Editeur : Mango
Collection : Autres mondes
Nombre
de pages : 176
Résumé : À la suite de la Guerre Ultime, la Terre
est recouverte par un gigantesque océan. Dans une Archebulle flottant au gré
des courants, vivent quelques milliers d'habitants, seuls rescapés du
cataclysme. Parmi eux, Natanae et Morphée, deux adolescents que tout oppose
mais que l'amour de la liberté va réunir. Car l'Archebulle est devenue une
prison.
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Un petit extrait -
« Elle, que les humains appelaient Gaïa, la Terre-Mère, sent gronder en son sein la révolte. Elle, qui a enfanté les premiers êtres, nourri leurs enfants tout en acceptant leurs faiblesses, leur égoïsme, décide de ne pas se laisser anéantir. […] Mutilée, Gaïa souffre, rage, hurle … Avec une force inouïe, elle se rebelle. […] Prenant le pas sur la colère, la douleur se propage. Gaïa pleure toute les larmes de son corps et engendre des océans dans lesquels s’abiment les continents. Elle s’arrête juste à temps pour ne pas sombrer dans son propre chagrin, dans sa propre furie, et fait naitre du fluide de ses entrailles les contours d’un continent destiné à ses enfants survivants … s’il y en a. Tel un grain de poussière illuminé flottant dans l’océan des larmes de Gaïa, une bulle de vie se dirige au gré du vent, de la mer et de ses courants, vers ce petit bout de terre vierge et sauvage … »
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Mon avis sur le livre -
Pendant des années, je suis passée devant ce
livre à la bibliothèque sans lui accorder la moindre attention : bien que
le résumé me semblait prometteur, il ne se démarquait pas des autres et ne m’attirait
donc pas plus que cela. Alors, vous demandez-vous surement, qu’est-ce qui m’a
fait changer d’avis à son sujet ? La réponse peut sembler étonnante :
un forum de jeu de rôle. Inspiré en partie par ce livre, ce forum fut mon petit
refuge personnel pendant quelques mois, ses membres furent pour moi comme une
véritable famille et j’ai passé au cœur de cette petite communauté mes
meilleurs moments de rôliste. Et puis, faute d’activité, nous avons dû prendre
la douloureuse décision de le fermer … Presque un an après l’ouverture du forum
et plus de six mois après sa fermeture, la nostalgie est toujours forte, mais
la tristesse suffisamment estompée pour me permettre de me plonger dans ce
livre sans que je ne me mettre à pleurer en songeant à cette fantastique
expérience …
Au gré des flots dérive l’Archebulle, immense
île artificielle totalement autonome qui abrite une communauté régie par une
hiérarchie implacable et des règlements impitoyables. Natanae et Morphée sont
deux adolescents que tout oppose mais que leur soif de liberté et de justice va
réunir. La première est fille de pêcheur et se situe au plus bas de l’échelle
sociale, le deuxième est le fils du dirigeant le plus respecté et le plus
craint de cette société confinée. Les deux ne supportent plus cette immense
prison dorée, en particulier depuis que l’ébauche d’un continent se profile à l’horizon,
et que les découverte du jeune homme leur offrent une possibilité de s’évader
de cette Archebulle devenue trop pesante. Parviendront-ils à fuir sans se faire
arrêter … ou se faire tuer ?
Contrairement à certains romans
post-apocalyptiques, qui débutent par une longue et fastidieuse rétrospective
permettant au lecteur de comprendre comment les choses sont devenues ce qu’elles
sont, celui-ci ne s’embarrasse pas d’une ribambelle d’explications. Le lecteur
est directement plongé au cœur de l’intrigue, et les rares informations
concernant l’Archebulle sont disséminées au cœur de l’histoire. De la même
façon, l’auteur a fait le choix de ne pas suivre le schéma « traditionnel »
d’une dystopie young-adult, et saute l’étape « présentation idyllique de
la société futuriste » et passe directement à la phase « rébellion
des personnages principaux contre l’organisation en place ». Nous avons
ici un récit éminemment dynamique, qui se concentre sur l’action sans s’attarder
sur ce qui ne sert pas directement l’intrigue. Ainsi, nous ne savons finalement
que très peu de choses des personnages : nous ne connaissons que des
bribes de leur passé et n’avons que très peu de descriptions physiques, car l’important
ici est la rencontre impromptue entre ces deux adolescents que tout sépare
ainsi que les plans qu’ils échafaudent ensemble. Une semaine à peine s’écoule
entre la première et la dernière phrase. Le lecteur n’a donc pas le temps de s’ennuyer,
puisqu’il se passe toujours quelque chose, sans aucun temps mort. Nous avons
ici un roman très vivant qui ne s’attarde que sur l’essentiel, une intrigue
palpitante qui tient le lecteur en haleine.
Mais je dois avouer être restée sur ma faim. L’auteur
a voulu se concentrer exclusivement sur l’échappée de Natanae et Morphée hors
de cette prison dorée, et bien que cela ait du bon du point de vue du rythme
narratif, cela est également à l’origine d’un certain sentiment d’inachevé, d’inabouti.
Il y avait un potentiel dingue dans l’idée d’une société confinée à l’intérieur
d’une Archebulle dérivant au gré des flots, d’une société hiérarchisée où les
rares privilégiés ne sont finalement pas plus libres que les opprimés, d’une
société basée sur le mensonge d’un seul individu qui régit tout. Et ce
potentiel a été réduit à néant par la volonté de laisser de côté tout ce qui n’était
pas directement relié à l’intrigue principale. Personnellement, j’aurai adoré
en savoir plus sur la vie quotidienne des habitants de l’Archebulle, avoir plus
de précisions sur la régulation des naissances, sur les punitions en cas d’infractions
des règles, sur le règlement en lui-même … Bref, j’aurai été comblée si le
cadre dystopique aurait été un peu plus exploité. Je pense d’ailleurs que le
message véhiculé (l’hymne à la liberté), n’en aurait été que plus fort :
ici, j’avais le sentiment que nos deux protagonistes cherchaient plus à fuir
leur famille respective que l’étau oppressant d’une société trop autoritaire.
Donc voilà, je suis un peu déçue car il y avait énormément d’idées très
intéressantes qui n’ont finalement été que peu mises en valeur …
De la même façon, j’ai été quelque peu
déconcertée par le dénouement de l’intrigue en elle-même : c’est rapide,
terriblement rapide. Si rapide que cela en devient absurde. En une semaine à
peine, Natanae et Morphée se rencontrent, deviennent amis en dépit de leurs
différences et des interdits, se disputent, se réconcilient, et trouvent en
parallèle le temps d’échafauder un plan pour s’évader, de pirater les codes
permettant de mettre leur projet à exécution et de préparer tout ce qui leur
sera nécessaire. Le tout alors qu’ils n’ont même pas seize ans et qu’ils
prétendent également emmener avec eux la petite Thynie, demi-sœur de Natanae,
qui n’a que deux ans. Une fois encore, l’idée de départ était sympathique :
deux adolescents épris de liberté qui comptent bien rejoindre le continent qu’ils
voient à l’horizon, mais l’exploitation de cette idée n’a pas été des plus
judicieuses. Alors que la sécurité est censée patrouiller toute la nuit et
terrorise tout le monde, ils ne se sont pas fait chopper une seule fois, même
avec un vélo déglingué (et donc bruyant) comme moyen de transport … Quand on y
regarde de plus près, nos deux protagonistes ne font face à aucune contrariété
pour quitter cette Archebulle, et on se demande même pourquoi ils sont les
seuls à parvenir. Ce n’est finalement pas très crédible et c’est dommage.
Je pense que ma conclusion est prévisible :
Dans les larmes de Gaïa est un
roman qui avait un grand potentiel mais qui est finalement resté à la surface
des choses, et m’a donc plutôt déçue. Bien que les personnages soient
terriblement attachants – coup de cœur pour la petite Thynie, si mignonne qu’on
a tous envie de la protéger de tous les vilains – et que la narration soit véritablement
captivante et palpitante, je n’ai pas réussi à me plonger véritablement dans l’histoire,
qui se dénoue bien trop rapidement et bien trop facilement. Je tiens cependant
à nuancer quelque peu ma chronique : il n’y a pas que du mauvais dans ce
livre ! A vrai dire, je pense que si je l’avais lu lorsque j’avais dix
ans, je l’aurai immédiatement placé dans mes coups de cœur. Ce récit est
véritablement destiné à la jeunesse et conviendra parfaitement aux jeunes
lecteurs avides d’aventure et de liberté. A placer entre toutes les petites
menottes passionnées de lecture !
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)
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