Le chatiment de l’Empire
Editeur : Bragelonne
Nombre de pages : 672 pages pour l’intégrale
Résumé : Lorsque Deria, fille d’un obscur baron du Nord, est retrouvée
assassinée dans la capitale, les plus puissants de l’Empire font tout pour
cacher sa mort à son père. Les deux amis les plus proches de la jeune fille,
Shani, sa servante, et Mahlin, un garde du palais, se retrouvent alors mêlés
malgré eux à cette conspiration. N’écoutant que leur cœur, ils décident de se rendre
dans le Nord annoncer eux-mêmes la nouvelle au mystérieux baron. Ils n’auraient
sans doute jamais entrepris un tel voyage, s’ils avaient su qui était
réellement le père de Deria. Car, désormais, l’Empire va trembler. (Résumé de
l’intégrale)
- Un petit extrait -
« Eleon n’était pas content. Habillé en marchand, la capuche de son manteau tirée sur son visage, il venait de s’entretenir avec les armuriers de la place d’Armes. Les hommes aux bras musculeux, au visage tanné par la chaleur de la forge, ne parlaient que d’une chose : Rekk le Boucher était en vie. Ici, à Musheim ! La légende avait pris corps. Certains n’étaient que des enfants lors de la disparition du Boucher, d’autres le connaissaient de l’époque des guerres Koushites. Dans les deux cas, l’homme était devenu un mythe. Les colosses baissaient la voix pour évoquer le sort de Rekk, le fléau de l’Empereur Bel, l’exécuteur des basses œuvres, le monstre vomi des enfers. »
- Mon avis sur le livre -
Je ne sais pas ce qu’il en est
pour vous, mais pour ma part, lorsque je finis une série, je suis toujours
partagée entre deux émotions contraires et paradoxales : d’un côté, je
suis très heureuse de savoir enfin le fin mot de l’histoire, et de l’autre, je
suis totalement effondrée de devoir quitter les personnages que j’ai
accompagnés durant plusieurs tomes. Mais dans le cas des Epées de glace s’ajoutent également la frustration intense qu’entraine cette fin
atrocement ouverte qui laisse espérer une suite (par pitié, monsieur Gay, une
suite, pour la survie de vos lecteurs !) et l’ahurissement complet mêlé de
profond respect face à cet ouvrage dont on rêverait tous d’être l’auteur
tellement il est … bah parfait, le mot est dit.
Poussés - dans les deux sens du
terme - par Rekk, Mahlin et Shani ont fait le grand saut dans le fleuve, tandis
que le Boucher se fait charcuter par l’épée de son adversaire et finit dans une
geôle aussi inhospitalière qu’efficace. Pour le faire s’évader, Laath, Mahlin
et Shani vont devoir s’associer à Eleon, l’assassin prodige qui refuse de
laisser sa proie se faire exécuter alors que c’est à lui de le tuer au terme d’une
traque. Mais la soif de vengeance de Rekk reste inassouvie … L’Empire, déjà
fragilisé par la mort de l’Empereur Marcus et l’ascension au pouvoir de l’impétueux
et prétentieux Héritier Théorocle, déjà vulnérable face au risque de soulèvement
du peuple Koushite, va devoir se préparer à faire face à une menace bien plus
grande encore : la colère du Boucher, qui ne compte pas renoncer à venger
la mort de sa fille, quel que soit le prix à payer …
Trop souvent, les seconds tomes
commencent avec un long, pénible et ennuyant rappel des événements antérieurs,
pour replonger le lecteur dans l’ambiance. Ici, rien de tout cela : on
retrouve nos personnages là où on les avait laissés, et l’action redémarre au
quart de tour comme si rien ne s’était passé, comme s’il n’y avait pas eu de
coupure et de changement de livre. Pour moi qui lit toujours - sauf quand cela
n’est pas possible - les tomes d’affilée, c’est une aubaine : tout est
encore bien frais dans ma tête et je suis ravie de pouvoir me replonger
aussitôt dans de l’action et non pas de la rétrospective ! Plus
généralement, ce second et dernier tome est riche en actions, en
rebondissements, en coups de théâtre, en révélations … Pas moyen de s’ennuyer,
et surtout, pas moyen de s’arrêter de lire tant chaque fin de chapitre est
absolument insupportable : on tourne les pages comme si on était
poursuivis par des assassins fous furieux, comme si l’avenir du monde dépendait
de la suite de l’histoire, comme si il y avait urgence à savoir ce qui va se
passer parce que c’est trop terrifiant de ne pas savoir. Je vous préviens, ce
livre est dangereux pour les cœurs fragiles ou les âmes sensibles !
Car on ne va pas se mentir, ce
second tome est encore plus violent, plus sanguinolent que le premier. Le mot d’ordre :
pas de quartier. L’auteur n’hésite pas à malmener lecteur et personnages. Il y
a du sang, de la sueur, des larmes, il y a de la douleur, de la frayeur, de la
peur. Il y a des meurtres, il y a des trahisons … Ne vous attachez à personne,
n’ayez confiance en personne, cela faut à la fois pour nos héros et pour nous-mêmes.
Plus d’une fois, je suis restée bouche bée, interloquée, médusée, estomaquée,
incapable de croire à ce que je venais d’apprendre tellement cela semble
impossible, inimaginable, impensable. Parfois, c’est la colère qui suivait cet
état d’ahurissement, parfois, c’était tout simplement de l’admiration face à ce
rebondissement inattendu, et parfois aussi, c’était les deux à la fois. Même si
c’est parfois un peu frustrant de se rendre compte que l’auteur nous a mené par
le bout du nez du début à la fin, cela reste la preuve que l’auteur en question
est un véritable génie !
Pour tout dire, j’ai beau
chercher, je ne trouve rien à reprocher à ce second tome. Les personnages sont
toujours aussi complexes, toujours aussi intéressants, toujours aussi
insaisissables, finalement. On ne sait jamais quelle direction ils vont
prendre, quel choix ils vont faire, de vrais électrons libres impossibles à
cerner ! Certains personnages que nous pensions sans cœur se révèlent être
terriblement et profondément humains, d’autres que nous croyions inoffensifs s’avèrent
être plus fourbes que le roi des fourbes … Impressionnant, déstabilisant. L’intrigue
est toujours aussi bien menée, aussi emberlificotée, si bien ficelée que l’on
se demande bien, au fur et à mesure qu’approche la fin, comment tout cela va
réussir à se démêler. Et aussi étonnant que cela puisse paraitre, mais cela se
démêle très rapidement, de façon très brutale, mais très efficace également. Je
ne suis d’ordinaire pas trop pour la tactique « on fonce dans le tas »,
mais je dois reconnaitre que cela marche finalement plutôt pas mal ! Et
enfin, la plume est toujours aussi extraordinaire, c’est à la fois sombre (c’est
quand même l’histoire d’une Vengeance faite homme qui vient châtier un Empire,
comme le dit le titre) et léger (j’aime décidément énormément l’humour d’Olivier
Gay, qui débarque au moment le plus impromptu pour donner lieu à des situations
cocasses, des conversations burlesques), avec en prime cette petite touche d’émotions
(j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps pour les cinquante années à venir !).
Chapeau.
En bref, ce livre, c’est LE livre
que j’aurai aimé écrire, celui qui réunit tout ce que j’aime, celui qui a
réussi à me surprendre, celui qui m’a donné envie de me relever au milieu de la
nuit pour savoir la suite, celui que je n’avais finalement pas vraiment envie
de terminer car je ne voulais pas quitter ces personnages, cet univers, aussi
éblouissant qu’impitoyable. C’est le livre qui me rappelle pourquoi j’aime
tellement la fantasy. Mais c’est aussi le livre qui me fait me sentir toute
vide : qu’est-ce que je vais bien pouvoir lire, maintenant ? Je n’ai
qu’une envie : aller me procurer La main de l’Empereur pour retrouver
Rekk, mais surtout, aller harceler l’auteur nuit et jour pour qu’il m’écrive
une suite, j’veux savoir ce qui se passe ensuite ! Alors voilà, lisez ce
livre, lisez ce dyptique, car même si vous n’en ressortirez pas complétement
indemnes, vous verrez, elle est parfaite, cette saga !
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)