Loterie funeste
Editeur : de Mortagne
Nombre
de pages : 446
Résumé : Dans la grande ville de Liberté, quand les
citoyens achètent des billets pour la loterie annuelle, ce n'est pas pour
gagner de l'argent. Les BOA qui dirigent cette société post-apocalyptique
espèrent remporter des Sacs à sang. Des esclaves. Des êtres humains auxquels
ils pourront s'abreuver pour subsister. Jusqu'à ce que mort s'ensuive. Mais,
cette année, la loterie est différente. Cette année, six adolescents sont en
jeu, rendus immortels par un processus révolutionnaire. Destinés à offrir leur
sang à leurs futurs propriétaires, ils sont condamnés à souffrir éternellement,
car même la mort ne pourra les délivrer.
Un grand merci aux éditions de
Mortagne pour l’envoi de ce volume et à la plateforme Babelio pour avoir
rendu ce partenariat possible.
Ce livre a fait l’objet
d’une lecture commune : n’hésitez pas à aller lire la chronique de mon partenaire de lecture, Angelion !
- Un petit extrait -
« Elle soupire intérieurement en considérant tous les gens qui courent autour d'elle. Ils font pitié, et elle aussi, par la force des choses. Elle a constamment le moral dans les chaussettes, l'âme grise, à l'instar des immeubles qui défilent. Car tout est gris dans le Cellier. Les bâtiments, les routes, les gens également. Seul le bleu roi des fanions au-dessus des portes rompt la monotonie des lieux. Il indique qu'ici, c'est le quartier Est. Une bande du même bleu entoure d'ailleurs chacune des manches du manteau et des chandails rouges que les humains portent obligatoirement l'hiver. Oxana appartient à ce quartier, à ce Cellier, et elle n'en sortira jamais. »
- Mon avis sur le livre -
Régulièrement, je me fais la promesse de
terminer d’abord toutes les sagas que j’ai en cours avant d’en entamer de
nouvelles … et inévitablement, je craque au bout de quelques jours. Et voilà
que Babelio s’y met en me proposant un premier tome dans le cadre d’une Masse
critique ! Je n’ai pas pu résister à ce résumé : une dystopie
post-apocalyptique, chic ! Je ne suis pas particulièrement une adepte des
histoires de vampires, je crois que j’en ai fait une overdose au collège quand
toutes les filles de ma classe ne parlaient que de Twillight, mais j’avais un bon pressentiment à propos
de ce livre donc j’ai décidé de lui donner sa chance malgré ce petit détail …
et j’ai drôlement bien fait !
Il y a quelques décennies de cela, le monde a
connu une terrible épidémie qui a transformé l’humanité. Tout d’abord, il y eu
le virus, dévastateur, qui transformait tout individu contaminé en Charognard,
créature plus bestiale qu’humaine qui ne désirait plus qu’une seule
chose : du sang humain. Puis, il y eu la première vague de vaccin,
précipitée, qui donna naissance aux BOA, eux aussi soumis à ce besoin vital de
sang, mais ayant conservé leur humanité … La seconde version du vaccin fut la
bonne. Toutefois, un terrible destin attendait les humains sains, non infestés,
non transformés en BOA : élevés comme du bétail, parqués et condamnés au
travail forcé, les « Sacs à sang » ne sont rien de plus que de
simples marchandises sur le dos desquels les grands de ce monde s’enrichissent.
D’autant plus que, tous les ans, une loterie est organisée pour permettre aux
BOA les plus fortunés de gagner un humain à qui s’abreuver jusqu’à la dernière
goutte de sang. Et cette année, en cette extraordinaire session anniversaire,
les six lots sont encore plus appétissants, car rendus immortels par un procédé
encore mystérieux ...
Avec ce premier tome, Magali Laurent nous
plonge au cœur d’un contexte aussi innovant que terrifiant : des BOA
contraints de boire du sang humain pour survivre, des humains réduits à l’esclavage
et vivant sous la menace perpétuelle de ce virus qui les transformerait en
Charognard à la moindre tentative de fuite ... Et cette loterie inhumaine,
placée au cœur de l’intrigue de ce premier tome. Contrairement à certains qui
se sont ennuyés avec ce tome introductif, j’ai pour ma part été complétement
subjuguée par cet ouvrage, je dévorais chaque page l’une après l’autre sans
parvenir à m’arrêter. C’est un livre qui se dévore, non pas parce qu’il est
bourré d’actions et de rebondissements à gogo, mais parce qu’il est
terriblement angoissant : le fait que nos six protagonistes soient
immortels ne suffit pas à rassurer le lecteur (« ils ne peuvent pas mourir,
donc pas besoin de s’inquiéter pour eux »), bien au contraire, car leurs
tortionnaires peuvent leur faire subir les pires atrocités sans risquer de les
tuer … et la torture psychologique est également fortement exploitée. Ames et cœurs
sensibles, abstenez-vous, car la souffrance est omniprésente dans ce récit !
Comme sûrement bien d’autres lecteurs
arpentant régulièrement les univers dystopiques post-apocalyptiques young
adult, j’ai plus d’une fois remarqué la prévisibilité de certains événements …
mais cela ne m’a pas dérangée plus que cela, puisque cela prouve, tout
simplement, que ce roman s’inscrit parfaitement dans ce genre et en suit les
codes ! Et ce m’a d’autant moins perturbée que tous ces éléments étaient
exploités à bon escient pour faire grimper progressivement la tension
dramatique, pour raviver sans cesse l’intérêt du lecteur et le pousser à faire
des conjonctures pour la suite … hypothèses qui seront soit confirmées soit
infirmées, comment le savoir ? Le final est d’ailleurs la démonstration la
plus époustouflante de cette stratégie : quelle fin, mais quelle fin !
Suffisamment d’indices pour faire naitre des milliards de suppositions, mais suffisamment
peu pour n’offrir aucune certitude et, donc, inciter à se procurer la suite. On
ne va pas se mentir, dans mon cas, cela a parfaitement bien marché : quel
atroce cliffhanger ! Il me faut absolument le tome deux, maintenant !
En bref, vous l’aurez compris, je suis tombée
sous le charme de ce premier tome qui, bien que cruel et dérangeant, est
particulièrement original et captivant. Une plume assez simple, j’en conviens,
mais fluide, sobre et efficace : tout ce que l’on peut attendre d’une
narration, en somme ! J’ai particulièrement apprécié la multiplicité des
points de vue, cela offre une certaine dynamique à ce récit finalement assez monotone
(le calme avant la tempête, c’est vraiment comme cela que j’ai interprété l’inertie
qui pèse sur ce premier tome). Des personnages attachants - mention spéciale à
Oxana et Alexandre, ces deux jumeaux fusionnels qui m’ont vraiment fait craquer !
-, une ambiance malsaine et pesante, un suspens à couper le souffle … quel
excellent récit, tout simplement ! C’est un roman que j’ai littéralement
dévoré, sans pouvoir m’arrêter, sans vraiment m’en rendre compte … Et l’apothéose
finale qui vous laisse sur votre faim, avec cette impatience grandissante de
savoir ce qui va désormais arriver à nos héros après cette funeste loterie …
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)
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