Le lac aux larmes d’or
Editeur : Harmonia
Nombre
de pages : 559
Résumé : Échoués dans le grand Désert du Nord, Sisam
et Helya trouvent asile dans un étrange royaume. Minés par l'amertume et le
doute, ils vont découvrir que ce peuple du bout du monde est frappé d'une
ancienne et terrible malédiction. Recueilli par le peuple Anachrone et soucieux
de retrouver ses amis, Maâlias part à la rencontre d'une redoutable créature,
dont les obscures divinations vont l'entraîner sur un chemin qu'il n'attendait
pas. Au terme de la reconquête des Trois Cités, Hemerod a pris la tête de ses
armées pour affronter Kryom sur son propre sol. Un chemin semé de mille dangers
qui le conduira vers un mystérieux lac, dont la légende prétend que les eaux
seraient miraculeuses...
Un grand merci à Guilhem
Meric pour l’envoi de ce volume (et la petite dédicace) et à la plateforme SimPlement
pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Laïmu, Oros, Farf, Thalis ... Leurs visages défilaient dans sa tête dans un tourbillon vertigineux de souvenirs, de peines et de joies mêlées. Tous ces proches, parents et amis, qui les avaient soutenus dans sa quête, qui le soutenaient encore, pour certains, envers et contre les doutes, les douleurs et les épreuves. Et leur affection, leur amour … Il les sentait battre au fond de lui, pulser comme un énorme cœur gorgé de sang. Il entendait leurs voix, leurs chants, leurs rires s’accordant à la manière d’une symphonie dont les notes, sans cesse, prenaient de la hauteur ; comme si elles s’éloignaient, s’évadaient peu à peu de ce monde et de sa lumière. Non. C’était lui qui s’éloignait. Lui qui partait. »
- Mon avis sur le livre -
Ceux qui me suivent depuis longtemps le
savent : lorsqu’un nouveau tome d’une de mes sagas préférées sort après
des mois et des mois d’attente, c’est l’occasion rêvée pour moi de relire l’intégralité
de la série ! Bien évidemment, Myrihandes n’a pas fait exception à la règle :
hors de question de découvrir ce troisième tome sans avoir relu les deux
premiers … Imaginez le bonheur que cela représente que de se retrouver face à
cette pile d’environ 1600 pages qui n’attend qu’une seule chose : vous
embarquer pour le plus beau et le plus émouvant des voyages ! Imaginez le
plaisir qui m’étreignait à la simple idée de retrouver Helya, Sisam et leurs
compagnons de route, imaginez la joie qui était la mienne lorsque j’ai ressorti
le premier opus de son étagère pour me replonger dans ce fabuleux univers créé
par le non moins fabuleux Guilhem Meric – que je ne remercierai jamais assez
pour cette trilogie qui fait vibrer mon cœur comme aucun autre livre ne l’a
fait … Ces deux semaines passées en compagnie de ces trois gros pavés, que j’ai
pris le temps de savourer au lieu de les dévorer avidement comme je le fais
parfois, ont été tout simplement merveilleuses.
Après leur lutte acharnée contre Kryom, Sisam
et Helya se sont échoués dans l’infernal Désert du Nord. Recueillies par Sioul,
jeune prince d’un surprenant royaume aux prises avec une atroce malédiction,
les deux Flammes Jumelles s’éloignent progressivement l’une de l’autre, hantées
par le doute, le découragement, la peur … La belle harmonie qui faisait vibrer
leurs cœurs et leurs âmes à l’unisson lorsqu’ils étaient Myrihandes semble
belle et bien terminée. Pendant ce temps, Maâlias, Oros et Farf refusent de
croire en la mort de leurs amis et se jettent à cœurs perdus dans une dangereuse
entreprise pour les retrouver … Et ce malgré la mort de leur ultime compagnon
de route, Ecleïs, un des trois Gardiens de la Porte des Ames, sans lequel tout
semble perdu. Enfin, après avoir aidé les habitants des Trois Cités à renverser
l’ambitieux et tyrannique Gouverneur Hacton, le Capitaine Hemerod décide de
couper le mal à la racine : accompagné de toute une armée de soldats et
des nombreuses Ames Sœurs désormais libres de s’aimer, il s’apprête à affronter
Kryom dans sa propre citadelle …
Le moment est enfin venu de découvrir le
dénouement de cette incroyable épopée, qui nous invite à suivre toujours plus
de personnages : cette fois-ci, ce ne sont pas deux, ni trois, mais bien
quatre points de vue qui nous sont proposés. Nous suivons tout d’abord Helya et
Sisam, chez qui la joie insouciante des retrouvailles a laissé place à l’amertume
et au doute. Les propos de Kryom ont semé le trouble dans l’âme de Sisam, qui n’aspire
désormais qu’à la sécurité tandis qu’Helya vibre de l’envie de mettre fin au
règne du terrible Seigneur de Doldometh. J’ai eu tellement de peine pour eux
deux, pour Sisam qui a perdu toute volonté de se battre, pour Helya qui souffre
de cette distance qui s’installe entre eux, pour leur Amour si pur et puissant
qui semble s’être éteint … Leur quête a changé de visage : il ne s’agit
plus d’empêcher Kryom d’ouvrir la Porte des Ames, mais bien de retrouver le
chemin entre leurs deux cœurs, leurs deux âmes, pour redonner vie à leur
Myrihande. Et pour cela, il va leur falloir dépasser la culpabilité qui les
assaille depuis qu’ils connaissent la vérité concernant leur passé commun … De
même, le Capitaine Hemerod, que nous retrouvons en pleine compagne militaire,
cherche à expier ses fautes passées en donnant vie au rêve de sa sœur défunte :
un monde de paix, de sérénité, de justice et d’amour.
Vous l’aurez bien compris : bien que l’affrontement
final se fasse de plus en plus imminent, il n’est clairement pas question que
de batailles dans cet ultime opus ! La quête de nos héros, qu’il s’agisse
de Sisam et d’Helya, d’Oros, Farf et Maâlias, d’Hemerod, Santories et
Chrysalie, ou encore de Phonkerf et Harfan, est plus initiatique que guerrière.
Dans cette trilogie, ce ne sont pas les exploits martiaux qui font les héros.
On le sent, nos protagonistes ne pourront vaincre la terrible Ame Noire Alrazel
qu’en surmontant leurs propres doutes, leurs propres peurs, leurs propres démons
intérieurs. Qu’en faisant la paix avec eux-mêmes. C’est, je pense, la raison
pour laquelle j’aime tant cette trilogie : elle ose mettre à la première place
les combats intérieurs, plutôt que de s’arrêter aux grandes batailles
sanguinolentes dont est généralement si friande la fantasy épique. Alors on ne
va pas se mentir, il y a pas mal de morts, pas mal de violence, pas mal de
noirceur. Mais l’ultime affrontement, celui que l’on attend depuis le tout
premier tome, n’est ni un duel d’épéiste, ni même une bataille magique. C’est
avant tout la confrontation entre l’avidité, la noirceur, et la bonté, la
lumière. Entre un être pétri de Haine et de cruauté, et deux âmes que l’Amour
réunit en un seul être. Certains y verront peut-être trop de manichéisme … moi
j’y vois plutôt un véritable appel à la bienveillance, à l’altruisme, à l’amour
sous toutes ses formes. On peut tous être des petits héros du quotidien, en
portant nos rêves à bout de bras pour lutter contre le découragement ambiant,
en brandissant la bonté et la justice autour de nous.
Comme ses deux prédécesseurs, Le lac aux
larmes d’or est
magnifiquement bien écrit. Il y a de la magie dans ces mots qui, tissés les uns
avec les autres, nous offrent bien plus qu’une simple histoire. Au fil des
pages, le récit prend vie, et le lecteur est comme transporté dans ce monde en
proie à la tyrannie d’un cœur tant meurtri par la douleur qu’il estime que toutes
les âmes doivent souffrir autant de la sienne. Un être qui est bourreau autant
que victime, et qu’on ne peut ni apprécier ni détester purement et simplement. Le
lecteur ne lit pas : il marche aux côtés de tous ces personnages, « qui
vont tout donner d’eux-mêmes » pour reprendre les mots de l’auteur, il
tremble avec et pour eux, il souffre avec et pour eux, il se réjouit avec et
pour eux. C’est un livre qui m’a fait passer par des myriades d’émotions. Un
livre qui a su me surprendre. Je ne m’attendais pas à une telle issue, si
déchirante. A la fois cruelle et belle. J’ai pleuré toutes les larmes de mon
corps, car je n’étais pas prête pour cela. On a jamais envie de quitter des
personnages avec lesquels on s’est presque lié d’amitié … mais on a encore
moins envie de les quitter dans de telles conditions. Heureusement que l’épilogue
est là pour nous faire rêver d’une autre histoire, une histoire où nos racines
seront définitivement nouées autour du même arbre …
En bref, vous l’aurez bien compris, avec Myrihandes, c’est jamais deux sans trois : c’est encore
un coup de cœur ! Une fois encore, Guilhem Meric nous offre plus de cinq
cent pages de pur bonheur, augmenté d’une bonne cinquantaine de pages d’annexe
pour assouvir notre curiosité. Ca a beau être terrible de ce dire que tout est
bel et bien terminé, que les aventures de Sisam, d’Helya et de tous leurs
compagnons sont achevées, c’est une fin de toute beauté que nous offre l’auteur.
C’est la cœur à la fois triste et apaisé que j’ai tourné la dernière page, en
soufflant la promesse de relire la saga une nouvelle fois, un jour ou l’autre,
quand l’envie de retrouver les terres d’Oesion se fera sentir. En attendant, il
ne me reste plus qu’à vous inviter à découvrir, à votre tour, cette fantastique
trilogie et les magnifiques musiques qui l’accompagnent !
Ce livre a été lu dans le cadre du Tournoi des 3
Sorciers
(plus d’explications sur cet article)
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