Editeur : Fin mars début avril
Nombre
de pages : 310
Résumé : L'amitié est ce qui reste quand on a tout
perdu. Alors Nil n'hésite pas : dès que Mock le contacte, il accepte de le
suivre. Même s'ils ne se sont pas dit un mot depuis quinze ans. Même si c'est
pour convoyer une urne funéraire. Et même si la destination n'est autre que
cette grande maison où, quelque vingt ans plus tôt, ils étaient une poignée à
partager leur jeunesse. Nil sait pourtant qu'on n'efface pas le temps en
remontant une vieille route. Alors, est-ce l'amitié ou la nostalgie qui le
motive à faire le voyage ? Ou devinerait-il, sans vraiment se l'avouer, que
rien n'est vraiment fini tant qu'on ne s'y résigne pas ?
Un grand merci à Sébastien
Fritsch pour l’envoi de ce volume (et la petite dédicace) et à la plateforme SimPlement
pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Jamais je n'aurais imaginé marcher sur une plage en hiver. Mais Mock est capable de tout. Nous avançons côte à côte sur le sol instable. D'une main, je tiens mon col relevé, tandis que l'autre, blottie dans ma poche, se prépare à prendre le relais. Mock paraît bien moins sensible : même rougis par le froid, ses doigts s'agrippent sans faiblir autour de l'urne qu'il transporte depuis le matin. »
- Mon avis sur le livre -
Cela fait déjà plusieurs jours que je fusille
du regard ma page Word vide sans savoir comment commencer cette chronique.
Pourquoi tant d’indécision, de tâtonnements, de soupirs et
d’hésitation ? Tout simplement parce que ce livre est un OVNI dans ma
bibliothèque : vous le savez bien, mes genres de prédilection, c’est le
young-adult, la fantasy, la science-fiction. Absolument pas le drame
contemporain. Alors pourquoi diable ai-je postulé sur SimPlement pour tenter de
recevoir ce livre ? Très honnêtement : aucune idée. La couverture a
attiré mon regard, le titre m’a intriguée et le résumé m’a charmée. Sans même
réfléchir une seule seconde, j’ai envoyé ma candidature. Et très sincèrement,
quand j’ai trouvé le livre dédicacé dans ma boite aux lettres, j’ai eu une
bonne minute de panique : mais dans quoi m’étais-je donc embarquée ?
Pourquoi diable avais-je donc cédé à cette impulsion en choisissant un livre
s’éloignant tellement de ma zone de confort ? Moi qui suis en pleine panne
de lecture, j’ai bien cru voir ma dernière heure de lectrice arriver … et
pourtant, je suis toujours en vie, et même très heureuse : ce fut une très
belle lecture !
Emmanuel pensait avoir définitivement tourné
la page et avoir laissé derrière lui son adolescence. Mais voilà que le passé
lui retomber soudainement dessus, arborant le visage fermé de Mock : quand
un vieil ami, qui a tant fait pour vous, vous demande de lui rendre un service,
un seul, comment refuser ? C’est ainsi qu’il se retrouve sur cette plage,
en retrait, pendant que Mock répand les cendres de celui qui fut, bien des
années auparavant, sans vraiment l’avoir voulu, l’hôte généreux de tout leur
petit groupe d’adolescents en quête de liberté. Mais Emmanuel était bien loin
de se douter que ces sombres retrouvailles auraient un arrière-gout rance
d’adieux silencieux. Car quelques jours après être retourné à son quotidien
routinier mais ô combien rassurant, voilà que Maud, la sœur de Mock, dont il
était tellement amoureux, le contacte à son tour : Mock a disparu. Commence
alors pour Emmanuel une véritable quête de la vérité, qui le conduit à faire
face au passé, à découvrir ce qu’il n’avait même pas soupçonné …
Albédo, c’est un roman dans lequel on se
plonge progressivement. Dans la plupart des récits, l’auteur fait attention à
donner au lecteur suffisamment d’informations pour comprendre aisément le passé
des personnages. Pas ici. Ici, les souvenirs se dévoilent petit à petit, telles
des pièces de puzzle éparpillées que le lecteur doit de lui-même analyser,
trier, organiser pour saisir l’enchevêtrement des événements passés … et leur
implication sur le présent. Ici, tout tourne autour de cette dualité
passé/présent : comment réagir lorsque le passé refait brusquement
surface, alors que l’on pensait avoir définitivement tourné la page ? Les
premiers chapitres sont captivants, mais terriblement difficiles à suivre :
on ne comprend pas tout, on tâtonne, on fronce des sourcils en se demandant où
cela va nous emmener. Et c’est ainsi pendant tout le livre : on fait des
suppositions, on essaye de recoller les morceaux, on se fait surprendre,
parfois. Bien souvent, j’ai douté de mes idées, avant de constater qu’elles n’étaient
peut-être pas complétement absurdes, mais pas tout à fait vraies non plus … J’ai
vraiment apprécié le fait de ne pas avoir toutes les cartes en main, même si
plus d’une fois je me suis dit « non mais j’en peux plus j’veux comprendre
maintenant ». C’est vraiment une des forces de ce livre : le lecteur
n’est pas passif, il a vraiment un rôle à jouer, un rôle qui progressivement
semble indispensable à l’intrigue : pour pouvoir en saisir toutes les
subtilités, le lecteur doit réfléchir, doit faire l’effort de reconstituer un
passé tout en clair-obscur.
Mais Albédo, c’est aussi et surtout une formidable
histoire d’amitié : entre Emmanuel et Mock, entre Emmanuel et Maud, il y a
une amitié véritable, une amitié qui résiste même au temps et à l’absence, et
une amitié si forte, si profonde, et bah clairement, ça m’a donné les larmes
aux yeux pendant une grande partie du livre. A travers une narration à la
première personne aussi fluide que poétique, bien que parfois un peu
déconcertante, on ressent une myriade d’émotions qui viennent résonner au plus
profond de notre cœur : que l’on ait la chance ou non d’avoir des amis
aussi fidèles, on ne peut que se laisser emporter par cette histoire d’amitié.
Il faut dire que les personnages sont terriblement attachants : Emmanuel,
un peu paumé, terriblement maladroit dans les relations sociales, porte
pourtant l’intrigue avec une force insoupçonnée de tous y compris de lui-même.
A côté, on a Maud, aussi fragile que forte, une jeune femme qui restera
toujours la petite sœur de Mock, celle que Mock protège. Et Mock, d’ailleurs …
Mock, c’est le mystère incarné, c’est celui que nul ne peut comprendre, l’électron
libre et solitaire qui met véritablement en mouvement cette intrigue. A côté de
ce trio, il y a Lison, la collègue d’Emmanuel, attentive mais impulsive, qui va
soutenir Emmanuel en même temps qu’elle va le booster. J’aime beaucoup Lison,
je l’admets volontiers, d’autant plus qu’au final, elle débarque un peu comme
un cheveu sur la soupe, elle s’incruste là-dedans sans gêne, et je trouve ça
particulièrement décalé par rapport à la tonalité si dramatique du reste du
récit que je ne peux qu’approuver !
En bref, Albédo est un roman qui a su me surprendre, mais
surtout, qui a su me faire dépasser mes premières appréhensions en me proposant
un véritable condensé d’émotion et de mystère. Des personnages attachants liés
les uns aux autres par des liens forts et complexes, un passé dont chacun
détient un morceau de vérité et qu’il va désormais falloir reconstituer pour
comprendre les agissements d’un d’entre eux avant qu’il ne soit trop tard, mais
aussi une véritable réflexion sur la vie, l’amour, l’amitié … A travers ces
quelques centaines de pages, l’auteur nous offre tout simplement d’accompagner
le narrateur au cours d’une étape de son existence, d’une de ces étapes qui
constituent à la fois un retour vers le passé et une passerelle vers l’avenir.
Car tout est intimement lié dans une vie, et c’est ce que ce récit met en
évidence : comment avancer lorsqu’on a oublié d’où on venait ? Aussi,
pour ce roman empli de douceur et de poésie, je remercie vivement Sébastien
Fritsch !
Ce livre
a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2017
(plus
d’explications sur cet article)
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