dimanche 28 février 2021

Top 5 : Votre Sainte Liste de livres favoris

- Top 5 : Votre Sainte Liste de livres favoris -

 C’est le retour des tops ! Et cela grâce à Mange-Nuages qui a mis en place un petit challenge/jeu que je vous invite à retrouver sur Livraddict ! Un thème par semaine, rien de plus simple, d’autant plus que j’ai décidé de faire ceci sous forme de mini-article pour ne pas me surcharger … Voici donc le thème de la semaine :

 Votre Sainte Liste de livres favoris

 Ils sont indétrônables, dans votre cœur et votre bibliothèque. Chaque fois que vous êtes perdu.e ou en panne de lecture, c'est vers un de ces chefs-d'œuvre que vous vous tournez. Cette semaine, présentez-nous vos cinq livres favoris !

 Et voici donc mon petit top 5 :

 ▸ La guerre des clans  de Erin Hunter

Je suis sûre que tout le monde pousse des exclamations de surprise tellement c’est étonnant de ma part, n’est-ce pas ? Je pense sérieusement que si je ne pouvais garder qu’une seule et unique saga, ce serait celle-ci, et plus particulièrement le premier cycle, car c’est vraiment mon petit refuge. Je ne me lasse jamais de cette saga, et à chaque fois que j’ouvre un tome, j’ai vraiment le sentiment de revenir à la maison, d’être pleinement à ma place …

 ▸ Tara Duncan  de Sophie Audouin-Mamikonian

Ici aussi, c’est fort surprenant venant de moi, non ? J’ai l’habitude de dire que cette saga, c’est mon meilleur « antidépresseur littéraire » : même quand je suis au fond du trou, Sophie arrive toujours à me tirer un sourire, si ce n’est un véritable éclat de rire. J’ai beau reconnaitre que la saga a pas mal de défauts, elle est toujours un vrai rayon de soleil qui me met du baume au cœur, qui me redonne le sourire à tous les coups !

 ▸ Anne de Green Gables  de Lucy Maud Montgomery

Et là, tout le monde s’évanouit de stupéfaction : personne n’aurait pu le deviner, quel étonnement ! J’ai beau n’avoir rencontré Anne qu’il y a quelques mois, c’est vraiment comme si elle et moi nous connaissions depuis toujours : j’ai rarement ressenti une telle alchimie avec un personnage, et je pourrais relire en boucle ce premier tome tant il représente une vraie bulle de douceur et de poésie, du bonheur à l’état pur !

 ▸ L’héritage des Darcer  de Marie Caillet

J’en parle beaucoup moins, mais c’est une trilogie que je relis régulièrement, toujours avec le même plaisir … sans même réussir à déterminer vraiment pourquoi je l’apprécie tant. Mais retrouver Mydria et ses compagnons, c’est un peu comme retrouver ses amis d’enfance : il y a cette sorte de nostalgie qui fait chaud au cœur, cette complicité qui renait tout naturellement, et on se sent tout simplement bien.

 ▸ Mers mortes  de  Aurélie Wellenstein

Je suis moi-même surprise d’avoir tant aimé un livre aussi sombre, aussi dur … Mais quand je l’ai lu la première fois, j’ai été incapable de m’en détacher : j’ai dû le relire quatre ou cinq fois d’affilée, tantôt en entier, tantôt par bribes, avant de pouvoir passer à autre chose. Et toujours avec la même puissance, le même électrochoc, c’est un livre qui me bouleverse autant à chaque fois que je le lis ou le survole …

 Le bonus : Harry Potter  de  J.K. Rowling

Contrairement à beaucoup, je n’ai pas grandi avec le petit sorcier à lunettes, mais je dois bien reconnaitre que depuis que j’ai fait sa connaissance, je suis tout simplement fascinée par le monde des sorciers (plus que par l’histoire en elle-même, en réalité), et j’aime lire et relire les éditions illustrées juste pour le plaisir des yeux et de l’imagination, parce qu’étudier à Poudlard doit être tellement merveilleux !

samedi 27 février 2021

Eschaton - Guy-Roger Duvert

Eschaton, Guy-Roger Duvert

 Editeur : Autoédition

Nombre de pages : 231

Résumé : Dans un futur proche, la population est passée du statut d'insouciance à celui d'inquiétude, pour enfin vivre dans la résignation : la planète est trop endommagée, le désastre climatique est en cours, la fin de notre civilisation approche. Casey se retrouve contacté par un homme qui prétend connaître la date exacte de la fin du monde, et qui parle d'un programme lancé pour permettre à notre civilisation d'y survivre. Un monde virtuel dans lequel seront copiées les personnalités de tous les plus grands scientifiques et artistes vivants, et duquel ils pourront sortir lorsque la planète sera à nouveau habitable. N'ayant rien à perdre, il accepte. Peu après, il tombe amoureux d'Eve ...

 Un grand merci à Guy-Roger Duvert pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

 

- Un petit extrait -

« - Qui décide qui a le droit ou non à sa place dans cette Arche de Noé ?

- Un comité restreint a été formé dans ce but. C'est une tâche difficile.

- Ça revient un peu à se prendre pour Dieu, non ? Choisir qui vit et qui meurt...

- Honnêtement, je ne voudrais pas être à leur place. Lorsque vous sélectionnez une personne, il est difficile de ne pas penser aux millions que vous laissez de côté.  »

- Mon avis sur le livre -

 Si Guy-Roger Duvert continue dans cette lancée, il va vraiment falloir que je songe à lui réserver une étagère complète dans ma future bibliothèque : déjà cinq livres sortis en à peine trois ans, et deux autres sont d’ores et déjà prévus d’ici la fin de l’année 2021 ! On ne l’arrête décidemment plus ! Et contrairement à ce que certaines mauvaises langues pourraient assurément persifler en observant ce rythme de sortie et en constatant que c’est toujours de la science-fiction, il nous offre toujours la même qualité littéraire, et toujours quelque chose de nouveau à se mettre sous la dent ! C’est d’ailleurs pour cette raison que je me jette aveuglément dessus, souvent même sans avoir lu le résumé : il fait indiscutablement parti de ces auteurs dont je compte bien posséder toute la bibliographie, car ses histoires me font invariablement vibrer, trembler et pleurer, car j’apprécie énormément sa plume, très caractéristique, et car je trouve que ses visions du futur sont très justes, très réfléchies. Car la science-fiction, c’est aussi ça : dépeindre au lecteur divers avenirs possibles, pas forcément bien reluisant, mais rarement parfaitement sombre, car au cœur de la nature humaine, il reste toujours une petite étincelle de lumière.

Le monde est foutu, définitivement condamné : dans ce futur pas si lointain, cette terrible perspective est clairement établie, bien ancrée dans tous les esprits. Et alors, le fatalisme a remplacé l’insouciance et l’inquiétude des années 1970 à 2020. Puisqu’il n’y a plus rien à faire pour sauver cette planète, autant profiter pleinement de l’existence, en dépit des catastrophes naturelles toujours plus fréquentes et meurtrières et de cette fin du monde qui approche sans que quiconque sache exactement quand et comment elle aura lieu. Enfin, c’est ce que pense le grand public. Casey, compositeur de musiques de films ou de mondes virtuels, va découvrir que ce n’est pas tout à fait vrai : le voici contacté par une mystérieuse firme, qui affirme connaitre avec précision la date de la fin du monde et lui propose une place dans un programme de réalité virtuelle destiné à « sauvegarder » les esprits des plus grands scientifiques, penseurs et artistes de ce monde, afin de les réimplanter dans un corps cloné lorsque la Terre sera à nouveau habitable. N’ayant pas encore pu réaliser « l’œuvre de sa vie », il accepte : voici qu’un double numérique habite désormais dans un monde numérique, tandis qu’il sait que son « vrai lui » sera soufflé par l’apocalypse dans quelques mois. Mais voilà, il rencontre Eve, et il ne peut supporter l’idée qu’il « survivra » et pas elle …

Comme toujours, Guy-Roger Duvert nous présente un futur tout à fait possible, probable, et tout à fait glaçant, effrayant. L’inaction de l’homme, prompt à faire de grands discours pour se donner bonne conscience (« oh, la pollution, c’est vraiment terrible, nous devons tous faire notre possible pour protéger la planète ! ») mais réfractaire au moindre petit effort (« arrêter d’acheter le dernier jean à la mode, arrêter de prendre l’avion pour barboter sur une plage à l’autre bout du monde ? hors de question ! quoi, la pollution ? bah, c’est pas moi qui peut y changer quelque chose, autant continuer à profiter de la vie ! »), a précipité l’inexorable, l’inévitable. Le monde touche à sa fin : les catastrophes naturelles se multiplient et s’amplifient. La montée des eaux et les tsunamis ravagent tous les littoraux, les ouragans et les incendies dévastent l’intérieur des terres. Les réfugiés climatiques sont de plus en plus nombreux, et ces mouvements de population entrainèrent toujours plus de conflits armés. Mais après la panique et la colère (car bien sûr, c’est toujours la faute de l’autre, jamais la sienne), le reliquat d’humanité est retournée à ses vieilles habitudes : vu qu’il n’y a plus rien à faire, satisfaisons nos petits désirs égoïstes et continuons à faire comme si de rien n’était, comme si des milliards de personnes n’étaient pas mortes à cause de ce comportement égocentré et je-m’en-foutiste.

Mais bien sûr, l’auteur ne s’arrête pas à ce « seul » constat : décrire un futur apocalyptique, cela ne suffit pas. Car si la majorité semble s’être résignée à cette fin du monde plus ou moins imminente, d’autres sont bien décidés à y survivre. Par tous les moyens possibles. Il y a ceux qui ne jurent que par la conquête spatiale et qui investissent dans des vaisseaux destinés à embarquer une partie de la population sur Mars ou ailleurs (ce qui nous ramène à Oustphere, d’une certaine manière), il y a ceux qui décident de fabriquer des immenses bunkers sous-marins dans lesquels une partie de la population sera préservée … et il y a ceux qui misent sur le sacro-saint numérique. Imaginez qu’il soit possible de « télécharger » toutes les données contenues dans votre esprit, votre personnalité, vos souvenirs (ce que nous retrouvons dans Backup d’une façon quelque peu différente), pour les insérer dans un programme de réalité virtuelle (un peu comme ceux de Virtual Revolution 2046) jusqu’au jour où la planète sera à nouveau habitable par des clones dans lesquels on retransférera les données. Il « suffit » d’installer les serveurs dans un lieu parfaitement sécurisé, avec un apport suffisant en électricité, et cette « vie numérique » peut durer littéralement des siècles ! Mais hors de question de « sauvegarder » n’importe qui : ces esprits vont être « confinés » ensemble pendant tellement longtemps qu’il faut s’assurer à la fois de leur « utilité » pour la reconstruction de l’humanité et de leur équilibre psychologique pour être certain que la « cohabitation virtuelle » se passera bien …

Et voilà que Casey, composition de génie, est sélectionné pour rejoindre le programme. Jusque-là, tout va bien, même si, tout comme lui, nous nous interrogeons sur la moralité de cette sélection : quel homme peut décider de qui « mérite » d’être sauvé et de qui doit mourir ? Une vie vaut-elle plus qu’une autre ? Visiblement, il suffit d’être un intellectuel pour être jugé « digne » d’être préservé de la mort, alors que le petit agriculteur du coin, qui s’échine pourtant à nourrir une humanité fort peu reconnaissante, est considéré comme un « moins que rien » qui ne mérite pas sa place dans ce paradis virtuel, dans cette « future » humanité … C’est d’autant plus terrible qu’on sait parfaitement que, si cela arrivait, c’est exactement comme ça que cela se passerait. Il y a un réalisme incroyable dans ce récit d’anticipation, et ça fait vraiment froid dans le dos. Et à côté de cela, il y a la lumière. Il y a l’amour qui nait entre Casey et Eve : je ne suis pas une grande romantique, mais il y a quelque chose de tellement tragique dans cette histoire d’amour sur fond de fin du monde que j’en ai eu la chair de poule ! Et tandis qu’ils se lancent dans une véritable course contre la montre pour qu’Eve puisse elle aussi intégrer ce programme, nous n’avons qu’une envie : les aider. On tremble vraiment pour eux, et on dévore chaque chapitre avec une inquiétude grandissante, avec le cœur qui s’emballe un peu plus à chaque fois, tandis que la fin approche beaucoup trop rapidement …

En bref, je pense qu’il est inutile de continuer, vous l’aurez bien compris : une fois encore, Guy-Roger Duvert a réussi à me captiver du début à la fin avec ce page-turner où se côtoient allégrement actions, émotions et réflexions ! Comme toujours, le décor  est rapidement posé, les personnages sont rapidement présentés et les enjeux rapidement exposés : il sait vraiment aller à l’essentiel pour nous plonger le plus vite possible dans l’histoire, sans s’embarrasser d’une contextualisation à rallonge. Et comme toujours, je n’ai absolument rien à reprocher : la plume est toujours aussi incroyablement cinématographique, le rythme est toujours admirablement bien géré … Et comme toujours, derrière cette histoire admirablement palpitante et émouvante, se cachent de nombreuses pistes de réflexion pour le lecteur : l’humanité est loin d’être présentée sous ses meilleures facettes, mais force est de constater que dans notre présent, ce sont déjà ces facettes qui prédominent. Il n’y a qu’à songer au nombre d’étudiants qui considèrent qu’on devrait laisser les vieux mourir du Covid pour laisser les jeunes s’amuser sans aucune contrainte pour se rendre compte que l’égoïsme est bel et bien ancré dans nos mentalités contemporaines … Alors, prêts à embarquer pour la fin du monde avec ce one-shot dynamique et saisissant ?

mercredi 24 février 2021

L'infinuit, tome 1 - Ross MacKenzie

L’infinuit, tome 1, Ross MacKenzie

 Editeur : Auzou

Nombre de pages : 380

Résumé : Au royaume d'Argent, c'est la redoutable Mme Hester qui règne, accompagnée de ses mages blancs et du terrifiant Jack Dombre. Elle est à la recherche du Dernier Sort, qui lui permettra de contrôler la malédiction de l'Infinuit et de vaincre les derniers sorciers libres... Larabelle, orpheline, vit dans les quartiers pauvres et vend des objets trouvés dans les égouts pour survivre. Lorsque de mystérieux événements se multiplient autour d'elle, la jeune fille est loin d'imaginer qu'elle est peut-être la seule à pouvoir contrecarrer les plans de Mme Hester.

 Un grand merci aux éditions Auzou pour l’envoi de ce volume.

 

- Un petit extrait -

« Les livres sont des objets magiques, lui dit Bernie. Pas besoin de baguette ou de chaudron. C’est une magie différente, bien sûr. Elle est contenue dans les pages, les mots. Une bonne histoire se fraye un chemin à l’intérieur de toi, elle fait partie de toi et te change en profondeur.  »

- Mon avis sur le livre -

 Les adultes, qui semblent souvent oublier qu’ils ont été des enfants avant d’être « des grands », ont également oublié la véritable raison pour laquelle les enfants aiment tant les contes : c’est que ces derniers ont en eux une certaine noirceur qui fait naitre de délicieux frissons, entre effroi et exaltation. Les enfants aiment jouer à se faire peur : c’est pour cela qu’ils aiment tant s’aventurer dans les sous-bois les plus sombres, c’est pour cela qu’ils s’amusent tant à approcher les demeures inhabitées et probablement hantées. Et c’est pour cela qu’ils aiment les histoires qui font peur – pas trop, mais juste assez pour retrouver ce petit frisson qui annonce une véritable Aventure avec un grand A. Heureusement pour eux, les auteurs sont des adultes qui ont gardé en eux une petite part d’enfant : ils n’ont donc pas oublié cet amour enfantin pour les aventures un tantinet effrayantes, et s’efforcent subtilement de leur en offrir … sans inquiéter les parents qui ont quant à eux oublié à quel point c’est amusant d’avoir un petit peu peur en suivant les aventures d’un héros de papier !

Comme tant d’autres enfants et adolescents du bidonville, Larabelle Goupil, treize ans et orpheline, doit passer ses journées à glaner dans les égouts pour gagner sa pitance : les bons jours, elle trouve suffisamment de pièces de monnaie ou de petits objets à revendre pour se payer un repas chaud. Un jour, elle met la main sur une drôle de boite, à l’intérieur de laquelle se cache un magnifique petit oiseau mécanique qui s’anime en sa présence. La jeune fille n’a aucun moyen de le deviner, mais elle vient de trouver le sort le plus puissant du monde, celui que la terrifiante et cruelle Mme Hester recherche avidement, car il lui permettra de contrôler la malédiction de l’Infinuit qu’elle s’apprête à jeter sur le royaume pour se débarrasser une bonne fois pour toute des derniers sorciers libres qui menacent sa toute-puissance. Traquée par l’horrifiant Jack Dombre, djinn au service de Mme Hester, la petite Larabelle va découvrir qu’elle n’est pas tout à fait comme les autres enfants, et qu’elle est peut-être l’unique personne à pouvoir sauver le monde tout entier …

Cela faisait bien longtemps qu’un livre ne m’avait pas fait cet effet : le sentiment de renouer avec la petite fille que j’étais, cette petite fille qui cachait un roman et une lampe de poche sous son oreiller pour pouvoir continuer sa lecture en pleine nuit, car c’est délicieusement plus angoissant de lire une histoire un tantinet effrayante quand tout le monde est endormi, quand le vent souffle et que la lune scintille. Car dans ce roman, j’ai retrouvé tout ce qui me faisait vibrer lorsque j’étais enfant, tout ce qui me faisait rêver et frissonner à la fois. Tout commence avec « un homme taillé dans l’étoffe même de la nuit » : ces premiers mots ont suffi à faire s’emballer mon petit cœur, à me donner la chair de poule car je sentais que ce livre allait me faire (re)vivre une aventure comme je n’en avais plus vécu depuis bien des années. Car en quelques phrase sà peine, le tour est joué : le lecteur est totalement, complétement, absolument happé par cette histoire à la fois haute en couleurs et particulièrement sombre. Et c’est justement dans ce paradoxe que se cache toute la richesse, toute la profondeur de ce récit qui ravira les petits comme les grands ! Il ne faut en effet pas se laisser tromper par la classification jeunesse de ce roman : il y a clairement de quoi intéresser les adultes dedans !

Car ce roman, c’est bien plus qu’une histoire aux allures de conte de fées, aux airs de récits d’aventure, c’est aussi une quête initiatique qui conduit la jeune Lara à se questionner : qu’est-ce que l’âme humaine ? Qu’est-ce qui  nous différencie de notre voisin, qu’est-ce qui nous rend pleinement unique, qu’est-ce qui nous anime, qu’est-ce qui nous rend pleinement vivant ? Qu’est-ce qui nous rend libre de faire nos propres choix, de suivre notre propre voix ? La jeune orpheline va ainsi apprendre à penser par elle-même, à ne plus croire aveuglément à tout ce qu’on lui a toujours dit, à ne plus prendre comme argent comptant tout ce qu’on veut lui faire croire. Elle va prendre conscience de la complexité de la vie, de sa beauté et de sa fragilité aussi. C’est un roman qui évoque aussi la peur de la différence, le réflexe qu’a l’être humain de mettre à l’écart ceux qui ne sont pas comme lui, cette banalisation de l’exclusion, de la discrimination et de la haine. De bien tristes réalités que ce récit illustre sans en avoir l’air, à travers la « traditionnelle » chasse aux sorcières. « Ca arrange le royaume qu’on ait peur les uns des autres. Quand les gens ont peur, c’est facile de les contrôler » … réflexion fort sage de la petite Lara que le lecteur va méditer sans même s’en rendre compte.

Car le lecteur est avant tout happé par l’histoire ! Elle peut paraitre un peu simpliste au premier abord, elle peut paraitre un peu manichéenne au premier abord, mais elle n’en reste pas moins admirablement palpitante et captivante. On se prend vite d’affection pour la petite Lara, cette gamine qui a fui l’orphelinat et qui a pris sous son aile un autre petit gamin des rues, qui se retrouve bien malgré elle entrainée dans une formidable épopée pour sauver le royaume tout entier ! Alors bien sûr, on pourrait lever les yeux au ciel en se disant « et voilà, encore une orpheline crasseuse qui découvre qu’elle est l’élue destinée à tous les sauver », mais on est juste tellement charmé par les (més)aventures de notre petite héroïne qu’on n’y pense même pas une seule seconde ! Il faut dire que le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer : il n’y a aucun temps mort, aucune longueur, aucune description ou explication inutile. On a vraiment le sentiment de vivre cette incroyable aventure avec Lara, on a le cœur qui s’emballe, on a les yeux qui pétillent … On tremble quand l’Infinuit recouvre le royaume en chassant toute lumière et toute joie, on exulte quand Lara réalise son tout premier sort, on pleure quand elle s’apprête à tout risquer pour le bien de tous …

En bref, vous l’aurez bien compris, je suis totalement conquise par ce premier tome qui nous invite à faire la connaissance d’une jeune héroïne vraiment attachante, qui nous invite à découvrir un univers haut en couleur qu’on a envie d’explorer de fond en comble, qui nous invite à vivre une aventure extraordinaire comme celles qui hantaient nos rêves d’enfants. C’est une histoire qui ravive en nous cette âme et ce cœur d’enfant, une histoire de magie et d’amitié, une histoire où la lumière est toujours plus forte que les ténèbres … mais où les ténèbres sont suffisamment présentes pour nous faire frissonner juste ce qu’il faut pour renouer avec cet émerveillement enfantin pour les contes de fée. J’espère vraiment pouvoir retrouver Lara assez vite, car même si ce tome nous offre une conclusion plus que satisfaisante à l’intrigue, on sent bien qu’il y a encore tellement de choses à vivre avec elle, tellement de choses à découvrir ! Vraiment, si je n’avais qu’un seule conseil à vous donner, c’est de ne pas hésiter une seule seconde : pour vous ou pour les enfants de votre entourage, ce roman a vraiment tout pour plaire ! Et, point non négligeable, la couverture est vraiment absolument sublime, elle brille de mille feux et reflète toute la richesse du récit !

samedi 20 février 2021

Keylan et le peuple serpent - Yann Français

Keylan et le peuple serpent, Yann Français

 Editeur : Autoédition

Nombre de pages : 272

Résumé : Il est possible de mesurer une distance à l'aide d’un pouce, d’un pied ou d’un pas. Ces mêmes outils permettent de déterminer la taille d'un objet. Et un objet peut en mesurer un autre. Tout dépend de la référence et de la cohérence avec laquelle on utilise ces outils. Nombreuses sont les références. Nombreux les outils. Toutefois il existe certaines choses dont la règle de mesure est unique. En voilà une : l'être d'une personne. Cette règle est immatérielle. L'être humain se mesure par la série de changements qui s'opèrent tout au long de sa vie. 

 

 Un grand merci à Yann Français pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

 

- Un petit extrait -

« Combien est courte et misérable la vie de l’homme qui s’adonne à l’oisiveté ! Cajolé par la moleté de ses coussins et par la douceur des caresses de ses filles de joie ; sirotant les vins les plus capiteux ; avalant les meilleurs mets sans jamais prendre le temps de mâcher ; le malheureux ne se rend pas compte que tous ces plaisirs dorénavant acquis, instantanés et constants, l’enchainent à sa fonction dont le seul but est de faire honneur de sa présence à ses différents sujets. »

- Mon avis sur le livre -

 Tous les éditeurs vous le diront : ils n’ont jamais reçu autant de manuscrits que depuis le premier confinement. Selon les sondages, un français sur dix aurait en effet profité de cette période pour se plonger dans l’écriture d’un roman. Mais combien d’eux se sont posé cette question cruciale : pourquoi, pour qui écrivent-ils ? Pour eux-mêmes, ou pour un lectorat ? Ecrivent-ils ce qui leur plait à eux, ou ce qui pourrait plaire à un lecteur ? Car ce n’est pas la même chose. Bien sûr, un des conseils (que je considère personnellement un peu bateau) généralement donné aux jeunes auteurs, c’est d’écrire le livre qu’ils aimeraient lire … mais la réalité, c’est que quand on écrit avec une visée éditoriale, il faut tout de même avoir en tête les attentes plus ou moins inconscientes du lecteur ciblé. Les gouts du plus grand nombre, et pas uniquement les siens. Et c’est sans doute parce que, grisés par la redécouverte de l’écriture, trop peu ont oublié cette étape fondamentale que les maisons d’édition déclarent se retrouver submergées de manuscrits « impubliables ». Ils ont sans nul doute joué leur rôle libérateur pour l’auteur, mais ils ne sont pas destinés à atterrir entre les mains d’un quelque lecteur. Et c’est très bien ainsi : il faut de tout pour faire un monde, y compris littéraire !

Il y a plusieurs années de cela, Keylan n’était qu’un mercenaire comme tant d’autres. Après avoir vaillamment débarrassé le royaume Hurk des barbares qui le menaçait, après la lutte meurtrière pour le trône qui déchira la noblesse, Keylan est propulsé au pouvoir par le peuple qui l’estimait et le respectait. Mais cette maudite couronne posée sur sa tête, ce maudit trône sur lequel reposait son derrière, eurent raison de sa vigueur et de sa joie de vivre : il ne reste plus de lui qu’un roitelet apathique qui se prélasse dans ses jardins tantôt que son royaume va à veau l’eau. Toutefois, lorsqu’un démon polymorphe usurpe son trône et son identité, Keylan n’a d’autre choix que de renouer avec l’action : il doit à tout prix débarrasser le pays  de ces hommes-serpents qui n’attendent rien de mieux que d’asservir puis de décimer l’espèce humaine ! Se laissant guider par Ina la sorcière, secondé par ses anciens compagnons d’armes et par de nouveaux alliés, l’ancien-roi compte bien reconquérir son trône. Mais à qui faire confiance, quand vos ennemis peuvent à tout instant revêtir les traits de vos amis ? A qui se fier, quand le monde n’est plus qu’illusions et trahisons ?

Vous vous demandez sûrement le pourquoi du comment de mon introduction : quel rapport entre cette déferlante de manuscrits et le présent roman ? C’est bien simple : je pense qu’écrire ce roman a fait énormément de bien à son auteur, que celui-ci a pris plaisir à coucher sur le papier les (més)aventures de son héros Keylan … mais je pense aussi que ce roman n’est soit pas prêt, soit pas fait pour être édité et proposé « au grand public ». En tant que lectrice, je n’y ai pas forcément trouvé mon compte : l’intrigue n’avait pas de réelle consistance à mes yeux, je ne parvenais pas à déterminer quels en étaient les enjeux et la finalité, et je me demandais quel était le sens de cette histoire. Je suis finalement restée très détachée du récit : que Keylan parvienne ou non à reconquérir son trône et à débarrasser le royaume des hommes-serpents ne m’importait pas le moins du monde, je n’arrivais vraiment pas à me sentir véritablement concernée par cette quête. Je pense que c’est parce que, malgré tous mes efforts, je n’ai pas réussi à m’attacher le moins du monde à ce roi déchu, ni même à aucun autre personnage secondaire … alors qu’ils sont très (trop) nombreux !

Tout n’est pourtant pas mauvais dans ce récit : il y avait des idées pleines de potentiel. Mais l’ensemble manque de maturité : les personnages ne sont pas suffisamment construits et n’attirent donc ni la sympathie ni l’antipathie, les rebondissements sont tantôt trop prévisibles tantôt trop incongrus, les dialogues ne sont pas assez vivants et manquent de naturel … On a vraiment le sentiment de se retrouver en présence d’un premier jet qui n’a pas été relu et non d’un roman pleinement abouti ayant subi les cinq ou six relectures et réécritures qui s’imposent. Prenez le rythme, par exemple : tantôt il ne se passe rien de très palpitant, ça traine en longueur, et tantôt il se passe tellement de choses que le lecteur est complétement perdu sous cette déferlante de rebondissements pas toujours bien narrés. Car si la plume n’est pas « mauvaise », elle manque elle aussi de travail : beaucoup de répétitions, des termes parfois trop « simplistes » et parfois trop « soutenus », et surtout beaucoup de fautes d’orthographe et d’erreurs de syntaxe … Tout ceci alourdit considérablement la lecture, et empêche le lecteur de se concentrer véritablement sur l’histoire.

D’autant plus que cette dernière avait visiblement vocation à proposer un double sens de lecture : le premier centré exclusivement sur l’aventure, le second plus philosophique. C’est d’ailleurs ce deuxième aspect que j’espérais trouver en lisant la quatrième de couverture, mais je suis quelque peu restée sur ma faim. Alors certes, nous voyons bien que toute cette affaire a obligé ce roi indolent et suffisant à reprendre sa vie en main et à retrouver un sens à son existence, mais ce n’est pas assez approfondi pour que ça soit une évolution vraiment marquante. C’est beaucoup trop brutal pour être convainquant : ça lui tombe du ciel comme une révélation mystique, et poum, il redevient soudainement l’ancien-lui … J’aurai préféré quelque chose de plus subtil, car on ne comprend finalement pas ce qui a déclenché ce brusque bouleversement en lui ! De même, même si c’est une construction que j’aime énormément, je n’ai pas réussi à saisir l’intérêt des petites « introductions » qui ouvrent chaque chapitre. Sur le coup, c’est tellement métaphysique que je n’ai absolument pas compris ce que ces poèmes ou ces envolées lyriques signifiaient, et j’ai encore moins saisi leur lien avec l’histoire. C’est dommage, car je pressens que l’auteur avait des tas de choses à dire, mais la forme a noyé le message !

En bref, vous l’aurez bien compris, même si ça m’attriste de l’écrire car je n’aime pas faire de la peine aux auteurs qui m’envoient leurs ouvrages, ce roman n’a pas su me convaincre. Il y avait indéniablement de bonnes idées, mais elles n’ont pas été exploitées à leur maximum. Pour tout avouer, à un moment donné, j’ai été tenté d’enlever ma casquette de chroniqueuse pour enfiler celle de béta-lectrice, car j’ai plus eu le sentiment de me retrouver face à un premier jet « brut » qu’à un roman, et c’est là tout le problème, finalement. Il y a assurément de quoi offrir au lecteur une épopée captivante et haletante, à condition de retravailler en profondeur le fond et la forme : rendre les personnages plus profonds, éviter les descriptions à rallonge pour mieux se concentrer sur le déroulé des actions, redonner du peps aux dialogues, et surtout, surtout, corriger et faire corriger pour éviter les grosses fautes d’orthographe et les formulations grammaticalement incorrectes. Ne pas se précipiter pour éditer, même si je comprends aisément cette fougue et cette impatience, mais prendre le temps de laisser murir cette historie qui a du potentiel ! Tout comme un sculpteur repasse plusieurs fois au même endroit pour que chaque millimètre soit parfait, l’auteur doit repasser plusieurs fois sur chaque passage pour l’affiner le plus possible et le faire briller de mille feux !