Le dragon renégat
Editeur : Flammarion
Nombre de pages : 397
Résumé : Dans un laboratoire de l’empire d’Omois, deux êtres s’affrontent. Mais le seul témoin de l’entrevue est un corps sans vie. Qui fera parler le cadavre ? Certes pas Tara Duncan. La jeune sortcelière a fort à faire sur Terre. Sa magie, devenue trop puissante pour elle, serait due à une manipulation génétique qui la mettrait en danger de mort. De plus, des ennemis monstrueux menacent la planète et contraignent Tara à porter secours à un jeune Terrien aux pouvoirs surhumains. C’est inquiète mais déterminée que l’héritière impériale se dirige vers l’Angleterre et Stonehenge.
« Soudain elle s'interrompit et eut un sourire radieux.
- Hé, mais pourquoi je m'en fais, moi, j'adore me battre ! Si c'est un traquenard, c'est super ! Un mystérieux inconnu va essayer de tuer Tara, on va lui sauver la vie, taper sur un tas de gens et tout va se terminer par un banquet sur AutreMonde !
Fabrice se mit à rire.
- Fafnir, j'ai l'impression d'entendre Obélix, parfois ! Si tout pouvait être aussi simple, ce serait fantastique ! »
Ces dernières années, je me suis laissée complétement submergée par ce blog et par la frénésie des challenges : entre les services presse à traiter dans un temps donné et les consignes à valider dans un temps imparti, j’en ai quelque peu oublié de me faire plaisir. Et même si cela m’a permis de faire de très belles rencontres, ainsi que de très belles découvertes littéraires, je crois que le temps est venu de dire enfin « stop ». Cela ne veut pas dire que je n’accepterai plus aucun service presse, ni que j’abandonne tous mes challenges, cela veut tout simplement dire qu’ils passeront désormais au deuxième plan, après mes envies du moment. Plus question d’avoir une pile de dix services presse à écluser dans le mois, m’empêchant de lire autre chose. Plus question d’avoir des challenges contraignants qui me dictent mes lectures sans me laisser la moindre marge de manœuvre. Il est grand temps pour moi de laisser à nouveau mon cœur choisir ce que je veux vraiment lire, comme je le faisais avant de découvrir la blogosphère et les challenges littéraire ! Et je me rends compte que ce qui m’a le plus manqué ces dernières années, c’est de me replonger dans mes sagas d’enfance et d’adolescence … En 2021, j’ai enfin pris la peine de rattraper tout le retard accumulé dans La guerre des clans, et désormais, l’heure est venue de reprendre mon Tarathon interrompu depuis presque cinq ans … et clairement, c’est le bonheur à l’état pur que de retrouver Tara et des joyeux compagnons !
Après avoir, une fois de plus, vaincu le terrible et mystérieux Magister et sauvé l’univers des hordes de démons prêts à l’envahir, la jeune et puissante Héritière du noble et puissant Empire d’Omois s’est … tout simplement volatilisée. Tandis que ses amis, sa famille et AutreMonde tout entier se lancent à sa recherche, craignant le pire (Tara ayant une prédisposition à se faire kidnapper par toutes sortes d’individus en quête de puissance ou de vengeance, si ce n’est les deux à la fois), la jeune fille pose le premier jalon de son grand projet secret : faire revenir son défunt père d’entre les morts et reconstituer enfin sa famille … Lorsque ses compagnons la retrouvent enfin sur Terre, ils n’ont pas le temps de se réjouir : non seulement sa magie surpuissante, due à une manipulation génétique, menace de la consumer entièrement (en détruisant au passage la planète sur laquelle elle se trouve), un groupe de Harpies mercenaires s’en prend violemment à leur groupe, semblant prendre pour cible privilégiée le demi-elfe Robin. Mais ce n’est pas tout : elles ont également reçu comme mission d’enlever un jeune sortcelier anglais. Refusant de laisser ce pauvre garçon entre les griffes empoisonnées de ces horribles bestioles, et encore moins entre les mains de leur dangereux et mystérieux commanditaire, Tara et ses compagnons se mettent aussitôt en route pour l’Angleterre. Direction Stonehenge, là où son grand-père Ménélas a disparu bien des années auparavant …
Je dois bien le reconnaitre, même si je n’aime pas trop émettre de bémol sur cette saga si chère à mon cœur : ce tome est clairement l’un de ceux qui me laissent le plus mitigée. La faute, tout simplement, à l’irruption toujours plus affirmée d’une sous-intrigue qui non seulement ne m’intéresse pas plus que ça, mais a de plus tendance à m’agacer au plus haut point : les amourettes adolescentes. Entre Moineau et Fabrice qui semblent soudainement avoir perdu les trois-quarts de leurs capacités intellectuelles depuis qu’ils se sont mis en couple, Cal qui court après celle qui a voulu l’égorger pour lui demander de sortir avec lui, et surtout Robin et Tara qui passent leurs journées et leurs nuits à penser l’un à l’autre en louant mentalement les « qualités » de l’autre, sans parler de Xandiar et Séné qui semblent prêts à roucouler dans les bras l’un de l’autre … J’ai passé la moitié du roman, si ce n’est plus, à lever les yeux au ciel en regrettant de ne pas pouvoir distribuer des baffes à tout ce petit monde pour leur intimer de laisser leurs hormones tranquilles et de se concentrer sur ce qui est important. Un petit peu, ç’aurait pu être romantique, mais là, on sombre purement et simplement dans le pathétique. Ça m’énerve à la fois parce que c’est bourré de niaiseries absolument dégoulinantes, mais aussi et surtout car ce que je trouvais le plus beau, dans cette saga, c’était vraiment leur groupe d’amis : ça vient tout briser, et c’est vraiment dommage.
Et ça l’est d’autant plus que sinon, ce tome est vraiment celui où commencent « les choses sérieuses ». Dans ce tome, on commence vraiment à saisir toute la complexité de l’histoire : dans ce tome, complots et machinations diverses et variées s’entremêlent, formant un enchevêtrement qui semble inextricable, dans ce tome, révélations et rebondissements s’enchainent, s’accumulent, se multiplient, c’est grandiose et éblouissant. A chaque fois qu’on a le sentiment d’avoir saisi une partie du mystère, à chaque fois qu’on a l’impression d’avoir compris le fin mot de l’histoire, un nouveau coup de théâtre vient tout bouleverser : rien n’est jamais aussi simple qu’on ne l’imagine au premier abord, et c’est absolument passionnant de tenter de démêler les nœuds des différentes intrigues. Je sais que bien des lecteurs sont quelques peu déçus d’apprendre que la puissance de Tara est la résultante de centaines d’années de manipulations génétiques, mais pour ma part, je trouve cela bien plus intéressant que si c’était naturel : ça atténue un petit peu son côté « Mary-Sue » que les mêmes lecteurs déplorent, pour ajouter un surplus de tension à l’ensemble. Car non seulement on ne sait pas vraiment qui est derrière ce programme d’augmentation du potentiel génétique (et on ne sait donc pas ce que ce « qui » recherche vraiment, car on connait désormais assez bien Sophie pour savoir que non, ce n’est clairement pas pour « le bien commun »), mais en plus, cette magie trop puissante risque de tuer Tara et tous ceux qui se trouveront sur la même planète qu’elle lorsqu’elle explosera …
Autant vous dire qu’on dévore chapitre après chapitre pour savoir comment tout ceci va se terminer ! Car tome après tome, les « happy end » se font nettement plus nuancées : oui, bien sûr, Tara et ses compagnons arrivent généralement à s’en sortir, à contrecarrer les plans du grand méchant et à sauver tout le monde in extremis, mais le prix à payer est généralement bien plus élevé à chaque fois. Désormais, on ne peut plus s’accrocher coute que coute à la certitude que « tout sera bien qui finira bien » : on sait que pour gagner, nos héros devront renoncer un peu plus encore à leur innocence, à leur insouciance, à leur enfance. On sait qu’ils ne sortiront pas indemnes de cette épreuve, de cette confrontation : il y aura forcément des blessures, des fêlures, non seulement au corps mais aussi et surtout au cœur et à l’âme. Petit à petit, l’ambiance très colorée laisse place à une ambiance un peu plus sombre … et ça n’est pas pour me déplaire, car ça ajoute encore à la tension dramatique, ce côté bien moins « enfantin », moins fantasque. Mais dans le même temps, j’apprécie énormément l’humour toujours plus grandissant de Sophie : c’est pareil, on quitte un humour fait de jeux de mots et de blagues pour s’orienter vers un humour plus ironique, plus sarcastique, plus subtil mais autrement plus décapant. Certaines scènes sont absolument cocasses, certains dialogues sont à mourir de rire, et ça apporte une fraicheur bienvenue dans l’ensemble plutôt morose de cette course contre la montre infernale …
En bref, vous l’aurez bien compris, presque quinze ans après ma découverte de la saga, mon verdict reste toujours le même : je suis conquise, purement et simplement ! Je sais que Tara Duncan n’est pas exempte de défauts, qu’il y a certains clichés et stéréotypes qui peuvent rebuter certains lecteurs un peu trop sérieux pour leur propre bien … mais pour ma part, la magie opère encore et toujours ! C’est justement ce que j’aime tant, le fait que Sophie ne laisse rien ni personne brider son imagination, qu’elle nargue allégrement ceux qui voudraient la contraindre à rentrer dans le moule de la bien-pensance du moment : on sent que ce qu’elle cherchait en écrivant cette saga, c’était de faire rire et rêver ses lecteurs tout en s’amusant elle-même … Et c’est justement parce qu’elle n’hésite jamais à aller à contre-courant des normes que cette saga est absolument unique, et donc absolument géniale ! J’ai coutume d’appeler Tara Duncan « mon antidépresseur littéraire le plus efficace », et je pense d’ailleurs que l’une des raisons pour lesquelles je me suis progressivement enfoncée dans la déprime ces dernières années, c’est parce que je n’avais plus ma petite dose annuelle de fou-rires et d’évasion. Ça peut paraitre étrange, mais quand je retourne sur AutreMonde, j’ai immédiatement le sentiment d’être plus légère, plus souriante : ça me fait du bien, et ça peut aussi vous faire du bien, il suffit de retrouver son âme d’enfant, bien enfouie sous notre carapace d’adulte sérieux et responsable, et vous verrez, ça marche à tous les coups !