dimanche 25 mars 2018

La légende des quatre, tome 1 : Le clan des loups - Cassandra O'Donnell


La légende des quatre1, Cassandra O’Donnell
Le clan des loups

Editeur : Flammarion jeunesse
Nombre de pages : 352
Résumé : Ils sont quatre, héritiers de leurs clans … Ils doivent s’unir pour survivre. Loup, tigre, serpent, aigle : quatre clans ennemis. Les Yokaïs, créatures tantôt humaines, tantôt animales, vivent dans une harmonie fragile. Maya, l’héritière du clan des loups, et Bregan, du clan des tigres, sont les garants de la paix. Mais pourront-ils résister à leurs instincts profonds pour sauver leurs tribus ?

Un grand merci aux éditions Flammarion jeunesse pour l’envoi de ce volume !


- Un petit extrait -

« Elle savait – ou plutôt elle « sentait » - instinctivement que négliger l’une de ses formes risquait de provoquer un dangereux déséquilibre intérieur et que l’humaine et la bête qui guidaient son cœur et son esprit étaient les deux facettes d’un seul et même tout. »

- Mon avis sur le livre -

Cela faisait tellement longtemps que je n’avais pas dévoré un roman d’une seule traite, sans faire la moindre pause, que j’avais totalement oublié à quel point il était rafraichissant de se déconnecter complétement de notre monde l’espace de quelques heures afin de s’immerger complétement dans un autre univers ! Comme il est bon de perdre la notion du temps, d’oublier ses soucis, de tout simplement se laisser porter par une histoire sans penser à autre chose ! J’avais beau me douter que j’allais passer un bon moment de lecture en compagnie de ce livre à la couverture incroyablement magnifique, je ne m’attendais pas une seule seconde à être à ce point happée par cette histoire ! Quoi qu’en pensent ceux qui me conseillent « pour mon bien » de passer à de la littérature « de mon âge », il n’y a que la littérature jeunesse qui parvient à ce point à me captiver et à me faire me sentir aussi bien … Et c’est bien pour cela que je ne suis pas leurs conseils « bienveillants » !

Quatre clans, quatre territoires, quatre héritiers. Bien que se cotoyant chaque jour à l’école, situé en plein territoire neutre, Bregan et Maya ont l’interdiction formelle de se parler : il est l’héritier du clan des tigres, elle est l’héritière du clan des loups. La guerre a beau être terminée depuis des années, la paix reste fragile, et la moindre étincelle risque de plonger les clans dans le chaos. Les deux jeunes gens ont toutefois bien du mal à respecter ce silence imposé : un danger rôde, et il menace l’ensemble des Yokaïs, tous clans confondus. Lorsqu’un loup, puis un tigre, périssent mystérieusement, et que des humains tentent de les assassiner, Bregan et Maya s’allient avec Wan, héritiers du clan des serpents, et Nel, héritière du clan des aigles, afin de déterminer et d’éliminer la menace qui pèse sur leurs tribus respectives …

Comme tous bons premiers tomes qui se respectent, Le clan des loups pose le contexte et présente les personnages clés du cycle. Cependant, cette introduction ne signifie nullement que ce premier volume est dénué d’action, bien au contraire ! Dès les premiers chapitres, l’auteur met en évidence la tension qui règne entre les clans des loups et des tigres, on comprend que la guerre semble à deux doigts d’éclater … et on comprend également que Bregan et Maya vont avoir un rôle à jouer dans cette intrigue qui s’annonce plus complexe qu’on ne pouvait l’imaginer au premier abord. En effet, on se rend progressivement compte que les conflits opposant les quatre clans de Yokaïs - créatures mi-humaines mi-animales - ne sont que la partie émergée de l’iceberg : la véritable hostilité vient des hommes … Bregan et Maya ont bien compris que « l’union fait la force », et vont donc devoir mettre de côté leur animosité réciproque et héréditaire pour repousser ce danger qui menace autant les loups que les tigres, les aigles que les serpents. Sous de faux airs de Roméo et Juliette, ce roman montre ainsi que l’amitié peut naitre entre des membres de familles ennemies, si tant est que chacun ose remettre en question ses croyances, affirmer ses convictions et défier les traditions et autres héritages du passé. L’esprit de coopération est valorisé à travers ce livre, et c’est bienvenu dans notre société où nous avons malheureusement tendance à nous méfier les uns des autres et où le lien social est de moins en moins fort …

Contrairement à certains romans destinés au jeune public, La légende des quatre ne sombre jamais dans l’infantilisation du lecteur : un vocabulaire riche et varié, une narration fluide mais soignée, mais surtout, une intrigue qui n’a absolument rien de « simpliste » ou de « mièvre », voilà ce qu’offre ce livre ! Cela commence par les personnages : quelle richesse de caractère, quelle complexité de personnalité ! A part le petit Mika, 6 ans, qui représente à lui-seul l’insouciance et la fraicheur de l’enfance, et qui est donc indéniablement « gentil et mignon tout plein », les protagonistes ne sont ni tout blancs ni tout noirs. Wan, pour ne citer que lui, n’a rien du héros irréprochable que l’on s’attend généralement à trouver dans un livre pour « jeunes lecteurs » : calculateur, froid, acerbe, pragmatique, il donne la mort sans hésiter si cela peut servir ses intérêts … Mais il n’est pas, non plus, un de ces méchants dont le héros va se débarrasser pour que triomphe « le bien » : Wan reste un jeune homme qui cherche à protéger les siens, et auquel on finit par s’attacher malgré ses remarques cinglantes. Bregan, Maya et Nel sont dans la même veine : ils ne sont ni des saints ni des démons, ils sont juste humains avec leurs qualités et leurs défauts. Ces personnages ne détonneraient pas dans un récit « pour plus grands », bien au contraire !

Même constat pour l’histoire à proprement parler : l’auteur offre à son lectorat une intrigue riche et étonnamment complexe, qui mêle action et émotion, gravité et légèreté … Il y en a pour tous les gouts : ceux qui aiment l’humour noir accueilleront les interventions de Wan avec délice, ceux qui préfèrent les bonnes bagarres bien sanguinolentes en trouveront … et ceux qui apprécient au contraire les jolies histoires d’amour et d’amitié y trouveront parfaitement leur compte également. J’ai énormément apprécié cet équilibre entre des passages assez paisibles et même mignons et drôles (la plupart des chapitres concernant le petit Mika rentrent dans cette catégorie, mais également certains dialogues) et des moments plus sombres et plus violents, sans jamais être choquants ou effrayants. Si certains auteurs jeunesse évitent soigneusement d’intégrer la moindre petite blessure à leur histoire de peur de traumatiser ces pauvres petits enfants, Cassandra O’Donnell a quant à elle comprit qu’ils ne sont pas en cristal et n’hésite par conséquent pas à placer quelques cadavres par ci par là, quelques menaces musclées de-ci de-là … Elle offre, finalement, à ces jeunes lecteurs la même chose qu’aux plus grands : un récit complet. Une petite pincée de romance (que certains jugeront peut-être trop prévisible, trop insipide, mais que je trouve pour ma part bien amenée et assez mignonne, admettons-le) pour une grande dose d’action (et le soupçon de suspense qui va avec pour faire battre notre petit cœur de fébrilité) … sans oublier bien sûr cette bonne trace de mystère qui nous donne envie de dévorer page après page sans jamais s’arrêter !

En bref, un premier tome fantastique, très bien écrit, qui happe le lecteur du début à la fin. Des personnages terriblement attachants, malgré et peut-être grâce à leur part animale qui les rends certes plus violents et impulsifs mais également plus loyaux et moins hypocrites que bien des humains ; une intrigue déjà bien riche en rebondissements et en actions et qui ne demande qu’à se poursuivre dans les tomes à venir … Une jolie histoire d’amitié et de tolérance, de solidarité et de courage, d’amour et de fidélité, qui fera battre le cœur des petites filles comme des petits garçons, mais également celui des grandes filles et des grands garçons. Un livre à mettre entre toutes les mains, à condition d’aimer les histoires qui avancent vite sans s’embarrasser de détails inutiles, les histoires vivantes qui vont à l’essentiel sans s’encombrer de longues descriptions superflues, les histoires efficaces qui racontent une histoire sans faire de détours ! Mais surtout, voici un livre qui permet de s’évader, de rêver, d’oublier un peu son quotidien et de renouer un peu avec l’enfant qui sommeille encore en nous … car n’oubliez jamais : l’important n’est pas de lire « des livres de notre âge », mais bien des livres qui nous plaisent et qui nous font du bien !

Ce livre a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus d’explications sur cet article)

2 commentaires:

  1. Je vois ce livre de plus en plus dans le monde livresque, je devrais peut-être me laisser tenter ...

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