
Editeur : Pocket Jeunesse
Nombre
de pages : 465
Résumé : À l'aube des cinquantièmes Hunger Games, la
peur s'empare des districts de Panem. Cette année, en l'honneur des Jeux de
l'Expiation, le nombre de tributs arrachés à leur famille pour participer à ces
jeux cruels sera doublé ! Dans le district 12, Haymitch Abernathy tente de ne
pas trop penser au terrible tirage au sort. Alors, quand le destin le désigne comme
tribut, son monde s'écroule. Alors que les Jeux sont sur le point de commencer,
Haymitch comprend que les épreuves sont truquées et qu'il n'a aucune chance.
Pourtant, quelque chose en lui le pousse à se battre... pour que ce combat
dépasse les frontières de l'arène mortelle.
« - Tu ne peux pas affirmer qu'une chose se produira demain sous prétexte qu'elle s'est toujours produite jusqu'à maintenant. C'est une logique douteuse.
- Ah bon ? Pourtant, c'est ainsi que la plupart des gens raisonnent.
- Justement. Croire que certaines choses sont inévitables, qu'on ne peut rien y changer, fait partie du problème. »
Vous n’imaginez même pas à quel point j’étais ravie d’apprendre qu’un hors-série sur Haymitch allait voir le jour, et à quel point j’étais terriblement impatiente de le découvrir ! En effet, Haymitch a toujours été mon personnage favori de la trilogie « Hunger Games », et j’avais vraiment hâte de découvrir son passé avant le début de « l’ère Katniss ». Je désirais vivement « faire la connaissance » de l’Haymitch pré-arène, du gamin qu’il était avant que les Jeux ne le brisent à tout jamais … Et le moins que l’on puisse dire, c’est que je n’ai clairement pas été déçue ! Bien sûr, on peut ressentir un peu de « fan-service » à certains moments, mais je trouve que c’est vraiment un hors-série qui apporte un vrai éclairage sur ce personnage à la fois très complexe et très « banal ».
Car c’est vraiment ce que je retiens de tout ce roman : contrairement à Katniss qui a toujours eu en elle cette étincelle de révolte, cette propension à briser les interdits et à s’affranchir des obligations, le jeune Haymitch a plutôt tendance à tout faire pour ne pas se faire remarquer. Prendre des risques, ce n’est clairement pas dans sa nature profonde : bien sûr, il fait tout ce qu’il peut pour aider sa mère et son petit-frère et pour améliorer leur quotidien (tout, y compris filer un coup de main à une fabricante d’alcool de contrebande : il semblerait que tout habitant du district Douze ait quand même cette attirance pour l’illégalité, comme un papillon de nuit pour la lumière), mais ce n’est clairement pas le genre d’ado rebelle qui va publiquement remettre en cause le système. Et tout au long du livre, on se rend bien compte qu’il n’a rien d’un véritable héros : sans être foncièrement égoïste pour autant, il n’a rien d’un « brave chevalier » prêt à mourir pour une cause qui le dépasse ou pour quelqu’un d’autre. Il a, humainement, très envie de rester en vie, même si cela signifie la mort d’autrui … Et je trouve que cela fait du bien, parfois, de se retrouver face à des personnages « normaux », qui nous ressemblent. On a certes besoin de modèles à la Katniss pour oser faire front contre l’injustice, mais on a aussi besoin d’être un peu « rassurés » : c’est normal de ne pas être à la hauteur de ces grands héros de romans, nous ne sommes qu’humains, après tout.
En bon petit gamin du Douze, le jeune Haymitch a tout de même tout au fond de lui cet appel à la lutte contre l’oppression et au dévouement pour les plus fragiles : du début à la fin, il enchaine les petits actes de rébellion, de défi vis-à-vis du Capitole. Il veut leur montrer qu’il ne jouera pas à leur petit jeu, qu’il ne servira pas volontairement leur propagande. Et même s’il se rend lui-même compte que, bien malgré lui, il se retrouve prisonnier du système et donc qu’il sert les intérêts de Snow, il a au moins le mérite d’essayer. Et essayer « c’est toujours mieux que de ne rien faire », même si l’essai se solde par un échec … Tout au long du livre, on oscille entre l’envie de féliciter cet ado qui tente de garder la tête haute, et celle de le réconforter lorsqu’il se rend compte qu’il n’a pas réussi à atteindre les objectifs qu’il s’éteint fixés ou à remplir la mission qu’on lui avait confié. Haymitch est vraiment très attachant, on sent qu’il a grand cœur, que c’est un brave garçon, qu’il n’est pas guidé par la haine mais plutôt par le désir de rendre les choses plus belles pour tout le monde … C’est vraiment un jeune héros qu’on a envie de soutenir de toutes nos forces, parce que si le monde était rempli de plus de personnes comme lui, les choses iraient sans doute mieux. Il n’est pas parfait, loin de là, mais il essaye d’être la meilleure personne possible … et c’est déjà beaucoup.
Mais l’émotion qui a vraiment prédominé ma lecture, c’est vraiment la peine : pauvre, pauvre Haymitch. La Moisson est déjà un système horrible et injuste, mais alors la façon dont il s’est retrouvé tribut (et le fait que cette irrégularité ait été si habilement masquée, ce qui prouve que la « vérité » est une chose bien fragile et bien manipulable) est absolument atroce. Et ces Jeux d’Expiation, avec deux fois plus de tributs et donc deux fois plus de morts nécessaires pour être le vainqueur … c’est horrible, vraiment. Surtout pour un jeune aussi sensible que ne l’ait Haymitch : c’est vraiment le genre de personne qui s’attache à tout le monde, et qui ne peut pas s’empêcher de prendre sous son aile tous ceux qui sont fragiles et délaissés … Et perdre tous ses petits protégés un à un, sans avoir pu rien faire pour les sauver, en ayant de plus cette culpabilité d’être resté en vie, cela doit vraiment être infernal à porter. On comprend donc bien pourquoi, au retour de cette épreuve, il sombre si rapidement dans l’alcool et devient, année après année, ce mentor las et désabusé que nous connaissons. Bien sûr, certains estimeront qu’il aurait dû lutter plus que cela, mais pour ma part, j’estime qu’Haymitch mérite plutôt la compassion que le mépris : très personnellement, je ne pense pas que j’aurai réussi à vivre avec ce poids, ce fardeau qui est le sien … alors je comprends qu’il tente d’oublier toutes ces horreurs. La résilience est un beau concept, mais c’est un concept très élitiste : tout le monde n’a pas cette force de caractère, et c’est normal, ce n’est pas être « un moins que rien », c’est juste être un humain « standard » …
En bref, je me suis vraiment « régalée » du début à la fin, car ce fut un plaisir de retourner dans cet univers si riche et si intéressant, et surtout, ce fut un plaisir de faire la connaissance du jeune Haymitch, même si on aurait préféré que cela se fasse dans d’autres circonstances … J’ai également beaucoup aimé rencontrer petit à petit d’autres personnages que nous retrouvons dans la trilogie originelle, on comprend bien mieux certaines choses maintenant. Mention spéciale à la toute jeune Effie : je ne m’attendais pas du tout à ce qu’elle apparaisse de cette manière, et cela la rend encore plus sympathique également ! J’espère que l’autrice nous proposera d’autres hors-séries de ce genre, je suis sûre qu’il y a encore des tas de personnages secondaires sur lesquels se concentrer pour nous offrir un tableau toujours plus complexe de l’histoire que nous connaissons déjà !