L’Enclave
Editeur : Autoédition
Nombre
de pages : 578
Résumé : Inoculé par le venin d’un insecte
maléfique, le Mal se répand dans le sang d’Adanhael. Dans quelques jours,
l'enfant de huit ans rejoindra les subordonnés du Mal ou bien mourra. Pour le
sauver, Maelrhys l’enchanteur et Breval le Gardien décident de l’emmener dans
l’Enclave, une grande ville ceinturée par un étrange champ de force : le
Rideau. Mais aussitôt partis, ils sont rattrapés par Emma et Chloé, la sœur
adoptive de l’enfant et son inséparable amie. Désormais, ils seront cinq à
braver l’adversité dans une quête effrénée où la mort peut frapper à tout
instant. Pressés par le temps, ils feront face à des êtres venus d’époques
totalement oubliées des hommes.
Un grand merci à J.F. Sibar
pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce
partenariat possible.
« Le parvis de la cathédrale
était un vrai champ de bataille. Les combats se poursuivaient avec une
impitoyable férocité. Un puissant coup de poing propulsa un druide sur un
archer de La Garde princière : allongés sur le sol, ils succombèrent sous une
pluie de coups d’une rare sauvagerie. Gênée par les nombreux affrontements,
Katell ne put éviter qu’un non-mort la saisisse par les tresses. Celui-ci la
souleva en rugissant de rage. Elle s’accrocha au poignet du monstre et lui
écrasa brutalement la figure avec ses pieds. Passant une main sur son visage,
le Déchu jeta des bouts de chair purulents par terre. Il s’apprêtait à dévorer
le cou de la petite elfe quand un individu se dressa devant lui. »
- Mon avis sur le livre -
Dans le monde de l’écriture, on évoque
souvent les forts connues catégories de l’architecte et du jardinier, celui qui
planifie et celui qui se laisse porter. A cette célèbre distinction, j’aimerai
y ajouter celle qui sépare ce que j’appelle les « créateurs de mondes »
et ceux que je nomme les « créateurs d’histoires ». Les premiers se
concentrent principalement sur les particularités de leur univers, noircissant
des centaines de pages encyclopédiques pour développer les espèces, les
plantes, les animaux, les modes de vie et les relations politiques des peuples,
tandis que les seconds se préoccupent bien plus de l’intrigue et de toutes ses
ramifications. A mes yeux, il n’y a pas de « hiérarchie » entre ces
deux types d’auteurs : l’un n’est pas mieux que d’autre. Et cela d’autant
plus qu’à ces deux types d’auteurs correspondent deux types de lecteurs :
ceux qui cherchent le dépaysement dans un monde imaginaire riche, et ceux qui
cherchent une histoire puissante et complexe. Le seul « problème »,
finalement, c’est quand le lecteur amoureux des grandes intrigues tombe sur un
livre où c’est l’univers qui prime, et vice-versa. Cela conduit à des petites
déconvenues qui ne remettent absolument pas en question la qualité du livre.
Le petit Adanhael n’avait que deux ans
lorsque le mage Maelrhys et le guerrier Breval l’ont confié aux bons soins de
la famille Gillac. A ses yeux et dans son cœur d’enfant, sa seule mère, c’est
Joanie, sa seule sœur, c’est Emma. Mais la vérité est toute autre : le
petit garçon est le fils unique de la princesse des elfes, retranchée dans l’Enclave
– cette portion de notre réalité dans laquelle s’est incarnée des bribes de l’Ancien
Monde. Le jour où Adanhael est piqué par un insecte maléfique, et où le Mal
commence à se propager dans tout son être, c’est une véritable course contre la
montre qui s’engage : Maelrhys et Breval, accompagnés par Emma et sa
meilleure amie Chloé, doivent absolument conduire le petit demi-elfe auprès des
siens, afin que les grands druides chassent le Mal qui s’insinue
progressivement dans le corps et l’esprit de l’enfant. Mais leur chemin sera
parsemé d’embûches, et traverser Bordeaux ne sera pas de tout repos !
Ceux qui me suivent depuis quelques temps le
savent : je suis une lectrice qui accorde toute son attention à la
profondeur de l’intrigue et à la complexité des personnages, bien plus qu’à l’originalité
du monde dans lequel prend place le récit. Et c’est sans doute ce qui m’a un
peu perturbée dans ce roman : on sent que l’auteur a énormément travaillé
à la richesse de son univers, qu’il a passé beaucoup de temps et consacré
beaucoup d’énergie à réfléchir aux différents peuples rencontrés au fil des
pages, et je salue ce travail remarquable … mais je me suis sentie quelque peu
frustrée du point de vue de l’histoire, qui est loin d’être mauvaise, mais qui
reste un peu trop classique pour l’habituée du genre que je suis. La quête de
nos héros n’a pas réussi à me captiver pleinement, et j’ai eu beaucoup de mal à
m’y plonger totalement. Le début, tout particulièrement, m’a semblé un peu long :
leur épopée a mis trop de temps à se mettre véritablement en branle, et j’ai eu
plus d’une fois le sentiment qu’on tournait en rond ou piétinait sur place.
Cela s’arrange un peu par la suite, mais il n’empêche
que les péripéties n’ont pas vraiment fait battre mon cœur : certaines
étaient un peu trop attendues, d’autres un peu trop improbables. Et surtout,
les embûches sont bien souvent un peu trop grosses et nombreuses pour le peu de
chemin à réaliser : même dans un contexte agité, ils mettent beaucoup trop
de temps à traverser une simple ville ! Il ne se passe pas une seule page
sans qu’un nouvel assaillant se dresse devant eux, sans qu’une nouvelle
escarmouche les sépare, sans qu’une mauvaise surprise les attende … Une fois
encore, je dois reconnaitre que l’auteur a une imagination débordante …. Il a
juste sombré dans la démesure en intégrant toutes ses idées dans son premier
roman au lieu d’en garder sous le coude pour plus tard. C’est un excès d’enthousiasme
que je comprends et pardonne volontiers, même si en tant que lectrice, je me
suis sentie submergée par cette déferlante de rebondissements à répétition. A
force, on en perd de vue l’objectif de nos héros, et c’est dommage : je me
suis sentie un peu perdue dans une histoire qui s’éparpille un peu trop.
De même, si le petit Adanhael m’a énormément
émue, avec son insouciance et sa candeur enfantine, son amour et son respect
pour les animaux et sa propension à voir le bien dans tout ce qui l’entoure malgré
le Mal qui fait son petit bonhomme de chemin dans son être, je dois reconnaitre
que les autres personnages n’ont pas su me convaincre. J’ai eu beaucoup de mal
à m’attacher à Chloé et Emma, au comportement un peu trop volatile pour moi :
je n’arrivais pas à les cerner, tantôt plus braves que le plus brave des
guerriers, tantôt plus craintives qu’un nouveau-né. Par contre, j’ai eu mal
pour elles : elles se font si souvent attraper et trainer par les cheveux
que je me demande comment elles ont fait pour ne pas finir chauves !
Malgré tout, j’ai bon espoir que leurs mésaventures respectives leur ait mis un
peu de plomb dans la tête, et qu’elles ne seront désormais plus ces
adolescentes volages et un peu superficielles pour devenir des jeunes femmes
plus posées et profondes. Les personnages secondaires, quant à eux, sont trop
nombreux pour être véritablement étoffés : seul le destin de la pauvre
Amélie m’a vraiment touchée, les autres ne m’ont pas beaucoup marquée …
En bref, vous l’aurez bien compris, si ce
roman est très loin d’être mauvais, il n’a pas réussi à me convaincre : il
y avait énormément de bonnes idées, mais qui n’ont à mes yeux pas été
exploitées à la hauteur de leur potentiel. Comme beaucoup de premiers romans,
celui-ci aurait gagné à être un peu épuré et peaufiné : ici, la quête
principale traine beaucoup trop en longueur, retardée par des tas de
sous-intrigues, et elle perd donc en puissance. Je n’arrivais plus à ressentir
l’urgence de la situation, tant je me sentais trimballée d’un lieu à un peu, d’une
histoire à une autre, finalement. C’est un peu dommage, mais ce n’est rien de
grave. Car l’auteur a une très belle plume (j’ai juste été perturbée par
certaines paroles retranscrites dans un discours mi-direct mi-indirect), et
surtout, il a beaucoup d’imagination, et c’est le principale quand on veut
écrire une histoire : le reste, cela s’apprend au fur et à mesure des
retours des lecteurs, pour apprendre à mieux cerner leurs envies, et réfléchir
à comment trouver un juste équilibre pour ne pas trop les perdre. Je lui
accorde donc mon entière confiance pour nous offrir un second tome peut-être
plus recentré sur l’intrigue principale, ce qui rendra celle-ci bien plus
palpitante !