Editeur : Michel Lafon
Nombre
de pages : 352
Résumé : Matthew a 19 ans, et c’est un jeune homme
hanté. Par la mort de son grand frère. Par la culpabilité.
Par la voix de Simon qu’il entend partout, tout le temps … Matthew a 19 ans et
il souffre de schizophrénie, une maladie qui « ressemble à un serpent ». Pour
comprendre son passé et s’en libérer, Matthew dessine, écrit. Il raconte
l’enfance étouffée par la perte, la douleur silencieuse de ses parents ; la lente
descente dans la folie, l’internement … Mais aussi le
quotidien parfois absurde et toujours répétitif de l’hôpital psychiatrique, les
soignants débordés, l’ennui abyssal … Et le combat sans cesse renouvelé pour
apprivoiser la maladie, et trouver enfin sa place dans le monde.
- Un petit extrait -
« On a tous en nous un mur qui sépare les rêves de la réalité, mais le mien est fissuré. En se tortillant, en se faisant tout petits, les rêves arrivent à passer au travers jusqu’à ce que je ne puisse plus bien faire la différence. »
- Mon avis sur le livre -
Je pense que ce n’est plus un secret pour
personne : les maladies psychiques m’intéressent beaucoup et je dévore les
livres traitant de ce sujet. Fort heureusement pour moi, ce type de roman est
« à la mode » en ce moment, ce qui me permet de trouver assez
facilement mon bonheur lorsqu’il me vient l’envie de quitter les mondes
imaginaires le temps d’une lecture. J’ai acheté ce livre les yeux fermés :
une couverture fascinante, un résumé intriguant, des avis enthousiastes … au
premier abord, tous les éléments semblaient présents pour que ce livre rejoigne
la liste des coups de cœur de l’année. Malheureusement, en dépit des nombreuses
qualités de ce roman, il n’a pas réussi à faire vibrer mon petit cœur autant
que je l’espérais, et je ressors de cette lecture plutôt déçue. Une bonne
lecture, mais sans plus …
Pour se réconcilier avec son passé et se
donner une chance d’accueillir plus sereinement l’avenir, Matthew écrit. Il
écrit la mort de son frère il y a une dizaine d’années, il écrit les années de
scolarisation à domicile sous la surveillance inquiète de sa mère, il écrit le
quotidien aussi absurde que répétitif au cœur de l’unité psychiatrique … Il
écrit la maladie, qui détruit progressivement le mur déjà fragile entre les
rêves et la réalité. Sur la vieille machine à écrite offerte par sa grand-mère
ou sur l’ordinateur du centre de suivi psychologique, Matthew écrit pour se
défaire des souvenirs. Et peut-être, ainsi, faire un pas de plus vers une vie
un peu plus « normale », moins « hospitalisée » …
Il n’y a pas à dire, cette histoire avait du
potentiel. A mes yeux, le point le plus positif est indéniablement la justesse
avec laquelle l’auteur évoque cette maladie ... sans vraiment l’évoquer. Pas
une seule fois il nous est expliqué que « tel schéma de pensée est typique
de la schizophrénie » ou encore moins « tel événement est une
hallucination, tel autre s’est véritablement passé ». Non. L’auteur se
contente de nous livrer les réflexions de Matthew, telles qu’elles viennent,
sans rien y ajouter. Le passé, le présent, le futur même peut-être, se
mélangent allègrement, se complètent, se combinent. Les pensées fusent, vivaces
et insaisissables, Matthew passe du coq à l’âne en quelques lignes à peine, il
se répète et se contredit parfois … Si cela semble avoir été très déstabilisant
pour beaucoup de lecteurs, je dois avouer ne pas avoir été plus perturbée que
cela : ayant moi-même un esprit terriblement agité qui ne sait jamais s’arrêter
de penser et qui passe d’un sujet à l’autre de façon assez anarchique, je me
suis sentie parfaitement à l’aise avec cette narration assez spéciale.
Mais cette plume si particulière et si proche
de ma propre façon de penser ne m’a pas suffi pour me plonger véritablement
dans ma lecture. Pour tout avouer, j’avais le sentiment d’être trompée sur la
marchandise : certes, en lisant ce « journal intime », on sent
très bien que Matthew a des difficultés psychologiques, mais les traits
spécifiques à la schizophrénie n’étaient pas suffisamment visibles à mes yeux. A
vrai dire, hormis une ou deux allusions précises ci et là, on pourrait très
bien considérer que Matthew est atteint d’un trouble psychique pas forcément précisément
diagnostiqué, comme c’est le cas pour de très nombreuses personnes souffrant de
ce type de maladies. Cependant, j’aurai très bien pu faire abstraction de ce
détail si le roman en lui-même m’avait particulièrement captivée. Ce qui n’a
pas été le cas. Et le pire, c’est que je n’arrive pas véritablement à mettre le
doigt sur ce qui m’a tellement dérangée. L’auteur n’a juste pas réussi à m’aspirer
totalement dans son histoire, j’avais le sentiment de tout observer derrière
une vitre sans avoir la possibilité de me plonger réellement aux côtés de
personnages. Là où j’aurai voulu ressentir une vraie proximité avec Matthew,
qui pourtant me ressemble sur bien des points de vue, il n’y avait qu’une
distance douloureuse et dérangeante …
Objectivement, je pense que c’est un bon
livre, avec des personnages intéressants, une narration originale mais vraiment
surprenante, un humour sarcastique qui me plait bien, une description plutôt
fidèle des milieux hospitaliers psychiatriques … mais je n’ai pas réussi à y
trouver mon compte, tout simplement. Peut-être que j’en attendais un peu trop,
que j’espérais un coup de cœur monumental, pour finalement me retrouver avec un
récit certes intéressant mais pas exceptionnel. En résumé, une bonne lecture,
mais pas une excellente. Un livre que je prendrais sans doute plaisir à redécouvrir
dans quelques années, lorsque le souvenir se sera quelque peu estompé, mais que
je ne relirais pas très régulièrement comme je peux le faire avec mes
romans-coups de cœur. Une petite déception, certes, mais un bon livre tout de
même.
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)
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