Les Outrepasseurs1,
Cindy Van Wilder
Les Héritiers
Editeur : Gulf Stream
Nombre de pages : 347
Résumé : Peter, un adolescent sans histoire, échappe de justesse à un attentat
et découvre que l’attaque le visait personnellement. Emmené à Lion House, la
résidence d’un mystérieux Noble, il fait connaissance avec les membres d’une
société secrète qui lutte depuis des siècles contre les fés : les
Outrepasseurs. Les révélations de ces derniers vont changer le cours de sa vie…
« Quand
le Chasseur fut assuré du décès du cerf, il s'accroupit sur la pointe des pieds
et contempla l'énorme carcasse étendue dans le sous-bois, dont la terre noire
avait absorbé le sang. Des traînées sanguinolentes maculaient les membres
dénudés du Chasseur. La lumière indiscrète de la lune révélait un corps mince,
à l'apparente fragilité. Impression trompeuse, qui lui avait permis d'emporter
bien des combats face à des ennemis surpris par la force de leur adversaire. »
- Mon avis sur le livre -
J’ai lu ce premier tome en
prévision du Salon du livre de Colmar, parce que je n’aime pas rencontrer un
auteur sans avoir lu au moins un de ses ouvrages. Pour tout avouer, cela
faisait déjà des années que ce titre, cette couverture, me faisaient de l’œil dès
que je passais dans une librairie, mais je préférais alors privilégier toutes
mes autres sagas en cours que d’en débuter une nouvelle. Alors vous comprenez
bien que l’excuse de la préparation du Salon est tombée à point pour m’éviter
de culpabiliser ! Et pour tout dire, je ne regrette absolument pas d’avoir
céder à cette impulsion, d’autant plus que ma rencontre avec l’auteure fut tout
simplement magique (petit message à l’attention de Cindy si par hasard elle
passe ici : ici la lectrice qui hésita pendant toute l’après-midi à s’acheter
Memorex pour Noël … et qui a fini par céder !).
Alors, de quoi est-il question
dans ce premier tome ? Si je vous réponds, « des Outrepasseurs »,
vous allez sans doute vous dire « Mais elle se moque de nous, là ? ».
Dans ce cas, je vais tout simplement répondre : de Peter, adolescent
passionné de football en apparence tout à fait banal, qui découvre l’étrange
communauté que forment les Outrepasseurs. Je peux difficilement vous donnez
plus de détails, de crainte de vous ôter tout plaisir de la découverte si, par
chance, ma chronique vous donnait envie de vous lancer dans cette fantastique
histoire. Car tout l’attrait de ce premier tome est de poser les bases de l’intrigue
en répondant à la fameuse question que tout à chacun se pose en lisant le titre :
« Qu’est-ce que les Outrepasseurs ? » et à celle qu’induit le
résumé : « Pourquoi diable des fés pourchassent-ils ces fameux
Outrepasseurs ? » et également à celle que fait naitre le rabat de la
première de couverture : « Pourquoi y a-t-il un renard ? ».
Je pense que l’adjectif utilisé
sur la quatrième de couverture pour qualifier la saga s’applique parfaitement à
ce premier tome : envoutant. Dès les premiers mots, le lecteur se voit
happé dans un univers magique mais pas féérique pour autant : mystère et sauvagerie
rythment cette histoire qui prend rapidement la forme d’un retour aux origines.
Car c’est la grande surprise de ce roman : il jongle entre deux époques,
celle de Peter et celle des premiers Outrepasseurs, quoique ces derniers
puissent être. Et pour la passionnée d’histoire médiévale et de théologie que
je suis, me retrouver dans les années 1200 aux côtés d’un moine alors que je ne
m’y attendais pas du tout est tout simplement fantastique, d’autant plus qu’on
sent la volonté de réalisme de l’auteur. Une fois plongée dans cette histoire,
il m’était parfaitement impossible d’en sortir … et je dois bien avouer l’avoir
d’ores et déjà relu tellement il m’a plu !
Ce qui est assez formidable dans
ce récit, c’est que le lecteur découvre absolument tout en même temps que Peter :
contrairement à d’autres romans du même genre, pas d’explications parallèles
pour permettre au lecteur de mieux saisir ce que les personnages ne comprennent
pas encore. Ici, nous nageons en plein inconnu, et je dois admettre qu’à ma
seconde lecture, j’étais tout aussi éberluée que la première fois au fur et à
mesure que l’histoire avance. Les pièces du puzzle se mettent en place vraiment
lentement, sans que rien ne permette de les voir arriver, et la surprise est
totale à chaque nouvelle phase du dénouement … Enfin, si on peut parler de
dénouement. Car finalement, une fois la dernière page tournée, on a certes des
réponses à nos interrogations premières, mais on se retrouve avec de nouvelles
questions, encore plus nombreuses que les précédentes. Mais étrangement, ce n’est
absolument pas frustrant. Juste … normal. Je ne sais pas trop comment expliquer
cela, mais j’ai le sentiment que ces questions font parties « du jeu »,
et par conséquent, elles ne me rendent pas complétement folle de frustration
comme cela peut parfois être le cas.
Mais une histoire, aussi
merveilleuse soit-elle, ne vaut rien sans la narration qui va avec ! Et
sur ce point-là, rien à redire : la plume de Cindy est juste époustouflante !
Elle fait littéralement vivre ses personnages au travers des mots : les
émotions sont retranscrites avec tellement de finesse, les dialogues avec
tellement de spontanéité et les actions avec tellement de dynamisme qu’il
suffit presque de fermer les yeux pour voir l’histoire se dérouler devant nous.
C’est une narration vraiment agréable à lire, très fluide et très imagée, mais
le détail qui fait toute la différence, c’est que Cindy n’est pas tombée dans l’excès
qui guette les auteurs jeunesses : faire trop facile à lire. Nous avons
ici un style certes avenant pour les jeunes lecteurs – pas de subjonctif
plus-que-parfait imbuvable – mais tout de même suffisamment soutenu pour satisfaire
également les plus grands. C’est à mes yeux un point vraiment positif de ce
récit : proposer une véritable alternative entre les romans pour adolescents
pleins de niaiseries et les récits pour adultes parfois trop violents. Le juste
milieu, voilà ce que propose ce récit !
En bref, une histoire captivante,
envoutante, passionnante, qui tient le lecteur en haleine du début à la fin. Un
univers aussi merveilleux que sombre, aussi magique que violent, qui permet à
ce récit de se démarquer des autres romans fantastiques pour adolescents. Un
livre que je conseille fortement à tous ceux qui aiment les mystères et les
secrets, à tous ceux qui trouvent que Disney a décidément bien trop édulcoré
les contes et les légendes. Certains trouveront peut-être que ce tome d’introduction
est un peu lent, mais personnellement, je trouve que c’est justement cette « lenteur »
qui fait toute sa richesse : le calme avant la tempête qui, je n’en doute
pas, secouera le second tome …
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons