Le gardien de l’Apre-Monde
Editeur : Harmonia
Nombre
de pages : 517
Résumé : Sisam et Helya ont fait la fabuleuse
expérience de leur pouvoir de Myrihandes. Mais s’ils ont remporté une bataille,
la guerre n’en est pas finie pour autant. Kryom, qui a juré leur perte et celle
de tous leurs alliés, connaît désormais le refuge secret d’un des anciens
Gardiens et va tout mettre en œuvre pour s’emparer de sa Clef. Guidés par
Ecleïes, Sisam, Helya et leurs compagnons prennent le chemin des terres
sauvages de l’Âpre-Monde dans l’espoir de retrouver le vieux Gardien avant lui.
Profondément marqué par le drame qui a touché sa famille, Hemerod a pris la
relève d’Ecleïes au sein de la Guilde du Second Souffle.
Un grand merci à Guilhem
Meric pour l’envoi de ce volume (et la petite dédicace) et à la plateforme SimPlement
pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Non, tu n’as plus à le faire seule. Je connais ton cœur, Helya. Je le sais. Il bat au diapason du mien. Souviens-toi de ce que nous avons ressenti lorsque nous étions Myrihande, de ce que nos âmes se sont confié. Il a suffi de nous faire confiance, de croire en cet Amour qui nous a gardés vivants en dépit du temps et de la distance. Non, crois-moi, tu n’es plus seule. »
- Mon avis sur le livre -
Si je fais une petite rétrospective
« lecture de sagas » depuis le début de l’année 2018, le bilan n’est
guère glorieux : treize premiers tomes et uniquement deux suites au
compteur … L’explication de ce déséquilibre est toutefois assez simple :
en général, quand un auteur ou un éditeur propose un tome 1 en service de
presse … le tome suivant n’est pas encore sorti, voire pas encore écrit !
Et c’est ainsi que je me retrouve avec une liste de « sagas en attente de
publication de la suite » longue comme le bras et que je me languis
d’impatience pendant de très longs mois … Vous imaginez donc bien que lorsque
j’ai vu que Guilhem Meric proposait les deux premiers tomes de Myrihandes sur Simplement.pro, j’étais absolument
extatique : j’allais pouvoir les enchainer sans connaitre cette terrible
attente ! Bon, j’admets que maintenant, c’est du tome 3 dont je me
languis, mais on ne peut pas tout avoir dans la vie …
Sisam, Helya et leurs compagnons ont tourné
le dos à leurs Cités natales pour s’enfoncer au cœur de l’Apre-Monde, ce
continent que les légendes affirment être hostile et mortel … Ils le savent, le
temps leur est compté : il leur faut trouver Philodendre, l’un des trois
Gardiens, avant le terrible Kryom qui entend bien s’emparer de sa Clef afin d’ouvrir
entièrement la Porte des Ames. Mais cette quête sera parsemée d’embuches, et le plus grand danger
se cache peut-être au cœur-même de l’âme de nos deux Flammes jumelles, qui
découvrent que même le plus grand Amour du monde n’empêche pas le doute et la
colère de s’immiscer entre eux … Du côté des Trois Cités, l’heure est aux
bouleversements : un ambitieux Gouverneur est élu Gouverneur Général afin
de « rétablir l’ordre » … Mais Hemerod, fraichement destitué de son
rang de Capitaine, ne compte pas le laisser faire : la mort brutale de sa sœur
lui a ouvert les yeux et il entend bien désormais soutenir la cause des Ch’Ken
au lieu de suivre aveuglément les ordres de sa mère.
Si le premier tome était finalement assez
léger, tournant autour des retrouvailles d’Helya et Sisam après quinze années
de séparation, l’auteur nous offre ici un opus « plus sombre, plus adulte,
plus épique », comme il me le promettait d’ailleurs dans la petite
dédicace … Dès le prologue, le ton est donné : l’ambiance de ce second
volume sera bien plus pesante que celle qui régnait dans le premier.
Machinations politiques, rencontres avec des peuples hostiles, mémorables
batailles et esprits tourmentés, voici ce que nous propose Guilhem Meric dans
ce récit à double-intrigue ! Tandis qu’Hemerod et ses nouveaux alliés
tentent de libérer les Trois Cités du joug ancestral de Kryom, Helya, Sisam et
leurs amis traversent les dangers de l’Apre-Monde pour convaincre un Gardien
aigri et solitaire de quitter son refuge … Dans un cas comme dans l’autre, les
embûches seront nombreuses, et les remises en question douloureuses. Quelques
petites pointes d’humour percent toutefois à travers les personnages d’Oros et
Farf, dont les interventions sont bienvenues dans ce climat à la limite de l’oppressant
...
L’auteur nous offre une fois encore un gros
pavé de plus de 500 pages, et pourtant, on ne voit pas les chapitres défiler. Aucune
longueur, aucune lourdeur à déplorer dans ce second tome : du début à la
fin, on est happé par cette très belle plume, vraiment polyvalente, qui excelle
aussi bien en description qu’en dialogue, en introspection qu’en narration.
Cette plume, elle vous fait accepter n’importe quoi, même les retournements de
situation les plus inattendus, même les coups de théâtre les plus incroyables …
même les cliffhangers les plus frustrants. Sérieusement, c’est de la torture
littéraire que de laisser le lecteur sur une fin pareille, dans une telle
incertitude, sur une telle tension ! Il faut dire que, progressivement, au
fil des pages, des chapitres, cette tension enfle, s’affermit, s’approfondit. Cela
commence assez doucement, assez sobrement, assez calmement, et petit à petit,
tout s’accélère et surtout, tout s’amplifie. Les combats se font plus sanglants
- que de morts, diantre que de morts ! -, l’urgence se fait de plus en
plus palpable … et on a sans cesse le sentiment que tout est perdu, que le pire
est advenu, alors qu’il semblerait qu’en fait le pire reste encore à venir …
Plus le temps passe, plus on a peur pour nos
héros, plus on a leur cœur serré pour eux. Pour Hemerod, déchu de son
rang, rejeté des hautes sphères, haï du peuple, qui tente contre vents et
marrées de se racheter. Et pour Helya et Sisam, chez qui la belle harmonie du
premier tome est brisée, tandis que le doute, la rancœur, la douleur, s’immiscent
entre eux. Ils comprennent qu’il va leur falloir apprendre à vivre avec cet
Amour inconditionnel et surnaturel, et surtout qu’ils ne doivent pas le tenir
pour acquis, qu’ils doivent le cultiver, l’entretenir … Ils doivent apprendre à
s’Aimer, à ne former qu’une seul âme, qu’un seul être. Et c’est bien plus compliqué qu’ils ne l’imaginaient,
et ils en souffrent, chacun de leur côté, sans se résoudre à en parler à l’autre,
et la situation s’envenime … Et le lecteur en est tout aussi chagriné qu’eux-mêmes
… Il faut dire qu’ils sont attachants, ces deux-là, et cela d’autant plus qu’ils
ne semblent pas être de taille à affronter ce qui les attend à et porter la
charge qui est la leur sur leurs frêles épaules !
Bref, un deuxième tome encore plus palpitant
que le premier, qui happe le lecteur du début à la fin, qui le fait passer par
une myriade d’émotions et qui le laisse complétement abasourdi face à cette
apothéose finale qui promet une suite incroyable ! Je me demande toutefois
comment l’auteur va parvenir à dénouer l’intrigue en un seul tome … j’avoue
avoir un peu peur : cet univers et cette histoire sont tellement riches,
tellement complexes, qu’il me semble délicat de s’arrêter au format trilogie
sans risquer la « fin trop facile » qui me fait horreur. Jusqu’à
présent, l’auteur n’a pas hésité à taper fort, à sortir des chemins battus, à
prendre des initiatives vraiment innovantes dans le domaine de la fantasy, et
je crains qu’en cherchant à boucler cette intrigue en un seul tome, il ne soit
obligé de tomber dans les schémas classiques de résolution … J’ai donc vraiment
hâte que le troisième et dernier tome soit sorti afin de savoir si mes craintes
sont justifiées ou non … et surtout pour retrouver ces personnages qui me
manquent déjà.
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)