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samedi 31 octobre 2020

La Quête d'Ewilan, tome 3 : L'ile du destin - Pierre Bottero


La quête d’Ewilan3, Pierre Bottero
L’ile du destin

Editeur : Rageot
Nombre de pages : 767 pour l’intégrale

Résumé : Après avoir libéré les Sentinelles, Ewilan et Salim rejoignent la Citadelle des Frontaliers avec leurs compagnons. Là, Ewilan découvre la retraite de Merwyn, le plus grand des dessinateurs. Il leur conseille de regagner l’autre monde et de convaincre Mathieu, le frère d’Ewilan, de les suivre en Gwendalavir. À leur retour, ils embarquent pour les îles Alines afin de délivrer les parents d’Ewilan, retenus par Eléa, la sentinelle traîtresse…



- Un petit extrait -
« - Non, ce qui est injuste c'est que je ne puisse pas te sortir toutes les phrases bien acides que j'avais préparées. Je pars parce que tu m'as oublié, je boude, je rumine ma rancœur et, quand tu arrives, je n'ai plus rien à dire. Tu es là et je suis heureux. C'est tout et c'est injuste.
-Je... tu... bafouilla-t-elle
-Tu as raison ma vielle, conclut Salim en sautant sur ses pieds, allons manger. »
- Mon avis sur le livre -

Dans ma bibliothèque, il y a quelques livres que je chéris un peu plus que les autres. Soit parce qu’ils ont une histoire particulière (un cadeau d’un ami cher, un livre trouvé par hasard après des mois de recherche …), soit parce qu’ils sont dédicacés (et donc vecteurs du souvenir de la rencontre avec l’auteur), soit parce qu’ils sont particulièrement beaux. C’est le cas de mes trois intégrales des trilogies de Bottero : je les aime énormément, parce qu’elles sont tout simplement magnifiques. Couverture en dur, vraie reliure, petit marque-page ruban … De vrais petits grimoires qui attirent irrésistiblement mon regard à chaque fois que je parcours mes étagères à la recherche de ma prochaine lecture ! Alors il faut bien admettre que ce n’est clairement pas le format le plus pratique à transporter : trois livres en un, ça donne quelque chose de plutôt volumineux ! Mais je ne les échangerai contre rien au monde, elles sont juste tellement superbes … Je pense d’ailleurs leur offrir une place de choix dans ma future bibliothèque !

Aidée de ses compagnons, Camille a réussi à retrouver et libérer les Sentinelles, qui se sont empressées de faire sauter le verrou qui pesait sur l’Imagination et empêchait les Dessinateurs de lutter efficacement contre les assauts des Raïs : Gwendalavir est sauvé ! Mais la jeune fille est loin de partager l’allégresse populaire : elle n’a désormais plus qu’une seule idée en tête, faire avouer à la félonne Eléa où se trouvent ses parents et aller les chercher … Mais la traitresse quitte la Citadelle des Frontaliers après avoir tenté de la faire assassiner par un de ses hommes de main. Heureusement, Camille reçoit l’aide inespérée et inattendue du légendaire Merwyn, qui lui apprend également où sont emprisonnés ses parents et lui conseille d’aller chercher son frère Matthieu avant de se lancer dans cette longue et dangereuse expédition. Car pour retrouver Elicia et Altan, la Compagnie va devoir traverser le Grand océan du Sud où rôdent les terribles pirates Alines, et s’aventurer dans des Terres inconnues dont nul Alavarien n’est jamais revenu … Mais Camille ne reculera devant rien pour retrouver ses parents.

Contrairement à ce qu’on pouvait penser à la fin du tome précédent avec la libération des Sentinelles, la Quête d’Ewilan est bien loin d’être terminée : il lui reste encore à retrouver ses parents, que la traitresse Eléa a emprisonnés pour avoir le champ libre. L’enjeu est bien différent de celui qui animait les tomes précédents, puisqu’il ne s’agit plus de sauver le monde, mais il est autrement plus essentiel pour notre jeune héroïne : retrouver ses parents, c’est retrouver son passé, et donc son identité. Pour elle qui n’a jamais connu que l’indifférence, voire même le mépris, de ses parents adoptifs sur Terre, retrouver ses parents biologiques, c’est aussi assouvir sa soif de tendresse et d’amour qui lui ont tant fait défaut jusqu’à présent. Car Camille a beau être très intelligente, elle a beau être très mature et très indépendante, elle n’en reste pas moins une adolescente qui a besoin d’affection, d’attention. Qui a besoin de redevenir une enfant comme les autres, avec des parents pour veiller sur elle, pour la guider dans la vie. Tout ceci rend cette nouvelle quête autrement plus poignante que la précédente : on s’est tellement attaché à la mistinguette qu’on a véritablement envie de la voir gouter au bonheur qui lui a si longuement été arraché …

Car contrairement à beaucoup de lecteurs visiblement, j’apprécie Camille. Elle n’est pas mon personnage préféré de la saga, loin de là (Ellana a déjà pris la place), mais je me suis tout de même attaché à elle. Là où certains blogueurs déclarent vouloir lui mettre des claques dès qu’elle ouvre la bouche, là où d’autres la trouvent hautaine et insupportable, je ne vois qu’une jeune fille trop intelligente pour son propre bien : comme beaucoup d’enfants surdoués, Camille peine à trouver son équilibre, et j’ai surtout eu de la peine pour elle. Car on lui en demande beaucoup, pour une adolescente de quatorze ans : dès le début, tous les « adultes » de l’expédition ne cessent de s’appuyer sur elle, ne cessent de placer tous leurs espoirs en elle. Et Camille a supporté cette pression sans jamais se plaindre, sans jamais se dérober … Retrouver ses parents, c’est donc retrouver son « statut » d’enfant dont elle a été privée depuis qu’elle a posé le pied dans ce monde. De la même manière, pas une seule fois je n’ai été agacée par le comportement de Salim, bien au contraire, ses blagues et sa malice sont à mes yeux une véritable bouffée d’air frais ! J’aime sa loyauté sans faille, son dévouement sans limite … et bien sûr son amour sans tâche. Ils sont si beaux, tous les deux !

On s’en doute, cette quête sera toute aussi difficile que la précédente, si ce n’est plus. Car Eléa, en bonne traitresse qui se respecte, est prête à tout pour empêcher Camille de retrouver et libérer ses parents, et donc par la même occasion dévoiler au grand jour sa propre félonie … Heureusement que Camille est bien entourée pour faire face à tous les obstacles que la Sentinelle parjure dresse sur leur route ! C’est ce que j’aime tant dans cette saga : chaque personnage y a son moment de gloire, et surtout, chacun à un rôle essentiel à y jouer. Camille est certes l’héroïne, mais sans ses compagnons, elle ne serait et ferait rien, et elle le sait parfaitement. Ce tome, c’est celui qui entérine profondément tous ces liens d’amitié et d’affection qui sont nés au cours de la trilogie : il y a quelques mois encore, ils n’étaient que de parfaits inconnus les uns pour les autres, et ils sont maintenant intimement soudés. Prêts à faire face à toutes les épreuves. Et si certains regrettent qu’ils s’en sortent « trop facilement », je préfère y voir, justement, la preuve qu’ils forment un groupe indestructible : l’union fait la force, là où Eléa est totalement seule avec sa rancœur et son ambition. C’est à mes yeux un livre qui loue la force de l’amour et de l’amitié, et j’aime beaucoup ce message.

En bref, vous l’aurez bien compris, c’est un final en apothéose que nous offre l’auteur avec ce troisième opus de la première trilogie ! Quel régal que de suivre cette joyeuse compagnie pour cette nouvelle aventure, toute aussi captivante mais indiscutablement plus poignante ! Et que de rebondissements : j’ai beau connaitre l’histoire désormais, je me laisse toujours surprendre par certains passages, tant ils sont bien amenés, bien menés, bien racontés ! C’est vraiment un récit qui vous happe du début à la fin, un récit qui vous fait vivre les aventures avec les personnages au lieu de simplement vous les relater. Alors on tremble, on rit, on pleure, on rêve avec eux, comme si on y était. Et peut-être qu’on y est, d’une certaine façon : avec Bottero, on a vraiment ce sentiment qu’en ouvrant le livre, on se retrouve transporter ailleurs. Du grand génie, je ne le redirais jamais assez ! Et cela d’autant plus qu’avec ce tome, il réussit l’incroyable pari de boucler une histoire tout en en ouvrant une nouvelle : car on le sent bien, les aventures de Camille et ses amis sont loin d’être terminées ! Elles ne font, peut-être, que commencer … Ma conclusion est donc simple et sans détour : il faut lire et faire lire la Quête d’Ewilan, c’est un vrai petit bijou pour les jeunes lecteurs comme pour ceux qui souhaitent retrouver cette âme d’enfant qui se cache au fond de chacun de nous !

samedi 17 octobre 2020

La Quête d'Ewilan, tome 2 : Les frontières de glace - Pierre Bottero


La quête d’Ewilan2, Pierre Bottero
Les frontières de glace

Editeur : Rageot
Nombre de pages : 767 pour l’intégrale
Résumé : Revenus dans l’Empire de Gwendalavir, Ewilan et Salim partent avec leurs compagnons aux abords des Frontières de Glace pour libérer les Sentinelles. Ils repoussent en chemin les attaques de guerriers cochons, d’ogres et de mercenaires du Chaos, alliés des Ts’liches, mais se découvrent un peuple allié : les Faëls. Salim se lie d’amitié avec une marchombre, Ellana, dont les pouvoirs le fascinent ; tandis que, face au maître d’armes, Ewilan assoit son autorité et affermit son Don. Malgré les attaques d’une goule la petite troupe parvient à destination ....

- Un petit extrait -
« Où tu veux, Camille chuchota-t-il. J'irai où tu voudras. Je te suivrai partout, même dans les étoiles... Je veux juste que tu saches que vivre sans toi m'est impossible. Alors je t'en supplie, ne meurs plus, parce que sinon, moi, je vais mourir pour de bon... Parce que la vie sans toi n'a pas de goût, pas de sens... Parce que sans tes yeux, je suis aveugle. Sans tes mots, je me perds. Parce que sans toi, mon âme est nue. Sans toi, je ne suis rien... Parce que... je t'aime... »
- Mon avis sur le livre -

Comme certains le savent déjà, ma famille et moi avons déménagé au cours de l’été : si c’est un changement que nous attendions depuis de très nombreuses années, ça n’en restait pas moins un gros bouleversement qui a eu tendance à m’angoisser et à me peiner quelque peu. Ce n’est pas si facile de quitter une maison dans laquelle on a passé presque quinze ans … Histoire de me changer les idées et me redonner un peu de baume au cœur, je me suis dit que le moment était alors idéal pour se replonger dans les trilogies de Gwendalavir : ce sont des livres qui, systématiquement, à chaque fois que je les relis, me remonte le moral. J’avoue que j’ai tout de même longuement hésité à glisser neuf tomes dans mon planning de lecture (et donc dans le planning de publication du blog : il a fallu réfléchir intensément pour étaler suffisamment les chroniques pour ne pas trop vous lasser), mais l’appel du cœur a heureusement été bien plus fort que cette petite voix inquiète de la raison, et j’ai donc fait de juillet mon « mois Bottero » … 

Camille et Salim sont de retour en Gwendalavir, sans être parvenu à convaincre Akiro, le frère de la jeune fille, de les accompagner … C’est donc à l’adolescente que revient la lourde tâche de réveiller les Sentinelles, figées par les terribles Ts’lichs depuis des années. Pour cela, la compagnie au grand complet va devoir traverser tout le continent pour rejoindre la Cité désertée d’Al-Poll dans laquelle sont emprisonnés les puissants Dessinateurs. Le chemin est loin d’être de tout repos : entre les hordes de Raïs et les Marcheurs que les Ts’lichs leur envoient régulièrement afin de les éliminer avant qu’ils ne parviennent à destination, et les nombreuses bêtes et créatures sauvages et féroces qui hantent le territoire, Camille et ses compagnons vont devoir redoubler de prudence, de courage et de talent pour se sortir d’affaire et rester en vie … Mais le plus difficile reste surement à venir : nul ne sait réellement quel est ce mystérieux Gardien qui est censé surveiller le sommeil des Figés.

Si le premier tome nous invitait à découvrir avec émerveillement ce nouveau monde dans lequel Camille et Salim sont tombés, nous offrant un récit somme tout assez joyeux et léger, il en est tout autrement de ce deuxième opus. Tous les membres de la compagnie le sentent au plus profond d’eux-mêmes : l’aventure n’a plus la même saveur maintenant que l’avenir de leur monde repose sur leurs seules épaules. Le voyage se transforme en quête. Et l’histoire se fait subtilement mais indéniablement plus profonde. Tandis que la compagnie traverse maintes épreuves, franchissent maintes obstacles, affrontes maintes embuches, pour atteindre leur destination finale où se jouera le sort de tout un monde, nous voyons avec plaisir, mais toutefois un peu de tristesse également, notre chère Camille grandir, murir. Jusqu’alors encore une petite fille, insouciante et innocente malgré son intelligence, Camille devient une jeune femme consciente des responsabilités qui sont désormais les siennes … C’est pour elle l’occasion de s’affirmer. Jusqu'à présent, elle suivait gentiment le mouvement en laissant les autres décider pour elle. Désormais, elle fait comprendre à tous ceux qui entendent dicter sa conduite qu’elle est la seule et unique maitresse de son existence. Envers et contre tout et tous s’il le faut ….

Mais cette profondeur se retrouve également, si ce n’est surtout, dans les relations entre les différents personnages. Je dois vous avouer que certains passages m’ont tiré les larmes aux yeux tant ils sont puissants. J’ai particulièrement apprécié le moment où Camille apprend à quel point Edwin (et dans une moindre mesure l’Empereur) était proche de ses parents … A partir de ce moment-là, Edwin n’est plus ce maitre d’armes si sévère et pragmatique qui ne fait que son devoir en aidant cette jeune Dessinatrice à sauver leur monde. Il a une toute autre raison, bien plus personnelle, de veiller sur cette jeune fille, qui aurait pu être la sienne si les choses avaient été quelque peu différentes. C’est vraiment très émouvant. De même, j’ai beaucoup aimé les différentes « rencontres » entre Camille et la Dame : je ne vous en dis pas plus pour ne rien gâcher au plaisir de ceux qui n’ont toujours pas découvert cette formidable saga, mais ces passages sont d’une poésie incroyable. A la fois si doux et si forts … J’ai également été très émue par tous ces petits moments où Ellana s’affirme comme grande sœur de cœur de Camille. Mais rien n’égalera jamais la déclaration de Salim à Camille. C’est juste magnifique, il n’y a pas d’autres mots : il y a entre ces deux-là un lien si fort, si pur, si simple mais si complexe à la fois. 

Un récit bien plus profond et émouvant, donc … Mais n’ayez crainte, comme dans toute bonne quête de fantasy qui se respecte, ce deuxième tome nous offre également des moments de pure action. Des instants de grande tension. Plus d’une fois, mon cœur s’est emballé, mon souffle s’est coupé, tandis que je craignais pour la vie de nos compagnons : on a ce sentiment atroce que tous ne n’en sortiront pas indemnes … ou ne s’en sortiront pas tout court. Sans s’en rendre vraiment compte, on s’est attaché à cette étrange équipée, et c’est un crève-cœur de se dire que, peut-être, certains vont nous quitter. A chaque nouvel obstacle, à chaque nouvelle embûche, à chaque nouveau combat, on est tiraillé entre l’envie de lire toujours plus vite pour savoir comment tout ceci va se terminer, et la crainte de ce qui nous attend et qui nous contraint donc à ralentir de peur de ce qu’on pourrait trouver en tournant la page … Que de rebondissements : on n’a jamais le temps de s’ennuyer ! Page après page, on sent que le grand basculement se rapproche, inexorablement : nos héros se rapprochent du terme de leur voyage, mais pas de leur mission. Tandis que l’échéance se précise, la tension enfle progressivement, jusqu’à devenir insoutenable au moment où Camille se retrouve seule face à son destin …

En bref, vous l’aurez bien compris, si le premier tome était déjà exceptionnellement captivant, celui-ci est tout simplement extraordinairement haletant. L’histoire a beau être bien moins légère que dans le premier opus, il y a toujours cette fraicheur qui nous fait redécouvrir la fantasy avec ce regard d’enfant : on se laisse totalement transporter par cette quête riche en rebondissements, qui nous fait passer par toutes les émotions possibles et inimaginables. Nous ne sommes pas de simples spectateurs, mais nous avons vraiment le sentiment de vivre cette aventure avec les personnages, et ceux-ci deviennent rapidement de bons amis que l’on retrouve avec une joie intense à chaque fois qu’on rouvre le livre. Et que dire de la plume de notre regretté Bottero, cette plume à la fois si simple et si belle, si douce et si intense ? Je suis toujours bluffée par ce style, et je dois souvent lutter contre l’envie irrésistible de lire à voix haute, tant cette histoire se prête au partage au coin du feu … Clairement, si vous avez cette chance de pouvoir encore découvrir cette histoire (car même si je la redécouvre à chaque fois que je la relis, rien n’égale jamais la force de la toute première fois), je ne peux que vous inviter grandement à le faire !

samedi 3 octobre 2020

La Quête d'Ewilan, tome 1 : D'un monde à l'autre - Pierre Bottero


La quête d’Ewilan1, Pierre Bottero
D’un monde à l’autre

Editeur : Rageot
Nombre de pages : 767 pour l’intégrale
Résumé : La vie de Camille, adolescente surdouée, bascule quand elle pénètre accidentellement dans l’univers de Gwendalavir avec son ami Salim. Là des créatures, les Ts’liches, la reconnaissent sous le nom d’Ewilan et tentent de la tuer. Originaire de ce monde, elle est l’unique héritière d’un don prodigieux, le Dessin, qui peut s’avérer une arme fatale dans la lutte de son peuple pour reconquérir pouvoir, liberté et dignité. Épaulée par le maître d’armes de l’empereur et un vieil érudit, Camille apprend à maîtriser son pouvoir...

- Un petit extrait -
« Salim riait aux éclats, d'un rire extatique. Bjorn amena son coursier contre le chariot et le garçon bondit à l'intérieur.
- Plus tard, je serai chevalier, affirma-t-il à Camille.
- J'espère que nous ne croiserons pas un cosmonaute ou un chasseur de méduses, se contenta-t-elle de répondre en souriant. »
- Mon avis sur le livre -

Je ne suis sans doute pas la seule, du moins je l’espère, mais je suis toujours très nerveuse quand l’une de mes connaissances se plonge dans un livre que je lui ai conseillé. A la fois parce que j’ai peur que la personne ait une déception par ma faute, et parce que je suis toujours malheureuse comme les pierres quand je lis des avis négatifs sur mes livres chouchous. J’ai beau savoir que tous les gouts sont dans la nature, ça me brise toujours le cœur quand on dit du mal de romans que j’ai adoré … Peut-être en partie car je ne peux m’empêcher de me sentir « nulle » de tant apprécier un livre qui semble, si j’en crois les autres, présenter tous les défauts du monde. Il faut dire que je lis principalement de la jeunesse … et que la plus grosse critique faite par ceux qui découvrent ces romans à l’âge adulte est invariablement « c’est trop enfantin », comme si c’était un défaut rédhibitoire, alors que c’est juste l’âge du public cible qui veut cela … Pour ma part, c’est bien simple : quand je me (re)plonge dans un ouvrage jeunesse, je me contente de retrouver mon regard d’enfant, et croyez-moi, ça fait le plus grand bien !

Le petit quotidien bien monotone de Camille Duciel bascule littéralement lorsqu’elle passe dans un autre monde pour éviter le camion qui lui fonçait dessus. Après avoir vu un chevalier faire un vol plané en combattant une mante-religieuse-lézard géante qui s’adresse à Camille en l’appelant « Ewilan », après avoir récupéré une étrange pierre bleue et avoir failli se faire embrocher par la terrifiante créature, la jeune surdouée retourne sans trop savoir comment dans son monde d’origine, l’esprit chargé de milles et une questions … Elle y retourne quelques temps plus tard en compagnie de son meilleur ami Salim pour fuir les araignées géantes qui se sont invitées dans son jardin … Au gré des rencontres et des découvertes, Camille va apprendre l’impensable : elle est originaire de Gwendalavir et elle dispose d’un fabuleux pouvoir qui lui permet de rendre réel ce qu’elle imagine. Un don qui est peut-être la clé pour sauver ce monde …

Incroyable. C’est peut-être l’un des mots qui revient le plus souvent lorsque je tente désespérément de trouver un juste qualificatif pour définir cette trilogie (et les suivantes, d’ailleurs). Car aujourd’hui comme hier, alors même que je connais désormais l’histoire presque par cœur, alors même que j’ai lu des centaines d’autres ouvrages bien plus « aboutis » que celui-ci, je suis totalement émerveillée. Complétement happée, captivée, transportée par cette histoire. Comme si j’avais à nouveau douze ans et que je découvrais cet univers pour la toute première fois : avec des étoiles plein les yeux et des rêves plein la tête. On en oublie tous nos petits soucis et grands tracas, on en oublie presque parfois que ce n’est que de la fiction, car on se laisse juste emporté par cette fantastique épopée et par la découverte de ce nouveau monde qui nous tend les bras : d’une certaine façon, ouvrir ce livre, c’est effectuer un pas sur le côté. C’est passer d’un monde à l’autre le temps de quelques centaines de pages. C’est vivre à notre tour de grandes aventures sans avoir à sortir de chez soi. C’est la magie de la lecture, et Bottero était assurément l’un des plus grands magiciens des mots !

Il est vrai qu’objectivement, on pourrait trouver des tas de « défauts » à ce premier tome. On pourrait reprocher à Camille d’être une héroïne trop stéréotypée, avec ses yeux violets, son intelligence hors-norme et son don surpuissant. On pourrait de la même manière reprocher à Salim d’être le cliché-même du clown de service, à Bjorn d’être la caricature du chevalier vantard, à Duom d’être le classique vieux sage un peu barbant, à Edwin d’être le guerrier charismatique et autoritaire, et à Ellana d’être la mystérieuse jeune femme surgie de nulle part. On pourrait également considérer l’intrigue comme étant trop simpliste, nos héros se débarrassant de tous les obstacles se dressant sur leur passage d’un simple claquement de doigt et parvenant toujours à leurs fins … Mais avant de lire des avis et chroniques d’autres lecteurs et blogueurs, absolument aucun, je dis bien aucun, de ses points ne m’a jamais dérangée : je ne les avais même pas remarquée. Pour la simple et bonne raison peut-être que j’ai toujours pris le parti de lire les romans destinés à la jeunesse avec un regard d’enfant, sans me laisser parasiter par ces critères de grand …

Et quand on arrive à se détacher de tout cela, je vous l’assure, le plaisir est bel et bien là. Je me suis très rapidement attachée – et même parfois identifiée – à Camille, cette adolescente brillante qui se sent en profond décalage avec les autres, et à tous ces compagnons. J’aurai aimé avoir un ami aussi fidèle que Salim, ce jeune garçon qui semble insouciant et désinvolte au premier abord mais qui, on le sent, la fera toujours passer avant lui-même et ne la laissera jamais tomber. Ils sont beaux, tous les deux, liés par cette amitié si évidente et si profonde. J’ai également beaucoup aimé Edwin, qui derrière sa fermeté teinté d’austérité cache un sens du devoir et de l’honneur admirables. Et que dire de Bjorn, ce chevalier au grand cœur dont les tirades grandiloquentes m’ont souvent fait éclaté de rire, de Hans et Maniel, discrets mais indispensables, de Maitre Duom qui prend son rôle de mentor très à cœur, et bien sûr d’Ellana et sa répartie qui n’a d’égale que sa bonté ? Non, vraiment, cheminer aux côtés de cette compagnie est un vrai régal ! Quant à l’histoire, elle est peut-être simple et classique, mais elle est efficace : elle m’a captivée, du début à la fin. J’ai tremblé de crainte et soupiré de soulagement, j’ai ris et j’ai pleuré … 

En bref, vous l’aurez bien compris, je n’ai pour ma part pas le moindre reproche, pas la moindre critique à faire à ce roman, qui m’a fait passer un extraordinaire moment de lecture. Trop court, peut-être, car j’ai eu le sentiment de tourner la dernière page quelques minutes seulement après avoir ouvert la première, mais indiscutablement excellent. C’est un livre vraiment rafraichissant, qui nous invite à retrouver notre âme d’enfant pour le savourer pleinement, qui nous rappelle la force de l’imagination et la beauté du rêve ainsi que la puissance de l’amitié. C’est un premier tome certes plutôt introductif, mais qui donne véritablement envie de se ruer par la suite, car on sent que cette quête qui donne son nom à la trilogie promet d’être vraiment passionnante, riche en rebondissements et en révélations, en actions et en émotions. L’aventure ne fait clairement que commencer, et les choses sérieuses ne vont pas tarder à débuter : alors, prêts à prendre la route aux côtés de Camille et de tous ses compagnons ? Pour ma part, excusez-moi, mais je ne vous attends pas : j’ai bien trop hâte !