Les prélats de Faneas4, Charlotte
Abécassis Weigel
La légende des amants séparés
Editeur : Autoédition
Nombre
de pages : 606
Résumé : Astéria Cliff, reine de Faneas, a œuvré
d'arrache-pied pour protéger son peuple du roi d'Endor et grâce à ses multiples
sacrifices, Faneas a retrouvré un semblant de liberté. Toutefois, rien n'est
acquis. Maboroshi, fatigué d'attendre, entend bien accélérer l'avènement de
Freya par le biais du mariage qu'il projette depuis des mois. Cette union
mettrait fin à la vie d'Asté et ferait du démon le roi incontesté de Faneas et
d'Endor. Pour lui résister, l'alliance d'Amiran s'est fortifiée ...
Un grand merci à Charlotte
Abécassis Weigel pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour
avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Noctis avait fait son choix.
Il avait décidé d’œuvrer pour l'alliance avant tout. Il l'avait placé au-dessus
de ses intérêts personnels, mais cela ne signifiait pas qu'il en était
satisfait.
– Et de ton
côté, que vas-tu faire ?
Il demanda
plus pour penser à autre chose que parce que la réponse l'intéressait. Mais il
fut étonné.
– Je ne
compte pas accepter l'invitation, ce n'est pas mon rôle. Je suivrai les
instructions qui m'ont été données, affirma-t-elle d'un ton détaché.
Cette
phrase ne ressemblait pas du tout à Cléora. »
- Mon avis sur le livre -
Le plus délicat, quand on lit et chronique plusieurs
tomes d’une même saga d’affilée, c’est à la fois de ne pas trop se répéter,
pour éviter de lasser le lecteur, et de ne pas trop en dévoiler, pour éviter de
lui gâcher la surprise s’il lui venait l’envie de découvrir ladite saga par
lui-même … C’est d’autant plus difficile dans le cas d’un dernier tome :
il faut à tout prix éviter de dévoiler la fin, quand bien même on a
terriblement envie de partager notre ressenti sur le dénouement, parce que c’est
justement ce-dit dénouement qui a entrainé le coup de cœur définitif ! Voici
donc pourquoi cela fait déjà plusieurs heures que je fixe d’un air hagard ma
page Word désespérément vide, tandis que le petit curseur clignotant me nargue
allégrement en me rappelant que je suis censée écrire quelque chose. Comment
diable vais-je vous parler de ce quatrième tome, qui (disons-le tout net et
tout de suite) m’a totalement captivée et chamboulée, comment diable vais-je
pouvoir vous dire ce qui m’a tant plus sans pour autant trop vous en dire sur
le contenu de l’histoire ? Je relève le défi, mais sans rien promettre …
Cela fait déjà cinq ans, cinq très longues
années que la jeune reine Astéria Cliff a fait passer son peuple avant tout le
reste, cinq très longues années que la jeune femme vit sous la coupe tyrannique
de son ennemi, cinq très longues années qu’elle a conclu avec lui le seul
marché qu’il était susceptible d’accepter. Exténuée, brisée, l’assaillée n’est
plus que l’ombre d’elle-même, n’a plus la force de se battre et n’attend plus
qu’une seule chose : que tout s’arrête enfin … mais la délivrance se
refuse toujours à elle. En dépit de tous les efforts du cruel roi d’Endor,
Freya, la bien-aimée de ce dernier tapie au cœur de la conscience d’Astéria,
refuse obstinément de refaire surface. A bout de patience, Maboroshi décide de
précipiter les choses et programme l’officialisation de leur union dans
quelques mois … Mais l’alliance d’Amiran ne compte pas laisser le pays
tomber entre les mains du démon : la résistance a eu cinq ans pour se
fortifier, pour s’organiser, il est maintenant temps de passer à l’offensive et
de libérer Faneas de l’oppression endorine ! Et si, officiellement, la
reine est loin d’être une priorité, dans l’ombre, ses amis et prélats ne
peuvent se résoudre à l’abandonner à son triste sort …
Alors que nous avions pris l’habitude de
retrouver nos héros pile là où nous les avions laissés à la fin du tome
précédent, nous avons ici la surprise de nous retrouver cinq ans après les
événements du troisième opus. Cinq ans durant lesquelles la situation a bien
changé à Faneas : au premier abord, les choses semblent s’être améliorées
pour le peuple, grâce à l’abnégation et à l’obstination de la jeune Astéria,
mais en y regardant de plus près, rien n’a réellement changé. Le royaume est
toujours sous la coupe tyrannique du démon Maboroshi, qui compte bien mâter une
bonne fois pour toute la résistance afin de s’assurer un règne incontesté
lorsqu’il aura épousé la reine de Faneas … ou du moins la déesse qui prendra la
place de sa conscience lorsqu’il l’aura définitivement privée de toute son
énergie magique et de toute sa résistance psychique. Et le lecteur constate
avec effroi qu’il n’est pas loin de parvenir à ses fins : notre si chère
Astéria n’a plus la force de se battre. J’ai ressenti à la fois beaucoup de
peine et d’admiration pour cette jeune femme qui a tout sacrifié pour les
siens, qui a supporté pendant tant d’années tous ces sévices tout en s’efforçant
d’améliorer toujours plus le quotidien de son peuple ...
Mais contrairement aux autres tomes qui
suivaient principalement le point de vue d’Astéria, cette fois-ci, ce sont les
prélats qui sont à l’honneur, et c’est un changement fort bienvenu. Car si
Astéria a souffert, elle est loin d’être la seule : ses proches et ses
amis ont eux aussi énormément souffert de cette situation. S’ils reconnaissent
rationnellement que la jeune reine n’avait pas beaucoup d’autres choix à sa
disposition, ils ne peuvent s’empêcher de se sentir trahis et abandonnés par
celle qu’ils considéraient avant tout comme une amie, une sœur, une tante, une
cousine, une amante. En eux, la colère se dispute à la tristesse. Et chacun a
réagi à sa manière : tandis que Kaede s’est laissé submergé par le
désespoir et la fureur, Noctis s’est réfugié derrière son sens du devoir et a
décidé de suivre à la lettre les instructions de sa souveraine, quitte à enfouir
ses aspirations personnelles aussi profond que possible. Sora, quant à lui, a
eu la chance d’être entouré de bons amis qui lui ont permis de surmonter cette
épreuve, même si on sent bien qu’il est bien moins insouciant et joyeux que
lorsqu’il était enfant. Et Cléora … elle est fidèle à elle-même, toute en nuances
et en paradoxes. On ne sait jamais trop quoi penser d’elle, et c’est bien là ce
qui la rend si fascinante et imprévisible.
Car il faut que vous sachiez une chose :
plus que jamais, l’autrice a su surprendre le lecteur. Je ne dis pas que cela
marche à tous les coups, car elle sème suffisamment d’indices pour permettre
aux habitués du genre de deviner par avance certains rebondissements ou
certaines révélations, mais tout de même, il y a eu plusieurs retournements de
situations qui m’ont vraiment laissée ahurie ! Contrairement à ce qu’on
pouvait imaginer et même espérer, ce n’est pas seulement une grande bataille
épique qui se profile à l’horizon, c’est quelque chose de bien plus grand et
complexe qui vous captive du début à la fin … La tension monte, doucement,
sûrement et inexorablement, on a vraiment le sentiment que cela ne s’arrêtera
jamais, et à chaque fois qu’on se dit « cette fois-ci, ça ne peut pas être
pire, c’est tout bonnement insoutenable », et bien l’autrice parvient à
nous démentir. On pourrait se lasser de cette surenchère, on pourrait se dire
que « c’est trop gros », mais non : on se laisse juste
transporté par cette formidable épopée, qui nous coupe le souffle, qui fait s’emballer
notre petit cœur. On vit cette histoire plus qu’on ne la lit, car on s’est
vraiment pris d’affection et d’amitié pour les protagonistes : on a
besoin, viscéralement, de les voir gagner, même et surtout parce que cela
semble impossible.
Je vais m’arrêter là, parce que je sens que
je vais finir par vous dévoiler le dénouement final si je continue sur cette
lancée, mais je pense que vous l’aurez bien compris : ça, c’est ce que j’appelle
du final en apothéose ! Je n’ai pas vu les six-cent pages passer tant j’étais
happée par l’histoire ! J’ai beaucoup aimé tous les choix pris par l’autrice
pour ce grand final, c’est audacieux et original, ça surprend tout en restant
parfaitement cohérent, tout s’emboite comme dans un bon puzzle. C’est vraiment
une saga qui va vous faire passer par toutes les émotions possibles et
inimaginables, et parfois à quelques pages d’intervalle seulement. Car la
grande force de cette saga, finalement, ce sont ses personnages : ils sont
à la fois de véritables héros de fantasy, courageux, déterminés et puissants
bien comme il faut, et des adolescents presque comme les autres, avec leurs
doutes et leurs faiblesses, avec leurs fragilités et leurs sensibilités. Ils
sont vraiment très attachants car ils sont « justes » : il est
très facile de s’identifier à eux, de compatir à leurs peines et leurs peurs … Et
le plus difficile, finalement, c’est vraiment de leur dire adieu, de tourner la
dernière page en sachant que cette fois-ci, c’est terminé, on ne les retrouvera
pas dans la suite. En tout cas, une chose est sûre : c’est une saga que je
relirai sans hésitation un jour, et que je vous conseille avec encore moins d’hésitation !