samedi 26 octobre 2019

Shannara, tome 1 : L'épée de Shannara - Terry Brooks


Shannara1, Terry Brooks
L’épée de Shannara

Editeur : Bragelonne
Nombre de pages : 391
Résumé : Lorsque Shea Ohmsford vit pénétrer l'étranger dans l'auberge, il sentit que son destin venait de basculer. Qui aurait pu deviner qu'il était, lui, le paisible demi-elfe vivant au sein de sa famille d'adoption à Valombre, le dernier héritier de la lignée de Jerle Shannara ? Jerle, dont l'épée permit, il y a cinq cent ans de cela, de détruire le maléfique Roi-Sorcier Brona et ses hordes démoniaques. Or voilà qu'il se murmure, dans les lointaines Terres du Nord, que le Roi-Sorcier est de retour, et qu'il réunit ses armées pour déferler à nouveau sur le monde. Seul un descendant de Jerle, portant la légendaire épée de Shannara, pourrait défaire le mal. Shea acceptera-t-il cet oracle trop grand pour lui ?

- Un petit extrait -

« Ses yeux s’étant accoutumés à l’obscurité, il voyait l’homme plus clairement. C’était bien un humain. Mais d’une taille anormale, car il mesurait au moins sept pieds. Même si son manteau noir le dissimulait en grande partie, il paraissait assez mince. Et malgré le capuchon baissé, Flick vit ses traits : un visage long et ridé taillé à la serpe, des yeux profondément enfoncés dans leur orbite et presque cachés par des sourcils broussailleux, un nez long et pourtant épaté, un collier de barbe noire soulignant de grandes lèvres minces… L’effet était effrayant. Flick lutta contre l’envie de courir jusqu’à la lisière de la forêt. »

- Mon avis sur le livre -

Je ne le redirai jamais assez : qu’est-ce que j’aime les bourses aux livres ! Non pas que j’aime particulièrement les livres d’occasion (souvent abimés, alors que je n’aime pas les livres abimés), mais bien parce que cela me permet de « prendre des risques » à moindre coût (et donc, si par malheur le livre choisi ne me plait pas, j’ai moins de regrets à avoir perdu 50 centimes que 22 euros …). Autant je n’achète en neuf que les « valeurs sûres », autant je m’autorise donc plus de « folies » lors des bourses aux livres – ressortant généralement avec l’équivalent d’un caddie de supermarché rempli à ras bord d’ouvrages de young-adult, de fantasy et de science-fiction. Et la plupart du temps, c’est un pari gagnant : je fais ainsi de très belles découvertes que je n’aurai assurément pas faites en me cantonnant au neuf, car je n’aurai pas osé prendre le même risque … Ce premier tome de la trilogie Shannara est entré dans ma bibliothèque par l’intermédiaire d’une de ces bourses aux livres … Verdict ? Je vous le dit très vite !

Shea le demi-elfe vit une petite vie tranquille aux côtés de son père et de son frère adoptifs … Jusqu’au jour où débarque un effrayant étranger nommé Allanon, qui affirme qu’il est un lointain descendant du légendaire Jerle Shannara et qu’il est le seul à pouvoir manier la toute aussi légendaire Epée de Shannara, seule arme capable de vaincre le terrible Roi-Sorcier, de retour après des siècles de ruminations vengeresses. Du jour au lendemain, sa petite existence bascule : contraint de fuir en vitesse son petit village tranquille, le voici sur les chemins, pour mener une quête qui dépasse de loin tout ce qu’il pouvait imaginer. La petite compagnie qui s’est formée autour de son humble petite personne – il ne parvient toujours pas à accepter son héritage royal, lui le simple fils d’aubergiste – parviendra-t-elle à récupérer cette Epée mythique avant le Roi-Sorcier ? Et surtout, saura-t-il s’en servir pour mettre fin au règne de cette immonde créature des ténèbres ?

Beaucoup « reprochent » à ce classique de la fantasy d’être trop « classique » … J’ai envie de dire : c’est un peu le propre des classiques, non ? Alors oui, on ne va pas se mentir, au premier abord, L’épée de Shannara est un roman de high fantasy tout ce qu’il y a de plus banal … Un  jeune héros, un peu perdu, qui ne connaît pas grand-chose au-delà de son village natal, qui se révèle être l’élu destiné à vaincre une bonne fois pour toute le mal incarné et à sauver ainsi son monde en proie aux ténèbres, guidé par un vieux magicien mystérieux et accompagné dans sa quête par un petit groupe hétéroclite. Mais tandis que certains considèrent cette « banalité » comme un manque profond d’originalité, voire même pour du plagiat d’une autre œuvre, je considère quant à moi que c’est justement cette « stricte conformité » aux codes du genre comme quelque chose de profondément rafraichissant. C’est bien beau l’originalité à gogo, mais quel plaisir de retrouver un vrai ouvrage de high fantasy tout ce qu’il y a de plus classique, justement ! Cela faisait tellement longtemps que je n’avais pas croisé la route d’un roman aussi profondément ancré dans le genre, et c’est à mes yeux un vrai régal !

Et cela d’autant plus que le jeune héros en question est vraiment très attachant, avec son idéalisme, sa naïveté, sa fragilité, qui donnent le sentiment qu’il n’est véritablement pas à sa place dans cette quête aux enjeux démesurés. Balloté par les événements, Shea n’a plus aucune prise sur son existence : il se laisse guider, dépassé par cette guerre et par le rôle qu’il est censé y jouer, lui, le petit demi-elfe qui n’a que si rarement quitté son village. Entouré par des guerriers et stratèges aguerris, sous les ordres d’un druide aussi puissant qu’omniscient, le jeune homme est envahi par la terrible impression de n’être qu’un boulet, qu’il faut protéger alors qu’il est censé être le sauveur de ce monde. Sera-t-il à la hauteur des attentes qu’on place en lui ? Au fil de la route, au fil des péripéties, au fil des mésaventures, nous suivons ce héros en devenir … Avec toujours cette petite incertitude au cœur et à l’âme : vaincra-t-il le Roi-Sorcier, ce rejeton du mal, cet adepte des arts sombres, cet être tout entier consumé par la haine et l’avidité ? Oui, c’est assez manichéen, je l’admets, mais ça fait partis des charmes du genre … Le bien, le mal, la lumière, l’obscurité, la lutte incessante entre les deux et l’envie viscérale de voir le héros triompher du méchant. C’est ce que je cherche quand je me lance dans une saga de high fantasy, et c’est ce que m’a offert L’épée de Shanara.

Terry Brooks m’a également offert une véritable immersion dans un monde aussi effrayant que fascinant … On a véritablement le sentiment de cheminer aux côtés de Shea et de ses compagnons, de traverser ces contrées étranges et inquiétantes qu’on découvre au gré des pages. Bien sûr, certains passages sont peut-être un peu trop descriptifs et brisent parfois le rythme effrénée de l’épopée, mais cela n’a nullement nuit à mon plaisir de lecture, bien au contraire ! Tout comme, d’ailleurs, les nombreux « rappels » d’événements s’étant déroulés quelques chapitres plus tôt, que certains trouvent redondants, mais qui ne m’ont pas perturbé le moins du monde, en particulier lorsque nos héros sont dispersés aux quatre points du pays et que nous passons d’un point de vue à l’autre à chaque chapitre : c’est fort sympathique de remettre les pendules à l’heure pour mieux saisir l’enchainement ou la simultanéité des actions ! Car de l’action, croyez-moi, il y en a, surtout dans la seconde moitié du récit : tout s’enchaine, tout s’emballe, les armées se font face et se jettent l’une sur l’autre, tandis que Shea parvient au terme de son voyage initiatique et fait face à son destin … J’en ai eu la chair de poule, surtout que l’auteur a l’art de passer d’une scène à l’autre au moment le plus critique !

En bref, vous l’aurez bien compris, malgré son apparente banalité, ce premier tome a su me convaincre ! J’ai retrouvé avec joie les frissons que me procuraient mes premières lectures de fantasy, au collège : la course contre la montre est lancée, la lutte entre le bien et le mal atteint son paroxysme tandis qu’un malheureux jeune homme découvre avec effroi que le sort du monde repose sur ses seules épaules … Bien souvent, tout semble définitivement perdu, le désespoir guette protagonistes et lecteur, qui est tellement immergé dans l’histoire qu’il ressent au plus profond de lui-même l’urgence d’agir. Alors bien sûr, L’épée de Shannara n’échappe pas à quelques travers propres au genre – mesdames, ne vous attendez surtout pas à croiser la route de damoiselles dans ce récit, hormis une jolie princesse en danger … –, mais il n’en reste pas moins un incontournable de la fantasy que je conseille fort volontiers, car j’ai passé un très bon moment de lecture ! Il ne reste plus, désormais, qu’à trouver les prochains tomes …

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