Editeur : Gallimard
Collection : Du monde entier
Nombre
de pages : 543
Résumé : "Tu veux jouer à inventer des
histoires ? Un chapitre chacun ? Je commence ? Il était une fois un village que
ses habitants avaient déserté. Même les chats et les chiens étaient partis. Et
les oiseaux aussi..." Le petit garçon qui joue ainsi à inventer des
histoires à la demande de sa mère est devenu un grand romancier. Sa mère n'est
plus là, mais il tient malgré tout à poursuivre la relation de l'existence
tumultueuse de sa famille et de ses aïeux.
- Un petit extrait -
« Des livres, en revanche, on en avait à profusion, les murs en étaient tapissés, dans le couloir, la cuisine, l'entrée, sur les rebords des fenêtres, que sais-je encore ? Il y en avait des milliers, dans tous les coins de la maison. On aurait dit que les gens allaient et venaient, naissaient et mouraient, mais que les livres étaient éternels. Enfant, j'espérais devenir un livre quand je serais grand. Pas un écrivain, un livre : les hommes se font tuer comme des fourmis. Les écrivains aussi. Mais un livre, même si on le détruisait méthodiquement, il en subsisterait toujours quelque part un exemplaire qui ressusciterait sur une étagère, au fond d'un rayonnage dans quelque bibliothèque perdue, à Reykjavik, Valladolid ou Vancouver. »
- Mon avis sur le livre -
J’ai beau être une lectrice passionnée, je
dois avouer être toujours assez peu enthousiaste face aux bibliographies
obligatoires de mes professeurs de littérature : de mauvais souvenirs datant du
collège m’ont rendues plutôt réticente aux lectures scolaires. C’est donc assez
peu motivée que je me suis lancée dans ce roman, le seul de la liste qui me
semblait un minimum intéressant. Et finalement, je suis véritablement ravie
d’avoir dépassé mon appréhension première : ce fut une très belle lecture, même
si ce n’est pas du tout le genre de livre que je lis d’ordinaire ! Pas évident
à chroniquer car j’ai toutes les grilles de lecture données par ma prof en
tête, mais je vais essayer de faire abstraction de ces considérations
littéraires pour vous expliquer simplement ce qui m’a plu dans ce roman
autobiographique.
Nous suivons donc l’enfance du petit Amos,
qui vit avec ses parents dans un quartier modeste de Jérusalem. Chapitre après
chapitre, pièce après pièce, il reconstitue le puzzle de son enfance, qui a
fait de lui ce qu’il est aujourd’hui. Pour cela, il nous conte l’histoire
complexe de sa famille, il remonte toujours plus loin dans le passé pour mieux
saisir le fabuleux hasard qui lui a donné naissance. Pour cela, il nous conte
l’histoire tumultueuse de son pays, il explique avec son regard et ses mots
d’enfants les événements qui ont précédés et suivis la reconnaissance de l’Etat
d’Israël par l’ONU. Et ces deux histoires s’entremêlent pour n’en former plus
qu’une, celle du petit Amos qui grandit au milieu de tous ces événements
nationaux et familiaux …
A mes yeux, la force de ce récit, c’est sa
narration : elle mêle avec brio l’innocence de l’enfance et la pleine
conscience de l’âge adulte. Tout tourne sans cesse entre ces deux perceptions,
ces deux visions du monde, qui n’en forment finalement qu’une puisqu’il s’agit
simplement de la même personne à deux moments différents de sa vie. Il y a des
choses que l’enfant ne comprend pas encore, ou pas parfaitement, et qui restent
donc floues jusqu’à ce que l’adulte narrateur intervienne pour clarifier tel ou
tel événement. Le lecteur se retrouve donc au cœur de cette rencontre, au
milieu de cette confrontation entre les souvenirs d’enfance et la compréhension
à posteriori de cette mémoire. Et finalement, il est aussi question de la
construction d’une identité : comment les événements extérieurs, les
rencontres, la vision que les autres ont sur nous, permettent-ils de faire
qu’un enfant devienne un adulte unique et différent de tout autre ? Quelle
est la force du passé sur le présent ? Tout ceci, cette histoire le montre
bien.
Je dois avouer ne pas vraiment savoir quoi
ajouter : comme précise au début, ce n’est pas du tout mon genre de
prédilection, aussi ne sais-je pas trop comment approfondir cette chronique. Je
me contente donc de dire que ce fut une belle lecture, une histoire qui nous
fait voir l’histoire plus concrètement, un récit de vie qui se lit très facilement.
Il y a finalement plusieurs histoires dans cette histoire : celle d’Amos,
celle de l’état d’Israël, mais aussi celle de la maman d’Amos, celle de sa
maitresse, celle de son grand-père ... et j’en passe ! Bien loin de me
décourager ou de me perdre, cette multiplication d’histoires m’a
passionnée : finalement, ne serions-nous pas aussi les héritiers
inconscients du vécu de nos parents, de nos grands-parents, et ainsi de
suite ? Ne serions-nous pas la somme de toutes ces rencontres, de tous ces
événements qui conduisirent à notre naissance ? Je conseille donc ce livre
aux passionnés d’histoire ainsi qu’à ceux qui aiment les autobiographies.
Ce livre a été
lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)
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