lundi 19 septembre 2016

Les Eveilleurs, tome 3 : L'alliance - Pauline Alphen



Les Eveilleurs3, Pauline Alphen
L’alliance

Editeur : Hachette
Nombre de pages : 468

Résumé : « En quittant l'île, je décidai de rejoindre le Nomadstère. Jad avait choisi de rester dans les limbes. A Salicande, Blaise, Chandra, Ugh, Maya et ses filles se retrouvaient. Eux, ensemble ; moi, seule ; Jad, ailleurs. Comme les fils se tissent, se coupent et se nouent, la trame des Eveilleurs prenait forme : nomades, mage, guerriers, Elémentaux, Anges et les autres, tous les autres... De l'ombre grandissante des Temps d'Avant, l'Alliance émergeait. » Carnets de Claris




- Un petit extrait -

« Merlin ne séparait pas son corps de son esprit, les autres de lui. Merlin vivait dans l’unité. Il était tout. C’était agréable, paisible et enivrant. Son corps était source de plaisirs et d’émotions. Son corps était lui. Toute atteinte à cette harmonie, à cette unité, était un inconfort. Alors Merlin réparait, cousait, réunifiait. Il savait le faire, c’était facile, c’était sa vie. Tantôt trottinant, tantôt bien calé sur la hanche ronde de la nourrice, Chien gambadant autour d’eux, Merlin sortit du village, humant l’air printanier et pépiant avec les volelibs. »

- Mon avis sur le livre -

Ne vous est-il jamais arrivé, en tournant la dernière page d’un livre, de ressentir cet étrange sentiment de quitter un ami qui vous est cher et va vous manquer ? Personnellement, cela m’arrive assez régulièrement, mais rarement de façon aussi intense qu’en terminant ce troisième volume. J’ai le cœur en miette car je dois patienter une bien longue semaine avant de recevoir le quatrième opus, une très longue semaine avant de retrouver Claris et Ugh, Jad et Merlin, Chandra et Blaise, Maya et Blanc Faucon, et tous les autres personnages qui ont su trouver une place de choix dans mon petit cœur, une douloureuse semaine avant d’être de nouveau enchantée par la formidable narration de Pauline, sa poésie et sa fluidité. Que le temps peut passer lentement quand on attend quelque chose avec impatience !

Une fois encore, ce tome s’inscrit dans la parfaite continuité du précédent, enchainement fluide et bienvenu qui donne au lecteur l’exquise sensation de vivre l’aventure entière aux côtés de chaque protagoniste. Nous retrouvons donc Claris qui vient de retrouver le fil de ses souvenirs et de ses désirs, et qui va se jeter à corps perdu vers une épopée vers ce qu’elle considère être son destin. De son côté, Jad a décidé de rester quelques temps encore dans les limbes, cette dimension spirituelle dans laquelle il évolue comme un poisson dans l’eau, accompagné par l’Ange Gabriel, dans l’espoir de retrouver sa mère … mais du déroulement de sa quête, nous ne savons pas grand-chose car en faisant ce choix, « Jad disparut de la vie de tous, et du Lecteur aussi » … Mais l’histoire ne s’arrête pas aux pérégrinations des jumeaux, et nous retrouvons avec plaisir Ugh et Ellel, Chandra et Blaise, Maya et Blanc Faucon, ainsi que Merlin et le mystérieux Peuple des Arbres. Les choses sont en train de changer et c’est ensemble qu’ils vont tenter d’en comprendre le sens et la portée …

Je l’ai déjà dit dans mes deux précédentes chroniques, mais je ne peux faire autrement que de me répéter : il m’est extrêmement difficile de rédiger quelque chose de cohérent à propos de ce tome qui, de plus, est indéniablement celui que je préfère jusqu’à présent. Et ce pour plusieurs raisons, trop nombreuses pour être toutes citées. Permettez-moi donc de n’en évoquer que quelques-unes, telles qu’elles me viennent, celles qui me sont présentes à l’esprit au moment où je vous écris cet article. Vous vous en doutez forcément, le premier aspect que je vais évoquer est l’écriture, car comment parler de ce roman sans évoquer la fantastique habileté de Pauline à manier les mots et à combiner les phrases pour faire de chaque paragraphe une poésie et de chaque chapitre une merveille ? Par cette narration toujours aussi fluide, aussi légère, aussi douce, elle a une fois de plus réussi l’exploit de me faire oublier tout ce qui pouvait me peser : douleurs, doutes, angoisses. Quand on lit Les Eveilleurs, on s’embarque pour un merveilleux voyage, pour une fantastique épopée, pour un aller simple vers la beauté. 

Pour Claris, ce tome est celui de la découverte et de l’ouverture au monde dans sa réalité sensible : bercée par les récits d’aventure et aveuglée par la quiétude qui régnait dans sa vallée natale, elle va se retrouver confrontée à un monde dur et cruel auquel elle n’était pas préparée. Au fil des expériences et des rencontres – plus ou moins heureuses –, elle va en apprendre plus sur cette réalité qu’elle ne soupçonnait pas. Mais au cours de son voyage vers le Nomadstère, Claris va également faire une découverte plus importante encore : elle va apprendre à se connaitre, à s’accepter telle qu’elle est, et peut-être même à s’aimer ; elle va apprendre à renouer avec son passé, à s’ouvrir à la joie qui n’attendait que ce déclic pour s’insuffler en elle, et peut-être même à prendre conscience de capacités qu’elle ignorait posséder. Vous l’aurez compris, Claris est un personnage en pleine évolution, et ceux qui commencent à me connaitre savent que j’adore ces voyages un brin initiatique qui permettent aux protagonistes de mieux se connaitre … et aux lecteurs de procéder à quelques petites introspections !

Afin de ne pas surcharger cette chronique, je ne vais m’attarder que sur deux autres aspects qui ont fait de cette lecture quelque chose de bien plus profond qu’un simple coup de cœur. Tout d’abord, le personnage de Merlin. Depuis le début, j’ai été captivée par ce petit bonhomme qui ne fait rien comme les autres, qui ne parle pas le langage humain mais communique avec les animaux, et qui répand la joie tout autour de lui. Ce tome nous apporte quelques précisions sur sa façon de penser et de voir le monde, et je n’ai qu’une seule chose à dire : merci Pauline pour ce personnage si petit mais si unique. Deuxième point très positif qui plaira sans aucun doute à beaucoup de lecteurs : l’action se fait bien plus présente dans ce troisième opus, bien que la réflexion reste à l’ordre du jour. L’intrigue n’est plus uniquement centrée sur Salicande et sa tranquillité, mais prend également racine dans le vaste monde qui est bien plus sauvage et plus cruel. De nouveaux personnages font leur apparition, en particulier une femme très mystérieuse qui va être l’objet d’une révélation totalement inattendue qui remet bien des choses en question … Bref, beaucoup de rebondissements dans ce tome !

Il est désormais temps de conclure, étape ô combien difficile tellement j’ai peur de me répéter ! Lire ce livre a été bien plus qu’un moment de plaisir, ça a été une véritable aventure aux côtés de personnages aussi captivants qu’attachants, un véritable périple au cœur d’un monde aussi fictif que familier. C’est bercée par l’écriture très fluide d’une auteur à l’imagination fertile que j’ai passé des heures de ravissement et d’émerveillement face à des bouleversements incroyables et fabuleux, face à des réflexions profondes et inspirantes, face à des mystères captivants et intrigants. Ce livre fait partie de ceux qu’on a envie de lire et relire indéfiniment, de ceux qui ont cette petite touche de magie en eux qui fait que chaque relecture est une authentique redécouverte, de ceux qui nous font rêver sans cesse et qui nous happe de la première à la dernière phrase. A dévorer sans modération !

Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2016
(plus d’explications sur cet article)

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