Les quatre royaumes
Editeur : Rebelle
Nombre de pages : 298
Résumé : Alors que la Rébellion est plus affaiblie que jamais, Héloïne devra
affronter ses démons pour se venger de Valdaraus. Accompagnée d'Arthus et
Emmeran, elle va partir à la rencontre des autres royaumes pour les rallier à
leur cause. Mais ce nouveau voyage sera semé d'embûches et il n'est pas certain
que toutes les découvertes qu'il réserve aux Rebelles soient de bon augure...
Un grand
merci à Tiphaine Croville et aux éditions Rebelle pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu
ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Elle laissa son regard glisser vers la droite et s’arrêta sur les dagues. Un muscle de sa joue tressauta. Elle porta instantanément sa main sous sa poitrine, où sa cicatrice ondulait. Elle ferma les yeux et prit une profonde bouffée d’air frais. Elle devrait se reprendre. »
- Mon avis sur le livre -
Lorsque ce second tome est enfin
arrivé dans la boite aux lettres, j’ai dû prendre sur moi pour ne pas me jeter
aussitôt dessus : j’avais d’autres engagements à tenir dans un délai bien
plus court. Mais ce fut vraiment difficile : la fin du premier tome laisse
le lecteur dans une telle incertitude, un tel désarroi, que l’attente était
presque insoutenable ! Le côté positif des choses, c’est que cela m’a
permis de garder un rythme de lecture remarquablement soutenu en dépit de ma
forme plus que moyenne ! J’ai donc profité de ce fantastique élan de
motivation qu’engendrait le désir irrésistible de connaitre la suite de l’histoire
et je me suis interdit de commencer ce second tome avant d’avoir terminé pour
de bon mon devoir de latin … Bon, honnêtement, hier, pour me donner du courage,
j’ai lu quelques chapitres … mais aujourd’hui, je me suis tenue à cette bonne
résolution et j’ai enfin réussi à mettre le point final à cet interminable
devoir … et j’ai enfin pu lire !
Après la terrible attaque qui a
failli couter la vie à Héloïne, la Rébellion est plus faible que jamais, tandis
que l’armée de Valdaraus ne
cesse de grossir. Arthus et Emmeran en sont persuadés : pour contrer la
puissance du tyran et l’empêcher de parvenir à ses funestes fins, les Rebelles
doivent gagner le soutien des autres Royaumes. Accompagnés d’un guérisseur et d’un
membre du Conseil des Moundis, les trois jeunes gens vont ainsi quitter
Phitanie afin d’aller s’entretenir avec les dirigeants des trois pays
frontaliers. Et malgré les embuches qui parsèment leur chemin, malgré les
démons intérieurs qu’ils ont tous à affronter, il est hors de question pour eux
d’échouer dans cette mission …
Il y a deux types de sagas :
celles dont le premier tome est tout simplement captivant mais qui s’épuisent au
fur et à mesure, et celles qui au contraire sont de plus en plus fantastiques
au fil des tomes. Et indéniablement, Phitanie fait partie de cette
seconde catégorie : si j’avais beaucoup aimé le premier volume, j’ai tout
simplement eu un coup de cœur pour cette suite ! Si le premier tome avait
pour vocation d’introduire contexte et personnages, le présent ouvrage remplit
à merveille son nécessaire devoir d’approfondissement ! Dès les premières
pages, cette impression s’impose à moi : quelle évolution par rapport au
premier ! L’auteur a pris confiance en elle, cela se ressent dans tous les
domaines : la gestion du rythme, des dialogues, l’affirmation des
personnalités complexes des personnages, l’introduction de toujours plus de
coups de théâtre, la mise en place de sous-intrigues bien plus subtiles et
fines … et surtout, une plume encore plus magnifique qu’auparavant, un régal à
lire, un style vraiment unique qui m’a transportée du début à la fin !
Une fois encore, je vais me baser
sur les propos de mes collègues blogueurs pour structurer mon argumentation.
Beaucoup mettent l’accent sur la « discordance » entre le titre et le
récit et regrettent amèrement que ce tome se nomme « les quatre
royaumes » alors qu’un seul d’entre eux est véritablement exploré. Déjà, n’oublions
pas que Phitanie fait partie de ces quatre royaumes : puisque l’objectif
premier de nos protagonistes est de le sauver, il est présent tout au long du
récit dans leurs cœurs et leurs esprits même s’ils le quittent assez rapidement
au début de l’intrigue. Ensuite, effectivement, l’accent est mis sur un d’entre
eux, et nos compagnons ne rentrent dans le troisième que dans les tous derniers
chapitres, sans avoir posé le pied dans le dernier. Mais contrairement à d’autres
lecteurs, cela ne m’a nullement choquée : j’aurai justement été bien déçue
si Héloïne et ses amis parvenaient à rallier à leur cause les trois souverains
en l’espace de quelques centaines de pages uniquement ! Cela aurait été à
la fois trop rapide et trop facile. Il faut ici considérer le titre comme l’idéal
poursuivi par les héros : les quatre royaumes unis afin de destituer un gouvernant
qui représente un danger pour tous les peuples de ce monde souterrain. Il s’agit
de l’objectif, et dans ce sens je trouve le titre parfaitement approprié !
En effet, vous l’aurez compris à
travers le résumé et le paragraphe précédent, tout ne va pas marcher comme sur
des roulettes pour Héloïne, Arthus et Emmeran. L’auteur a pris la merveilleuse
décision de ne rien épargner à ses personnages : entre la nature hostile
(leur pérégrination n’est pas une promenade de santé, ils devront déjà se
battre contre les éléments et leurs propres limites physiques pour atteindre
leur objectif purement géographique), leurs faiblesses psychologiques (ils ont
tous leur démon intérieur à vaincre, ou tout du moins à faire taire
temporairement, afin de pouvoir avancer), et bien évidemment la confrontation
avec autrui et ses propres convictions qui ne servent pas toujours leurs
objectifs, ils auront bien du mal à s’en sortir ! Et c’est tant mieux :
rien de tel que de l’incertitude, des erreurs et des défaites pour pimenter une
intrigue et faire monter remarquablement la tension dramatique ! Il y aura
du sang et des larmes, mais également énormément de remises en question et de
peur à surmonter, des épreuves autant physiques que mentales qui équilibrent
admirablement ces deux facettes du récit : la quête de soutien pour la
Rébellion et la quête d’identité pour Héloïne.
Héloïne reste par ailleurs une
héroïne que j’apprécie de plus en plus : bien différente d’une Katniss
Everdeen qui semble être indestructible, Héloïne affirme au contraire cette
fragilité qui fait tout son charme. Elle ne parvient pas à surmonter le choc d’avoir
tué un homme, cette mort la hante tout autant que celle des rebelles tombés au
combat … j’aime cet état d’esprit. Trop souvent, dans les récits pour
adolescents et jeunes adultes actuels, je trouve que les personnages principaux
s’habituent bien trop facilement à ôter la vie. Alors merci Tiphaine pour ce
trait de caractère d’Héloïne : il est tellement plus facile de s’attacher
et de s’identifier à une jeune fille sensible qui ne supporte par la souffrance
infligée volontairement à autrui. De la même façon, Héloïne ne se sent pas
encore prête à « aller plus loin » avec Emmeran, et cela la rend
particulièrement vulnérable : elle a toujours en elle cette crainte de
décevoir son petit amour, cette peur de le voir partir avec une autre à cause
de son blocage. Déjà, je trouve ça top de présenter une jeune fille qui a du
mal avec la sexualité - car c’est finalement le cas de bien des adolescentes,
contrairement à ce que la société actuelle tend à faire croire dans son
imaginaire collectif -, mais surtout, je trouve cela fantastique qu’Emmeran
comprenne ceci et la rassure : il ne la forcera pas … et surtout, même si
elle ne parvient jamais à franchir le cap, il ne la quittera pas pour cela.
Merci beaucoup Tiphaine pour cette romance atypique mais tellement, tellement
plus saine lorsque l’on s’adresse à de jeunes lecteurs ! L’amour, le vrai,
n’a à mes yeux pas besoin de se « prouver » au lit : il se vit
dans les petites attentions de tous les jours et dans les sentiments
uniquement. Merci Tiphaine, finalement, pour avoir osé sortir des sentiers
battus !
En bref, et je vais m’arrêter là
pour aujourd’hui, entre ce second tome et moi, le coup de foudre a été
immédiat. Ce fut un réel plaisir de retrouver Héloïne, mais également Arthus et
Emmeran que j’apprécie énormément (je suis toujours sous le charme de la belle
amitié fraternelle qui unie Arthus et Héloïne, et je persiste à croire que leur
symbiose cache quelque chose), et aussi de rencontrer de nouveaux personnages,
d’explorer de nouveaux horizons … Ce tome est celui du voyage, autant
géographique qu’intérieur, et pourtant on ne s’ennuie pas une seconde, grâce
aux nombreux rebondissements et à l’importance des enjeux. Je ne regrette qu’une
seule chose, finalement : que le prochain tome ne soit pas déjà sorti et
en ma possession ! Car si la fin du premier tome était déjà frustrante,
là, elle est tout simplement atroce. C’est cruel que de laisser tes lecteurs
face à une fin pareille, Tiphaine !
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)
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