mercredi 7 septembre 2016

Le copain de la fille du tueur - Vincent Villeminot



Le copain de la fille du tueur, Vincent Villeminot

Editeur : Nathan
Nombre de pages : 279

Résumé : Charles vient d'intégrer un internat pour « gosses de riches », perdu au cœur des montagnes suisses. Avec Touk-E, son coloc, ils font les quatre cents coups pour tuer le temps ... Jusqu'à l'arrivée de Selma. Cette fille est mystérieuse, solaire, solitaire ... et fille d'un célèbre trafiquant de drogue.








- Un petit extrait -

« Elle ferme son sac, prend congé, sort.
Lebrun veut reprendre son cours.
Touk-E lève la main, comme un élève discipliné pour une fois.
- La copine de mon pote a posé une question intéressante, avant de prendre congé. Vous pourriez y répondre ?
Dans le désordre qui s’ensuit, il se tourne vers moi et sourit :
- Dangereuse … Mortellement dangereuse pour toi, mon pote. Une blonde bien roulée, méprisante, et qui parle d’économie, c’est noël au mois d’avril, non ? »

- Mon avis sur le livre -

Quelques semaines à peine après avoir gagné Les pluies de Vincent Villeminot, voilà que je remporte les épreuves non-corrigées du Copain de la fille du tueur, qui sortira le 25 aout prochain. Vous n’imaginez pas ma joie lorsque, après plusieurs échecs consécutifs, j’ai enfin réussir à fournir la bonne réponse avant les autres participants au petit concours organisé par cet auteur vraiment sympathique ! J’avais le cœur battant (l’adrénaline) et j’ai effectué une petite danse de la joie dans l’escalier (et j’ai failli tomber). Et quand j’ai reçu le livre en question de la part des éditions Nathan, il m’a fallu toute la patience du monde pour terminer en bonnes et dues formes  ma lecture en cours avant de me plonger dans ce livre qui, admettons-le, possède un titre particulièrement intriguant !

Nous suivons donc les tribulations de Charles, fils unique d’un poète suisse mondialement connu qui a pour source exclusive d’inspiration l’amour qui l’unissait à sa défunte femme et que le cancer affaibli un peu plus chaque jour. Charles prépare son diplôme dans un internat privé fréquenté exclusivement par les rejetons des familles fortunées du monde entier. Charles est passionné d’économie, pas particulièrement sportif mais surtout très remonté contre l’opulence et l’arrogante sottise des grands de ce monde. Charles a un colocataire totalement givré mais bien plus perspicace qu’il ne veut bien le laisser montrer, Touk-E, fils d’un chef d’état africain qui espère bien hériter du poste en bossant le moins possible. Ensemble, ils vont mettre le domaine sens dessus-dessous et vont devenir le pire cauchemar des enseignants. Mais tout bascule lorsque Selma fait son apparition dans la classe. Selma la mystérieuse, Selma la sportive matinale, Selma la fille d'un célèbre trafiquant de drogues mexicain. Malheureusement pour Charles, s'enticher de la belle blonde, c'est ouvrir la porte au danger et à la peur ...

Je vais annoncer tout de suite la couleur : ce livre est un OVNI, ou plutôt un OLGNI (comprendre « objet littéraire au genre non-identifié »). Ce qui au départ s’apparente à un roman jeunesse totalement déjanté se transforme ensuite en une romance compliquée puis passionnée, pour se poursuivre en récit initiatique et fantastique avant de laisser place à un thriller palpitant doublé d’une véritable réflexion sur le monde, l’amour et les relations familiales avec un soupçon de western. Vous l’aurez compris, l’auteur joue avec les genres et les nerfs du lecteur, déjoue les normes littéraires et les attentes du public. Plus d’une fois, j’ai été complétement soufflée et vaguement effarée par l’audace de Villeminot qui mélange habilement les genres sans se préoccuper des codes et des modèles standards. Et le plus impressionnant, c’est que j’ai adoré ! C’est tellement innovant et inattendu, tellement inédit et original : je dis oui, vingt-mille fois oui !

Ce que j’ai trouvé merveilleux dans ce roman, c’est la profondeur des relations entre les personnages. Si on se concentre sur le duo principal, Charles et Selma, on a quelque chose de très long à se mettre en place, entre les hésitations maladroites de Charles et la retenue solitaire de Selma, mais cette lenteur n’a rien de rébarbatif, bien au contraire. Nos deux protagonistes apprennent à se connaitre et à s’aimer, on est loin du traditionnel cliché du couple fusionnel dès le premier regard. Ici, la profondeur de leur amour est le résultat d’une idylle pas si évidente que cela, le produit de plusieurs mois de réflexion commune et de tension partagée. Si je devais résumer cette histoire d’amour en deux mots, ce serait sans aucun doute « épique » et « poétique ». En parallèle de cette romance atypique, il y a aussi une belle histoire d’amitié entre Charles et Touk-E. Leurs caractères sont radicalement opposés mais ce sont ces différences qui les rendent si complémentaires. Leur amitié est faite de complicité, mais aussi d’une certaine gravité quand vint le temps d’évoquer des sujets moins légers. Leur amitié a beau être excentrique, elle est solide et ne se délite pas au premier désaccord ou à la première difficulté.

 L’histoire en elle-même est captivante, palpitante, haletante. La tension monte crescendo, rythmée par des révélations pleines de surprises et des rebondissements pleins d’imprévisibilité. Il n’y a aucun temps mort, aucune longueur superflue, le rythme est en somme parfaitement maitrisé. Ce livre se lit d’une traite, j’étais littéralement happée et captivée par l’histoire qui m’a fait passer par énormément d’émotions parfois contradictoires. J’ai apprécié la narration, très fluide mais aussi très saccadée : nous suivons les pensées de Charles dans toute leur spontanéité, sans reformulation. Les chapitres ne sont pas trop longs, sans être trop courts, un juste milieu qui colle parfaitement à l’histoire. Je n’ai qu’un regret : le roman est bien trop court à mes yeux, le final aurait pu être un peu plus étoffé afin d’être encore plus poignant et plus marquant. En tournant la dernière page, je reste légèrement sur ma faim, j’ai comme un arrière-gout de pas assez. 

En bref, je suis très heureuse de ma lecture malgré le fait qu’elle ait été bien trop courte. Nous avons ici un récit captivant qui tient le lecteur en haleine de la première à la dernière page, des personnages atypiques et attachants, une narration très fluide et spontanée qui invite le lecteur à plonger dans les pensées du personnage principal. Nous avons surtout un véritable patchwork de genres, avec un roman en apparence très léger qui se teinte d’une romance bien compliquée, un récit réaliste qui flirte avec le fantastique et une histoire digne d’un thriller qui amène avec délicatesse de nombreuses réflexions sur des thèmes aussi variés que l’argent, l’amour et les relations familiales. Ce roman a toutes les cartes en main pour captiver, émouvoir, faire trembler le lecteur. A lire sans hésitation !

Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2016
(plus d’explications sur cet article)

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