Le sang sur la lame
Editeur : Bragelonne
Nombre de pages : 672 pages pour l’intégrale
Résumé : Lorsque Deria, fille d’un obscur baron du Nord, est retrouvée
assassinée dans la capitale, les plus puissants de l’Empire font tout pour
cacher sa mort à son père. Les deux amis les plus proches de la jeune fille,
Shani, sa servante, et Mahlin, un garde du palais, se retrouvent alors mêlés
malgré eux à cette conspiration. N’écoutant que leur cœur, ils décident de se
rendre dans le Nord annoncer eux-mêmes la nouvelle au mystérieux baron. Ils
n’auraient sans doute jamais entrepris un tel voyage, s’ils avaient su qui
était réellement le père de Deria. Car, désormais, l’Empire va trembler.
- Un petit extrait -
« Les alentours du palais restaient d’habitude au calme durant la nuit. La majeure partie des cris et des rires résonnait dans les salles de banquet, et les jardins extérieurs désertés faisaient l’objet d’une surveillance suffisante pour décourager les indésirables. Seuls quelques amoureux de haut lignage se promenaient à travers les parterres de fleurs, prenant la lune à témoin et se promettant une fidélité extravagante qu’ils oublieraient à la prochaine beuverie. Rien ne bougeait jamais dans ce havre de paix. Jusqu’à ce soir. »
- Mon avis sur le livre -
J’ai toujours énormément apprécié
le principe des intégrales : vous achetez un seul livre, et vous possédez aussitôt
une saga entière sans avoir besoin de faire des suivis alambiqués du type « Alors,
j’ai déjà les tomes 1, 2, 4 et 7, il ne me reste plus qu’à trouver les autres
pour pouvoir enfin débuter ma lecture ! » … Parce que oui, je déteste
commencer une série sans avoir en ma possession tous les tomes, j’ai besoin de
savoir qu’une fois le premier tome terminé, je pourrais enchainer sur le second
et ainsi de suite. Il m’arrive ainsi d’attendre des années et des années avant
de me lancer dans la lecture d’un premier tome car j’attends que tous les tomes
soient sortis pour tous me les procurer et pouvoir ainsi « marathonner »
la saga ! Les intégrales, malgré leur taille généralement très
impressionnante, font donc mon bonheur … d’autant plus quand la série ainsi
regroupée est tout simplement époustouflante, ce qui est le cas aujourd’hui !
Mahlin a toujours été trop impulsif,
et cela finit toujours par lui retomber dessus. Ce soir-là ne fait pas
exception à la règle : en décidant soudainement de parier ses tours de
garde avec le soldat le plus chanceux du palais, il s’est retrouvé à surveiller
la porte la plus désolée du royaume tandis que gronde un terrible orage
nocturne. Et les choses ne s’arrangent pas lorsque débarque une jeune fille
aussi belle que charismatique, Deria, qui demande à rencontrer séance tenante l’Empereur.
Mahlin n’aurait jamais dû tomber sous le charme de la jeune noble sauvageonne …
Puisque lorsque celle-ci est retrouvée assassinée dans la Basse-Ville, il n’y a
que Shani, une jeune servante, et lui-même qui jugent nécessaire d’en avertir
le père de Deria … sans savoir sur qui ils allaient tomber après cet éprouvant
voyage dans les confins de l’Empire. Lorsque les légendes les plus terrifiantes
refont surface, lorsque les démons qui hantent les mythes reprennent vie, il n’est
plus question de simple vengeance mais bien d’une véritable boucherie.
Que dire sur ce premier tome,
hormis qu’il est tout simplement exceptionnel ? J’y ai trouvé tout ce que
j’aime : des personnages complexes (mention spéciale à Rekk, dit « Le
Boucher », qui semble au premier abord atrocement sanguinaire et
impitoyable mais qui est bien plus profond et sensible qu’il ne veut bien le
montrer …), des complots politiques emberlificotés et entremêlés (la
distinction manichéenne entre le Bien et le Mal n’a plus court dans ce récit,
tellement on ne sait pas qui est « gentil » et qui est « méchant »
... si tant est qu’il y est des gentils et des méchants !), de l’action,
des rebondissements, une bonne dose d’humour … Tous les ingrédients sont là,
mais Olivier Gay a su inventer une recette qui lui est propre pour faire du
premier tome de ce dyptique un ouvrage exceptionnel qui m’a captivée du début à
la fin (et quelle fin, quelle fin, j’en suis restée « comme deux ronds de
frites », pour reprendre l’expression de la grand-mère de mes cousins !).
Ce livre était tellement passionnant que je suis passée outre la fatigue oculaire
liée à la police de caractère minuuuuscule pour savoir ce qui allait se passer
dans le chapitre suivant … puis celui d’après, et encore celui qui suit … jusqu’à
la fin. Impossible de me détacher de ce roman !
Comme je viens de le dire, j’ai
énormément apprécié les personnages de ce roman. Alors certes, il est vrai que
certains (bonjour Mahlin !) sont insupportables, arrogants, égoïstes, que
d’autres (bonjour Rekk !) sont sanguinaires, presque barbares, et que d’autres
enfin (bonjour Laath !) sont lâches, faiblards et semblent ne pas avoir
leur place dans cet univers impitoyable … mais c’est justement cela qui fait
leur particularité, et c’est pour cela que je les aime ! J’ai eu envie de
donner des baffes à Mahlin pour le faire descendre de son petit nuage de
supériorité, j’ai eu envie de secouer Laath pour qu’il cesse d’être aussi naïf
et aussi candide, j’ai eu envie de botter les fesses de l’Héritier Theorocle
pour compenser la mauvaise éducation qu’il a eu … et j’ai adoré ressentir tout
cela contre les personnages, parce qu’on ne trouve pas assez de personnages de
cet acabit dans les récits de fantasy. Ici, pas d’Elu, pas de prophétie, juste
une vengeance en marche, juste des complots en préparation, juste la promesse d’une
effusion de sang.
A côté de ces personnages
masculins qui n’ont rien de héros respectables, trois personnages féminins
tirent leur épingle du jeu : Deria, libre et digne héritière du caractère
de son père, qui nous quitte bien trop vite, Shani, jeune servante au départ
discrète et fragile qui décide de prendre sa vie en main et qui est
probablement le personnage le plus intéressant de l’histoire de par son
évolution, et Dareen … Ha, Dareen, que je l’aime cette bonne femme ! Elle
est capable de ficher un carreau d’arbalète dans le cœur de quelqu’un puis de
vous inviter à venir boire le thé sans se préoccuper du cadavre qui trône dans
le salon, elle n’hésite pas à ordonner au Boucher lui-même d’essuyer ses bottes
sur le paillasson pour ne pas salir la maisonnée (même si un cadavre sanguinolent
est encore sur le tapis) avec l’aplomb de celle qui a la certitude de se faire
obéir des Démons des Enfers eux-mêmes. J’aime les récits qui présentent des
personnages féminins qui ont la classe et ne se contentent pas de suivre
aveuglément leurs confrères masculins comme des petites choses fragiles !
Quant à l’intrigue … bah je n’ai
honnêtement rien à lui reprocher. Certains y verront peut-être quelques
lenteurs, quelques schémas stéréotypés ou que sais-je encore, mais pour ma part,
je suis conquise, tout simplement. Il y a un fantastique entremêlement de
sous-intrigues qui rend l’ensemble merveilleusement explosif ! Il y a de l’instabilité
politique, un Empereur que l’âge commence à rendre fragile, un Héritier pourri-gâté
qui n’a pas l’étoffe d’un dirigeant avisé mais qui convoite le trône, une
Impératrice qui tente de concilier la chèvre et le chou (ou plutôt le Lion et
le Loup), des nobles qui cherchent à acquérir plus de pouvoir … Un vrai nid de
vipères que ce palais ! Rien qu’avec ça, il y a de quoi faire, alors si
vous ajoutez à cela la véritable croisade vengeresse d’un père dévasté par la
mort de sa fille, qui cherche l’assassin pour lui faire payer ce crime dans le
sang et la douleur … vous vous doutez bien que le mélange sera détonnant !
Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, mais je n’ai pas fait d’overdose d’actions
et de rebondissements non plus : quelques passages plus calmes, plus
introspectifs, étaient placés ci et là pour permettre au lecteur de reposer son
petit cœur éprouvé par tant d’émotions ! On sent que l’auteur tient à
garder ses lecteurs en vie … sauf à la fin. Là, je crois qu’il voulait m’achever.
Bon sang, heureusement que j’ai la suite à disposition, sinon je serai morte d’impatience !
Pour tout avouer, je suis présentement morte de peur car je ne sais pas du tout
ce que va m’apprendre le début du second tome … C’est cruel de faire ça !
Une fin digne de Gabriel Katz dans Aeternia, ça se sent qu’ils sont
copains ces deux-là !
Encore un petit paragraphe pour évoquer
la plume d’Olivier Gay, car elle a également eu son rôle à jouer dans ce
véritable coup de cœur ! J’ai vraiment énormément apprécié le style d’Olivier
Gay, à la fois très riche et très fluide, à la fois très expressif et très descriptif
… Le genre de narration que je cherche vainement à mettre en place dans mon
propre roman, pour tout vous dire ! J’aimerai tellement que ma plume sache
fait rire, sursauter, pleurer, grogner … les lecteurs autant que celle d’Olivier
Gay a su me faire rire, sursauter, pleurer, grogner … Des petites traces d’humour
pour « dédramatiser » un peu la situation lorsque celle-ci devient
trop tendue pour les nerfs des lecteurs, un vocabulaire suffisamment riche pour
satisfaire les lecteurs exigeants mais toutefois compréhensible, une tension
dramatique parfaitement maitrisée qui se ressent jusque dans la rythmique des
phrases, c’est tout simplement du génie je dis ! Les dialogues sont
vivants, les descriptions sont évocatrices, les explications sont à la fois
suffisantes sans devenir envahissantes, je suis vraiment tombée sous le charme
de cette plume qui a absolument tout de la narration parfaite à mes yeux !
C’est un vrai régal littéraire que de lire cet ouvrage !
En bref, je pense que cela ne sert
à rien de poursuivre, vous aurez bien compris quel est mon verdict puisque je l’ai
déjà énoncé ci et là : ce premier tome a été un véritable coup de cœur intersidéral
! Une intrigue captivante et bien menée, des personnages atypiques, certains
attachants en dépit de leurs défauts, d’autres insupportables, mais dans tous les
cas particulièrement complexes et intéressants, une plume fantastique … tout
est bon dans le cochon ce livre ! Franchement, que vous aimiez la
fantasy ou non, lisez ce livre, je suis certaine que tout le monde peut y
trouver son compte ! De plus, l’objet-livre en lui-même est superbe :
l’illustration est magnifique, les détails de la couverture (on dirait un
grimoire !) sont sublimes … Qu’il est beau ce livre, de l’extérieur comme
de l’intérieur ! Sur ce, je vous laisse et je vais dévorer le second tome !
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)
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