliers du Vent. Mais imaginez aussi une
petite chouette effraie et un autour des forêts, prêts à tout pour aider et
protéger leurs compagnons humains. Imaginez, tout simplement, la confiance et
le respect mutuels qui lient ces majestueux oiseaux et ces simples humains, et
vous comprendrez qu’ils occupent une place discrète mais essentielle dans ce
récit. Ils représentent le rêve ultime de tout enfant, celui de s’envoler, de côtoyer
les étoiles et de toucher les nuages. Ils représentent la liberté la plus
absolue, celle de l’imaginaire qu’aucune prison ne peut arrêter. Ils
représentent l’audace, aussi, l’audace de ces deux enfants qui vont braver le
danger et les gardes royaux pour aller les libérer. Une quête « simple »,
mais périlleuse et noble.
En bref, vous l’aurez bien compris, je ne
peux qu’approuver les éditions Rageot qui parlent sur le bandeau d’une « pépite » !
Comme souvent avec les ouvrages de Pierre Bottero, je ne peux pas me contenter
de parler d’un « coup de cœur », car l’expression est bien faible
comparé à ce que je ressent : c’est comme rentrer chez soi après un long
et éprouvant voyage, pour se lover au coin du feu en se sachant à l’abri de
tout danger, c’est comme serrer dans ses bras les personnes qu’on aime en se
sentant aimé. C’est comme une petite renaissance dans l’amour de la fantasy, et
c’est indiscutablement un petit ouvrage que j’aurai tant aimé lire vers huit ou
neuf ans, voire même un peu avant, tandis que je découvrais le monde merveilleux
de la lecture. A mes yeux, ce livre constitue une véritable passerelle pour l’imaginaire,
une porte vers ces univers magiques et fantastiques qui ne demandent qu’à être
visités par des lecteurs aux yeux remplis d’étoiles d’émerveillement. Alors si
vous avez dans votre entourage un enfant qui aime – plus ou moins – lire, mais
surtout qui aime rêver, je vous l’assure, vous avez trouvé votre prochain
cadeau !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire