Editeur : Autoédité
Nombre
de pages : 303
Résumé : Bordelais nouvellement installé à
Marseille, Gwenaël est un garçon effacé qui manque d’assurance. À l’inverse,
Victorien, paraplégique de naissance, possède une personnalité rayonnante et
une inexhaustible volonté. Ils n’ont rien en commun si ce n’est une égale
malchance qui les poursuit depuis l’enfance, et dont ils s’accommodent avec
plus ou moins de philosophie. C’est la course qui va les rapprocher de manière
très inattendue, et cette rencontre pour le moins percutante va définitivement
changer leur vie…
Un grand merci à Flo Renard
pour l’envoi de ce volume (et des marques-pages) et à la plateforme SimPlement
pour avoir rendu ce partenariat possible.
« Victorien était comme lui.
Un
malchanceux de naissance, un frère de déveine, un compagnon de mauvaise
fortune. Toujours sous la menace d’un coup du sort, dans l’attente de la
prochaine calamité. Une émotion sincère lui étreignit la poitrine et il
balbutia :
- Oh… mais
alors… toi aussi ? »
- Mon avis sur le livre -
Samedi dernier, je suis rentrée de ma session
pédagogique avec un mal de crâne horrible, des nausées à n’en plus finir, des
vertiges atroces et une fatigue comme je n’en n’avais pas connue depuis des
mois. J’ai donc laissé de côté ma lecture en cours, un gros pavé palpitant mais
bien trop complexe pour la larve apathique que j’étais devenue, pour me tourner
vers cet ouvrage que l’auteur m’avait présenté comme étant plus léger que son
précédent roman, Aux petites heures de la nuit, que j’avais par ailleurs énormément apprécié. Et même s’il m’a fallu
une bonne semaine pour en venir à bout (la fatigue finissait toujours par
prendre le dessus sur la lecture), j’ai tout simplement adoré ce livre, aussi
émouvant que drôle, qui fait dès à présent parti de ma « liste de bouquins
à dévorer quand on est malade/déprimé (rayez la mention inutile) » !
Contrairement à son père et à son frère ainé,
Gwenaël n’a rien d’un leader :
parachuté à Marseille par son paternel pour remplacer l’ancien responsable des
opérations logistiques de l’entrepôt marseillais de l’entreprise familiale, il
peine encore à comprendre comme il a pu, en l’espace de quelques jours, être
largué par son ex-petite amie et se faire licencier de son ancien boulot. Bien
décidé à prendre enfin sa vie en main, Gwenaël décide de se mettre à la course
à pied. Suite à une mémorable chute lors de sa toute première séance de
running, il fait la rencontre de Victorien, un jeune homme s’entrainant lui
aussi avec acharnement pour participer à un semi-marathon … dans la catégorie
handisport. Gwenaël et Victorien ont un point commun : leur malchance
légendaire. S’il doit arriver quelque chose de pas cool à quelqu’un, cela
tombera forcément sur eux. Mais il semblerait bien que cette collision brutale
entre le tibia de Gwenaël et le fauteuil roulant de course de Victorien soit au
contraire la plus belle chose qui leur soit jamais arrivé …
Une fois encore, je tiens à remercier et
féliciter Flo Renard pour la façon dont elle a évoqué la thématique du
handicap. D’un côté, elle a su illustrer les difficultés rencontrées par
Victorien (et par extension bien des personnes en fauteuil roulant) dans son
quotidien : entre les valides dédaigneux qui s’autorisent à utiliser les
places de stationnement réservées aux personnes en situation de handicap, les
regards curieux ou gênés, les recruteurs qui s’obstinent à faire rimer « handicapé »
avec « attardé » et le manque de logements adaptés, autant dire que
sa volonté d’autonomie est souvent mise à rude épreuve. Sans oublier bien sûr la
façon dont bien des français considèrent les personnes handicapées : des
profiteurs qui se prélassent tranquillement chez eux en vivant des allocations
payées par le contribuable. Ici, Flo Renard nous montre bien que Victorien,
étant dans la possibilité physique et psychologique de travailler (ce qui n’est
pas le cas de toutes les personnes en situation de handicap), veut le faire :
hors de question à ses yeux de ne rien faire. L’auteur s’efforce ici de briser
tous ces terribles préjugés qui attisent la haine d’une société tournée non pas
vers la fraternité mais vers le jugement …
Mais la grande force des récits de Flo, c’est
surtout de ne pas s’arrêter là : il ne s’agit pas de faire naitre pitié ou
culpabilité chez le lecteur, ni de forcer l’admiration face au courage sans
faille de Victorien qui surmonterait toutes ces difficultés sans jamais
faillir. A travers cette histoire, l’auteur
ne nous présente pas un jeune homme en situation de handicap qui décide de
vivre sa vie le plus normalement possible « en dépit » de son
fauteuil roulant … elle nous présente seulement un jeune homme enjoué et déterminé,
parfois découragé, qui s’avère être en fauteuil roulant. D’ailleurs, bien des
fois, il m’est arrivé d’oublier ce-dit fauteuil jusqu’à ce qu’il soit de
nouveau évoqué ! Victorien ne se définit pas par son handicap ;
celui-ci fait partis de lui sans être sa seule caractéristique. Pour tout avouer,
ce que je retiens de lui, au final, ce n’est pas son handicap mais sa malchance
à toute épreuve : être oublié dans un bureau après un exercice d’évacuation
incendie ou bien tomber sur un bouchon sur l’autoroute deux minutes seulement
après avoir dépassé l’ultime sortie, clairement il aura tout eu ! Bref, ce
que j’aime dans ce livre, c’est que Victorien ne remplit pas le rôle du « gars
qui fait ouvrir les yeux du lecteur sur la dure vie des personnes en fauteuil
roulant », mais bel et bien le rôle principal, au côté de Gwenaël, du « sportif
amoureux qui compte bien courir son marathon tout en vivant le parfait amour
avec son compagnon ».
Plus que l’histoire, ce sont les personnages
qui m’ont véritablement conquise. J’ai beaucoup aimé leur personnalité :
entre Gwenaël, sa timidité et son manque d’assurance, et Victorien, son ironie
et sa détermination, bref, entre ces deux garçons sensibles et gentils, mon cœur
balance encore. Cela fait tellement de bien de voir, dans un roman, des garçons
émotifs, généreux, tendres : ces qualités sont tellement mal perçues dans
notre société … lorsqu’elles sont détenues par des garçons. Le père de Gwenaël
considère ainsi son fils comme « un benêt, un couillon », tout
simplement parce qu’il est plus effacé et moins assuré que l’idéal masculin le
voudrait. Donc, définitivement, je suis ravie d’avoir fait la connaissance de
Victorien et Gwenaël, que leur malchance mêlée de maladresse rend encore plus
attachants ! J’ai toutefois une mention spéciale à discerner à Milla, la
chienne de Victorien, qui est un personnage à part entière dans cette histoire.
Si seulement elle pouvait sortir de la couverture et venir me tenir compagnie,
je serai ravie : elle est à la fois drôle et mignonne, intelligente et
farceuse, adorable et gaffeuse ! Voici donc mon personnage préféré dans
cette histoire !
Une histoire qui, comme je l’ai rapidement
dit dans l’introduction, avait tout pour me remonter le moral. Une jolie
histoire d’amour qui, si elle nait très rapidement, n’a rien du coup de foudre
artificiel : ce n’est qu’au fur et à mesure qu’ils apprenaient à se
connaitre que leur amitié s’est muée en quelque chose de plus profond, de plus
fort. Une des choses que j’ai particulièrement apprécié, c’est que dans ce
livre, l’accent est mis sur les sentiments : aucune scène érotique dans ce
roman, et c’est très bien comme cela ! Ils s’aiment, tout simplement, pour
ce qu’ils sont l’un et l’autre, et pas uniquement pour les nuits passées
ensemble. Autre point très important dans ce récit : l’humour. Victorien
et Gwenaël, on l’a dit, sont deux grands malchanceux chroniques, et
malheureusement pour eux, ce n’est pas parce qu’ils sont en couple que les
choses se sont miraculeusement arrangées ! Je dois bien l’avouer, j’ai
très régulièrement rigolé face à leurs mésaventures, souvent cocasses … même
si, une fois, j’étais au bord de la crise de larmes, j’ai eu trop peur pour
Milla et les deux garçons ! Mais le comique n’est pas uniquement de
situation, il est également de parole : Victorien a l’art et la manière de
dédramatiser les choses, de manier l’ironie avec brio, et ses interventions m’ont
beaucoup fait rire également !
En bref, vous l’aurez compris, ce roman est
un coup de cœur qui a réussi à me redonner le sourire en dépit de l’apathie
dans laquelle j’étais plongée. Une histoire d’amour joliment menée et
agréablement racontée, des personnages attachants qui n’hésitent pas à montrer
leurs sentiments et émotions, des situations souvent comiques et de l’humour à
toutes les pages … rien à redire, ce roman a tout pour entrer dans le cercle
très fermé des livres-doudous ! Alors forcément, je ne peux que vous conseiller cette petite
perle de l’autoédition qui prouve, si cela est encore à prouver, que parfois,
la simplicité a du bon : cette histoire, finalement, n’est rien d’autre qu’une
« tranche de vie » de deux personnages plutôt banals, mais cela ne l’empêche
pas d’être tout simplement géniale !
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons