dimanche 28 juin 2020

Top 5 : Les meilleures figures paternelles


- Top 5 : Les meilleures figures paternelles -

C’est le retour des tops ! Et cela grâce à Mange-Nuages qui a mis en place un petit challenge/jeu que je vous invite à retrouver sur Livraddict ! Un thème par semaine, rien de plus simple, d’autant plus que j’ai décidé de faire ceci sous forme de mini-article pour ne pas me surcharger … C’est l’heure de répondre au thème de la semaine que voici :

Les meilleures figures paternelles

Le weekend dernier, les papounets étaient à l'honneur. Et dans les livres ? Qu'ils soient de vrais pères ou des pères de substitution, parlez-nous cette semaine des papas en or de vos lectures !

Et voici donc mon petit top 5 :

Oukilipip et Pilipip dans Le Pacte des Marchombes (Pierre Bottero)
Probablement les meilleurs pères adoptifs dont aurait pu rêver notre petit Ipiu/Ellana ! Alors certes, on ne peut clairement pas leur décerner le prix des « parents les plus responsables », mais ça crève les yeux qu’ils l’aiment de tous leurs petits cœurs et qu’ils ont vraiment fait de leur mieux pour s’occuper d’elle, ils sont toujours là pour elle quoi qu’il arrive, et ils sont tellement drôles en plus de cela !

Bernie dans Les éphémères sont éternels (Azelma Sigaux)
Bernie, c’est celui qui a pris sous son aile tous ces gosses dépassés par leurs capacités extrasensorielles, celui qui leur a offert un refuge sûr dans lequel grandir et s’épanouir en toute sérénité, celui qui leur apprend à aimer et à s’aimer. Il nourrit l’espoir que ses enfants de cœur puissent vivre dans un monde meilleur, et il donne absolument tout pour eux … Il ne se bat jamais pour lui-même, uniquement pour eux, et c’est beau.

Arthur Weasley dans Harry Potter (J.K. Rowling)
On retient souvent de lui son côté excentrique, son amour pour les objets moldus, mais il ne faut pas oublier que Monsieur Weasley est avant tout un papa d’enfer ! Alors certes, il est parfois trop indulgent envers ses enfants (« Et elle a bien marché ? Je… je veux dire… c’est… c’est très mal, les enfants… Vraiment très mal… »), mais c’est vraiment LA figure paternelle de la saga, je trouve.

Martin dans Viralata : Le fils du caïman (Sébastien Acacia)
Au cœur de ce roman, il y a l’amour infini d’un père pour son fils, ce petit garçon si différent des autres. Et de cet amour nait la peur, une angoisse sourde et douloureuse : qui s’occupera d’Antonin lorsque sa femme et lui ne seront plus là pour le faire ? C’est cette crainte qui pousse Martin à effectuer ce voyage si éprouvant, autant physiquement qu’émotionnellement. Un vrai papa-courage !

Ben dans Shtum (Jem Lester)
A contrario, Ben n’a rien du « père-courage » : dépassé par la situation, épuisé, perdu, déprimé … Il n’a rien du « père-héroïque » que l’on s’attend à trouver dans un roman : alcoolique notoire, chef d’entreprise irresponsable, couvert de dettes, il n’a rien pour attirer la sympathie … Mais il aime profondément son fils, lui aussi, il est prêt à se battre contre vents et marées pour lui, et ses « défauts » ne le rendent que plus humain …

samedi 27 juin 2020

Les chats des neiges ne sont plus blancs en hiver - Noémie Wiorek


Les chats des neiges ne sont plus blancs en hiver, Noémie Wiorek

Editeur : Homme sans nom
Nombre de pages : 403
Résumé : Morz est la terre la plus au nord du monde. Des siècles plus tôt, la neige a cessé de tomber et la glace a fondu, devenue une boue informe et immonde. Il y a une ombre dans l'est de Morz ; celle de Noir. Sur ses talons court le Second, un guerrier prodigieux, plus cruel et féroce que tous les séides gravitant autour d'eux.  Il y a un enfant sur le trône de Morz : on attend de lui la ferveur de ses ancêtres pour maintenir le royaume dans la Lumière. Et dans le nord, près des montagnes, ourdissent les sorcières, vengeresses, dévorées par le rêve incertain de refaire un jour tomber la neige sur leur monde déchu.

Un grand merci aux éditions de l’Homme sans nom pour l’envoi de ce volume.

- Un petit extrait -
« La dernière frontière du monde n’est qu’une immense plaque de glace grise, silencieuse, où poussent des plantes dures comme la pierre. Le vent siffle près de la neige, l’épousant au cœur de falaises abruptes, lèche le lichen et les mousses sur les roches, torture les arbres rachitiques, arrache leur chaleur aux autres créatures si péniblement dressées dans l’immensité immaculée. Liberté et cruauté, les devises du nord, frappées dans le cœur de tous les êtres y survivant.   »
- Mon avis sur le livre -

Je dois reconnaitre que, même si j’aime beaucoup tenir ce blog, je suis parfois saisie par le découragement en voyant le nombre de visiteurs s’effondrent un peu plus chaque mois : j’ai alors le sentiment d’écrire dans le vide, de m’acharner pour rien … A quoi bon passer de longues heures à rédiger des chroniques qui ne seront lues que par une petite poignée de personnes ? Plus d’une fois, je me suis dit que, peut-être, le blog avait fait son temps, et que nul ne s’intéressait plus à ces longs articles mêlant avis personnel et analyse que j’affectionne tant … Soyons honnête : la tentation de tout arrêter m’a déjà effleuré l’esprit ces derniers mois, tandis que les statistiques mensuelles sont en chute libre. Mais il a suffi d’un simple mail pour me redonner du courage et de la motivation : celui du chargé de communication des éditions de l’Homme sans nom, qui me proposait de recevoir l’une ou l’autre de leurs nouveautés … C’était pour moi la preuve que tout n’était pas encore perdu, qu’il y avait peut-être encore un peu d’espoir pour ce petit blog déserté. Et je dois reconnaitre que la simple perspective de recevoir un ouvrage d’une maison d’édition qui m’a toujours « intimidée » par la qualité de ses ouvrages me remplissait de joie : je sentais que j’allais passer un excellent moment de lecture … et j’avais raison !

Depuis bien des siècles désormais, depuis la Grande Fonte, le royaume de Morz n’est plus que boue et gadoue, masse informe où les arbres malingres se dressent et où les animaux à bout de souffle se trainent. Les habitants de cette terre désolée ne connaissent la neige qu’à travers les contes et mythes terrifiants que déploient les prêtres pour mieux louer la bienveillance et la puissance du dieu-soleil Eldan. Balbutiant et trébuchant sur un trône bien trop grand pour lui, le petit enfant-roi Jaroslav se sait l’ultime Elu de la Lumière, destiné à mettre définitivement fin au règne implacable des Ténèbres qui s’accrochent encore ci et là. Mais une ombre plane sans faiblir au-dessus du pays : celle de Noir, sombre esprit maléfique, et celle plus grande encore de son Second, guerrier impitoyable qui sème mort et désolation sur son passage. Soutenus par les troupes N’dus, ces monstres honnis de tous, et par les sortilèges des sorcières vengeresses du nord, Noir et le Second nourrissent l’espoir incertain de faire enfin revivre l’Hiver …

Laissez-moi clamer et acclamer l’audace créatrice de l’autrice, qui nous offre ici un roman original et atypique, aussi surprenant que son titre, qui transcende, sublime et magnifie les codes et clichés du genre pour mieux fasciner son lecteur. Contrairement à ce qu’on pourrait croire et craindre au premier abord, il ne s’agit pas ici d’une énième histoire relatant la sempiternelle lutte entre le Bien et le Mal : ici, l’Ombre et la Lumière ne font finalement qu’un, et on ne peut en réalité soutenir aucun des deux « camps ». On se contente d’observer cette lutte intestine de deux êtres qui ne sont que deux facettes d’une même folie : d’un côté le fanatisme teinté de folie d’un jeune prince qui se veut l’Elu de la Lumière, de l’autre le dévouement aveugle d’un Second prêt à tout pour réaliser le rêve de Noir, cet esprit obsédé par le désir de faire renaitre l’Hiver … Deux rêves, deux illusions, qui broient les cœurs et les âmes, et poussent sans cesse Jaroslav et Agnieszka en avant, tels deux pantins persuadés d’agir librement. Ils se battent pour des causes qui les dépassent, qui les écrasent, auxquels ils ont adhérés sans vraiment savoir dans quoi ils s’engageaient : ils avaient besoin d’un but pour donner sens à leur existence, et se sont laissés convaincre que leur voie était la bonne …

Etrangeté et beauté, rêve et poésie, voici les maitres-mots de ce roman pas tout à fait comme les autres qui a su me captiver, me fasciner, sans que je ne sache véritablement expliquer comment et pourquoi. Je crois que j’ai tout particulièrement apprécié l’ambiance qui se dégage de ce récit : on a le sentiment d’entrer au cœur d’un rêve, qui n’est pas tout à fait le nôtre, pas tout à fait celui d’un autre. Un rêve de blancheur et de fraicheur, un rêve dans lequel on peut facilement se perdre. Comme souvent dans les rêves, tout semble émoussé, le temps semble s’être arrêté … Il y a une certaine lenteur, une langueur même, on se laisse comme bercer par ce récit envoutant et troublant dont on ressort tout embrumé, mais étrangement apaisé. Mais c’est aussi une histoire aussi sombre que violente, où la haine et la folie se mélangent, où l’humanité et la bestialité se confondent, telles ces sorcières liées à leur animal totem dont les esprits finissent par se fondre totalement l’un dans l’autre. La mort est omniprésente, elle rôde au détour d’une ombre, elle se cache au cœur-même de la lumière, elle gicle dans le sang qui se répand. Noir, Blanc, Rouge, les trois couleurs de cette histoire, aussi simple que complexe, aussi brute que puissante …

Comment ne pas être impressionnée par la sublime plume de Noémie Wiorek, qui démontre avec ce premier roman qu’elle a parfaitement sa place parmi les grands noms de la fantasy française ? Il y a une force et une beauté inouïes qui se tapissent au cœur de ces mots, de ces phrases : je suis vraiment tombée sous le charme de cette plume, riche et poétique, qui nous relate avec subtilité et finesse cette histoire qui se démarque indiscutablement de toutes les autres. L’autrice nous invite à partir à la rencontre de personnages tout en nuances qui ne sont ni bons ni mauvais, forts et fragiles à la fois, à la fois attachants et si distants, prêts à se déliter d’une seconde à l’autre et pourtant inoubliables. On ne sait sur quel pied danser avec eux, tantôt on les plaint, tantôt on les exècre. Rien n’est jamais tranché dans ce royaume où les légendes prennent vie, où la lumière et l’ombre se confondent dans le blanc de la neige qui apparait tantôt comme la renaissance d’un monde et comme la mort en marche. Et puis, l’autrice nous surprend, du début à la fin, elle nous offre des rebondissements inattendus, des révélations étonnantes : pas une seule fois elle ne tombe dans la banalité ou la simplicité …

En bref, vous l’aurez bien compris, c’est un véritable coup de cœur pour ce roman qui ne ressemble à aucun autre malgré les apparences, car les apparences sont souvent trompeuses. Bien sûr, au premier abord, on pourrait grincer des dents face à ce récit qui semble rempli de clichés et de stéréotypes, mais il suffit de quelques pages pour comprendre qu’il ne s’agit clairement pas d’une banale lutte entre un Seigneur des Ténèbres et un Elu de la Lumière. Et alors, on ne peut que se laisser captiver par cette histoire envoutante, entêtante, entrainante, par cette ambiance poétique, onirique, mélancolique … par la puissance de ces mots et de ce récit. C’est un roman de fantasy qui fait étonnamment écho aux grandes questions de notre société contemporaine : le réchauffement climatique qui détruit progressivement l’hiver qui repose la terre, la disparition de nombreuses espèces animales qui réduit progressivement à néant la diversité de notre planète, mais aussi la puissance des femmes et de leurs rêves, opprimés mais jamais éteints. Des thématiques qui surgissent en filigrane derrière cette histoire déjà si captivante et passionnante. C’est vraiment un excellent premier roman, et je souhaite le meilleure à cette autrice qui a un grand avenir devant elle !

dimanche 21 juin 2020

Top 5 : Ces livres avec des héros-animaux


- Top 5 : Ces livres avec des héros-animaux -

C’est le retour des tops ! Et cela grâce à Mange-Nuages qui a mis en place un petit challenge/jeu que je vous invite à retrouver sur Livraddict ! Un thème par semaine, rien de plus simple, d’autant plus que j’ai décidé de faire ceci sous forme de mini-article pour ne pas me surcharger … Le thème de la semaine n’étant pas encore dévoilé, voici mon thème secours :

Ces livres avec des héros-animaux

Je vous présente aujourd’hui cinq ouvrages ou sagas dont les personnages principaux sont des animaux … Chats, renards, blaireaux, tortues ou loups, il y en aura pour tous les gouts ! Prêts à découvrir les palpitantes aventures de héros à quatre pattes ?

Et voici donc mon petit top 5 :

La guerre des clans de Erin Hunter
C’est sans la moindre hésitation que je place cette interminable saga en première position de ce top ! Bien plus qu’une simple « histoire de chats sauvages », c’est un récit d’une richesse incroyable que déploient progressivement les autrices, cycle après cycle, et je ne me lasse pas de cette épopée féline ! Un classique de la fantasy animalière qui plaira assurément à tous les amoureux des chats !

Le voyage d’un chat de Christophe Bladé et JustineF
Ici, on est plus dans le conte pour enfant … Un conte plein de douceur qui nous invite à voir le monde à travers les yeux d’un chat rêveur et courageux, qui choisit de quitter la sécurité que lui offre son arbre-maison pour aller décrocher la lune pour l’offrir à son amie humaine. Une histoire poétique très émouvante, aux illustrations magnifiques, pour faire rêver les enfants … mais aussi leurs parents !

Pax et le petit soldat de Sara Pennypacker
Entre roman d’aventure, récit initiatique, plaidoyer contre la guerre et ode à l’amitié, ce livre délicatement illustré est juste une vraie merveille : on suit l’épopée de Pax le renard ainsi que celle de son ami Peter avec le cœur brulant d’émotion. C’est aussi triste que beau, aussi doux et poétique que cruel, mais c’est vraiment un livre magnifique à lire au moins une fois dans sa vie !

Les enquêtes écologiques de Jean-Bernard et Miss Turtle de Michel Hutt et Annette Marnat
Deux petits albums (bientôt trois normalement) franchement sympathiques qui nous invitent à suivre Jean-Bernard le blaireau et Miss Turtle dans leurs trépidantes enquêtes : pourquoi les poissons sont-ils si malades ? qui a mangé la première carotte du potager ? A travers ces petites histoires colorées, l’auteur et l’illustratrice invite petits et grands lecteurs à prendre soin de l’environnement et de nos amis les animaux …

La légende des quatre de Cassandra O’Donnell
Je triche un peu, vu que nos quatre héros ne sont pas seulement des animaux, mais des métamorphes, mais c’est une saga tellement sympathique qu’il me fallait l’évoquer tout de même ! Je suis vraiment tombée sous le charme de l’histoire de Bregan, Maya, Wan et Nel, qui est à la fois fichtrement haletante et porteuse de beaux messages … A conseiller à tous les ados amateurs de fantasy !

samedi 20 juin 2020

Outsphere, tome 2 : Le réveil - Guy-Roger Duvert


Outsphere2, Guy-Roger Duvert
Le réveil

Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 344
Résumé : La colonie, dernier vestige de l'humanité échoué sur la planète Eden, tente de se reconstruire après sa guerre civile. Par ailleurs, un conflit avec les tribus primitives voisines semble de plus en plus inévitable. Alors que militaires et politiciens opposent deux visions, l’une pacifiste et l’autre belliqueuse, les scientifiques se concentrent eux sur le passé d’Eden, qui leur réserve encore de nombreuses surprises. Dans le même temps, les colons s’étendent géographiquement. Mais s’agit-il du développement d’une nouvelle civilisation, ou bien du chant du cygne de la nôtre ?

Un grand merci à Guy-Roger Duvert pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -
« N’importe qui serait mort sur Eden une fois abandonné par les siens. N’importe qui n’aurait jamais réussi à retrouver son chemin sur une planète inconnue. N’importe qui n’aurait pas réussi à échapper à une espèce dont il ignorait tout. N’importe qui n’aurait pas réussi à apprivoiser un environnement hostile. Il n’était pas n’importe qui. C’était un survivant. Et un survivant est quelqu’un qui s’adapte. Un survivant est quelqu’un qui apprend. Un survivant sait subir. Un survivant sait endurer. Un survivant sait attendre. Il sait attendre son heure.  »
- Mon avis sur le livre -

Quand on attend la suite d’une saga que l’on aime beaucoup, le temps passe à la fois très vite et très lentement. D’un côté, on a vraiment le sentiment que l’attente s’éternise, on tourne en rond d’impatience, on se tortille le cerveau pour tenter de deviner ce qui va bien pouvoir se passer, on se languit de cet univers qui nous a tant émerveillé … Mais de l’autre côté, quand on se replonge enfin dans ce-dit univers, on a le sentiment de l’avoir quitté hier seulement tant on s’y sent chez soi, comme si la longue année de latence était finalement passée plus vite que l’éclair. C’est exactement ce que j’ai ressenti pour Outsphere : d’un côté, j’avais le sentiment que cela faisait une éternité entière que j’attendais le deuxième tome tant j’étais impatiente de connaitre enfin la suite de l’histoire, mais de l’autre, j’avais presque le sentiment que cela ne faisait que quelques petites semaines (et non douze longs mois) que le premier tome était arrivé dans ma boite aux lettres … Etrange chose que le temps, qui semble tantôt se dilater tantôt se contracter !

L’heure est venue pour la colonie humaine installée sur le sol d’Eden de renaitre de ses cendres : après la terrible bataille qui opposa les Atlantes aux Anciens, l’urgence est de reconstruire ce qui a été détruit, tant sur le plan matériel que psychologique. Il s’agit tout autant de rebâtir les bâtiments qui ont été réduits en poussière par les tirs orbitaux de l’Utopia que de renforcer la cohésion entre les Anciens et les Atlantes survivants, ceux-là même qui se sont dressés contre leurs homologues en orbite pour protéger les habitants d’Eden ... sans oublier de poursuivre l’exploration de cette planète qui est bien loin d’avoir révélé tous ses secrets. Alors que les humains découvrent progressivement leur nouvel environnement, le soldat Olsen débarque avec des nouvelles bien inquiétantes : les Edeniens, peuple autochtone de l’exoplanète, se regroupent et marchent en direction d’Outsphere ! La guerre est imminente, et l’issue de la bataille est loin d’être évidente à prévoir … 

Moi qui attendais énormément de ce second opus, je dois avouer que le premier quart m’a quelque peu refroidie : il y avait pourtant de quoi faire, entre les mystérieuses découvertes que font les scientifiques au fil de leurs explorations de cette nouvelle planète, la menace grandissante bien qu’encore discrète du peuple autochtone, et les dissensions plus ou moins latentes au sein même de la communauté humaine formée par les Anciens et les Atlantes … mais ça trainait un peu trop en longueur. La dynamique qui animait le premier tome semblait s’être soudainement volatilisée … tout comme la narration très cinématographique et visuelle qui rendait l’histoire si trépidante ! En effet, avec cette première partie, l’auteur est tombé dans un travers qu’il avait évité jusque-là en oubliant le si fameux « show, don’t tell » (montre, ne dis pas) que tous les jeunes auteurs entendent rabâcher à longueur de temps. Ici, on était vraiment trop dans l’énumération de faits : untel a pris le commandement à la place de l’Amiral, un nouveau comptoir a été créé … Cette entrée en matière fait trop compte-rendu, pas assez récit, et c’est vraiment dommage.

Et puis, soudainement, l’intrigue s’est enfin mise en route pour de bon. Et à partir de cet instant-là, j’ai retrouvé tout l’enthousiasme qui m’avait habité lors de la lecture du premier tome. Au fil des nouvelles découvertes faites par les scientifiques et explorateurs, au fil des bouleversements qui s’opèrent au sein des colonies naissantes, la tension enfle progressivement. Autant vous dire qu’il m’est alors devenu très difficile de m’arrêter de lire : je sentais que quelque chose d’énorme, et de terrible, approchait à grand pas. Entre angoisse et excitation, je tournais chaque page avec une impatience grandissante. L’auteur est vraiment doué pour jouer avec les nerfs de ses lecteurs, pour distiller par-ci par-là des informations que les personnages eux-mêmes ne connaissent pas encore, pour mieux faire trépigner le lecteur qui sait qu’une nouvelle menace pèse sur la colonie alors que les colons, eux, vaquent à leurs occupations en toute insouciance … Plus d’une fois, je me suis retrouvée à parler bêtement aux personnages pour les prévenir du danger qui les guettait ! C’est un page-turner fichtrement efficace que l’auteur nous offre, quel régal !

Mais comme c’était déjà le cas pour le premier opus, ce n’est pas un simple récit d’action et d’aventure que nous raconte Guy-Roger Duvert. Cette histoire est aussi un prétexte pour évoquer pas mal de questionnements philosophiques, éthiques, sociologiques, psychologiques … Les colons ont quitté une Terre à bout de souffle, dévastée par les erreurs humaines, dans l’espoir de fonder une société nouvelle … mais ne sont-ils pas déjà en train de retomber dans les mêmes travers ? « N’a-t-on pas déjà expérimenté sur Terre les risques de l’escalade militaire ? » interroge ainsi Fulton. « Ne reproduisait-on pas sur Eden les pires travers de la Terre » se demande également Jenson, avant de se dire « mais en même temps, quelles étaient les alternatives ? ». Face à un peuple avec lequel il n’est pas possible de parlementer et qui menace de détruire l’intégralité de la colonie, dernier vestige de toute l’humanité dans l’univers entier, que peut-on faire à part se défendre ? Ajoutez à cela la question des capacités psychiques des Atlantes, certains s’avérant capables d’imposer leur volonté à autrui, et vous comprendrez qu’il y a vraiment matière à réflexion dans ce roman, ce qui le rend doublement intéressant ! Et quelque chose me dit que c’est loin d’être terminé …

En bref, vous l’aurez bien compris, si les cinquante premières pages m’ont quelque peu chagrinée, j’ai très rapidement repris un immense plaisir à découvrir les aventures de ces colons de l’espace, qui se rendent progressivement compte que leur « planète d’adoption » est loin d’être aussi accueillante qu’ils ne l’espéraient ! Je suis vraiment époustouflée par l’imagination de l’auteur : on vogue de surprises en surprises, et chaque révélation est plus incroyable que la précédente ! Je suis plus d’une fois restée bouche bée, totalement ébahie face aux implications potentielles de telle ou telle découverte (même si je pense que je suis bien loin de soupçonner ne serait-ce que le centième de ce qui va effectivement se dérouler). Et surtout, je suis restée complétement ahurie face à l’atroce cliffhanger de l’épilogue : ça devrait être moralement interdit de faire subir une chose pareille à ses lecteurs ! C’est juste le summum de la cruauté ! Comment vais-je pouvoir survivre jusqu’à la sortie de la suite ?! En tout cas, une chose est sûre et certaine, celle-ci promet d’être exceptionnelle, car la saga prend vraiment un tournant inattendu mais passionnant, on entre dans de la science-fantasy d’une certaine manière, et je suis vraiment curieuse de découvrir ce que l’auteur nous concocte (même si j’ai un peu peur, aussi, car je sens que ni les personnages ni les lecteurs n’en sortiront parfaitement indemnes) ! Vivement !