Editeur : La Compagnie Littéraire
Nombre
de pages : 128
Résumé : ValL travaille, elle a une famille, un
mari, un jeune fils. Elle a donné le change tant qu’elle a pu, mais au prix de
la pire solitude intérieure. Et puis, un jour, c’est le diagnostic: « Bipolaire
à tendance schizophrène » ! Symptômes présents, dépressions cycliques, médicaments
depuis longtemps déjà… « Avouer sa maladie est un grand pas vers la
guérison » nous dit l’auteur. Et c’est, là aussi, le but de l’écriture.
Un grand merci aux éditions La Compagnie Littéraire pour l’envoi de ce
volume et à la plateforme Livraddict pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Si je fais le bilan de mes 48 ans, il est clair que vous comprendrez pourquoi je déteste qu’on me demande « tu vas bien ? » Car si je récapitule, entre mes années d’insomnie, mes nuits à rester les yeux ouverts, mes cauchemars, mes phobies en veux-tu en voilà, mes angoisses à gogo, mes obsessions hilarantes, Terry et David mes hallucinations quotidiennes, ma bipolarité intense, ma fatigue épuisante, ma période vin et champagne au petit-déjeuner, mon penchant pour jouer les Arsène Lupin, ma passion pour les jeux d’argent, Mary, mon dédoublement de personnalité depuis l’âge de 20 ans, avec laquelle j’ai dû partager mon temps et mon énergie. Si je rajoute la vie normale d’une femme, ma famille, mes déménagements, mes voyages, mon travail, ma passion pour la politique, mes créations, mes visites interminables chez le psy, mes fausses couches, mes amis, puis les soucis de tout le monde, eh bien je mérite une médaille. »
- Mon avis sur le livre -
Je ne lis pas souvent de témoignages, mais
lorsque j’ai vu celui-ci dans les partenariats Livraddict, je n’ai pas hésité.
Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’un témoignage d’une femme atteinte de deux
troubles psychiatriques (la bipolarité et la schizophrénie) et que, vous l’aurez
compris, c’est un sujet qui me touche personnellement et m’intéresse donc
particulièrement. De plus, il s’agit d’un témoignage assez court, d’une
centaine de pages, et vu mon emploi du temps chargé du moment, cela me semblait
idéal ! Bref, j’attendais plutôt beaucoup de ce témoignage … et je dois
bien avouer que je ne sais finalement pas trop quoi en penser.
Valérie souffre donc de bipolarité. Qu’est-ce
que le trouble bipolaire ? Pour résumer simplement, il s’agit d’une
maladie psychiatrique (n’ayons pas peur de ce mot) qui entraine des variations
cycliques d’humeur disproportionnées. C’est-à-dire que, pendant quelques mois
par exemple, la personne malade va ressentir une exaltation proche de l’hystérie,
d’une excitation incontrôlable … phase qui sera suivie d’une période dépressive.
Et le cycle reprend à zéro quelques mois plus tard. Mais Valérie souffre
également de schizophrénie et de dédoublement de la personnalité. Et non, ce n’est
pas la même chose, même s’il arrive effectivement assez fréquemment que
les malades souffrent des deux. Les symptômes majeurs de la schizophrénie sont
les hallucinations, le sentiment de persécution ainsi que des difficultés de communication
avec autrui. Et en parallèle, Valérie a un déboulement de la personnalité, qui
a donné naissance à Mary, ce elle qui n’est pas elle.
Tout cela, Valérie nous le décrit bien. Très
bien, même : au fil des pages, on découvre progressivement ces différents
symptômes et surtout leurs répercussions sur la vie de Valérie et de sa
famille. On découvre les enchainements, aussi, entre toutes ces manifestations
de ses maladies. Parce que, parfois, une chose en entraine une autre, et c’est
le début d’un cercle vicieux dont elle ne sait comment se sortir. Mais à
travers ses mots, on comprend également la douleur, la solitude. Parce que
Valérie a caché tout cela à tout le monde, ou presque. Elle a tout gardé en
elle, pour elle. Pour ne pas inquiéter ses proches. Pour ne pas être définie
par sa maladie aux yeux des autres. Mais peut-être aussi, comme on le remarque
rapidement, parce que finalement, Valérie aime cette maladie, aussi étrange que
cela puisse paraitre.
Et on arrive ici au point qui m’a dérangé
lors de ma lecture : la personnalité de Valérie. Dans ce livre, Valérie a
fait le choix de la sincérité absolue : elle ne tait rien au lecteur, elle
se dévoile enfin, et totalement. Le meilleur comme le pire. Et le pire, elle l’assume,
elle n’en a pas honte, voire même, elle en est fière, heureuse. Grâce à sa
maladie – oui, c’est ainsi que c’est décrit –, elle a su comment manipuler,
mentir, trahir … les autres. Et elle aime ça. En toute âme et conscience. Parce
qu’il faut bien dissocier ici ce besoin maladif de manipuler les autres, qui
arrive fréquemment aux malades atteints de ces troubles, et l’appréciation qu’on
a de ses actes une fois la transe terminée et la lucidité retrouvée. Et ce qui
m’a dérangée chez Valérie, c’est clairement ce côté de son caractère : là
où d’autres auraient rétrospectivement honte de ce qu’ils ont pu réaliser
pendant cette phase « hors de contrôle », elle, elle avoue aimer
cela. Donc voilà, je loue sa sincérité, mais la morale que j’ai reçue de mes
parents durant mon enfance fait que je suis vraiment gênée par cet aveu.
Valérie nous parle comme elle le ferait sur
la terrasse d’un café : simplement. Elle ne s’embarrasse pas de longues
phrases alambiquées. Elle nous raconte ce qu’elle a à nous dire, elle ne l’enjolive
pas, ne le met pas en scène. Elle se confie à nous, tout simplement, tout
spontanément, avec les mots qui viennent. J’aime cette sobriété, ça correspond
vraiment au genre du témoignage, je trouve : l’important, ce n’est pas
faire de belles phrases littéraires digne des plus grands romanciers, mais de se
livrer, tout simplement. Mais, et j’ai trouvé ça assez sympathique même si je
ne lis pas beaucoup de poésie, chaque « chapitre » commence par un
poème. Ce sont donc ces petits interludes poétiques qui apportent cette touche
de « beauté littéraire », on va dire, qui compensent la simplicité
qui règne dans le reste de l’ouvrage. C’est un petit plus pour ceux qui ont la
sensibilité poétique !
En bref, Valérie Labasse-Herpin nous offre
ici un témoignage vibrant de sincérité qui aide le lecteur à mieux comprendre
cette affection peu commune et peu connue. D’ailleurs, pour ceux que cela
intéresse, un ami à moi vient de m’apprendre qu’il existait un nom pour cette « association »
entre trouble bipolaire et schizophrénie : il s’agit du trouble
schizo-affectif, aussi appelé schizophrénie dysthymique.