samedi 12 décembre 2020

L'Ouros, tome 1 : Dernières escales - Ornella Salvador

L’Ouros1, Ornella Salvador

Dernières escales

 Editeur : du Saule

Nombre de pages : 379

Résumé : Personne ne sait pourquoi le Melenian vogue seul, le long des côtes d’Assir et Ervas. Massacre ou sauvetage, une mission royale ne se dévoile pas, même au sein de l’équipage. Jekka, recueillie et élevée à bord, est plongée comme tous dans l’ignorance. Elle sent pourtant que son destin est étroitement lié aux mystères du navire, et à sa soif de liberté s’ajoute le besoin de connaître la vérité. Une vérité qui les mènera, elle et ceux qui suivent ses traces, au cœur de la guerre. Et peut-être un jour, là où l’inexplicable existe : au-delà même des frontières du monde.

 

Un grand merci aux éditions du Saule pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

 

- Un petit extrait -

« Une fois de plus, Jekka se trouvait piquée par une vive curiosité. Cette soif n’étant toujours pas étanchée par ses lectures, elle aurait souhaité faire partie du corps militaire pour savoir en quoi consistaient ces missions nocturnes au rang de secret d’Etat. Mais aucune femme ne pouvait y entrer et ses aspirations s’étaient naturellement tournées vers le continent. »

- Mon avis sur le livre -

 J’espère vivement ne pas être la seule lectrice dans cette terrible situation : à chaque fois que j’ai une nouvelle bibliothèque, je me dis que ça y est, je vais enfin avoir suffisamment de place pour mettre tous mes livres, y compris ceux qui formaient jusqu’alors des piles plus hautes que moi disséminées un peu partout dans la chambre. Sur ce point-là, généralement, pas de soucis, tous les livres trouvent une petite place sur les nouvelles étagères. Mais très naïvement, je me dis aussi qu’il restera un peu de place pour les futurs arrivants … Et c’est là que le bât blesse : lorsqu’un nouveau livre rejoint le bataillon, impossible de lui trouver une petite place, tout est à nouveau déjà rempli à ras-bord et il faut recommencer une nouvelle pile de livres « sans étagère fixe » ! Certaines mauvaises langues diront sans doute que c’est le signe qu’il est temps d’arrêter d’acheter ou se procurer de nouveaux ouvrages, mais pour ma part, je me contente de réfléchir à un nouvel aménagement de la pièce afin d’y faire entrer quelques bibliothèques supplémentaires, afin d’offrir une étagère digne de ce nom aux petits derniers, tel ce service presse …

Jekka n’est pas née sur le Melenian, mais c’est tout comme : elle n’était encore qu’un nourrisson lorsqu’un membre de l’équipage la trouva à bord, orpheline ou abandonnée. Recueillie par le commandant – qui veille un peu trop farouchement sur sa protégée, du moins au gout de cette dernière qui ne rêve que de débarquer une bonne fois pour toutes –, élevée par le médecin, la jeune femme n’a jamais connu que la rude vie sur le navire, aux côtés des nombreux civils qui font tourner la vie quotidienne et des militaires qui partent régulièrement en missions nocturnes sans avoir le droit d’en parler. Jekka donnerait n’importe quoi pour percer le mystère de ces Missions Royales … mais elle donnerait encore bien plus pour quitter le navire et partir en quête de ses origines. Jusqu’à présent, toutes ses tentatives ont lamentablement échouées, car le commandant refuse de la laisser partir. Mais voilà qu’un matin, Jekka est introuvable … Sa meilleure amie risque donc le tout pour le tout et suit en douce les deux militaires chargés de la retrouver et de la ramener à bord.

Il faut savoir que je suis une fille de la terre : je ne sais pas nager, j’ai le mal de mer et les grandes étendues d’eau ne m’ont jamais fait rêver. Pour rien au monde je ne m’embarquerai volontairement sur un bateau. Par contre, aussi surprenant que cela puisse paraitre, j’adore les histoires qui se déroulent sur un navire ! C’est cela qui m’a premièrement convaincue de découvrir ce roman … et pour être honnête, je suis un peu frustrée car nous ne restons finalement que trop peu de temps à bord du Melenian, vu que notre héroïne rejoint rapidement la terre ferme, poursuivie par trois membres de l’équipage partis à sa recherche. Mais je n’ai pas eu le temps d’être déçue : l’intrigue est bien trop palpitante pour se lamenter longuement sur ce départ précipité du navire ! Car c’est bien là le point très positif du récit : ça bouge. On ne s’ennuie pas une seule seconde, il se passe toujours quelque chose. Le lecteur est happé par les (més)aventures de Jekka et de Mijee, il ressent vraiment ce besoin irrésistible de toujours lire « encore un chapitre », sans pouvoir vraiment s’arrêter ! Il y a vraiment cette envie de savoir ce qui va arriver à nos jeunes héroïnes …

Quand bien même ces jeunes héroïnes en question ont parfois tendance à nous taper sur le système. Globalement, Jekka et Mijee sont plutôt attachantes, mais certains de leurs comportements m’ont vraiment énervée, en particulier cette sale manie d’être toujours bourrées dès qu’elles font escales (pitié, le cliché des marins qui font des beuveries dès qu’ils mettent le pied à terre, ça ne fait plus rire du tout). J’ai également eu un peu de mal avec l’égoïsme frisant l’égocentrisme de Jekka, qui rapporte toujours tout à elle et à elle seule, comme si elle était la seule personne au monde à souffrir et à avoir des problèmes … Mais comme c’est l’héroïne, on ne peut pas s’empêcher de trembler pour elle, et de croiser les doigts pour qu’elle s’en sorte et qu’elle trouve enfin ce qu’elle cherche. Car on ne peut que comprendre sa soif de liberté et de vérité, on ne peut que comprendre ce besoin de savoir d’où elle vient pour savoir qui elle est et où elle va … Et comme c’est l’héroïne, on se doute bien que derrière le mystère entourant sa naissance se cache également un mystère bien plus grand, qui aura peut-être une incidence sur le monde entier, sinon ce n’est pas drôle en fantasy !

Et c’est peut-être sur ce point que le bât blesse vraiment : autant j’ai adoré les deux-cent-cinquante, voire même les trois-cent premières pages, autant j’ai été quelque chose déçue par le tournant pris à la fin. Ça part un peu dans tous les sens, c’est beaucoup trop précipité, c’est même « trop gros pour être vrai » sur certains points … Les premières révélations sur le passé de Jekka, entremêlées comme on pouvait s’y attendre sur des révélations concernant ces fameuses missions royales top secrètes qui l’intriguent depuis son plus jeune âge, étaient pourtant bien trouvées, et particulièrement surprenantes : j’étais ébahie, je trouvais ça très original et je me disais que ça allait donner quelque chose de génial pour la suite. Mais c’est à partir de cet instant que l’intrigue commence à s’essouffler, à perdre cette flamme qui la rendait si palpitante et si différente des autres romans de fantasy épique. On retombe dans quelque chose de trop classique, avec ces embûches à répétition qui ne font plus trembler mais soupirer, et c’est bien dommage car on reste sur une dernière « mauvaise » impression alors que tout ce qui précédait était fort sympathique !

En bref, vous l’aurez bien compris, ce fut globalement une bonne lecture, pleine d’action, de suspense, de mystère et même un peu d’émotion. Je suis juste un peu déçue par la fin, qui n’est clairement pas à la hauteur du reste de l’histoire et nous laisse donc un arrière-gout d’amertume … Il n’empêche que je lirais bien volontiers la suite, car je suis vraiment curieuse de découvrir ce que Jekka va faire de toutes ces révélations et surtout, je me demande bien ce qui se cache réellement derrière ces fameuses pierres noires dont on ne cesse de nous parler à demi-mot. On sent que l’autrice a beaucoup d’imagination, donc ça donne vraiment envie de découvrir vraiment le fin mot de l’histoire, malgré ce final en demi-teinte. C’est également un livre que je conseille malgré tout, en particulier à ceux qui aiment l’aventure sans forcément apprécier la fantasy « magique ». C’est un roman idéal pour se détendre, pour s’évader sans se prendre la tête, vu qu’on a vraiment cet équilibre entre originalité et respect des codes du genre, on sait à quoi s’attendre mais il y a quand même de quoi surprendre !

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