Editeur : Autoédition
Nombre
de pages : 290
Résumé : « Comment aurais-je pu imaginer que ce 21
juin 2034, jour lumineux du solstice d’été et de mon dix-septième anniversaire,
serait aussi celui de ma disgrâce ? » En quelques heures, le destin de Jasmine
bascule. Obligée de quitter son village et sa vie préservée pour sauver son
fiancé, elle découvre qu’il existe au-delà des frontières un monde dont elle ne
sait rien et qui recèle autant de menaces que de promesses. Cette découverte va
faire vaciller ses convictions…
Un grand merci à Adriana
Kritter pour l’envoi de ce volume (et la petite dédicace) et à la plateforme SimPlement
pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Nous voulions créer un monde plus juste, plus harmonieux. Et c'est ce que nous avons fait. Nous avons décidé de vivre en autarcie, comme nos ancêtres, et de respecter au maximum la nature à qui nous devons tout. C'est ainsi qu'ont été créées nos lois. »
- Mon avis sur le livre -
Comme beaucoup de grands lecteurs, j’ai toujours
un roman dans mon sac quand je sors de chez moi, même lorsque je sais
pertinemment que je n’aurai pas le temps de lire : on ne sait jamais, je
trouverai peut-être un petit peu de temps pour avancer dans ma lecture ! Dès
que cela m’est possible, je sors prestement mon compagnon du jour du sac et je
dévore quelques pages par-ci, quelques pages par-là … On ne s’ennuie jamais
lorsque l’on a un livre avec soi ! C’est ainsi qu’hier, au lieu de rester
sans rien faire pendant que mes parents signaient le devis pour la demande de
permis de construire, j’ai attrapé Exilée qui attendait patiemment d’être entamé et
je me suis plongée avec joie dans cette dystopie qui me semblait incroyablement
prometteuse … Le moins que l’on puisse dire, c’est que mon intuition était
juste : quel merveilleuse lecture, quelle fantastique découverte !
Jasmine vient d’avoir dix-sept ans … mais ce
jour d’anniversaire est loin d’être des plus réjouissants, bien au contraire.
Suite à un terrible accident qui a laissé son fiancé entre la vie et la mort,
la jeune fille est jugée responsable de ce tragique événement : si elle ne
s’était pas rendu en forêt malgré l’interdiction du chef du village, Hélias n’aurait
pas eu besoin de venir l’y chercher, et l’ourse ne l’aurait pas grièvement
blessé … De plus, si elle était sagement restée au village, Jasmine n’aurait
pas tué ce pauvre animal, et ne serait pas présentement enfermée en attente de
son jugement. Car un tel crime de sang mérite une punition exemplaire … Mais
jamais Jasmine n’aurait imaginé que sa peine serait ainsi cruelle que le bannissement
… Désemparée, envahie par la culpabilité et l’inquiétude, Jasmine décide de
tenter le tout pour le tout pour sauver son fiancé : en suivant les
indications de la guérisseuse du village, la jeune fille va braver les
interdits et se rendre au-delà de la rivière, dans ce territoire qui effraye
tant les villageois, à la recherche d’une médecin capable de sauver Hélias …
Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre lorsque
j’ai commencé ce livre, mais une chose est sûre, il a dépassé de très loin
toutes mes espérances ! Tout commence avec le bannissement de Jasmine,
conséquence directe de son escapade en forêt et de l’accident qui en découla. L’auteur
ne perd pas de temps à nous expliquer en détail le mode de fonctionnement du
village : elle se contente de nous mettre devant le fait accompli, Jasmine
est bannie pour avoir mis en danger un membre de la communauté et avoir bafoué
les règles ancestrales en tuant un animal. On est directement plongé dans l’action,
d’autant plus que les chapitres sont assez courts et que les différents
rebondissements s’enchainent rapidement : si je suis d’ordinaire assez peu
réceptive aux récits où les péripéties se succèdent à un rythme effréné, je
dois bien admettre m’être laissée entrainée sans m’en rendre compte ! L’histoire
avance vite, sans temps morts, sans éléments superflus … Et même si j’apprécie
habituellement les récits proposant un certain équilibre entre péripéties et
interludes plus « calmes », il faut reconnaitre que ce premier tome
rempli à merveille son rôle : faire passer au lecteur un excellent moment
de lecture en sa compagnie !
Bien plus qu’un simple divertissement, l’auteur
nous offre également une dystopie très efficace. En premier lieu est ainsi
abordé notre rapport à la nature et, plus précisément, la façon dont nous
traitons les animaux. La souffrance animale est ici abordée sans le moindre
filtre, et certaines scènes m’ont tout simplement retourné le cœur et fait
monter les larmes aux yeux : comment les hommes, censés être plus
civilisés que les animaux, peuvent-ils faire subir à ces derniers de tels
supplices ? J’ai toujours été effarée par le manque de respect dont l’homme
fait preuve à l’encontre des animaux … Que nous mangions de la viande, pourquoi
pas, l’être humain étant par nature un carnivore au même titre que d’autres mammifères,
mais que nous nous permettions de faire souffrir ainsi des animaux, c’est
quelque chose qui m’a toujours révoltée … et on sent bien qu’il en est de même
pour l’auteur. Une vache destinée à l’abattoir mérite autant de respect que le
chat que nous aimons avoir sur les genoux, et il est de notre responsabilité, à
nous qui nous permettons d’exploiter ces pauvres bêtes pour notre alimentation,
de faire les choses correctement en les traitant correctement.
Mais une autre thématique est également
abordée dans ce récit, avec beaucoup de finesse et de lucidité. L’auteur ne se
contente ainsi pas de dénoncer les dérives de la recherche scientifique avec
les expérimentations sur des sujets vivants, ce que bien des auteurs de
dystopie ont déjà fait. Non, elle questionne directement le bien-fondé de cette
recherche : à vouloir sans cesse jouer avec l’ordre naturel des choses, ne
risquons-nous pas de faire pire que mieux ? Adriana Kritter ne s’arrête
pas uniquement à la quête de l’immortalité qui anime l’homme depuis toujours.
Elle évoque également, à demi-mots, la « course au confort » de notre
société actuelle : lorsque j’étais petite (et cela ne remonte pas si loin
que cela), lorsque l’on avait un rhume, on prenait notre mal en patience. On
sortait les mouchoirs, on se contentait de lait chaud avec du miel pour apaiser
notre gorge irritée, et on attendait quelques jours que ça aille mieux.
Maintenant, on se gave de pastilles pour la gorge, de sirop pour la toux, de
sprays nasals pour mieux respirer, de comprimés pour la fatigue … sans même
réfléchir à ce que nous sommes en train d’ingérer, parce qu’il ne faut surtout
pas s’imaginer que ces produits sont inoffensifs ! Dans ce roman, la
situation est poussée à l’extrême puisque les maladies, ou plutôt le principe
même de la maladie, a été éradiquée : plus personne n’attrape de rhumes ou
d’angines, ce n’est pas merveilleux ? Au premier abord, si, c’est
tellement plus agréable … mais les conséquences de ce « miracle de la
science » sont assez dramatiques. Bien évidemment, nous n’en sommes pas
là, mais ce livre invite à remettre les choses à leur place : pour les
petites maladies inoffensives, avons-nous réellement besoin de ces produits
chimiques néfastes au long terme, ou ne pouvons-nous donc pas plutôt accepter d’avoir
le nez bouché et la voix enrouée pendant deux petits jours ?
En bref, un roman aussi sympathique qu’intéressant,
qui plaira autant aux lecteurs avides d’aventure que les lecteurs passionnés de
romans d’anticipation. Derrière cette couverture sobre se cache une dystopie
vraiment efficace, mais aussi une belle histoire d’amitié qui prend finalement
plus de place que la romance que laisse pourtant présager la quatrième de
couverture. Des personnages terriblement attachants (mention spéciale à Gary, à
son sale caractère et à son cœur d’artichaut bien caché derrière ses airs de
brute épaisse et insensible !), une histoire qui mêle action, mystère,
émotion et humour, une plume tout simplement magnifique … Que pourrait-on
demander de plus ? Peut-être le tome deux : la fin de ce premier
volume est tout simplement éprouvante pour les nerfs, elle vous laisse sur
votre faim, elle vous fait pousser des hurlements de protestations (« nan
mais c’est pas vrai, elle ne peut pas nous laisser avec une fin pareille ?! »
… si, si, elle peut, et elle l’a fait) … Bref, de la même manière que vous ne
pourrez plus vous arrêter de lire une fois que vous aurez commencé ce livre,
vous ne pourrez plus vous empêcher d’attendre continuellement la suite une fois
que vous l’aurez terminé !
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)