mercredi 30 octobre 2019

La guerre des clans, cycle 3, tome 5 : Pénombre - Erin Hunter


La Guerre des clans, Erin Hunter
Cycle 3, tome 5 : Pénombre

Editeur : Pocket Jeunesse (PKJ)
Nombre de pages : 355

Résumé : C’est la panique autour du lac. Une épidémie s’est abattue sur les guerriers d’Étoile de Feu. Pour collecter le précieux remède qui pourrait les sauver, Feuille de Houx, Pelage de Lion et Nuage de Geai vont risquer leur vie en territoire hostile. Mais le sort leur réserve une autre épreuve, plus terrible encore. Tapi dans l’ombre de leur propre camp, un ennemi s’apprête à leur faire une révélation qui changera à jamais le cours de leur vie…



- Un petit extrait -

« Dépêchez- vous ! s'impatienta Étoile de Feu.
Il s'élança vers le lac. Le sol de la forêt était toujours détrempé et les chats devaient éviter des mares de boue et des branches tombées pendant l'orage. Feuille de Houx remarqua à peine la gadoue où elle plongeait les pattes. Elle avait l'impression que l'avenir n'était plus qu'un long tunnel où ne l'attendait que peur et trahison. Elle se demanda jusqu'où l'on pouvait aller pour préserver le code du guerrier. Et que se passerait-il si, quoi qu'on fasse, le code était enfreint ? »

- Mon avis sur le livre -

A chaque fin de cycle ou de saga, c’est la même histoire : je me mets à trainer, tant et si bien qu’un livre que je dévorerai en moins de deux jours en temps normal me prend presque une semaine. C’est toujours difficile de dire au revoir ou adieu – selon le cas – à des personnages que l’on a suivi pendant plusieurs tomes, et je me rends compte qu’inconsciemment, je fais tout pour retarder cette échéance. Toutes les raisons sont bonnes pour lire moins et m’occuper l’esprit autrement : un devoir à rendre dans un mois, le bureau à ranger, une écharpe à tricoter … Pourtant, je dois avouer qu’arrivée à la moitié de cet opus, cette stratégie est devenue complétement inapplicable : impossible de lâcher le livre avant de tourner la dernière page, et ce malgré ma volonté de ne pas voir arriver le dernier tome du cycle trop rapidement … Les Erin sont indiscutablement très douées pour me happer du premier au dernier mot, sans me laisser la possibilité de passer une heure sans songer à mes chers amis félins !

Après la terrible bataille qui opposa le Clan du Tonnerre à ceux de la Rivière et du Vent, Nuage de Houx et Nuage de Lion ont reçu leurs noms de guerriers … Mais de nouveaux tourments s’abattent sur les trois élus : influencés par Sol, les chats du Clan de l’Ombre ont tourné le dos à leurs ancêtres et renié le code du guerrier, et l’avenir des quatre Clans est en péril ! Parviendront-ils à faire renaitre la foi dans le cœur de leurs voisins pour sauver tous les chats qui vivent autour du lac ? De plus, une terrible épidémie s’abat sur le Clan du Tonnerre, et plus aucun remède ne pousse dans la forêt : le Clan des Etoiles les aurait-il abandonnés ? Nuage de Geai en est convaincu : il est de leur devoir de faire quelque chose pour sauver les leurs … quitte à bafouer le code du guerrier. Mais le plus grand danger se trouve peut-être caché dans un improbable secret, qui, s’il venait à éclater au grand jour, pourrait remettre tout en question ….

Une chose est sûre : ce tome porte très bien son nom. Les ténèbres semblent se déployer sur le pourtour du lac. Les guerriers du Clan de l’Ombre perdent la foi et cessent de suivre le code du guerrier : petit à petit, la tribu se disloque, tandis que chacun oublie ses devoirs envers ses camarades pour ne s’occuper que de soi. La maladie s’insinue au sein du Clan du Tonnerre, décimant guerriers, reines, chatons et anciens, tandis que les guérisseurs impuissants voient leurs réserves de remèdes diminuer dangereusement. Le désespoir se fraye progressivement un chemin dans le cœur et l’esprit des guerriers d’Etoile de Feu. C’est assurément l’un des tomes les plus sombres de toute la saga : on a le sentiment que tout est perdu, et je dois avouer avoir eu les larmes aux yeux à plusieurs reprises. C’est qu’on s’y attache, à tous ces chats, et la perspective de voir mourir un à un tous ces personnages secondaires me brisait le cœur. Pour la toute première fois depuis le début de la série, les chats du Clan des Etoiles ne réagissent pas au quart de tour, comme s’ils souhaitaient faire comprendre aux chats des Clans qu’ils doivent avant tout avoir foi, en leurs ancêtres et en eux-mêmes, pour recevoir de l’aide. 

Et c’est bien ce que comptent faire nos trois élus : Nuage de Geai en est convaincu, c’est à eux d’agir pour raviver la foi du Clan de l’Ombre, c’est à eux de trouver des remèdes pour lutter contre la maladie. C’est à eux de prendre les choses « en patte » plutôt que d’attendre passivement que leurs ancêtres règlent tous les problèmes à leur place. Heureusement, ils vont recevoir un coup de patte de ces derniers aux moments les plus critiques ! Je dois avouer avoir bien rigolé lorsque Nuage de Geai a mis en place le faux signe, se faisant passer pour un chat du Clan des Etoiles : la tension était si forte, et l’incrédulité d’Etoile de Jais tellement grande, que je n’ai pas pu m’empêcher de ricaner en imaginant la scène … Mais ce petit interlude de joie est vite balayé : les soucis s’abattent sur le Clan du Tonnerre et nos trois jeunes héros, et on recommence à s’inquiéter pour eux. Ils sont si fragiles, si démunis, ils ne savent pas du tout où ils en sont, qui ils sont, ce qu’on attend d’eux. Ils ont peur des pouvoirs qu’ils se découvrent jour après jour. Pelage de Lion est indéniablement celui qui me fait le plus de peine : il est effrayé par ses pulsions meurtrières, par ses rêves de batailles sanguinolentes, il refuse de devenir comme son grand-père mais ne sait pas à qui se confier. Il remonte dans mon estime !

Un des tomes les plus sombres, certes, mais aussi un de ceux où la « magie » prend de plus en plus d’importance. Tandis que la puissance du Clan des Etoiles s’étiole, comme si elle avait atteint ses limites, Nuage de Geai en apprend enfin plus sur les chats des temps anciens qui ont vécu autour du lac, et il prend conscience que tout est lié, que tout fait sens. Avec ce tome, les Erin ont su me surprendre : tout ce qu’on tenait pour acquis semble s’effondrer, mais on se rend progressivement compte qu’on ne savait en vérité qu’une infime partie d’un tout qui nous dépasse, qui dépasse tous les chats. C’est grandiose, et j’aime beaucoup, même si rien ne nous préparait à ce que la saga prenne ce tournant. Plus jeune, cela m’avait perturbée, car je « préférais » quand les chats se battaient à coups de griffes et de crocs, mais désormais, je trouve ces « luttes psychologiques » bien plus intéressantes. La plus grande bataille que doivent mener Feuille de Houx, Pelage de Lion et Œil de Geai – qui reçoit enfin son nom de guérisseur, félicitations ! –, est intérieure. Ils sont les Trois, certes, mais cela ne fait pas tout : ils ne deviendront les élus que s’ils agissent comme tels. Difficile au vu des incroyables révélations de ce tome ! On le pressentait, mais voir ces secrets dévoilés de cette manière, et voir CE chat agir de cette manière (il était tellement gentil, tellement dévouée, tellement loyal, quel effroi de le voir tomber si bas à cause de l’égo et de la jalousie !), ça m’a vraiment secouée !

En bref, vous l’aurez bien compris, avec ce tome, l’action est de retour, pour notre plus grand bonheur ! On ne voit pas ces trois-cents pages et quelques passer, on se laisse happer par cette histoire aussi captivante que surprenante, et on en redemande ! Oui, vraiment, je ne me lasse pas de cette saga, et je suis personnellement ravie du tournant qu’elle a pris. C’est moins répétitif, c’est plus introspectif, et cela conduit le lecteur à se poser pas mal de questions sur la vie en général, à travers les doutes et questionnements de nos jeunes héros, à travers les épreuves qu’ils surmontent, à travers les batailles qu’ils mènent contre l’adversité mais aussi contre eux-mêmes. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, je trouve qu’il est vraiment très facile de s’identifier à ces chats, et je suis toujours ravie de les retrouver, de les suivre dans leurs aventures. Et le plus beau, finalement, c’est que même lorsque tout semble perdu, même lorsque la pénombre semble plus forte que jamais, il y a toujours cette lueur d’espoir, cette touche de lumière qui nous rassure. On le sait, nos trois héros n’ont pas dit leur dernier mot : tout finira bien !

dimanche 27 octobre 2019

Top 5 : Mes manuels d’écriture favoris


- Top 5 : Mes manuels d’écriture favoris -

C’est le retour des tops ! Et cela grâce à Mange-Nuages qui a mis en place un petit challenge/jeu que je vous invite à retrouver sur Livraddict ! Un thème par semaine, rien de plus simple, d’autant plus que j’ai décidé de faire ceci sous forme de mini-article pour ne pas me surcharger … Le thème de la semaine ne m’inspirant pas, voici mon thème-secours :

Mes manuels d’écriture favoris

Le NaNoWriMo commence dans quelques jours, c’est donc l’heure de se replonger dans nos projets de romans/nouvelles/pièces de théâtre/livres de cuisine ! Pour ma part, pour m’aider dans la conception et rédaction de mes romans, j’ai fait l’acquisition de quelques manuels/guides, dont je vous donne aujourd’hui les références !


Et voici donc mon petit top 5 :

Ecrivez un roman en 30 jours de Chris Baty
Le fondateur du fameux NaNoWriMo – ou National Novel Writing Month, soit Mois (inter)National de l’Ecriture de Roman – nous offre ici plusieurs « conseils, trucs et astuces » pour survivre à ce défi. Mais clairement, ça peut être utile tout au long du processus d’écriture, c’est très drôle et très intéressant !

Personnages et Point de vue de Orson Scott Card
Indiscutablement celui que j’ai compulsé le plus souvent : c’est très complet, il y a énormément d’exemples qui viennent illustrer ses conseils, c’est bourré de références littéraires, bref, ça m’a énormément aidé à comprendre ce qui clochait chez certains de mes personnages, et aussi à mieux cibler le point de vue à utiliser.

Comment écrire de la fantasy et de la science-fiction de Orson Scott Card
Incontournable également à mes yeux ! C’est pareil, ça aborde beaucoup de questions qu’on peut se poser quand on se lance dans un projet de SFFF, mais il y a énormément de conseils qu’on peut facilement appliquer pour d’autres genres. Par contre, gare à votre wish-list, j’ai eu envie d’acheter beaucoup des livres cités pour exemples !

Deviens #jeune auteur de Christopher Edge
Certes plus ciblé « ado », mais il y a pas mal de bons conseils, d’autant plus que la progression est vraiment bien faite : de l’idée jusqu’à la « vie d’auteur », en passant par le début, les dialogues et la scène finale. Ci et là des citations d’auteurs pour rebooster la motivation, c’est illustré, bref, je conseille !

Carnet de l’apprenti écrivain de Susie Morgenstein
Bon, je triche un peu car je ne l’ai pas encore, je l’ai juste vaguement feuilleté une fois, mais je compte me le procurer prochainement, car ça ressemble apparemment à un petit carnet d’exercices pour se lancer dans l’écriture, et je me dis que ça peut être franchement sympa pour relancer la machine après un blocage ou une pause !

samedi 26 octobre 2019

Shannara, tome 1 : L'épée de Shannara - Terry Brooks


Shannara1, Terry Brooks
L’épée de Shannara

Editeur : Bragelonne
Nombre de pages : 391
Résumé : Lorsque Shea Ohmsford vit pénétrer l'étranger dans l'auberge, il sentit que son destin venait de basculer. Qui aurait pu deviner qu'il était, lui, le paisible demi-elfe vivant au sein de sa famille d'adoption à Valombre, le dernier héritier de la lignée de Jerle Shannara ? Jerle, dont l'épée permit, il y a cinq cent ans de cela, de détruire le maléfique Roi-Sorcier Brona et ses hordes démoniaques. Or voilà qu'il se murmure, dans les lointaines Terres du Nord, que le Roi-Sorcier est de retour, et qu'il réunit ses armées pour déferler à nouveau sur le monde. Seul un descendant de Jerle, portant la légendaire épée de Shannara, pourrait défaire le mal. Shea acceptera-t-il cet oracle trop grand pour lui ?

- Un petit extrait -

« Ses yeux s’étant accoutumés à l’obscurité, il voyait l’homme plus clairement. C’était bien un humain. Mais d’une taille anormale, car il mesurait au moins sept pieds. Même si son manteau noir le dissimulait en grande partie, il paraissait assez mince. Et malgré le capuchon baissé, Flick vit ses traits : un visage long et ridé taillé à la serpe, des yeux profondément enfoncés dans leur orbite et presque cachés par des sourcils broussailleux, un nez long et pourtant épaté, un collier de barbe noire soulignant de grandes lèvres minces… L’effet était effrayant. Flick lutta contre l’envie de courir jusqu’à la lisière de la forêt. »

- Mon avis sur le livre -

Je ne le redirai jamais assez : qu’est-ce que j’aime les bourses aux livres ! Non pas que j’aime particulièrement les livres d’occasion (souvent abimés, alors que je n’aime pas les livres abimés), mais bien parce que cela me permet de « prendre des risques » à moindre coût (et donc, si par malheur le livre choisi ne me plait pas, j’ai moins de regrets à avoir perdu 50 centimes que 22 euros …). Autant je n’achète en neuf que les « valeurs sûres », autant je m’autorise donc plus de « folies » lors des bourses aux livres – ressortant généralement avec l’équivalent d’un caddie de supermarché rempli à ras bord d’ouvrages de young-adult, de fantasy et de science-fiction. Et la plupart du temps, c’est un pari gagnant : je fais ainsi de très belles découvertes que je n’aurai assurément pas faites en me cantonnant au neuf, car je n’aurai pas osé prendre le même risque … Ce premier tome de la trilogie Shannara est entré dans ma bibliothèque par l’intermédiaire d’une de ces bourses aux livres … Verdict ? Je vous le dit très vite !

Shea le demi-elfe vit une petite vie tranquille aux côtés de son père et de son frère adoptifs … Jusqu’au jour où débarque un effrayant étranger nommé Allanon, qui affirme qu’il est un lointain descendant du légendaire Jerle Shannara et qu’il est le seul à pouvoir manier la toute aussi légendaire Epée de Shannara, seule arme capable de vaincre le terrible Roi-Sorcier, de retour après des siècles de ruminations vengeresses. Du jour au lendemain, sa petite existence bascule : contraint de fuir en vitesse son petit village tranquille, le voici sur les chemins, pour mener une quête qui dépasse de loin tout ce qu’il pouvait imaginer. La petite compagnie qui s’est formée autour de son humble petite personne – il ne parvient toujours pas à accepter son héritage royal, lui le simple fils d’aubergiste – parviendra-t-elle à récupérer cette Epée mythique avant le Roi-Sorcier ? Et surtout, saura-t-il s’en servir pour mettre fin au règne de cette immonde créature des ténèbres ?

Beaucoup « reprochent » à ce classique de la fantasy d’être trop « classique » … J’ai envie de dire : c’est un peu le propre des classiques, non ? Alors oui, on ne va pas se mentir, au premier abord, L’épée de Shannara est un roman de high fantasy tout ce qu’il y a de plus banal … Un  jeune héros, un peu perdu, qui ne connaît pas grand-chose au-delà de son village natal, qui se révèle être l’élu destiné à vaincre une bonne fois pour toute le mal incarné et à sauver ainsi son monde en proie aux ténèbres, guidé par un vieux magicien mystérieux et accompagné dans sa quête par un petit groupe hétéroclite. Mais tandis que certains considèrent cette « banalité » comme un manque profond d’originalité, voire même pour du plagiat d’une autre œuvre, je considère quant à moi que c’est justement cette « stricte conformité » aux codes du genre comme quelque chose de profondément rafraichissant. C’est bien beau l’originalité à gogo, mais quel plaisir de retrouver un vrai ouvrage de high fantasy tout ce qu’il y a de plus classique, justement ! Cela faisait tellement longtemps que je n’avais pas croisé la route d’un roman aussi profondément ancré dans le genre, et c’est à mes yeux un vrai régal !

Et cela d’autant plus que le jeune héros en question est vraiment très attachant, avec son idéalisme, sa naïveté, sa fragilité, qui donnent le sentiment qu’il n’est véritablement pas à sa place dans cette quête aux enjeux démesurés. Balloté par les événements, Shea n’a plus aucune prise sur son existence : il se laisse guider, dépassé par cette guerre et par le rôle qu’il est censé y jouer, lui, le petit demi-elfe qui n’a que si rarement quitté son village. Entouré par des guerriers et stratèges aguerris, sous les ordres d’un druide aussi puissant qu’omniscient, le jeune homme est envahi par la terrible impression de n’être qu’un boulet, qu’il faut protéger alors qu’il est censé être le sauveur de ce monde. Sera-t-il à la hauteur des attentes qu’on place en lui ? Au fil de la route, au fil des péripéties, au fil des mésaventures, nous suivons ce héros en devenir … Avec toujours cette petite incertitude au cœur et à l’âme : vaincra-t-il le Roi-Sorcier, ce rejeton du mal, cet adepte des arts sombres, cet être tout entier consumé par la haine et l’avidité ? Oui, c’est assez manichéen, je l’admets, mais ça fait partis des charmes du genre … Le bien, le mal, la lumière, l’obscurité, la lutte incessante entre les deux et l’envie viscérale de voir le héros triompher du méchant. C’est ce que je cherche quand je me lance dans une saga de high fantasy, et c’est ce que m’a offert L’épée de Shanara.

Terry Brooks m’a également offert une véritable immersion dans un monde aussi effrayant que fascinant … On a véritablement le sentiment de cheminer aux côtés de Shea et de ses compagnons, de traverser ces contrées étranges et inquiétantes qu’on découvre au gré des pages. Bien sûr, certains passages sont peut-être un peu trop descriptifs et brisent parfois le rythme effrénée de l’épopée, mais cela n’a nullement nuit à mon plaisir de lecture, bien au contraire ! Tout comme, d’ailleurs, les nombreux « rappels » d’événements s’étant déroulés quelques chapitres plus tôt, que certains trouvent redondants, mais qui ne m’ont pas perturbé le moins du monde, en particulier lorsque nos héros sont dispersés aux quatre points du pays et que nous passons d’un point de vue à l’autre à chaque chapitre : c’est fort sympathique de remettre les pendules à l’heure pour mieux saisir l’enchainement ou la simultanéité des actions ! Car de l’action, croyez-moi, il y en a, surtout dans la seconde moitié du récit : tout s’enchaine, tout s’emballe, les armées se font face et se jettent l’une sur l’autre, tandis que Shea parvient au terme de son voyage initiatique et fait face à son destin … J’en ai eu la chair de poule, surtout que l’auteur a l’art de passer d’une scène à l’autre au moment le plus critique !

En bref, vous l’aurez bien compris, malgré son apparente banalité, ce premier tome a su me convaincre ! J’ai retrouvé avec joie les frissons que me procuraient mes premières lectures de fantasy, au collège : la course contre la montre est lancée, la lutte entre le bien et le mal atteint son paroxysme tandis qu’un malheureux jeune homme découvre avec effroi que le sort du monde repose sur ses seules épaules … Bien souvent, tout semble définitivement perdu, le désespoir guette protagonistes et lecteur, qui est tellement immergé dans l’histoire qu’il ressent au plus profond de lui-même l’urgence d’agir. Alors bien sûr, L’épée de Shannara n’échappe pas à quelques travers propres au genre – mesdames, ne vous attendez surtout pas à croiser la route de damoiselles dans ce récit, hormis une jolie princesse en danger … –, mais il n’en reste pas moins un incontournable de la fantasy que je conseille fort volontiers, car j’ai passé un très bon moment de lecture ! Il ne reste plus, désormais, qu’à trouver les prochains tomes …

mercredi 23 octobre 2019

La guerre des clans, cycle 3, tome 4 : Eclipse - Erin Hunter


La Guerre des clans, Erin Hunter
Cycle 3, tome 4 : Eclipse

Editeur : Pocket Jeunesse (PKJ)
Nombre de pages : 358

Résumé : À peine rentrés de leur périple dans les montagnes, Nuage de Lion, Nuage de Houx et Nuage de Geai doivent faire face à une nouvelle épreuve : leur territoire est envahi par le Clan du Vent ! Les trois apprentis se jettent à corps perdu dans la bataille. Mais un danger bien plus grand les menace tous : certains combattants sont prêts à renoncer au code du guerrier. Qu’adviendra-t-il des quatre clans s’ils renient les valeurs de leurs ancêtres ?



- Un petit extrait -

« Nuage de Geai frémit. Il savait mieux que ses camarades ce que la disparition du soleil signifiait. L'ère des Clans touchait à sa fin. Pelage de Lion, Feuille de Houx et lui étaient les seuls capables de pouvoir les sauver. »

- Mon avis sur le livre -

Je le reconnais bien volontiers, je ne suis pas très objective vis-à-vis de La guerre des clans : c’est une saga si chère à mon cœur que je laisse passer bien des défauts qui seraient assurément rédhibitoires si je les trouvais dans un livre lambda. Je ne peux pas nier que certains passages sont un peu longuets, que certains schémas sont un peu répétitifs, et je comprends parfaitement que cela puisse en rebuter certains … J’ai par contre du mal à saisir l’intérêt de continuer la lecture de la saga juste pour pouvoir clamer haut et fort que c’est « de plus en plus nul » et que « on n’a même plus envie de savoir la suite » : si cela ne plait plus, pourquoi ne pas arrêter, tout simplement, et laisser les autres aimer en paix plutôt que d’hurler « il faut que ça s’arrête » ? Personnellement, je n’ai pas envie que cela s’arrête, bien au contraire : suivre les Clans au gré des générations, quel plaisir, quelle joie ! J’attends chaque nouveau tome avec l’impatience d’une enfant, et j’espère vraiment que les autrices ne se laisseront pas influencer par les grincheux, et qu’elles continuent à faire rêver les lecteurs passionnés pendant bien des cycles encore !

Après le calme vient la tempête : les tensions entre les quatre Clans sont plus fortes que jamais, et l’inquiétude, la morosité et la nervosité planent comme des nuages d’orage au-dessus des chats de tous les Clans. De retour de leur expédition dans les montagnes, Nuage de Houx, Nuage de Lion et Nuage de Geai doivent aussitôt défendre leur territoire face aux belliqueux guerriers du Clan du Vent, qui reprochent au Clan du Tonnerre de trop se mêler des problèmes des autres et de piétiner le code du guerrier en accueillant chats domestiques, solitaires et étrangers. Et comme si cela ne suffisait pas, voici que le meneur du Clan de l’Ombre déclare ne plus avoir foi en leurs ancêtres, et qu’un mystérieux chat prédit l’obscurité et les ténèbres … Au milieu de ce chaos, les trois jeunes élus se questionnent quant à leur avenir.

Au gré des cycles, les simples guerres de territoire auxquels étaient habitués les quatre Clans se transforment en guerres idéologiques, et je dois avouer que c’est aussi déstabilisant que captivant ! Jusqu’à présent, on approuvait quasi-aveuglément les décisions d’Etoile de Feu, généreux dans l’âme, altruiste dans le cœur : il aidait tous les chats dans le besoin, y compris ceux des autres Clans, y compris les solitaires et chats domestiques, y compris les étrangers des contrées lointaines. Comment ne pas approuver cette bienveillance, cette patte tendue gratuitement vers tous ceux qui sont en difficulté, quelle que soit leur allégeance ? Et pourtant … Pourtant on peut comprendre le point de vue du Clan du Vent, qui voit dans cette attitude une sorte d’ingérence, une sorte de condescendance également. Plus jeune, je m’indignais contre l’ingratitude d’Etoile Solitaire …. aujourd’hui, je comprends un peu mieux sa volonté de prouver qu’il est parfaitement capable de mener seul ses guerriers sans qu’un autre chef ne vienne lui imposer son aide. Bien sûr, tout comme Nuage de Houx, je préférerai que cela se règle sans violence ni conflit, mais l’instinct des chats sauvages est fait ainsi …

Et plus que jamais, l’omniscience et l’omnipotence du Clan des Etoiles sont remises en question, avec l’arrivée de Sol et de ses terrifiantes prédictions, qui finissent par se réaliser alors que les guerriers de jadis restent silencieux. Tandis que certains chats gardent obstinément la foi, d’autres doutent de plus en plus … Nuage de Geai, convaincu d’être plus puissant que ces ancêtres, refusent d’écouter leur sagesse, et je dois bien avouer que j’ai eu plus d’une fois envie de lui mordiller l’oreille pour le faire revenir à la raison ! Surtout que le lecteur de longue date connait bien les chats que le jeune apprenti guérisseur rencontre en rêve, et sait qu’ils sont tout entier dévoués aux leurs, malgré les limites de leur pouvoir. Nuage de Lion aussi mériterait de se faire punir comme un chaton pour montrer aussi peu de discernement face à Etoile du Tigre et ses « recommandations », mais non, il se contente de savourer la puissance meurtrière qui coule dans ses veines, s’en effraye sur le coup mais ne compte rien faire pour y changer quelque chose ! Seule Nuage de Houx trouve vraiment grâce à mes yeux : la jeune chatte a certes bien des défauts, mais je me sens si proche d’elle, qui a peur du changement, qui se raccroche coute que coute au Code du guerrier, qui se demande quelle est sa destinée et si elle mérite vraiment de détenir le pouvoir des étoiles entre ses pattes ...

Car il ne fait aucun doute que l’intrigue tourne bien plus autour de ces trois jeunes apprentis que sur les relations politiques entre les quatre Clans – relations qui restent fort heureusement suffisamment présentes pour ne pas dépayser le lecteur. Outre cette prophétie qui pèse au-dessus de leur existence, aussi palpitante qu’effrayante, on sent que bien des secrets les entourent. Et on se doute bien que tous ces mystères finiront par être dévoilés au grand jour, et ça va faire mal. Je connais désormais suffisamment les autrices pour deviner que ces révélations seront fort tonitruantes, et que cela va bouleverser à jamais la vie de nos jeunes héros … et peut-être même l’avenir-même des Clans. Car c’est finalement quelque chose de récurrent dans la saga : le destin d’un seul chat influe sur celui de tous, chaque individu étant essentiel pour la survie de la collectivité. Du plus minuscule des chatons au plus grognon des anciens, ils ont tous leur place dans le Clan, dans les Clans. Car la défection du Clan de l’Ombre le montre bien : les quatre Clans ont besoin les uns des autres, malgré leurs différents, et quelque chose de terrible approche maintenant que l’équilibre est rompu …

En bref, vous l’aurez bien compris, c’est toujours un réel plaisir que de se plonger dans un nouveau tome de la saga ! Je ne m’en lasse vraiment pas, et je savoure chaque page, chaque chapitre, chaque opus, avec des étoiles dans les yeux et le cœur qui s’emballe ! Alors bien sûr, il y a parfois des longueurs, il y a parfois des redites – mais finalement, n’est-ce pas dans l’ordre des choses que les enfants répètent les erreurs de leurs parents, car ils doivent faire leurs propres expériences pour saisir les règles qu’on leur impose ? –, mais cela ne me dérange personnellement pas le moins du monde. Bien au contraire : c’est cette continuité entre les cycles, malgré les différences d’enjeux et les bouleversements toujours plus grands, qui rend la saga si précieuse à mes yeux. Vous vous en doutez donc, je vais continuer mon marathon avec toujours plus d’enthousiasme, et je vous invite vraiment à vous plonger dans cette saga ! Il y a bien plus de choses de dites qu’on ne peut le penser au premier abord (je vous assure que ce n’est pas une « simple histoire de chats sauvages » !).