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Editeur : Hachette
Nombre
de pages : 335
Résumé : Je n’ai pas remercié mon père, je n’ai pas
souhaité bon anniversaire à mon frère. Je n’ai pas remercié je n’ai pas
souhaité mon père mon frère mon père mon frère frère … Trois jours qu’elle
errait dans le dédale qui reliait le château de Salicande aux grottes
dissimulées dans la montagne. Trois jours qu’elle essayait de retrouver son
chemin, tailladée par l’angoisse et l’urgence, passant de grotte en grotte, de
couloir en couloir, tournant en rond, se récitant cette phrase tant de fois
qu’elle perdit le sens des mots. Trois
jours que Claris avait disparu.
- Un petit extrait -
« Les jours et les nuits passèrent. De nombreux jours et de nombreuses nuits. Aram ne les comptait pas. Les îliens ne dénombraient rien, ils se laissaient glisser sur le temps comme le yakou sur les ailes du vent. Elle avait la sensation de se trouver dans une sphère immense où ciel et mer se reflétaient, formant une bulle qui la protégeait. Elle réapprenait la gaieté et le bonheur, les petits, ceux de tous les jours : les soleils qui se lèvent, le goût sucré du sluiluil-tak, le jus carmin et acide des baies, le poisson qui mord à l'hameçon. Des dizaines de raisons d'être heureux chaque jour. »
- Mon avis sur le livre -
Certains livres ont le pouvoir de chambouler
toutes nos certitudes, toutes nos habitudes. Ce second tome fait indéniablement
partie de cette catégorie : l’auteur s’écarte des chemins battus pour nous
offrir un roman atypique mais merveilleux. Véritable tourbillon d’émotions,
authentique tornade de sensations, ce récit happe le lecteur et l’entraine dans
un formidable voyage au pays des mots bien choisis. La grande force de ce
récit, c’est d’être une poésie déguisée en roman : c’est beau, tout
simplement. On retrouve cette plume fluide et épurée qui faisait du premier
tome une histoire tout en douceur et en légèreté, on retrouve également ce
petit détail indéfinissable qui a été à l’origine de ce coup de foudre
littéraire pour le premier tome …
Nous retrouvons les personnages exactement là
où nous les avons laissés : quelques jours à peine ont passés depuis les
terribles événements qui emplissaient les dernières pages du premier tome. Une
continuité qui fait plaisir : les ruptures sont parfois traumatisantes
pour les lecteurs, qui peinent à comprendre comment les choses se sont
déroulées pendant ces douloureuses ellipses. Rien que pour cela, merci Pauline !
C’est donc avec plaisir que l’on rejoint Claris, Jad, Ugh et les autres dans
cette aventure nouvelle, dans ce nouveau chapitre de leur existence. Un
chapitre dominé par le doute et la douleur, l’errance et la solitude …
Claris, que la rupture du lien télépathique avec son jumeau a rendu totalement
amnésique, va réapprendre à vivre au contact d’une communauté simple et
accueillante qui vit au rythme des caprices de la mer. Jad et Ugh, catapultés dans
une étrange dimension, vont devoir composer avec leurs divergences d’aspirations
tout en tentant de comprendre les causes et effets de ces étranges événements.
Enfin, Blaise, Maya et Blanc-Faucon, tous trois rongés par la perte d’êtres
chers, vont tâcher de trouver les réponses à leurs nombreuses questions,
persuadés que quelque chose d’important se prépare …
Qu’on se le dise tout de suite : si vous
aspirez à de l’action endiablée dans toute sa splendeur, vous risquez d’être
fort déçus. En effet, bien que classée dans le vaste genre de la fantasy par
les sites spécialisés, cette saga est bien loin de nous présenter des ribambelles
interminables de combats héroïques, de courses effrénées et de quêtes
énergiques. Non. Ici, l’auteur a mis l’accent sur le calme, l’intériorité et la
réflexion, sur l’harmonie, la psychologie et l’attention. Tous nos personnages
doivent faire face à une douleur intérieure : Claris est à la recherche de
son identité perdue, Maya se retrouve confrontée à l’effroyable souffrance du deuil,
Ugh est terrifié par une réalité trop spirituelle pour lui et Blaise est
submergé par une vague de questions sans réponses. Donc oui, les choses sont
assez « lentes », mais à mes yeux ce n’est pas du tout un défaut mais
une belle qualité : enfin un livre qui nous présente autre chose qu’un
combat contre un ennemi qui incarne le mal absolu ! enfin un livre qui
nous offre une véritable communion spirituelle avec des personnages profonds et
confrontés à des épreuves plus psychiques que physiques ! enfin un livre
qui ose sortir des schémas traditionnels pour prouver qu’une histoire n’a pas
besoin d’être « palpitante » dans le sens « dynamique »
pour être captivante !
Une fois encore, il m’est très difficile d’ordonner
mes idées, de discipliner mon esprit dominé par cette exclamation de
ravissement : « la suite ! ». Ce roman se lit d’une seule
traite, le souffle sans cesse coupé par des passages de toute beauté et par des
réflexions d’une justesse incomparable. Ce roman se lit d’une seule traite, le cœur
sans cesse serré par les douleurs intérieures de personnages attachants et par
les petits bonheurs que l’histoire nous invite à remarquer comme tels. Ce roman
se lit d’une seule traite, les yeux sans cesse écarquillés par tant de poésie et
tant de douceur, l’esprit enivré par tant de mystères et tant de suspense.
Contrairement à beaucoup d’autres lecteurs, je ne me suis pas ennuyée une seule
seconde au cours de ma lecture, bien au contraire ! J’étais littéralement
plongée dans cet univers fantastique et atypique, incapable de lâcher le livre,
qui m’a paru bien court tellement il était agréable à lire !
Que dire de plus sans risquer de trop vous en
dévoiler ? Je suis parfaitement d’accord avec les quelques lignes de
Maxime Chattam sur la quatrième de couverture : « Les
Eveilleurs n’est pas
vraiment un roman ». Les Eveilleurs est bien plus qu’un simple roman : bien qu’il en possède de
nombreuses caractéristiques essentielles (une intrigue romanesque bien menée,
des personnages principaux et secondaires, une narration en prose …), il ne se
limite pas à un simple récit de fiction semblables aux autres. Il emprunte
également des qualités propres à la poésie, au conte, aux livres de
développement personnel, à la fable … et à bien d’autres genres encore ! « C’est
un voyage formidable dans un pays lointain ». Une fois de plus, je ne peux
qu’approuver : ce livre fait voyager, littéralement, nous fait rêver d’un
monde à la fois plus beau et plus sauvage, d’un futur bien différent de ce qu’on
imagine couramment … A mes yeux, ce livre nous invite au plus beau des voyages :
celui que nous pouvons faire sans bouger de chez nous, celui que nous pouvons
faire en ouvrant notre cœur à ce formidable moyen de transport qu’est l’imagination.
« C’est un enchantement de poésie », enfin, et je pense qu’il n’y a
pas grand-chose à ajouter à cela. Une fluidité dans les phrases, une beauté
dans les mots, qui envoute et émerveille …
J’aurai aimé trouver une autre expression que
« coup de cœur intersidéral » pour conclure cette chronique,
mais les mots ne sont pas toujours suffisamment précis pour exprimer ce que l’on
ressent. Les mots et l’écriture occupent une place centrale dans ce roman,
autant dans le fond que dans la forme, et la lecture est également valorisée
par de nombreuses allusions à d’autres romans que j’ai désormais envie de lire
ou relire selon les cas. Mais ma priorité est de lire la suite, sans attendre
une seule seconde, pour savoir ce qui va désormais arriver à Claris, Jad et les
autres, que j’apprécie énormément, et pour en apprendre plus sur les mystères
qui se cachent derrière tous ces étranges événements … Une excellente lecture
qui apaise et captive.
Ce livre a été
lu dans le cadre du Challenge de l’été 2016
(plus
d’explications sur cet article)
Je n'avais malheureusement pas accroché au premier tome, dommage :( mais je suis ravie de voir que tu aimes cette saga!
RépondreSupprimerC'est effectivement dommage que tu n'ai pas accroché, mais peut-être que tu ne l'as pas lu au bon moment ? ;) Si par hasard tu décides de retenter un jour, n'hésite pas à venir me dire ce que tu penses de ta relecture, tu auras peut-être plus de chance cette fois-la !
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