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mercredi 26 janvier 2022

The Old Republic, tome 4 : Annihilation - Drew Karpyshyn

The Old Republic4, Drew Karpyshyn

Annihilation

 Editeur : Pocket

Nombre de pages : 413

Résumé : L'Empire Sith est en pleine mutation. L'Empereur est porté disparu, et la tentative d'un ambitieux Seigneur Sith de le remplacer s'est soldée par un échec. Dark Karrid, l'ancien Jedi passé du Côté Obscur, poursuit son inlassable conquête de la Galaxie, aux commandes du redoutable vaisseau impérial Haute Lance. Sa détermination sans faille doit faire face à celle de Theron Shan qui a encore des comptes à régler avec l'Empire. Il ne manie pas la Force, bien qu'il soit le fils d'une célèbre Jedi. Agent secret de la République, c'est la personne idéale pour mettre fin au règne de la Haute Lance.

 

- Un petit extrait -

« - Et si je démissionnais ?

- Vous ne le ferez pas, lâcha Marcus. La République vous tient trop à cœur pour que vous abandonniez sa cause.

- Je pourrais m'engager dans les forces militaires, menaça Theron.

- Pour être obligé de saluer vos supérieurs ? Obéir aux ordres ? Beugler "Monsieur, oui monsieur !" vingt fois par jour ? Bien sûr... »

- Mon avis sur le livre -

 S’il y a bien un paradoxe qui me laisse particulièrement perplexe dans notre société, c’est bien le fait que, d’un côté, nous martelons à nos jeunes ouailles influençables que seules les matières scientifiques sont dignes d’intérêt – « tu aimeras les sciences, mon gamin, et ne t’avise surtout pas d’apprécier l’histoire ! » –, mais que, de l’autre côté, nous continuions à décourager ces mêmes jeunes ouailles influençables de lire de la science-fiction – « ah non, si tu veux lire, tournes toi vers de la vraie littérature, au moins, lis-moi donc le dernier Goncourt ! » … J’ai le souvenir très vivace d’une professeure de français, qui semblait particulièrement ravie de me voir si régulièrement aller au CDI pour emprunter des livres, se mettre à grimacer (pour ne pas dire cracher de dégout) en se rendant compte que je lisais principalement de la fantasy ou de la science-fiction : j’étais passée de la case « élève prometteuse » à celle « élève irrécupérable » … Et elle n’est malheureusement pas la seule à avoir ce genre de réactions : je ne compte plus le nombre de bibliothécaires, de libraires, ou même de thérapeutes (si si) qui ont essayé de me convaincre qu’il était grand temps de laisser cette « lubie » de côté et de me tourner enfin vers des ouvrages plus « respectables ». Manque de pot pour eux, je ne suis pas une jeune ouaille influençable : je lis ce qui me plait, sans me préoccuper le moins du monde de ce que les pensent de moi. Alors oui, je suis une étudiante en théologie (« la classe », parait-il) qui lit du Star Wars (« la honte », semblerait-il) …

Theron a beau être le fils caché du Grand Maitre de l’Ordre Jedi, il a beau avoir été élevé en secret par un autre Maitre qui lui a enseigné tout ce que les jeunes Padawans apprennent à l’Académie, il a bien fallu se rendre à l’évidence : il ne présence absolument aucune affinité particulière avec la Force. Pas la moindre petite trace. Qu’à cela ne tienne : s’il ne peut rejoindre l’Ordre, il servira la République d’une autre manière ! En quête d’action, Theron a ainsi rejoint le Service du Renseignement Stratégique : malgré son indiscipline invétéré et ses méthodes pour le moins peu académiques, il n’en reste pas moins un des agents de terrain les plus efficaces. Trop efficace, peut-être : le voici missionné pour une mission des plus suicidaires qui soit … s’infiltrer sur un des croiseurs impériaux les plus meurtriers, contrôlé presque organiquement par une ancienne Apprentie Jedi devenue Seigneur Sith, pour saboter son hyperpropulsion et ses défenses. Accompagné de l’ancien Maitre Jedi de Dark Karrid et d’une contrebandière qu’il considère comme une petite sœur en dépit de son sale caractère, Theron va devoir user d’audace et d’inventivité pour permettre à la République de regagner l’avantage sur l’Empire Sith …

Jusqu’à présent, les auteurs de l’univers étendu Légendes nous avaient habitués à un schéma narratif très uniforme : nous suivions systématiquement deux ou trois (si ce n’est plus) personnages, qui étaient pour la plupart des utilisateurs de la Force, que ce soit du Côté Lumineux ou du Côté Obscur. Cette fois-ci, l’auteur innove : non seulement nous ne suivons véritablement qu’un seul et unique protagoniste, mais en plus celui-ci n’est ni un Jedi ni un Sith. Theron n’est qu’un « simple » humain comme vous et moi, dépourvu du moindre zeste d’affinité avec la Force. Pas de sabre laser pour lui, seulement un bon vieux blaster. Et s’il doit sauter du haut d’un immeuble, il a tout intérêt à avoir un parachute avec lui s’il ne veut pas finir écrabouillé comme une crêpe contre le sol, faute de pouvoir ralentir sa chute grâce à la Force. Pourtant, et c’est là tout le drame de sa vie (même s’il s’efforce de faire croire et de croire que cela ne lui fait ni chaud ni froid), il est le fils (très secret) de Satele Chan, LA Grande Maitre de l’Ordre, élevé en cachette par le Maitre de cette dernière : tout laissait raisonnablement penser qu’il allait suivre les traces de sa génitrice et de son mentor et rejoindre les rangs des Chevaliers Jedis … Mais il a bien fallu se faire une raison : l’Ordre ne voulait pas de lui. Pour servir la République, il allait devoir s’y prendre autrement. Heureusement pour lui, Theron est un homme plein de ressources !

Mais l’auteur va encore plus loin : non seulement Theron est un héros de la République sans être un Jedi, mais en plus le roman est parsemé de critiques à peine voilées quant à l’arrogance, qui frôle parfois le mépris, des Jedis … Car eux ont compris, les autres non. Car eux savent maitriser leurs émotions et leurs désirs propres au profit du pragmatisme et du bien commun, alors que les autres en sont réduits à suivre leurs plus bas instincts égoïstes et irrationnels. Derrière la belle philosophie des Jedis se cache cette sorte d’élitisme dont on parle assez rarement, mais que ce roman met en lumière à plus d’une reprise. Alors bien sûr, un Jedi vous dirait que Theron est aveuglé par  la déception et l’amertume d’avoir été rejeté par l’Ordre, et plus encore d’avoir été abandonné à la naissance par sa mère au profit de ce même Ordre … mais le simple fait de rejeter systématiquement la faute vers l’autre sans jamais se remettre en question abonde dans le sens de la critique de Theron. Mais le plus terrible, dans toute cette affaire, c’est qu’on ne peut même pas en vouloir aux Jedis eux-mêmes : on leur a tellement rabâché tout ceci depuis qu’ils sont Padawans qu’il est parfaitement logique qu’ils en soient profondément persuadés, et qu’ils ne se rendent même pas compte d’à quelle point leur attitude peut être hautaine et blessante …

Mais rassurez-vous, c’est très loin d’être le point saillant du roman : car l’essentiel reste quand même cette Opération fichtrement audacieuse qui pourrait bien à elle-seule permettre à la République de reprendre l’avantage sur l’implacable Empire Sith qui ne cesse de gagner du terrain. Car on s’en doute bien, le plan bien rodé par les bureaucrates de la République ne va pas tarder à être mis en péril par les réalités insoupçonnées du terrain : pour parvenir à leurs fins, Theron, Gnost-Dural et Teff’ith vont plus d’une fois devoir improviser, alors que le danger les entoure de toutes parts. On retrouve cette fois-ci les situations chères aux auteurs de l’univers : des infiltrations à haut risque dans des hauts-lieux de l’Empire, des artefacts essentiels bien protégés derrière des murs trop costauds pour les explosifs prévus, des bagarres dans des lieux malfamés, des patrouilles qui arrivent trois nanosecondes avant que le système de piratage ait pu terminer son œuvre, des roulades et des pirouettes pendant les combats au corps à corps, sans oublier quelques petites batailles spatiales pour parachever le tableau … Mais le plus incroyable, finalement, c’est que ça marche absolument à tous les coups : à chaque fois, c’est la même poussée d’adrénaline, la même tension absolument insoutenable, le même crainte au moment fatidique … et puis le même soulagement et la même liesse lorsque les gentils écrasent les méchants, parce que c’est aussi ça, la « magie » de Star Wars !

En bref, vous l’aurez bien compris, c’est à la fois un roman qui piétine allégrement les codes et qui les respecte à la lettre, et cela nous donne un récit à la fois très innovant (et donc rafraichissant) et très prévisible (et donc rassurant). Si la sempiternelle lutte entre l’Empire et la République, entre les Siths et les Jedis, entre l’Obscurité et la Lumière, reste au cœur de l’intrigue – comment pourrait-il en être autrement dans un roman Star Wars ? –, l’auteur a bien compris qu’un bon roman ne peut pas s’arrêter à ce seul conflit. Il nous offre ainsi des sous-intrigues centrées sur les personnages en eux-mêmes, et pas seulement sur leur place dans l’immense échiquier de la guerre. Theron n’est pas seulement un agent de la République, il est aussi un homme avec son histoire propre, avec des tas de nœuds à démêler dans le fil de sa vie : et c’est aussi cela, que nous raconte ce roman. De façon assez superficielle, certes, car il y aurait sans doute encore plein de choses à explorer sur ses relations avec Satele, avec Jace ou avec Teff’ith (quel bonheur, d’ailleurs, d’avoir une pure histoire d’amitié et aucune bribe de romance entre eux !), mais suffisamment pour que l’histoire ne se contente pas d’être un simple étalage de scènes d’action ! En clair, donc, un roman palpitant, trépidant, avec quelques passages un peu plus profonds … et une bonne dose d’humour, bien évidemment !

mercredi 19 janvier 2022

The Old Republic, tome 3 : Alliance fatale - Sean Williams

The Old Republic3, Sean Williams

Alliance fatale

 Editeur : Pocket

Nombre de pages : 541

Résumé : La matriarche du cartel du crime hutt organise une vente aux enchères. Des représentants de la République et de l'Empire s'y pressent, ainsi que des invités incognito plutôt disparates : un Padawan, une ancienne de l'Escouade républicaine Blackstar, un contrebandier et un énigmatique Mandalorien. De plus, l'émissaire de la République n'est pas celui qu'il prétend être et la délégation impériale compte une Apprentie Sith dans ses rangs. Tous projettent de voler le butin : deux morceaux de métal fondu qui proviendraient d'un monde inconnu, riche de ressources insoupçonnées. Mais ce trésor se révèle potentiellement mortel.

 

- Un petit extrait -

« Métaphoriquement, dit-elle avec un sourire, "si" est le plus petit mot de tout le dictionnaire galactique standard, et pourtant il se dresse entre nous et nos plus grands rêves. Fais-en un pont, Shigar. Il est temps que tu le traverses. Je t'attendrai de l'autre côté. »

- Mon avis sur le livre -

 Ma plus grande crainte, en me lançant dans ce vaste univers étendu Légendes, c’était bel et bien la monotonie, pour ne pas dire l’ennui profond et intersidéral. D’autant plus que, sentant venir le terrible fléau de la spéculation intensive si chère à notre époque (j’aime bien Star Wars, mais pas au point de dépenser 150€ pour un misérable livre de poche), j’ai fait l’audacieux pari d’acheter le plus de romans possibles tant qu’on les trouvait encore en librairie, et ce sans jamais en avoir lu un seul pour savoir si j’aimais véritablement ça ou non. Je ne savais absolument pas à quoi je devais m’attendre, tout ce que je savais, c’est que je n’avais que quelques semaines devant moi pour en chopper le plus possible avant qu’ils ne soient plus en circulation. « Advienne que pourra », en somme … Pour l’instant, je suis plutôt rassurée : bien que les différents auteurs aiment visiblement utiliser les mêmes schémas narratifs (plusieurs points de vue s’entremêlant, la présence quasi-systématique d’un Jedi et d’un Sith aux chemins parfaitement parallèles ou symétriques …), j’ai le sentiment que chaque roman aura véritablement son intrigue propre et unique, suffisamment différente des précédents pour rester véritablement intéressant !

Tout commence par un abordage galactique presque ordinaire : un contrebandier somme un croiseur interstellaire de le laisser piller sa marchandise sans faire d’histoire, afin qu’ils puissent l’un et l’autre reprendre tranquillement le cours de leur existence. Mais voilà que sans crier gare, ledit croiseur explose. Que pouvait donc bien transporter ce vaisseau pour que son équipage préfère se sacrifier plutôt que de laisser les corsaires mettre la main sur leur marchandise ? Quelques temps plus tard, la matriarche Hutt Tassaa Bareesh lance une grande vente aux enchères : il semblerait que ce vaisseau provienne d’un monde encore inconnu, et visiblement riche en minerais rares et autres ressources naturelles. Aussitôt, l’Empire comme la République envoient leurs émissaires, tant officiels qu’officieux, les premiers occupant l’attention des Hutts en prétendant participer aux enchères tandis que les seconds s’efforcent de voler l’artefact avant que l’autre camp ne le fasse … C’est ainsi que le Padawan Shigar, l’ancienne soldate de la République Larin, l’apprentie Sith Eldon et l’agent double Ula Vii, sans oublier le contrebandier Jet Nebula et le Mandalorien Dao Stryver, se retrouvent au même endroit aux même moment … Sans se douter qu’ils vont devoir s’unir pour faire face à une menace telle que la galaxie n’en a jamais connu.

Ainsi que je le disais dans l’introduction, nous retrouvons ici le principe du roman-choral, visiblement cher aux auteurs de l’univers Star Wars : nous ne suivons non pas un, ni même deux, mais bien une multitude de personnages. Nous avons, bien évidemment, un Jedi et un Sith, ou plus exactement un Padawan et une Apprentie, comme deux facettes d’une même pièce. D’un côté, nous avons donc un Shigar qui peine à se conformer aux exigences de l’Ordre, de l’autre une Eldon qui ne peut s’empêcher de ressentir une pointe d’émotion en songeant à cette mère supposée morte mais qui ressurgie soudainement. Le fait que deux jeunes gens, l’un du Côté Lumineux et l’autre du Côté Obscur, chacun en proie aux doutes, se retrouvent face à face, est assurément un peu « gros », mais n’allons pas nous mentir, c’est justement ce qui fait tout le « piment » de l’histoire. Opposés mais étrangement semblables, on sent que leur rencontre va faire des étincelles, et on a envie de voir ce que cela va donner. Et cela d’autant plus que d’autres personnages orbitent autour d’eux : un émissaire de la République en réalité espion pour le compte de l’Empire, qui se demande bien comment il a pu se laisser embarquer dans une mission aussi délicate, une ancienne soldate des forces spéciales de la République tourmentée par son passé, sans oublier un contrebandier dont nul ne sait véritablement les intentions … Une concentration de protagonistes haute en couleurs !

Et il faut bien cela pour contrebalancer l’inertie certaine de cette intrigue qui peine à se mettre en branle : le début est lent, laborieux, on a le sentiment de tourner en rond. L’auteur insiste trop longuement sur le préambule de l’histoire : bien sûr, il est toujours bon d’introduire chaque personnage un à un pour aider le lecteur à s’y retrouver dans cette constellation de protagonistes aux allégeances diverses, bien sûr, il est toujours bon de faire un petit rappel du contexte politico-historique, mais avait-on réellement besoin de faire trainer si longuement cette phase d’exposition ? Il faut attendre 180 pages pour que nos protagonistes se retrouvent face à LA menace autour de laquelle tourne toute cette intrigue : c’est au minimum cent de trop … Et cela d’autant plus que l’auteur prouve alors qu’il est parfaitement capable d’écrire quelque chose qui pulse, qui swingue : à partir de ce fameux moment où tout ce beau petit monde se retrouve face aux hex (quoi que cela puisse être, je ne veux pas tout vous spoiler), l’intrigue décolle enfin. Tout s’accélère brusquement, tandis que les uns et les autres luttent pour rester en vie, puis s’efforcent de percer le mystère qui entoure ces hex, puis comprennent qu’il va falloir agir, et vite, pour repousser cette menace qui ne ressemble à aucune autre. Une menace telle que la République et l’Empire, les Jedis et les Siths, vont devoir mettre momentanément leurs différents de côté s’ils veulent pouvoir livrer d’autres batailles par la suite. Car c’est l’univers entier qui est en danger !

Alors ne nous mentons pas, cette fameuse menace, elle est loin d’être très originale pour un lecteur de science-fiction, mais elle est plutôt originale pour un roman Star Wars. Et cela d’autant plus qu’elle pose finalement des questions qui nous concernent aussi, nous autres terriens : à travers cette histoire se pose la question de la technologie, de l’intelligence artificielle. La question de savoir si nous ne risquons pas un jour d’être dépassés par nos propres inventions, si nous ne jouons pas avec le feu en laissant de plus en plus de responsabilités entre les mains de machines « intelligentes » à qui nous accordons de plus en plus de libertés. Ne sommes-nous pas en train de donner le bâton pour nous faire battre à nos bourreaux de demain, en repoussant toujours plus les limites de la technologie, juste pour prouver que nous sommes capables de le faire ? Que ferons-nous le jour où nous ne saurons plus arrêter un processus automatisé, que ferons-nous le jour où nous comprendrons que nous n’avons plus aucun contrôle sur tout ceci ? Croyez-moi, ça fait un peu froid dans le dos, toute cette histoire. Il faut dire que voir un Seigneur Sith et un Maitre Jedi accepter de « collaborer » pour venir à bout de cet ennemi combien … ça fait un peu froid dans le dos, on se dit qu’ils doivent vraiment être désespérés pour en arriver là, et on se dit donc que c’est vraiment la catastrophe. Même si on sait pertinemment bien qu’ils vont triompher, puisque 3500 ans plus tard, la galaxie sera toujours là pour voir naitre Luke et Leia !

En bref, vous l’aurez bien compris, malgré un début lent et laborieux et une fin plutôt prévisible (et un tantinet trop rapide et facile), c’est finalement un roman particulièrement palpitant que nous offre l’auteur. J’ai particulièrement apprécié qu’aucun personnage ne soit totalement blanc ou totalement noir (hormis peut-être le Seigneur Sith, le seul à être parfaitement manichéen), qu’ils soient tous en nuances de gris. Qu’ils acceptent, même, ces nuances de gris en eux, plutôt que de se mentir à eux-mêmes. C’est quelque chose d’assez récurrent dans l’univers, la question de faire face à ses propres défauts, ses propres faiblesses, ses propres limites, plutôt que de se réfugier derrière des œillères et de se persuader qu’on suit le seul et unique bon chemin. Car cette tentation guette tout le monde, alors que la véritable force, c’est peut-être justement d’accepter de reconnaitre qu’on a fait des erreurs, qu’on a pris la mauvaise route, ou du moins qu’il existe des multitudes de voies et que la nôtre n’est pas forcément la meilleure … Et que parfois, deux voies qui semblent totalement opposées se rejoignent, preuve s’il en est que nous ne sommes en réalité pas aussi différents les uns les autres. En clair, donc, un roman qui se lit bien malgré ces quelques longueurs et ces quelques facilités scénaristiques : du Star Wars dans toute sa splendeur, avec des batailles stellaires, des combats au sabre laser et une petite pointe d’humour toujours bienvenue au milieu de toute cette sombre affaire !

mercredi 27 octobre 2021

The Old Republic, tome 2 : Complots - Paul S. Kemp

The Old Republic2, Paul S. Kemp

Complots

 Editeur : Pocket

Nombre de pages : 376

Résumé : Dark Malgus sert un but, la guerre, et un maître, le Côté Obscur, pour lesquels il s'apprête à mettre à feu et à sang la Cité galactique. Il a détruit le Temple Jedi de Coruscant en leurs noms, dans une bataille historique au cours de laquelle le Maître Ven Zallow a été assassiné. Mais à l'heure des machinations politiques, l'Empereur n'a plus besoin de son champion et cherche à le faire disparaître... Et il n'est pas le seul. Une jeune Jedi est prête à tout pour venger la mort de son Maître, elle s'appelle Aryn Leener et elle ne reculera devant aucun sacrifice, quitte à enfreindre toutes les règles.

 

- Un petit extrait -

« La puissance du Sith se heurta à la volonté de la Jedi. Les éclairs s’enroulèrent autour des lames étincelantes. Pendant un instant, l’intensité de l’assaut stoppa la descente naturelle de la jeune femme et elle resta suspendue dans l’air, perchée sur une colonne invisible qui devait tout au Côté Obscur. Puis elle prit le dessus. Les éclairs se dissipèrent dans le néant et elle retomba, indemne, sur un tas branlant de gravats. Elle se reçut sans problème et désactiva le sabre laser de Maitre Zallow. »

- Mon avis sur le livre -

 En l’espace de trois ans, je n’aurai lu que trois romans de l’univers « Star Wars Legend », soit un par an seulement … Et j’en ai encore plus d’une centaine qui attendent dans ma pile à lire, sans compter tous ceux que je n’ai pas encore réussi à me procurer ! Si je veux venir à bout de mon challenge personnel « Que la Force soit avec moi » avant de mourir, il va vraiment falloir que je m’y mette un peu plus sérieusement … Et cela d’autant plus que j’envisage, par la suite, de me tourner vers l’univers dit « Officiel » : autant vous dire que j’ai du pain sur la planche ! C’est vraiment ce genre de constatation qui me fait prendre conscience que je dois vraiment lever le pied sur les challenges Livraddict : je me suis vraiment laissé submerger, et désormais, je n’arrive plus à tout concilier … Et même si ces-dits challenges m’ont parfois aidée à sortir de ma zone de confort, à me tourner vers des livres que je n’aurai sans doute pas lu de moi-même, il est grand temps désormais de m’autoriser un peu plus de souplesse et de liberté ! C’est pourquoi je vais désormais essayer de lire un roman Star Wars par mois, ou maximum tous les deux mois, et ce même s’il y a encore pleins de trous dans ma collection, vu que certains bouquins sont introuvables à des prix « décents » (désolée, mais je ne payerai jamais 150€ pour un livre de poche, c’est quand même abusé de la part des revendeurs).

Jamais jusqu’à présent les tensions entre la République Galactique et l’Empire Sith n’avaient été aussi fortes … Alors même que des négociations en faveur de la paix se tiennent sur Alderaan, la jeune Chevalière Jedi Aryn Leener sent qu’une horrible catastrophe est sur le point de se produire. En effet, à l’autre bout de la galaxie, le Seigneur Sith Dark Malgus est à la tête d’une cinquantaine de guerriers Sith bien déterminés à anéantir leur cible : le Temple Jedi de Corruscant, joyau et cœur de l’Ordre du Côté Lumineux. Dans sa soif sanguinolante et guerroyante de chaos et de violence, Dark Malgus assassine joyeusement le Maitre Ven Zallow … De faction devant la salle des négociations, Aryn ressent la mort de son Maitre, de son guide spirituel, de son père adoptif : une souffrance telle qu’elle n’en a jamais ressentie, une douleur si intense qu’elle fait naitre en elle l’envie irrésistible de venger celui qui lui a tout appris, celui qui a toujours veillé sur elle. Laissant derrière elle sa mission, laissant derrière elle les pourparlers de paix qui se poursuivent malgré cette ignoble et traitresse attaque, Aryn rejoint la seule personne qui puisse l’aider à passer le blocus impériale pour rejoindre Corruscant : Zeerid, ancien soldat de la République devenu contrebandier pour financer les soins médicaux de sa petite fille …

Disons-le tout net : des trois romans que j’ai lu jusqu’à présent, celui-ci est indiscutablement le moins bon. Il n’est pas mauvais, mais il est clairement un cran en-dessous des deux précédents : il est, en somme, plutôt quelconque, tant sur le fond que sur la forme. Pour faire simple, j’ai tout du long eu le sentiment de « regarder » l’histoire à travers une vitre blindée : je « voyais » les événements se dérouler devant mes yeux, « j’entendais » tout au plus les propos des protagonistes, mais le tout d’une façon terriblement lointaine et détachée. Un peu comme si l’auteur s’était contenté de retranscrire objectivement des faits, sans tenter d’impliquer émotionnellement le lecteur. Il a manqué cette petite étincelle qui nous donne véritablement le sentiment de vivre par procuration les aventures (ou mésaventures) des personnages, qui nous donne d’une certaine manière l’impression de les accompagner tout au long de leurs péripéties, de trembler ou pleurer avec eux, de rêver ou se réjouir avec eux. Ce n’est pas un mauvais roman, juste un roman qui manque, en quelque sorte, d’âme : l’histoire n’est pas dénouée de dynamisme ou de tension, mais elle ne parvient pas à nous faire réellement vibrer comme on peut l’attendre d’un récit qui tourne autour du deuil et de la soif de vengeance …

Car voilà bien le cœur de l’intrigue : d’un côté, nous avons Dark Malgus, qui escomptait bien assouvir sa soif de puissance et de gloire en menant ce sanguinaire assaut surprise contre le Temple Jedi et qui se voit au contraire déchu au rang de subalterne gênant à cause de son attachement pour une esclave non-humaine, et qui en conçoit une colère sombre, et de l’autre nous avons Aryn Leener, jeune Chevalière Jedi empathique qui vient de perdre son Maitre et père adoptif, et qui ne supporte pas de rester sans rien faire alors que le Conseil Jedi continue de parler de paix avec cet Empire Sith qui les a pris en traitre … C’est une histoire qui a le mérite de rappeler que rien ni personne n'est jamais totalement blanc ou noir, absolument bon ou mauvais, parfaitement obscur ou lumineux. Qu'il suffit parfois d'un tout petit rien pour faire naitre une étincelle de douceur dans l'âme la plus corrompue par la haine et la violence ou une étincelle de haine et de violence dans un cœur pourtant supposé servir la justice et la paix. Bien qu’ils ne soient pas plus touchants ou attachants que cela, nos deux héros sont intéressants justement parce qu’ils sont tout en nuances, en clair-obscur si l’on peut dire. Bien loin du cliché qui veut que Star Wars soit très manichéen, on découvre ici toute la complexité de la nature humaine qui ne se laisse finalement jamais enfermée dans une seule case.

Et à côté de cela, nous avons également la quête de Zeerid : Zeerid est en quelque sorte un « gars normal », qui ne se bat pour aucun idéal mais seulement pour parvenir à subvenir aux besoins de sa fille, gravement blessée dans un accident. C’est sans doute le personnage qui m’a le plus touchée, sans doute car il est bien plus proche de nous autres lecteurs, qui tout comme lui ne maitrisons pas la Force. Embourbé jusqu’au cou dans les dettes, Zeerid n’a qu’une seule idée en tête : s’assurer que sa petite fille soit heureuse. Sa plus grande hantise, ce n’est même pas de la laisser orpheline, puisqu’elle pourra toujours compter sur sa tante pour prendre soin d’elle s’il lui arrivait quelque chose, c’est bien plus encore que quelqu’un découvre son existence et lui fasse du mal pour exercer une pression sur lui … C’est peut-être celui qu’on a le plus envie de soutenir, celui pour qui on espère réellement une fin heureuse, car c’est juste un père aimant, rien de plus ni de moins, et même s’il a parfois été obligé de faire des choix qui le hanteront jusqu’à la fin de sa vie, on le sent pleinement droit dans ses bottes, fidèle à ses principes. Il vient d’une certaine façon équilibrer un peu la folle escalade de haine et de violence qui entoure Malgus et Aryn, il vient contrebalancer ce conflit latent qui ne demande qu’à exploser en apportant un enjeu plus « terre à terre », d’une certaine façon.

En bref, vous l’aurez bien compris, même si je regrette une certaine banalité dans l’intrigue et une certaine froideur dans la narration, j’ai globalement été ravie de m’envoler à nouveau dans cette « galaxie lointaine, très lointaine ». S’il manque un peu de vie, d’émotion, il faut bien reconnaitre que ce roman ne manque aucunement de rythme, d’action, de tension : chapitre après chapitre, tandis que se rapproche inexorablement le moment fatidique où le Sith et la Jedi seront face à face, tandis que se rapproche inexorablement l’instant crucial où la brutalité de l’un se heurtera à l’hypersensibilité de l’autre dans une lutte sans merci, on sent vraiment la pression qui enfle, doucement mais sûrement. Alors on tourne les pages, frénétiquement, compulsivement, envahi d’un mélange d’excitation et d’appréhension : d’un côté, on a envie de cette apothéose, mais de l’autre, on en a peur. On redoute d’autant plus une fin trop classique, trop commune. Mais sur ce point, sur ce point seulement peut-être, l’auteur a vraiment su surprendre, prendre au dépourvu, prendre à contrepied nos projections … Et c’est vraiment excellent : c’est une fin qui en frustrera sans doute certain, car elle apparait presque comme un non-dénouement, rien n’étant totalement résolu, mais pour ma part, je l’ai trouvé tout simplement parfaite, idéale. Tout en clair-obscur, elle aussi, et c’est finalement bien pensé au vue de l’intrigue dans son ensemble : cette fin, elle rehausse un peu le tout à elle seule, d’une certaine façon !