vendredi 30 septembre 2016

Mon book haul du mois de septembre 2016



- Book haul du mois de septembre 2016 -

Mon objectif du mois était plutôt ambitieux : acheter moins de dix livres. Et bien que les tentations furent nombreuses, j’ai tenu cet engagement et n’ai acheté que huit livres en tout et pour tout, la majeure partie étant des occasions. Bon, quatre autres ouvrages ont rejoint les étagères sous la forme de réception, faisant monter le bilan à douze nouveaux arrivants, mais je suis plutôt fière de mois, d’autant plus que les mois à venir risquent d’être plus chargés en craquages : anniversaire, bourse aux livres, Noël … Je crains ne pas être raisonnable bien longtemps !

- Les achats en neuf -


• Michel Hutt et Annette Marnat, Association de bienfaiteurs : la fiche livraddict + la chronique (à venir)
• Michel Hutt et Annette Marnat, Faut pas mousser ! : la fiche livraddict + la chronique (à venir)

- Les achats en occasion -


• Pierre Bottero, Les Mondes d’Ewilan - Intégrale : la fiche livraddict + la chronique (à venir)
• Pierre Bottero, Le Pacte des Marchombres - Intégrale : la fiche livraddict + la chronique (à venir)


• Pierre Bottero, Les Âmes croisées : la fiche livraddict + la chronique (à venir)
• Malorie Blackman, Le choix d’aimer : la fiche livraddict + la chronique (à venir)


• Sharon M. Draper, Le silence de Melodie : la fiche livraddict + la chronique (à venir)
• Nathan Filer, Contrecoups : la fiche livraddict + la chronique (à venir)

- Les réceptions -


• Victoria Aveyard, Red Queen : la fiche livraddict + la chronique (à venir)
• Rodriguez Javier et Bruno Adams, Journal d’un aventurier de Koh Lanta : la fiche livraddict + la chronique (à venir)


• Shannon Lee Alexander, Charlie+Charlotte : la fiche livraddict + la chronique (à venir)



• Kochka et Sophie Lebot, Bambi : la fiche livraddict + la chronique (à venir)
 

Qui es-tu Alaska ? - John Green



Qui es-tu Alaska ?, John Green

Editeur : Gallimard
Collection : Scripto
Nombre de pages : 362

Résumé : La vie de Miles Halter n'a été jusqu'à maintenant qu'une sorte de non-événement. Décidé à vivre enfin, il quitte le cocon familial pour partir dans un pensionnat loin de chez lui. Ce sera le lieu de tous les possibles. Et de toutes les premières fois. C'est là aussi qu'il rencontre Alaska. La troublante, l'insaisissable et insoumise, drôle, intelligente et follement sexy, Alaska Young.






- Un petit extrait -
« On passe sa vie coincé dans le labyrinthe à essayer de trouver le moyen d'en sortir, en se régalant à l'avance à cette perspective. Et rêver l'avenir permet de continuer, sauf qu'on ne passe jamais à la réalisation. On se sert de l'avenir pour échapper au présent. »
- Mon avis sur le livre -

C’est avec ce livre que j’ai découvert pour la première fois, il y a de cela bien des années, la plume incomparable de John Green, son habileté à jouer avec les émotions de ses lecteurs et surtout, la profondeur des réflexions qu’il introduit dans ses romans. J’ai ensuite découvert Nos étoiles contraires, lu les premiers chapitres (à défaut de pouvoir les acheter) de La face cachée de Margo et du Théorème des Katherine, savourant chacune de mes lectures et relectures. Mais Qui es-tu Alaska ? reste indéniablement mon favori, car c’est lui qui m’a fait découvrir cet auteur dont j’admire énormément le talent : il est l’un des seuls à réussir à me faire pleurer à coup sûr, mais également à me faire passer du rire aux larmes à une vitesse record. Tout ça pour dire que, vous l’aurez compris, ce n’est absolument pas la première fois que je lis ce roman, mais que je suis toute aussi bouleversée que si c’était le cas.

En théorie, ce roman est l’histoire de Miles, adolescent maigrichon pas très doué dans les relations sociales qui débarque dans un pensionnat loin de chez lui, avec pour seuls bagages sa passion dévorante pour les dernières paroles de célébrité et sa quête du Grand Peut-Être. Le temps d’une année scolaire, Miles va découvrir l’amitié avec ses hauts et ses bas, la transgression des règles avec ses dangers et ses poussées d’adrénaline, mais aussi l’amour passionnel et la plus terrifiante des douleurs. Mais ce roman pourrait tout aussi bien être l’histoire d’Alaska, adolescente lunatique passionnée de littérature qui débarque sans prévenir dans le quotidien et le cœur du petit nouveau. Tantôt enjouée, insouciante et frivole, tantôt maussade, impulsive et capricieuse, Alaska est au cœur de toutes les conspirations, de toutes les discussions et de tous les mystères. Miles parviendra-t-il à cerner ce caractère atypique sans s’égarer lui-même ?

Si je n’avais le droit qu’à un seul mot pour parler de ce roman, il s’agirait sans aucun doute de « déchirant ». Mais il faudrait raisonnablement y ajouter « bouleversant », « saisissant », « frappant », « émouvant », « troublant » et « poignant », tous ces adjectifs ne suffisant pas à esquisser ne serait-ce qu’une ébauche de caractérisation fidèle. Ce livre est bien plus que cela. Ce livre est une véritable claque littéraire, de ceux qui vous marquent à vie, de ceux qui vous changent en profondeur, de ceux que vous ne pouvez pas oublier. Les raisons de cette transformation intérieure du lecteur sont multiples et assez indéfinissables car imbriquées les unes dans les autres. Ce livre est l’un des rares à parvenir à me faire ressentir autant d’émotions en si peu de pages, des émotions d’une intensité inouïe et stupéfiante. Ce livre est l’un de ceux qui me font passer du rire aux larmes en l’espace de quelques lignes, qui entremêlent si habilement la joie insouciante de l’enfance et le cruel chaos de l’âge adulte, reflet parfait de l’adolescence.

Car c’est bien là le thème central de ce roman, le thème autour duquel gravitent tous les autres. L’adolescence. Cette fragile passerelle entre deux âges, cette délicate jonction entre deux versions de nous-même, cette étrange période de notre vie où nous ne sommes plus tout à fait des enfants mais pas encore des adultes. Trop souvent, on ne retient que deux choses de cette transformation : la rébellion et la puberté. Sauf qu’il y a bien plus que cela. A mes yeux, l’adolescente est une véritable crise existentielle, un moment de désarroi profond où tout ce qui nous semblait acquis s’écroule autour de nous. Quitter la quiétude et la sécurité de l’enfance pour s’aventurer dans les méandres obscures du monde adulte, et ne se sentir à sa place dans aucun de ces deux mondes. Il y a ceux qui traversent facilement cette étape, qui n’ont aucune difficulté à accepter ce changement. Mais il y a aussi ceux qui, au contraire, sont terrifiés par ce bouleversement intérieur, et c’est cela que ce livre montre. En l’espace d’une seconde, Miles voit son univers changer du tout au tout, et il n’a pas d’autre choix que de s’y conformer, bon gré mal gré. En l’espace d’une année, Miles va changer lui aussi, dans la joie et la douleur, parfois combinées. Et je vais vous dire une chose : John Green a tout compris.

Vous vous en doutez, pour porter une histoire aussi profonde et émouvante, il faut des épaules solides, autrement dit des personnages qui tiennent la route. Et sur ce point-là, encore un sans-faute pour monsieur Green ! Rien qu’avec la personnalité complexe d’Alaska, on a suffisamment de matière pour remplir plusieurs romans ! Je sais qu’elle en agace plus d’un, mais personnellement, je la trouve passionnante. Alors oui, elle est parfois capricieuse et lunatique, mais c’est ce qui fait toute son originalité : Alaska porte fièrement son imprévisibilité, comme un trophée, pour masquer la véritable souffrance qui se cache derrière cette versatilité. Oui, Alaska est un personnage qui souffre et en cela elle est terriblement attachante, même si elle peut parfois sembler insupportable. Mais Miles n’est pas en reste non plus : plus discret, moins exubérant, il garde toute pour lui, ses peurs et ses espoirs, ses pensées et ses questions. Je me suis très facilement identifier à lui, à sa quête, à ses joies et à ses douleurs. Miles est un personnage terriblement humain, complexe et vraiment réaliste. A côté de ces deux protagonistes, nous avons le camarade de chambre de Miles, Chip, dit le Colonel, qui extériorise tout ce que Miles ne sait exprimer, Chip qui se revendique comme le capitaine de leur petit duo mais qui va apprendre qu’il ne peut pas toujours tout contrôler. J’aime beaucoup le Colonel, il m’a énormément ému et il est vraiment indispensable au récit.

Un coup de cœur de plus au compteur des livres qui changent une vie. Véritable récit initiatique, Qui es-tu Alaska ? nous plonge au cœur des réflexions d’un adolescent en pleine mutation, nous entraine dans une véritable quête de sens qui se transforme progressivement en une douloureuse enquête aux enjeux existentiels. Portrait d’une génération qui ne sait plus comment grandir, Qui es-tu Alaska ? nous conte les angoisses et les questionnement qui jalonnent l’adolescence, nous raconte l’évolution d’un personnage plongé au cœur d’une réalité qu’il n’était pas prêt à supporter. Roman choc, roman claque, cette histoire bouleverse et intrigue, chamboule et étonne. Authentique mine à réflexions, ce récit ravira tous les lecteurs, jeunes et moins jeunes, trouvera un écho chez ceux qui se souviennent encore de leur adolescence ou sont encore en train de la vivre, mais saura également sensibiliser ceux qui n’ont pas encore été confronté à ce bouleversement majeur dans la vie d’une âme.

Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2016
(plus d’explications sur cet article)

mercredi 28 septembre 2016

Les Eveilleurs, tome 4 : Le passage - Pauline Alphen



Les Eveilleurs4, Pauline Alphen
Le Passage

Editeur : Hachette
Nombre de pages : 341

Résumé : Quatre lunaisons ont passé depuis le tournoi et l’incendie, depuis le mystérieux phénomène des sphères qui a entraîné la mort de Bahir et d’Eben, la disparition de Jad et de Jwel. Quelques décades à peine se sont écoulées depuis l’attaque des bandits. Et au contact du peuple des Arbres, c’est tout Salicande qui s’éveille, frissonne, s’ouvre à de nouvelles sensibilités. Mais la menace d’un ennemi inconnu pèse encore sur cette fragile harmonie. Il faut convaincre le village de se préparer à affronter des dangers qui ne seront pas ceux qu’il imagine.



- Un petit extrait -

« - Il est savoureux de penser que tout ce dont nous parlons aujourd’hui avec la Dame, tout ce que nous vivons depuis l’incendie, aurait sa place dans un roman de fantasy …
- Ou d’anticipation ou de science-fiction, rit Blaise. Peut-être même ne sommes-nous que les personnages d’un livre écrit par un invraisemblable auteur des Temps d’Avant … ou d’Après !
- Tu ne te prends pas pour de la bouse de sizyf, hein ? fit Chandra. Toi, un personnage de roman ? La Déesse nous en préserve ! »

- Mon avis sur le livre -

A peine arrivé, à peine commencé : après avoir attendu sa réception pendant une longue semaine, plus question de patienter ! Mais cette impatience croissante de découvrir ce quatrième tome était tout de même modérée par une certaine tristesse au fur et à mesure que s’approchaient les dernières pages : le tome suivant n’est pas encore sorti. J’ai donc pris mon temps pour savourer pleinement ce volume, pour m’imprégner totalement de la plume de Pauline, afin d’emmagasiner suffisamment de magie et de poésie pour tenir jusqu’à l’arrivée du cinquième opus. Et de la magie, ce tome n’en manque pas ! Thème majeur et essentiel, elle se distille dans l’intrigue comme dans la narration. Narration toujours dictée par la poésie, cette poésie si particulière propre à Pauline, poésie qui émerveille et qui fascine.

Si les deux précédents tomes conduisaient le lecteur au-delà des frontières de Salicande, cet opus se cantonne à la vallée natale des jumeaux. Habitants et membres du Peuple des Arbres, qui apprennent progressivement à cohabiter harmonieusement, préparent en chœur les festivités en l’honneur du retour du Temps Vert. Mais Blaise, Maya et les autres membres de l’Alliance renouvelée peinent à se joindre aux réjouissances : attentifs aux signes et aux présages invisibles, réceptifs aux messages inaudibles, ils sentent venir un événement de grande ampleur. Un nouveau défi s’offre à eux : convaincre la population du village que le danger ne viendra pas uniquement des hommes du monde extérieur, mais également des forces de la nature et de l’imperceptible. Mais surtout, ils vont devoir affronter le plus terrifiant des ennemis : les doutes et les douleurs, les hontes et les terreurs. De questions en réponses, de réponses en questions, ils n’ont pas fini d’apprendre à se connaitre les uns les autres, et à se connaitre eux-mêmes …

Qu’ajouter à tout ce qui a déjà été évoqué dans les précédentes chroniques ? Bien évidemment, l’intrigue est différente, l’histoire fait son petit bonhomme de chemin et les personnages ne sont plus tout à fait ceux qu’ils étaient au début du premier tome, certains ont rejoint le train en route et d’autres sont totalement absents de cette aventure. Mais quand on creuse un peu, on retrouve les mêmes éléments caractéristiques de cette saga : la richesse et la profondeur des réflexions sous-jacentes, la complexité et la multiplicité des relations humaines, la beauté et la poésie de la plume. Mais bien d’autres éléments, plus discrets, moins évidents à distinguer et encore moins à nommer, viennent s’ajouter à cette ribambelle de jolis détails qui font de ces livres des romans atypiques et indéniablement merveilleux. Avec en filigrane le thème omniprésent de la lecture et de l’écriture, de ces deux univers qui s’entremêlent, de cette relation invisible entre l’auteur et le lecteur. J’apprécie énormément toutes ces petites allusions, et j’ai particulièrement adoré une certaine discussion entre Blaise et les membres de l’Alliance, une petite conversation qui semble tellement banale mais qui fait irrésistiblement sourire le lecteur.

La tension dramatique de ce quatrième opus est terriblement bien maitrisée. Au début, tout est calme et détendu, tout est serein et apaisant. Le lecteur lui-même se laisse atteindre par cette quiétude. Mais au fur et à mesure que le temps passe, tandis que les indices et les présages se font plus insistants, tandis que les réflexions mènent toutes à la même conclusion, les événements s’accélèrent progressivement. Le rythme et la narration accompagnent délicatement ce mouvement, cette irrépressible précipitation qui semble sans fin. Et effectivement, les choses sont tellement bien menées que les dernières pages sont presque un supplice pour le lecteur qui, totalement happé par cette tension toujours plus forte, complétement absorbé par cette action toujours plus puissante, ne peut s’empêcher de retenir sa respiration au fur et à mesure qu’approche le dernier chapitre. Et là, l’apothéose. Je peine à vous décrire cette explosion d’émotions contradictoires qui m’ont submergée lors de ces quelques pages, je suis passé de l’abattement et la consternation les plus totales au soulagement le plus rafraichissant. Des dernières pages très intenses pour un récit captivant du début à la fin !

Je pense qu’il ne sert à rien de chercher à développer artificiellement cette chronique, à tenter de la rendre plus cohérente et ordonnée. Il me semble préférable de conclure dès à présent pour ne pas alourdir cette pureté qui ressort de cette lecture. Car oui, en dépit de toutes les énergies et émotions négatives auxquelles nos personnages doivent faire face, ce livre respire la légèreté et la douceur. Grâce à sa plume d’une poésie inoubliable, l’auteur nous fait vibrer au rythme de la vie qui s’éveille progressivement, au rythme des cœurs qui battent, au rythme des imperceptibles changements que subissent infiniment la nature et les âmes. Grâce à ce rythme parfaitement maitrisé, l’auteur nous fait voyager aux côtés de personnages multiples et complexes, nous fait saisir les subtilités de leurs relations et de leurs émotions, nous fait grandir avec eux. Mais l’auteur nous fait surtout vivre une infinité d’émotions, nous fait passer du rire aux larmes et des larmes au rire, car l’auteur nous invite à vivre cette histoire, pas seulement à la lire comme on lirait un essai philosophique. Alors laissez-vous porter par la magie des Eveilleurs, laissez-vous éveiller, vous ne le regretterez pas …

Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2016
(plus d’explications sur cet article)