Le Passage
Editeur : Hachette
Nombre
de pages : 341
Résumé : Quatre lunaisons ont passé depuis le
tournoi et l’incendie, depuis le mystérieux phénomène des sphères qui a
entraîné la mort de Bahir et d’Eben, la disparition de Jad et de Jwel. Quelques
décades à peine se sont écoulées depuis l’attaque des bandits. Et au contact du
peuple des Arbres, c’est tout Salicande qui s’éveille, frissonne, s’ouvre à de
nouvelles sensibilités. Mais la menace d’un ennemi inconnu pèse encore sur
cette fragile harmonie. Il faut convaincre le village de se préparer à
affronter des dangers qui ne seront pas ceux qu’il imagine.
-
Un petit extrait -
« - Il est savoureux de penser que tout ce dont nous parlons aujourd’hui avec la Dame, tout ce que nous vivons depuis l’incendie, aurait sa place dans un roman de fantasy …- Ou d’anticipation ou de science-fiction, rit Blaise. Peut-être même ne sommes-nous que les personnages d’un livre écrit par un invraisemblable auteur des Temps d’Avant … ou d’Après !- Tu ne te prends pas pour de la bouse de sizyf, hein ? fit Chandra. Toi, un personnage de roman ? La Déesse nous en préserve ! »
-
Mon avis sur le livre -
A peine arrivé, à peine commencé : après
avoir attendu sa réception pendant une longue semaine, plus question de
patienter ! Mais cette impatience croissante de découvrir ce quatrième
tome était tout de même modérée par une certaine tristesse au fur et à mesure
que s’approchaient les dernières pages : le tome suivant n’est pas encore
sorti. J’ai donc pris mon temps pour savourer pleinement ce volume, pour m’imprégner
totalement de la plume de Pauline, afin d’emmagasiner suffisamment de magie et
de poésie pour tenir jusqu’à l’arrivée du cinquième opus. Et de la magie, ce
tome n’en manque pas ! Thème majeur et essentiel, elle se distille dans l’intrigue
comme dans la narration. Narration toujours dictée par la poésie, cette poésie
si particulière propre à Pauline, poésie qui émerveille et qui fascine.
Si les deux précédents tomes conduisaient le
lecteur au-delà des frontières de Salicande, cet opus se cantonne à la vallée
natale des jumeaux. Habitants et membres du Peuple des Arbres, qui apprennent
progressivement à cohabiter harmonieusement, préparent en chœur les festivités
en l’honneur du retour du Temps Vert. Mais Blaise, Maya et les autres membres
de l’Alliance renouvelée peinent à se joindre aux réjouissances :
attentifs aux signes et aux présages invisibles, réceptifs aux messages
inaudibles, ils sentent venir un événement de grande ampleur. Un nouveau défi s’offre
à eux : convaincre la population du village que le danger ne viendra pas
uniquement des hommes du monde extérieur, mais également des forces de la
nature et de l’imperceptible. Mais surtout, ils vont devoir affronter le plus
terrifiant des ennemis : les doutes et les douleurs, les hontes et les
terreurs. De questions en réponses, de réponses en questions, ils n’ont pas
fini d’apprendre à se connaitre les uns les autres, et à se connaitre eux-mêmes
…
Qu’ajouter à tout ce qui a déjà été évoqué
dans les précédentes chroniques ? Bien évidemment, l’intrigue est différente,
l’histoire fait son petit bonhomme de chemin et les personnages ne sont plus
tout à fait ceux qu’ils étaient au début du premier tome, certains ont rejoint
le train en route et d’autres sont totalement absents de cette aventure. Mais
quand on creuse un peu, on retrouve les mêmes éléments caractéristiques de
cette saga : la richesse et la profondeur des réflexions sous-jacentes, la
complexité et la multiplicité des relations humaines, la beauté et la poésie de
la plume. Mais bien d’autres éléments, plus discrets, moins évidents à
distinguer et encore moins à nommer, viennent s’ajouter à cette ribambelle de
jolis détails qui font de ces livres des romans atypiques et indéniablement
merveilleux. Avec en filigrane le thème omniprésent de la lecture et de l’écriture,
de ces deux univers qui s’entremêlent, de cette relation invisible entre l’auteur
et le lecteur. J’apprécie énormément toutes ces petites allusions, et j’ai
particulièrement adoré une certaine discussion entre Blaise et les membres de l’Alliance,
une petite conversation qui semble tellement banale mais qui fait irrésistiblement
sourire le lecteur.
La tension dramatique de ce quatrième opus est
terriblement bien maitrisée. Au début, tout est calme et détendu, tout est serein
et apaisant. Le lecteur lui-même se laisse atteindre par cette quiétude. Mais
au fur et à mesure que le temps passe, tandis que les indices et les présages
se font plus insistants, tandis que les réflexions mènent toutes à la même conclusion,
les événements s’accélèrent progressivement. Le rythme et la narration
accompagnent délicatement ce mouvement, cette irrépressible précipitation qui
semble sans fin. Et effectivement, les choses sont tellement bien menées que
les dernières pages sont presque un supplice pour le lecteur qui, totalement
happé par cette tension toujours plus forte, complétement absorbé par cette
action toujours plus puissante, ne peut s’empêcher de retenir sa respiration au
fur et à mesure qu’approche le dernier chapitre. Et là, l’apothéose. Je peine à
vous décrire cette explosion d’émotions contradictoires qui m’ont submergée lors
de ces quelques pages, je suis passé de l’abattement et la consternation les
plus totales au soulagement le plus rafraichissant. Des dernières pages très
intenses pour un récit captivant du début à la fin !
Je pense qu’il ne sert à rien de chercher à
développer artificiellement cette chronique, à tenter de la rendre plus cohérente
et ordonnée. Il me semble préférable de conclure dès à présent pour ne pas
alourdir cette pureté qui ressort de cette lecture. Car oui, en dépit de toutes
les énergies et émotions négatives auxquelles nos personnages doivent faire
face, ce livre respire la légèreté et la douceur. Grâce à sa plume d’une poésie
inoubliable, l’auteur nous fait vibrer au rythme de la vie qui s’éveille
progressivement, au rythme des cœurs qui battent, au rythme des imperceptibles
changements que subissent infiniment la nature et les âmes. Grâce à ce rythme
parfaitement maitrisé, l’auteur nous fait voyager aux côtés de personnages
multiples et complexes, nous fait saisir les subtilités de leurs relations et
de leurs émotions, nous fait grandir avec eux. Mais l’auteur nous fait surtout
vivre une infinité d’émotions, nous fait passer du rire aux larmes et des
larmes au rire, car l’auteur nous invite à vivre cette histoire, pas seulement
à la lire comme on lirait un essai philosophique. Alors laissez-vous porter par
la magie des Eveilleurs,
laissez-vous éveiller, vous ne le regretterez pas …
Ce livre a été
lu dans le cadre du Challenge de l’été 2016
(plus d’explications
sur cet article)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire