Editeur : Rebelle
Nombre
de pages : 193
Résumé : Dans un futur utopique, les humains vivent
au sein d'un monde verdoyant, pacifique, généreux et altruiste. Pour éviter que
les erreurs du passé ne se répètent, et afin de préserver cette vie idéale pour
l’éternité, un programme scolaire est mis en place. Il s’agit de sensibiliser
les élèves aux plus grands échecs de l’Histoire. Mais le futur s’avérera-t-il
aussi parfait qu’il n’y paraît ?
Un grand merci à Azelma
Sigaux pour l’envoi de ce volume (et la petite dédicace) et à la plateforme SimPlement
pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Ne cherchez pas à suivre un ordre chronologique, fit Rami à ses élèves. Les textes ont été choisis pour leurs propos et non pour leur époque. Chacun de ces récits doit être entendu comme un conte. Il s’agit de démontrer, par des évènements précis ou de simples anecdotes, que les créations humaines poussées à l’extrême sont néfastes. L’objectif est de prouver que certaines situations peuvent devenir absurdes lorsqu’elles sont exagérées. »
- Mon avis sur le livre -
Je devais avoir six ou sept ans la première
fois que j’ai affirmé à mes parents, avec beaucoup de sérieux et de gravité,
que j’étais une extraterrestre égarée sur Terre. Je ne savais pas comment
exprimer plus clairement le profond sentiment de « décalage » que je
ressentais continuellement : je ne me sentais pas à ma place dans ce
monde, dans cette société aux mœurs si étranges, aux règles si compliquées … et
à la logique fort peu évidente. Et malheureusement pour moi, les choses ne se
sont pas arrangées, bien au contraire : aujourd’hui encore, je me demande
où diable ai-je atterrie ! Vous comprendrez donc que le titre de cet
ouvrage – joli mélange entre « absurdité » et « terre » qui
veut tout dire – a attiré mon attention … Et je suis vraiment très
heureuse que l’auteur ait acceptée ma demande de service de presse, ce fut un réel
plaisir de découvrir ce petit roman à la couverture si magnifique !
En l’an 3000, les habitants de la Terre
vivent en harmonie. Entre eux, et avec la nature. Respect, égalité et
générosité sont les fondements de cette société sans frontières ni guerres,
sans violences ni gouvernances. Les comités d’éducation, chargés de concevoir
les programmes scolaires – identiques pour tous les enfants du globe – font
ainsi appel à l’avis du peuple pour entériner leurs décisions … Et comme chacun
leur fait confiance, leurs propositions sont généralement adoptées. Cependant,
le jour où le sujet du référendum est « Voulez-vous que nos enfants
connaissent l’existence des maux qui ont détruits l’Ancien Monde ? »
– drames du passé que les membres des comités avaient choisi de taire pendant
des siècles –, le résultat est plus mitigé … mais positif. Ainsi, puisqu’il
vaut mieux « prévenir que guérir », tous les enseignants du monde
devront cette année apprendre aux enfants les catastrophes de l’humanité, afin
d’éviter que l’humanité ne reproduise un jour les mêmes erreurs. Mais quelles
seront les conséquences de ces révélations ?
Imaginez un monde sans gouvernement, un monde
sans argent, un monde sans frontière, un monde sans pollution, un monde sans
guerre, un monde sans maltraitance animal … un monde idéal, où chacun respecte
chacun, où vous avez la possibilité de faire ce qui vous plait sans avoir à
rendre de compte à personne du moment que vous ne dérangez personne, où tout le
monde est heureux et où tout le monde aide tout le monde. Et maintenant,
imaginez-vous tenter d’expliquer aux enfants de ce monde idyllique ce que c’est
que l’argent, que la démocratie ou la monarchie, que le meurtre ou la justice …
Et surtout, essayez d’imaginer leur réaction. A votre avis, que penseraient-ils
de tout cela ? Plus important encore : mettez-vous à leur place …
comment réagiriez-vous ? que penseriez-vous ? Ce livre, il nous
invite à prendre du recul, à poser un regard extérieur sur notre monde, sur
notre société … et ainsi d’en apprécier toute l’absurdité.
En effet, si nous faisons l’effort de tâcher
de nous délivrer de tout l’endoctrinement social que nous subissons depuis
notre naissance – qui veut nous faire croire que les frontières sont légitimes,
et qu’il est parfaitement raisonnable d’avoir besoin d’une autorisation pour
franchir une ligne invisible et imaginaire, décidée arbitrairement par les
Grands de ce monde –, alors nous ne pouvons que nous dire « Mais
quelle aberration ! ». Nous vivons dans un monde – et l’anecdote est
véridique –, où une maman va appeler son fils pour diner par sms interposés,
alors qu’ils sont dans la même pièce ! Nous vivons dans un monde où nous
ne pouvons rien faire sans « l’assistance » d’une machine : ce
sont désormais des bracelets « intelligents » qui nous dictent
combien de kilomètres nous devons courir pour évacuer le surplus de calories du
repas ! Nous vivons dans un monde où nous torturons des animaux innocents …
pour rien, car la surproduction au nom de la sacro-sainte « Croissance »
nous conduit à jeter des tonnes et des tonnes de viande. Nous vivons dans un
monde où nous courrons après la productivité, après l’argent, après les
richesses, au détriment du bonheur : nous passons notre vie à courir dans
tous les sens, à stresser, à penser que plus notre compte en banque sera rempli
mieux ce sera, alors qu’à côté nous n’avons même pas le temps de jouer au
Monopoly avec nos enfants … Nous vivons dans un monde qui se meurt, sur une
planète que nous tuons à petit feu, nous détruisant nous-mêmes sans vouloir le
voir …
Car voilà ce que dénonce ce livre, également :
l’aveuglement volontaire de l’humanité. Nous nous mettons des œillères, pour ne
pas voir ce qui dérange. On se dit qu’on ne peut rien faire, à notre niveau, et
alors des milliards de veaux et d’agneaux sont égorgés dans d’atroces souffrances
chaque jour. On croit nos gouvernements qui affirment que l’électricité est une
énergie « propre » – alors qu’il semble évident que les déchets
nucléaires sont tout sauf propres ! – et alors on se rue sur les voitures
électriques, qui vont nécessiter la construction de nouvelles centrales …
Centrales que les ingénieurs ont « l’excellente » idée de construire
sur des failles sismiques, alors qu’un minimum de bon sens suffit pour
comprendre que c’est dangereux. On suit aveuglément les « modes »
vestimentaires, jetant notre collection de jeans datant de six mois à peine
pour en acheter de nouveaux, en réalité rigoureusement identiques, mais
que « tout le monde s’arrache » … et voici des hectares et des hectares
de champs de coton qui finissent à la poubelle ! Les exemples se
multiplient, le livre en apporte d’autres, mais ce qu’il en ressort,
finalement, c’est bien : allons-nous continuer à suivre aveuglément le
troupeau, ou allons-nous choisir de montrer qu’un autre chemin existe ?
Malgré tout, ce roman ne nous oblige pas à
être d’accord avec tout ce que dit l’auteur : en tant que croyante, je
suis donc parfaitement en désaccord avec le conte abordant l’absurdité de la
croyance en un Créateur – mais je suis d’accord avec le fait que les
extrémismes sont dangereux ! A chacun, finalement, de se faire sa propre
opinion, en fonction de ses convictions, de ses intérêts … Ce livre n’impose
rien, il expose. Il expose des situations dont le ridicule est poussé à son paroxysme.
Le lecteur est obligé de réfléchir, de faire un travail d’interprétation, d’analyse,
d’appropriation du message véhiculé, afin d’en retirer ce qui correspond à son
propre cheminement de pensée, à sa propre vision critique de la société. Mais
ce livre ne laissera personne indifférent, parce qu’il montre crûment la
cruauté, oui la cruauté, de notre monde. C’est un livre coup de poing, un livre
qui va très loin pour nous obliger à nous demander : mais voulons-nous
vraiment en arriver là ? Car, le retournement de situation final le montre
bien : l’humain est, par essence, par nature, attiré par le pouvoir, la
violence, la gloire … Même si je ne m’attendais pas à cela, je trouve
finalement que cette fin est encore plus évocatrice que tout le reste … et c’est
même douloureux de s’en rendre compte.
En bref, un ouvrage très intéressant, très
joliment écrit, qui a pour objectif d’ouvrir les yeux du lecteur pour l’inviter
à voir plus loin que le bout de son nez. J’ai énormément apprécié le fil rouge
du récit : un instituteur qui, par l’intermédiaire de contes subtilement
choisis, transmet à ses petits écoliers l’Histoire … et surtout, j’ai beaucoup
aimé les réactions de ces enfants. Choqués, mais pourtant fascinés par toutes
les atrocités qu’ils découvrent, ils sont tiraillés entre l’éducation qu’ils
ont reçus depuis leur naissance et l’attrait de ces terribles choses qui sont
notre quotidien … C’est un livre assez dur, certains passages sont même vraiment
difficiles à supporter, mais c’est un livre qui ouvre tout de même à l’espoir :
tout n’est pas perdu, on peut cheminer vers un monde plus sain, plus harmonieux
… Le monde parfait et idéal n’adviendra jamais, car la nature humaine est ce qu’elle
est, mais en acceptant une vie plus simple, on pourrait tout de même avoir une
vie plus belle !
Ce livre
a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2018
(plus
d’explications sur cet article)