mercredi 19 avril 2017

La guerre des clans, cycle 1, tome 1 : Retour à l'état sauvage - Erin Hunter



La Guerre des Clans, Erin Hunter
Cycle 1, tome 1 : Retour à l’état sauvage

Editeur : Pocket Jeunesse (PKJ)
Nombre de pages : 306

Résumé : Depuis des générations, fidèles aux lois de leurs ancêtres, quatre clans de chats sauvages se partagent la forêt. Mais le Clan du Tonnerre court un grave danger, et les sinistres guerriers de l'Ombre sont de plus en plus puissants. En s'aventurant un jour dans les bois, Rusty, petit chat domestique, est loin de se douter qu'il deviendra bientôt le plus valeureux des guerriers...





- Un petit extrait -

« Une étoile filante scintilla soudain au-dessus des cimes. La queue de la guérisseuse frémit, son échine se hérissa. Les oreilles d'Etoile bleue se dressèrent, mais elle resta silencieuse tandis que Petite Feuille continuait à fixer le ciel. Au bout d'un instant, la chatte écaille baissa la tête et se tourna vers la grise. "C'était un message du clan des Etoiles, souffla-t'elle, le regard perdu dans le vague. Seul le feu sauvera notre Clan" »

- Mon avis sur le livre -

Vous le connaissez, ce plaisir de relire un livre-doudou, ce petit frisson de joie et cette chaleur qui emplit notre cœur au simple geste de sortir un roman tant aimé de l’étagère ? Ce premier tome fait indéniablement parti des livres les plus relus de mes bibliothèques : je l’ai lu bien des fois, mais toujours avec le même ravissement. Chaque redécouverte est plus merveilleuse encore que la précédente. Et à chaque fois, je me rappelle avec nostalgie la toute première fois que j’ai ouvert ce livre, assise en tailleurs dans un coin de la bibliothèque municipale, toute heureuse d’avoir trouvé un livre ayant pour personnages des chats. Je devais avoir une dizaine d’année. J’ai grandi avec cette saga, et ce premier tome a vraiment une place très particulière dans mon cœur. 

Objectivement parlant, Rusty est un chaton qui a tout pour être heureux : des maitres aimants, une maison chaleureuse, des gamelles toujours remplies et des amis dans les jardins alentours. Mais en dépit de cette quiétude, Rusty ne parvient pas à se satisfaire de cette existence : du plus profond de son être, il est tiraillé par une envie irrésistible de s’aventurer dans la forêt environnante. Chaque nuit, des rêves plus saisissants et réalistes les uns que les autres l’invitent à rejoindre cette nature sauvage et libre. Le jour où, incapable de résister plus longtemps à cette curiosité, le chaton roux ose enfin s’y risquer, sa vie bascule irrémédiablement. Devenu Nuage de Feu, le félin rejoint le Clan du Tonnerre, l’un des quatre clans qui peuplent la forêt. Mais le jeune chat peine à s’investir corps et âme dans son apprentissage : le Clan de l’Ombre est plus menaçant que jamais, et Griffe de Tigre, le nouveau lieutenant du Clan du Tonnerre, semble cacher bien des secrets …

Souvent, les premiers tomes se contentent de poser le décor et de présenter les principaux protagonistes. Ici, on est bien loin de ce tome introductif parfois trop lent pour être attractif : dès le prologue, on entre immédiatement au cœur de l’action, avec une bataille opposant deux groupes de chats au sujet d’un bout de territoire, et déjà on apprend l’existence d’une prophétie envoyée par les chats d’autrefois : « Seul le feu sauvera le Clan ». Le récit est ponctué de conflits, de complots, de rebondissements et de mystères. Plus d’une fois, notre héros se demandera à qui il doit offrir sa confiance, de qui il doit se méfier, quelle décision il doit prendre : comment agir lorsque notre cœur nous pousse à enfreindre les règles qui garantissent la cohésion du Clan ? comment faire lorsqu’on est l’un des seuls à connaitre un secret aux implications cruciales mais que l’on sait que nul ne nous croira ? comment prouver sa loyauté lorsque notre raison nous pousse à aller à l’encontre du mouvement collectif ? En se confrontant à ses questions, Nuage de Feu va évoluer, déjà : à la fin de l’histoire, il n’est clairement plus le même qu’au début. Plus sage, moins insouciant.

Ce premier tome nous introduit dans un univers d’une richesse et d’une complexité incroyables : au cœur de cette forêt, qui pourrait être n’importe quelle forêt, qui pourrait être la forêt à côté de chez nous, se cachent des chats « sauvages ». Des chats organisés en Clans, des chats qui suivent un code d’honneur, le Code du Guerrier, des chats qui croient que les étoiles sont les âmes de leurs compagnons morts, des chats qui protègent leur Clan au péril de leur vie. Des chats pas si sauvages que cela, finalement. Rusty, un petit chaton domestique empli de loyauté et de courage, se retrouve plongé au cœur de cette forêt, et à travers lui, le lecteur découvre ce monde aussi fabuleux – comment ne pas rêver face à cette cohésion qui unie les membres du Clan du Tonnerre ? – que redoutable : chez les chats comme chez les humains, l’ambition et la vanité conduisent à des actes terribles et sanguinaires. Un livre jeunesse, oui, mais qui ne se cache pas derrière un nuage de douceur et de légèreté !

Ce qui rend également ce premier tome si addictif, en plus de cette intrigue à couper le souffle, c’est la narration. Elle est à la fois très descriptive – le lecteur n’a aucune difficulté à se représenter les lieux, l’ambiance, les sons et les odeurs – et très fluide. Très vivante, également : lorsque l’action se fait plus rapide, lorsque la tension monte, les phrases se font plus courtes, presque hachées, l’immersion est totale. Le vocabulaire est recherché mais reste tout de même accessible, permettant aux plus jeunes comme aux plus grands de s’y retrouver : le style n’est ni enfantin ni trop complexe, il se situe pile dans le juste milieu, ce juste milieu très délicat à trouver mais très agréable lorsqu’il est mis en œuvre. Quand j’ouvre ce roman, je sais que je ne vais pas devoir me casser la tête pour comprendre l’histoire, mais d’un autre côté, je sais que je ne vais pas m’ennuyer avec des phrases trop simplistes. Encore une fois, j’invite tous les adultes qui me lisent à ne pas se laisser rebuter par la classification jeunesse de cet ouvrage : la narration elle-même peut parfaitement convenir aux grands !

En bref, vous l’aurez compris, ce premier tome est un véritable coup de foudre littéraire : un univers original, une intrigue riche en rebondissements, des personnages hauts en couleur et une plume éblouissante, tous les ingrédients sont réunis pour captiver petits et grands lecteurs ! Le grand plus de ce récit, c’est d’être finalement assez « indépendant » : si vraiment vous n’accrochez pas à cette belle aventure, et c’est bien triste pour vous, vous pouvez parfaitement vous arrêtez après ce premier tome. En effet, ce tome introductif présente tout de même une véritable intrigue, complète et achevée : la fin peut parfaitement s’autosuffire. Alors, n’hésitez plus et procurez-vous ce premier tome : soit il vous plait et c’est parti pour la suite, soit il n’est pas pour vous et vous aurez tout de même eu le droit à une fin digne de ce nom sans avoir besoin de lire les six volumes de ce premier cycle !

lundi 17 avril 2017

Les Recycleurs - Michel Hutt



Les recycleurs, Michel Hutt

Editeur : Yves Michel
Nombre de pages : 302

Résumé : [Tome 2 du Cri du Colibri. Peut se lire indépendamment du premier mais il est fortement recommandé par l’auteur, l’éditeur et moi-même de lire le premier avant.] Quatorze ans après le début de la Grande Crise, Léo parcourt les routes au sein de la Confrérie des Amandiers. Comme toutes les caravanes de Recycleurs, ces artisans nomades tentent de relancer une activité économique à échelle humaine, basée sur les principes fondamentaux de la transition : sobriété heureuse, coopération, communication non-violente, créativité.




- Un petit extrait -

« Léo ouvrit les yeux bien avant l’aube. Sur un arbre du Champ de Mars, un merle s’égosillait à perdre haleine. Le jeune homme écouta, charmé, ce virtuose anonyme. Ignorant tout de l’œuvre d’Olivier Messiaen, il se demanda si un compositeur avait déjà tenté de puiser son inspiration dans cette musique naturelle et intemporelle. Etait-il seulement possible de rendre au moyen d’un instrument – ou d’un orchestre – la palette infinie de sonorités qu’un simple volatile maitrisait à la perfection, sans même avoir mis les pieds dans un conservatoire ? »

- Mon avis sur le livre -

Quand j’ai appris qu’il y allait avoir un deuxième tome au fabuleux (mais trop peu connu malheureusement) Cri du Colibri, j’ai commencé à danser la samba, la salsa et même le tango dans ma chambre, trébuchant toutes les deux secondes contre un sac ou une pile de livres sans-étagère-fixe. J’avais littéralement adoré le premier volume, au point de ne pas réussir à en écrire une chronique digne de ce nom (ceci devrait d’ailleurs être réglé très prochainement : une relecture du Cri du Colibri s’impose et une actualisation de la chronique devrait donc suivre) tellement l’émotion était forte. Je dois bien vous admettre que la rédaction de cet article n’est pas vraiment plus facile : l’auteur pourra vous le confirmer (un petit coucou à Michel s’il passe par là !), mon agitation post-lecture était assez impressionnante. Je vous explique ça en détail un peu plus bas, ne vous inquiétez pas !

Il y a quatorze ans de cela, la Grande Crise déclenchée par un choc boursier considérable a ravagé l’Europe. Pour survivre suite au désengagement de l’Etat et des aides humanitaires et en dépit des pénuries d’énergie, il a fallu s’organiser différemment. Tandis qu’à Mulbach, petit village alsacien niché au pied des Vosges, une véritable communauté basée sur « l’autonomie, la sobriété heureuse, la solidarité et la collégialité » s’est progressivement mise en place, les Confréries de Recycleurs sillonnent les routes afin d’offrir leurs services d’artisans spécialisés à qui accepte d’accueillir leur campement itinérant. Léo est Aspirant dans la Confrérie des Amandiers, mais son attention est actuellement plus attirée par Clara, la fille de la Patriarche, que par son passage imminent au statut de Novice … A Muhlbach, l’harmonie de la petite famille de Léa se voit ébranlée par le retour inattendu d’une vieille connaissance, tandis que le questionnement se fait de plus en plus fort au sein de la collectivité : que se passe-t-il au-delà des limites de la plaine d’Alsace ?

La grande particularité de ce deuxième tome, c’est qu’il se déroule quatorze ans après les événements du premier volume : les ellipses temporelles aussi longues, ça ne court pas les rues, pour la simple et bonne raison que c’est assez délicat à gérer. Il faut apporter suffisamment d’informations pour que le lecteur comprenne les événements qui se sont déroulés entre temps sans pour autant le submerger ou l’embrouiller. Il faut trouver l’équilibre, le juste milieu, le bon dosage … Monsieur Hutt est un alchimiste hors pair ! Les explications qu’il nous donne, autant sur la transformation de la société suite à la Grande Crise que sur les changements dans la vie des personnages, réunissent parfaitement ces deux exigences : pas une seule fois on se dit « Mince, mais comment ils en sont arrivés là, ce n’était pas comme ça à la fin du premier !? », mais on ne se dit pas non plus « Non mais c’est bon, on a compris, pas besoin d’épiloguer là-dessus pendant trois pages ! ». Non, on se laisse porter par ces renseignements bienvenus et bien menés, on les boit comme du petit lait !

 L’autre caractéristique de ce roman, c’est sa double narration : nous suivons alternativement les pérégrinations de Léo, adolescent impliqué dans une caravane de Recycleurs parcourant la France pour offrir services et divertissements, et le quotidien mouvementé des habitants de Muhlbach, qui commencent progressivement à ressentir le besoin de savoir à quoi ressemble le monde. Petit à petit, ces deux intrigues parallèles convergent l’une vers l’autre, se répondent et s’entremêlent pour former un scénario des plus captivants. Parce qu’avant toute chose, ce récit est justement cela : une histoire passionnante, émouvante, parfois dramatique et tragique, mais toujours illuminée par cette formidable lueur d’espoir qui brule à l’intérieur de chacun des personnages. Et quels personnages ! A eux seuls, ils font toute la force et la richesse de ce roman : leur personnalité profondément humaine, leurs qualités et leurs défauts, leurs joies et leurs peines les rapprochent du lecteur, qui peut ainsi très facilement s’identifier à l’un ou à l’autre et vivre ainsi plus intensément le récit. 

Mais ce livre est bien plus qu’une simple fiction destinée à faire rire ou pleurer le lecteur au gré des rebondissements de l’intrigue. Ce livre met en avant, avec beaucoup de finesse, par l’intermédiaire de la Chartre de la Confrérie des Amandiers ou celui du fonctionnement harmonieux du petit village alsacien, un certain nombre de valeurs qui font cruellement défaut à notre société de consommation et d’hyper-numérisation : le partage, la solidarité, l’échange et la confiance mutuelle. A cela s’ajoute également la présentation d’un mode de vie basé sur le respect des ressources naturelles, l’autosuffisante alimentaire, la modération dans la consommation d’énergie, mais également la coopération, la communication et la participation de chacun au bien-être de tous. Avec une lucidité rare, l’auteur expose les bienfaits de cette organisation sociale, mais aussi les difficultés que peut rencontrer la mise en place et le maintien de ce genre d’initiatives. L’équilibre est toujours fragile, et il suffit parfois de bien peu de choses pour que les mauvaises habitudes reprennent le dessus … cela, ce livre le montre aussi, dans une fin aussi grandiose que bouleversante, qui ouvre la porte à une impatience extrême : « A quand la suite ?! ».

En véritable conteur et fabuliste moderne, Michel Hutt nous offre une fois de plus un roman d’une richesse inouïe, aux messages multiples et à la narration éblouissante. Construit autour d’une famille aussi hétéroclite que soudée, ce récit s’ouvre à une ribambelle de personnages tous aussi attachants les uns que les autres, qui témoignent chacun à leur manière de la dynamique qui anime la vie. Ode à la camaraderie et à la fraternité, à l’entraide et à la solidarité, mais aussi à l’amour et à l’amitié, cette histoire est une véritable bouffée d’air frais : si le découragement et les tracas semblent parfois prendre le dessus sur l’optimisme et la joie, tout fini toujours par s’arranger lorsqu’on s’appuie les uns sur les autres. A plusieurs, le monde est définitivement bien plus agréable à habiter !

mercredi 12 avril 2017

La guerre des clans, hors-série : La prophétie d'Etoile Bleue - Erin Hunter



La Guerre des Clans, Erin Hunter
Hors-série : La prophétie d’Etoile Bleue

Editeur : Pocket Jeunesse (PKJ)
Nombre de pages : 594

Résumé : « Tu es le feu, tu illumineras la forêt. Mais prends garde à l'eau, elle causera ta perte. » Nuage Bleue est encore une jeune apprentie lorsque cette prophétie lui est révélée. Devenu guerrière sous le nom de Lune Bleue, elle est promise à un destin hors du commun. Mais sa rencontre avec Cœur de Chêne, un guerrier d'un clan rival, la fait dévier de cette voie toute tracée. Doit-elle servir son clan ou écouter son cœur et trahir les siens ? Quel que soit son choix, il sera déchirant...


- Un petit extrait -

« L’eau de la rivière glacée lui coupa le souffle. Aveuglée, elle lutta contre le courant, se battant pour réussir à respirer ; son cœur fut saisi par la panique. La prophétie de Plume d’Oie résonna dans sa tête : L’eau te détruira …. »

- Mon avis sur le livre -

On me demande parfois sur quels critères je m’appuie pour affirmer qu’un livre est bon ou non. Alors déjà, rappelons-le, tout est une question de ressenti personnel : il arrive, tout simplement, qu’une histoire résonne en nous, sans que l’on ne comprenne pourquoi ni comment. Toutefois, s’il y a bien une chose qui, je le sais, fait pencher mon cœur de lectrice vers le coup de cœur, c’est bien la charge émotionnelle du récit : plus le roman est prenant, saisissant, poignant, plus il aura des chances de me plaire. Je suis une grande sensible qui aime être bouleversée par mes lectures ! Vous allez donc rapidement comprendre pourquoi ce troisième hors-série de la saga La guerre des clans est un véritable coup de foudre littéraire.

Dès sa première sortie hors de la pouponnière, Petit Bleuet s’est promis de servir ardemment le Clan du Tonnerre. A cette promesse de chaton enthousiaste vient s’ajouter le poids aussi exaltant que pesant d’une prophétie énoncée par l’étrange guérisseur qui lui sert d’oncle : tel le feu, elle est destinée à illuminer la forêt, mais comme le feu, elle doit craindre l’eau qui la détruira. Et alors qu’elle tente encore de comprendre le sens de ces bouleversantes paroles, les souffrances s’abattent sur elle tandis qu’un terrible dilemme s’offre à elle : doit-elle suivre son cœur ou sa raison ?

La vie d’Etoile Bleue est une tragédie. Plus encore que celles de Croc Jaune ou d’Etoile Balafrée, racontées dans les hors-séries précédents, l’existence d’Etoile Bleue est placée sous le signe de la perte. Perte de la mère, d’abord. Une mort inadmissible et traumatisante qui laisse la jeune chatte aussi désemparée et perdue qu’un nouveau-né. La perte de la sœur, ensuite. Une mort brutale qui sonne définitivement la fin de l’insouciance face au poids d’une responsabilité nouvelle. Enfin, la perte d’un enfant. Une mort tout simplement impensable qui déchire le cœur de la jeune guerrière. Comment continuer à vivre en portant en soi autant de chagrin et de culpabilité ? Comment garder la tête hors de l’eau quand l’immense vague de la peine menace de tout engloutir sur son passage ? 

Poussée par son sens aigu du devoir et par sa volonté farouche de servir son Clan, Lune Bleue se retrouve confrontée à des choix terribles et terrifiants qui poussent le lecteur à s’interroger en même temps qu’elle. Est-il légitime de renoncer à son propre bonheur pour le bien de tout un Clan ? L’altruisme extrême est-il forcément préférable à l’égoïsme ordinaire ? Par amour et loyauté pour les siens, Etoile Bleue a tout perdu sans rien gagner en retour. On l’admire pour sa volonté, son courage et son sens de l’honneur, on la plaint pour toutes les souffrances et les peines qu’elle a dû endurer. Sans jamais surmonter toutes ces pertes, Etoile Bleue a accepté de vivre avec leur fardeau pour le bien des autres.

Contrairement aux deux premiers hors-séries qui se présentaient comme de réelles préquelles, celui-ci est plutôt à ranger dans la catégorie des flashbacks : le prologue consiste en une reprise, sous un point de vue différent, de l’ultime chapitre du cinquième tome. Ce qu’on y apprend ensuite développe ce que l’on découvre progressivement au cours du premier cycle. Pour cette raison, il me semble indispensable de découvrir ce hors-série après avoir pris connaissance de ces six volumes. Toutefois, pour les relectures chronologiques, comme celle qui m’occupe actuellement, le lire avant le premier tome est grandement intéressant : le dernier chapitre de ce hors-série appelle inévitablement à enchainer avec l’histoire de Rusty, chaton domestique au pelage flamboyant qui semble promis à un destin exceptionnel …

En bref, vous l’aurez compris, cet énorme hors-série (on frôle les six-cent pages !) est tout simplement bouleversant. Il pose de grandes questions, il présente avec beaucoup de finesse les émotions d’une jeune chatte aussi forte que fragile, il fait pleurer et trembler … De plus, ce hors-série nous propose également d’en savoir un peu plus sur d’autres personnages qui auront un rôle à jouer dans le cycle à venir. Je pense à Griffe de Tigre, dont on comprend un peu mieux la noirceur et la hargne, je pense à Tornade Blanche, dont on découvre avec surprise  l’arbre généalogique, je pense à Petite Feuille, qui montre déjà une grande compassion et douceur. Un bel hors-série qui apporte donc énormément au lecteur passionné de cet univers !

mercredi 5 avril 2017

La guerre des clans, hors-série : La promesse de l'Elu - Erin Hunter



La Guerre des Clans, Erin Hunter
Hors-série : La promesse de l’Elu

Editeur : Pocket Jeunesse (PKJ)
Nombre de pages : 544

Résumé : L'avenir sourit à Petite Tempête, le dernier né du Clan de la Rivière, jusqu'au terrible accident qui le laisse défiguré. Devenu Nuage Balafré, l'apprenti cherche par tous les moyens à prouver sa valeur. C'est alors qu'une mystérieuse chatte lui apparaît en rêve. Elle lui prédit un destin glorieux s'il jure de toujours faire passer son clan avant ses propres intérêts. Le jeune Elu accepte avec enthousiasme. Il ignore encore le prix à payer pour un pacte trop vite scellé...



- Un petit extrait -

« - Plus tôt nous sortirons chasser et patrouiller, mieux le Clan se portera. Quand je serai chef, je laisserai les chatons sortir n’importe quand.
Etoile de Tempête. Quel nom !
- Hé ! protesta son frère en le secouant du bout de la patte. Fleur de Pluie dit que je suis né le premier, alors ce sera moi le chef.
- Toi ? Chef ? gloussa Petite Tempête en froissant les oreilles de son frère. Tu veux chasser des têtards ! Je te ferai lieutenant, quand je serai chef. Viens ! Allons chasser !  »

- Mon avis sur le livre -

Mon marathon La Guerre des Clans se poursuit tranquillement avec ce second hors-série. Un gros pavé de plus de cinq-cents pages qui fait un peu peur au début (les tomes « normaux » tournent autour de trois-cents pages uniquement) mais qui se dévore en une seule bouchée. Sans indigestion, en plus ! Et surtout, c’est un hors-série qui apporte quelque chose à l’histoire : il n’est pas uniquement là pour faire joli, pour ajouter un volume à la saga, mais vraiment pour fournir des informations supplémentaires au lecteur. Et rien que pour cela, avant même de vous parler de l’histoire à proprement parler, je vous conseille vraiment de vous lancer dans la lecture des hors-séries de La Guerre des Clans si vous appréciez cette saga !

Petite Tempête et son frère Petit Chêne sont nés un jour d’orage, et cette naissance exceptionnelle leur promet une destinée extraordinaire. Intrépides comme le sont tous les chatons, les deux frères se voient déjà à la tête de leur Clan. Mais voilà qu’un terrible accident survient et vient briser tout ce bel avenir rêvé. Petite Tempête, défiguré, se voit renommer Petite Balafre par sa mère, qui ne se préoccupe plus de lui maintenant qu’il n’est plus l’adorable petit guerrier en herbe dont elle était si fière. Esseulé et prêt à tout pour retrouver le respect de son Clan, le chaton va conclure un terrible serment avec une chatte mystérieuse descendue des étoiles pour le guider dans l’accomplissement de son destin … Mais à quel prix ?

Une fois encore, je suis ébahie par la facilité avec laquelle les auteurs parviennent à nous faire entrer dans l’ambiance du récit en quelques lignes à peine : dès les premières phrases, on sent bien que l’histoire de Petite Tempête sera remplie d’embûches et de tourments. La vie de ce chaton ne sera pas un fleuve tranquille, mais une mer agitée. Au fil des chapitres, cette première impression se confirme : entre l’accident qui le défigure à vie, le rejet par sa mère trop fière pour accepter ce petit chaton chétif et balafré, les efforts qu’il doit effectuer pour prouver sa valeur à son Clan … on a tout de suite envie de le plaindre ! Et au fur et à mesure que le temps passe, les choses ne font que s’aggraver, et l’émotion devient de plus en plus présente. J’ai tellement, tellement pleuré pendant ma lecture, on ressent tellement bien son désespoir, sa tristesse, sa culpabilité, son sentiment d’impuissance … Notre petit cœur se déchire en mille morceaux au fil des pages !

Quand on parle de La Guerre des Clans, on parle également d’action. Et clairement, ce livre n’en manque pas ! Entre les conflits qui éclatent entre les Clans du Tonnerre et de la Rivière à propos des Rochers du Soleil – élément qui reviendra à plusieurs reprises dans la saga –, les attaques de chiens, le camping des Bipèdes et la naissance de chatons clan-mêlés qui vont déchainer les tensions … Pas moyen de s’ennuyer, le quotidien de nos félins préférés est bien rempli ! Et les pages se tournent, sans qu’on ne s’en rende compte, on veut toujours savoir comment les choses vont se dénouer, comment la situation va évoluer. Et plus ça avance, plus la tension est forte, plus on reste accroché à l’histoire comme si notre vie en dépendait. On a le cœur qui court le marathon, qui s’arrête quelques secondes pour s’emballer de nouveau une fois le choc passé. On a le souffle coupé, parfois.

Comme pour le premier hors-série, celui-ci nous apporte énormément d’informations qui, recoupées avec celles que l’on découvre progressivement dans le premier cycle, nous permettent de recoller les morceaux pour saisir l’ensemble de l’intrigue. Grâce à ce hors-série, on comprend un peu mieux les réactions que certains personnages vont avoir dans la suite de la saga, car on connait leur passé, et que c’est ce passé qui a fait d’eux ce qu’ils sont. Cet hors-série nous permet également de changer de point de vue : dans le premier cycle, nous voyons tout selon la perspective du Clan de Tonnerre, et nous considérons donc le Clan de la Rivière comme un ennemi. Ici, on ne voit plus les choses sous le même angle, et ça permet de mettre en avant le fait qu’aucun Clan n’est meilleur qu’un autre : ils sont tous aussi intéressants les uns que les autres !

En bref, une relecture vraiment très agréable qui me conforte dans mon projet de marathon-lecture ! J’ai pris tellement de plaisir à suivre les aventures de ce chaton qui grandit devant nos yeux ébahis, qui se retrouve face à des choix qui influenceront non seulement sa propre existence mais celle de tous ceux qui l’entoure, qui se débat avec ses sentiments. J’ai apprécié retrouver la plume fluide et vivante des auteurs, qui savent jouer avec nos émotions comme un violoniste joue avec son instrument, qui savent nous faire voyager par le simple intermédiaire de mots, qui savent nous faire rêver, tout simplement. Je ne m’en lasse pas !