Nid d’espions à Canton
Editeur : Autoédition
Nombre
de pages : 305
Résumé : Au cœur des ruelles envoûtantes de Canton,
des palaces coloniaux aux fumeries d’opium, des casinos luxueux à l’ombre des
pagodes et des temples millénaires, nos quatre investigateurs se retrouvent au
milieu d’un jeu dangereux entre espions de différents pays, afin de récupérer
des données liées à de sombres savoirs impies. Une enquête qui les mènera à
s’attirer l’ire de cultes séculaires et à devoir affronter des créatures dont
ils ne connaissaient que de vagues descriptions : les goules...
Un grand merci à Guy-Roger Duvert pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.
« Comme vous le savez, mon contact, un ressortissant britannique du nom de Corbyn, était disposé à me céder le texte de Cresci, potentiellement riche en enseignements concernant cet Ordre de Janus, qui au XVIe siècle aurait utilisé comme signe le ralliement le même symbole que celui que vous avez trouvé dans les ruines du Bengale dédiées à Nyarlathotep. Malheureusement, notre homme semble avoir disparu. J’avais rendez-vous avec lui il y a trois jours, et il n’est jamais venu. Après renseignement, il semblerait qu’il n’ait plus donné signe de vie depuis une semaine, maintenant. »
Mars 1935. Pas de repos pour les braves : laissant derrière eux le delta du Bengale et les Indes Britanniques, Milton, Kristen, Lillian et Howard embarquent pour Hong-Kong. Ils y retrouvent une autre membre de la Miskatonic, qui leur fait part de son inquiétude : son contact sur place, supposé lui remettre un document particulièrement important - et potentiellement dangereux s’il se retrouve entre de mauvaises mains -, ne donne plus signe de vie depuis plus d’une semaine. Sans tarder, nos quatre compagnons se remettent en route : cap pour la concession internationale de Canton. C’est là, au cœur d’un imbroglio diplomatique où les espions de tous pays jouent au chat et à la souris, que nos quatre explorateurs commencent leur enquête … Sans se douter qu’ils vont, une nouvelle fois, se retrouver entourés de dangers surnaturels. Entre une fumerie d’opium où disparaissent des corps et un cimetière où se tient une macabre cérémonie nécrophile, il n’y a parfois qu’un pas …
Après l’explosion d’action de l’opus précédent, il faut bien reconnaitre que celui-ci fait « pale figure » en comparaison : c’est le calme après la tempête, et probablement avant la suivante. Tome de transition plus qu’autre chose, il permet au lecteur de reprendre doucement son souffle … pour ensuite le tenir en haleine. Il a beau se passer moins de choses dans ce volume que dans les précédents, et tout le côté fantastique a beau passer au second plan, on est tellement dans l’attente continuelle de voir les choses dégénérer que l’on ne peut s’empêcher de dévorer chaque chapitre en se demandant si c’est dans le suivant qu’un occultiste fou va débarquer avec un rituel infernal. Il y a, bien sûr, toujours cette petite pointe de déception quand on se rend compte que non, pas encore, mais cela n’entache en rien le plaisir de lecture. Il faut dire qu’on a fini par s’attacher aux personnages, et le simple fait de voyager « en leur compagnie » suffit à rendre la chose agréable : c’est toujours un plaisir de les voir se dépatouiller de situations qui semblent assez inextricables, de les voir entremêler leurs réflexions pour parvenir à une « révélation » collective, de les voir aussi, parfois, en arriver aux mêmes conclusions par divers chemins lorsqu’ils se séparent.
Il faut dire que comme souvent chez Guy-Roger Duvert, les machinations des uns s’entrelacent aux quêtes des autres, et tout ceci forme une immense trame, une improbable toile d’araignée aux ramifications parfois surprenantes : au premier abord, on se demande bien en quoi les expérimentations scientifiques pour le moins douteuses et contre-nature d’un savant allemand peuvent bien être reliées aux cérémonies nécrophiles et nécrophages d’un petit village où personne ne semble vieillir ni mourir … Sans vraiment le vouloir, c’est bien souvent dans une fourmilière bien plus vaste et plus dangereuse qu’ils ne pouvaient l’imaginer que nos quatre compagnons vont sauter à pieds joints : ils ont beau s’armer de prudence, face aux forces occultes et aux trafics bien rôdés, il suffit d’une seconde d’inattention pour se retrouver dans une cage ou même dans un cercueil ! L’avantage de n’être que lecteur, spectateur, c’est qu’on profite de toute cette adrénaline sans jamais être en danger : assurément, je ne tiendrais pas une seule seconde à la place de nos quatre héros, qui s’en sortent peut-être parfois trop « facilement », il est vrai, mais c’est aussi ce qui fait le charme de cette saga. Il y a clairement un petit côté « Indiana Jones », une petite pointe de « kitch » qui vient contrebalancer les côtés plus sombres et horrifiques à la Lovecraft : un mélange surprenant mais que j’apprécie énormément !
Il me semble difficile d’en dire plus sans en dire trop, je vais donc m’arrêter là : vous l’aurez bien compris je pense, même si ce n’est pas forcément mon tome préféré car il ressemble bien plus à un « simple » policier qu’à un véritable roman fantastique, j’ai tout de même passé un excellent moment en compagnie de Milton, Kristen, Lillian et Howard. Comme toujours, j’ai apprécié la plume de l’auteur : simple mais efficace, sobre mais très visuelle. On a vraiment cette impression d’être pleinement immergé dans le récit, de en pas pouvoir s’en sortir car plus le temps passe, plus on ressent cette urgence, cette tension qui monte, plus on a envie de savoir comment tout ceci va se dénouer, comment ils vont bien pouvoir s’en sortir. Guy-Roger Duvert fait indéniablement parti de ces auteurs qui savent parfaitement bien comment jouer avec les nerfs de ses lecteurs, comment les faire s’impatienter, comment les surprendre, comment les frustrer également : comme toujours, c’est au moment où on se dit « oh, ça y est, les choses sérieuses commencent pour de bon » que surgit l’horrible mention « suite dans le prochain tome » ! Vivement la suite, vivement !