Editeur : Syros Nathan
Nombre
de pages : 382
Résumé : Jules vit reclus dans son
appartement à Paris. Il n’a pas de nouvelles de ses parents, en voyage lorsque
l'épidémie a commencé de se propager. Le spectacle qu’il devine par la fenêtre
est effroyable, la rue jonchée de cadavres. Mais il sait qu’il ne pourra pas
tenir longtemps en autarcie. Pour affronter l’extérieur, Jules redevient le
guerrier impavide qu'il était dans le jeu. Il va alors retrouver son frère
aîné, qui se drogue et dont il ne peut rien attendre, puis secourir une petite
fille qui a mystérieusement échappé au virus et qu'il décide de prendre sous
son aile. Son seul espoir : le rendez-vous fixé par Warriors of Times.
- Un petit extrait -
« Et de sentir en moi, à travers sa menotte gelée et poisseuse, me redonne du courage. Les enfants, d'habitude, ça m'indiffère. Mais elle a un truc spécial, cette petite fille. Je vais la protéger, personne ne lui fera de mal, jamais. Est-ce qu'elle a un manteau, un vêtement chaud? Elle enfile un anorak à l'effigie de Dora l'exploratrice. Mon cœur bondit dans ma poitrine. Comme elle me paraît dérisoire, cette joyeuse petite héroïne, sur le dos d'une minuscule fillette aux immenses yeux gris teintés de points d'interrogations. »
- Mon avis sur le livre
-
Il ne me manque que deux choses
pour être une lectrice comblée : un compte en banque illimité et des
étagères capables d’accueillir un nombre infini de livres. Car c’est
précisément ces deux raisons – budget limité et bibliothèques remplies à ras
bord – qui m’ont obligée à patienter tellement longtemps avant de pouvoir enfin
découvrir cette si intrigante saga. Un rendez-vous, quatre personnages, quatre
volumes, quatre auteurs. Un véritable OVNI littéraire, en somme. Et pour
parfaire le tableau, c’est de l’apocalyptique : tout pour me plaire. C’est
en prévision du Salon du livre de Colmar que je suis enfin passé outre ces
considérations purement matérielles pour me concentrer sur l’essentiel :
la lecture. Parce que finalement, tant pis si mon bureau se transforme en
annexe de ma bibliothèque, le plus important, c’est d’avoir du stock de
lecture, non ?
Un message sur le forum d’un
jeu vidéo, quelques jours à peine avant que l’électricité ne fasse défaut. Un
rendez-vous fixé par le maitre du jeu, promettant aux Experts un moyen d’«
éviter la catastrophe en réécrivant le passé ». C’est tout ce qui reste à Jules,
reclus dans l’appartement familial avec pour seule compagnie son chat et le
silence. Une lueur d’espoir dans la solitude et la frayeur qui succède à la
catastrophe : les rues de Paris sont désespérément vides de vie. Suivant les
indications de son grand-père, lors de leur dernière conversation téléphonique,
Jules est resté chez lui tandis que la pandémie décimait les populations, est
resté chez lui tandis que le monde tel qu’il le connaissait depuis sa naissance
s’écroulait progressivement, ravagé par un mystérieux virus aussi foudroyant
qu’incontrôlable. Mais quand les vivres viennent à manquer, Jules prend le
risque : il sort. Et tombe sur Alicia, une petite fille qu’il ne connait ni
d’Eve ni d’Adam, mais qu’il va cependant prendre sous son aile. Parce qu’elle
est un véritable soleil dans cette obscurité. Parviendra-t-il à les garder en
vie suffisamment longtemps pour se rendre au fameux rassemblement de Khronos,
dans cette ville où on ne peut compter sur personne d’autre que soi-même ?
Je pense qu’un seul mot
pourrait suffire à résumer ce livre : foudroyant. On ne sort pas indemne de
cette lecture : on a tremblé avec et pour les personnages, on a senti notre
cœur s’emballer à l’unisson avec leur course effrénée, on a retenu notre
souffle en chœur avec eux. Parce qu’aussi surprenant que cela puisse paraître,
on oublie terriblement facilement que tout ceci n’est que de la fiction.
Peut-être parce qu’il est fort probable que si une situation pareille arrivait,
tout se déroulerait à peu de chose près de la même façon que les choses se sont
déroulées dans ce roman. Honnêtement, si vous pensez encore que l’être humain
est foncièrement bon, ne lisez pas ce livre, vous serez fort déçus : cette
histoire dépeint très fidèlement la triste réalité, qui veut que dans les
situations les plus difficiles, c’est chacun pour sa pomme. La violence et les
divisions prennent le dessus sur la survie et la coopération. La confiance est
synonyme de mort imminente, car nul n’est digne de confiance. Même les âmes les
plus droites et justes se voient contraintes de prendre des décisions
contraires à leur éthique pour survivre, tout simplement. C’est une des choses
qui m’ont fait apprécier ce roman : il est certes destiné à des adolescents,
mais il ne les enferme pas dans un monde déconnecté de la réalité. Au
contraire, et même si c’est douloureux, il les invite à se rendre compte de
l’ordre réel des choses. Mais peut-être, aussi, à se poser des questions : si
une telle catastrophe me tombait dessus, voudrais-je vivre dans cette incertitude
constante, ou préférerais-je trimer à reconstruire un monde meilleurs ? Bref,
un livre percutant qui ne laissera personne indifférent.
Mais ce livre, s’il nous
présente les bases d’une humanité confrontée à une véritable apocalypse, est
surtout l’histoire de Jules … et d’Alicia. Car finalement, l’un ne va pas sans
l’autre et c’est ensemble qu’ils affrontent ce monde dévasté. Jules, c’est
l’adolescent lambda qui, avant toute cette fâcheuse histoire, passait ses
journées sur son ordinateur à dégommer des ennemis – tout en sachant qu’ils
étaient pas vraiment morts. Jules, c’est le jeune homme qui, quand la violence
qui hante ces jeux vidéo s’invite dans la rue au pied de son immeuble, comprend
que tout cela ne l’aidera pas à survivre. Jules, c’est juste un gamin que les
événements ont poussés à grandir d’un coup, mais qui n’arrive pas toujours à
suivre la cadence. Et Alicia, c’est la petite fille qui, par son
innocence-même, s’avère être bien plus sage que beaucoup d’adultes. C’est la
petite fille qui remet les choses à leur juste place, qui remet un peu de vie
dans ce monde dévasté, qui créé des liens, qui console, qui soutient. Alicia,
elle m’a touchée, vraiment, parce qu’elle est à la fois super courageuse et
terriblement fragile, parce qu’elle est à la fois celle qu’on veut protéger et
celle qui protège, à des niveaux différents. Et ce duo … Bah ce duo, si
inhabituel et inattendu, il fait la force de ce récit. Parce qu’on a qu’une
seule envie : les voir s’en sortir, tous les deux, ensemble, envers et contre
tout. Et même si les autres personnages nous interpellent, nous agacent, nous
attendrissent ou nous intriguent, on en revient toujours à ces deux-là. Jules
et Alicia, dans le fond, ils ne sont qu’un, et c’est juste beau, cet amour tout
simple entre un grand gaillard un peu maladroit et une gamine qui invite tout
le monde dans son univers …
Ce livre, donc, se lit à une
vitesse folle. Parce qu’à chaque fin de chapitre, on ne peut pas s’empêcher de
commencer le suivant, parce qu’ils se finissent toujours par un suspense
insoutenable. Parce qu’il se passe toujours quelque chose, que rien ne se
déroule jamais comme prévu. Parce qu’on veut avoir le fin mot de l’histoire :
c’est quoi ce virus ? pourquoi certains ont survécu et pas d’autres ? c’est
quoi ce rendez-vous ? et il va proposer quoi ce fameux maitre du jeu ? vont-ils
réussir à s’y rendre ? seront-ils toujours tous en vie à la fin de l’histoire ?
resteront-ils ensemble ? untel est-il digne de confiance ? c’est qui qui a
trahi ? Bref, que d’interrogations qui rendent toute pause terriblement
frustrante et presque impossible. Mais le pire dans toute cette affaire, c’est
que même si on a certains éléments de réponse (et même que bien des fois, on en
reste tout simplement comme deux ronds de frite parce qu’on s’attendait à
absolument tout sauf à cela), il reste des dizaines et des dizaines de
questions à élucider. J’ose espérer que cela appelle à une suite sinon je hurle
à la fourberie ! C’est tout simplement cruel, de laisser le lecteur face à une
telle incertitude ! Alors une seule question persiste encore : c’est quand la
suite ?
Pour conclure, je vais me
contenter de m’auto-flageller : mais pourquoi diable avoir mis tellement de
temps avant de passer outre cette histoire de budget et de place pour acheter
ce roman ? Franchement, je me suis privée d’un récit terriblement addictif et
douloureusement percutant pendant si longtemps ! Des personnages attachants,
des mystères captivant, de l’action à gogo et de l’émotion bien cachée mais
bien présente, bref, tous les ingrédients réunis pour faire de cette histoire
un vrai coup de cœur ! Maintenant, tout ce qu’il me manque, c’est : 1. de lire
les trois autres romans pour avoir d’autres points de vue sur la situation (ça
tombe bien, j’en ai déjà un autre dans ma bibliothèque) et 2. une suite. Et
pour résumer clairement les choses : tu attends quoi pour courir chez ton
libraire et lui hurler « J’VEUX LES QUATRE U4 ! » ?
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)
Très belle chronique ! J'hésite un peu à me lancer dans cette série, déjà parce que j'ai pas les livres et ensuite parce que j'ai vu des avis assez divergents (ah et aussi j'aime pas les couv', ça a aussi son importance). Le tien en tout cas donne envie ! Du coup, je viens de vérifier le site de ma bibli et ils y sont, joie héhé !
RépondreSupprimerBisous et bonnes fêtes !
Kin
Quand on hésite, le mieux est effectivement de tenter en bibliothèque, ça permet de tâter le terrain, et si vraiment on aime pas, on a pas de regrets à avoir d'avoir acheté le livre ;)
SupprimerJ'espère que cela te plaira en dépit des couvertures :p
Il fait partie de maWishList, je rêve de l'avoir !! <3
RépondreSupprimerAu passage, ton blog est très agréable et chaleureux, félicitation !
J'espère pour toi que tu pourras te le procurer prochainement alors ;)
SupprimerMerci beaucoup :)