vendredi 5 août 2016

Nos étoiles contraires - John Green



Nos étoiles contraires, John Green

Editeur : Nathan
Nombre de pages : 327
Résumé : Hazel, 16 ans, est atteinte d’un cancer. Son dernier traitement semble avoir arrêté l’évolution de la maladie, mais elle se sait condamnée. Bien qu'elle s'y ennuie passablement, elle intègre un groupe de soutien, fréquenté par d'autres jeunes malades. C’est là qu’elle rencontre Augustus, un garçon en rémission, qui partage son humour et son goût de la littérature. Entre les deux adolescents, l'attirance est immédiate. Et malgré les réticences d’Hazel, qui a peur de s’impliquer dans une relation dont le temps est compté, leur histoire d’amour commence … les entraînant vite dans un projet un peu fou, ambitieux, drôle et surtout plein de vie.

- Un petit extrait -

« - Je suis amoureux de toi, a-t-il dit doucement.
- Augustus !
- Vraiment, a-t-il répondu. Il me fixait, et je pouvais voir que les coins de ses yeux se plissaient. Je suis amoureux de toi, et je n'ai aucunement l'envie de le nier et de m'épargner le plaisir de dire des choses vraies. Je suis amoureux de toi, et je sais que l'amour est juste un cri dans le vide, et que l'oubli est inévitable, et que nous sommes tous condamnés, et qu'un jour viendra où tout notre travail sera réduit à de la poussière, et je sais que le soleil va avaler la seule planète que nous aurons jamais, et je suis amoureux de toi. »

-Mon avis sur le livre -

Il y a une chose très importante à savoir sur moi : non seulement je suis une romantique qui adore les histoires d’amour mais en plus je suis une grande sensible qui pleure très facilement devant un livre ou un film. C’est pourquoi lorsque j’ai été voir Nos étoiles contraires au cinéma avec ma maman – qui est exactement comme moi –, je suis ressortie à la fois bouleversée par cette magnifique romance et secouée par la ribambelle d’émotions que m’avait fait ressentir cette très jolie adaptation cinématographique. Cet été, c’est dans le cadre d’une lecture commune avec Psychée Délik que j’ai eu le plaisir de découvrir le roman à l’origine de ce film. Je connaissais déjà la plume de John Green grâce au merveilleux Qui es-tu Alaska ? qui m’avait énormément plu et j’étais donc plus que ravie de retrouver cet auteur au style aussi délicat que profond.

Hazel, seize ans, a une meilleure amie un peu particulière mais surtout très fidèle : il s’agit d’une bombonne d’oxygène qui la suit absolument partout où elle va. Pour être parfaitement exacte, Hazel s’en passerait bien, mais ses poumons engorgés de liquide ne lui laissent pas vraiment le choix. Car une épée de Damoclès grosse comme le monde pèse sur elle : l’inexorable déclin de son organisme rongé par le cancer. Son existence est donc rythmée par les traitements médicamenteux, les examens cliniques, les rencontres avec les différents médecins chargés de contrôler l’évolution de la maladie, et l’incontournable groupe de parole entre adolescents condamnés à mort par leurs propres cellules. Cette rencontre hebdomadaire est très paradoxalement la prise en charge la plus contraignante à ses yeux, et seule la présence d’Isaac, futur aveugle, la rend encore supportable. Mais la monotonie de son existence est brisée lorsqu’elle y rencontre Augustus Waters, l’adolescent le plus drôle et le plus séduisant qu’elle ait jamais rencontré. Débute alors pour eux une formidable histoire d’amour à l’intensité inouïe …

C’est donc Hazel elle-même qui nous conte son histoire, ou plutôt, leur histoire. Car la force de ce récit, c’est de ne pas être entièrement ciblé sur la maladie ni complétement centré sur la romance : c’est un savant mélange entre ces deux aspects, sans que l’un n’occulte l’autre. D’un côté, vous avez donc la bataille acharnée qui oppose Hazel avec son propre corps, avec cette maladie qui l’entraine inexorablement vers la mort. Car monsieur Green n’a pas peur de parler de la mort, il l’évoque bien régulièrement au cours de ce roman, sans jamais la banaliser pour autant, tout en délicatesse et en finesse. Il confronte le lecteur avec cette affolante réalité : parfois, l’ordre naturel des choses est rompu et ce sont les enfants qui partent avant les parents. Mais de l’autre côté, vous avez la magnifique histoire d’amour entre Hazel et Augustus, deux adolescents qui ne demandent qu’une chose : s’aimer comme n’importe quel couple, sans s’apitoyer sur leur sort, sans mettre leur maladie au cœur de leur relation. Et cette histoire est juste magnifique, mignonne à souhait mais également terriblement profonde. Je suis littéralement tombée amoureuse de leur histoire d’amour, en fait.

Et ce qui rend cette histoire si puissante, si intense, c’est avant tout leur personnalité. Hazel est une jeune femme que j’ai trouvée particulièrement intéressante : le regard qu’elle porte sur le monde est bien différent de celui d’autres héroïnes pour adolescents, et ses réflexions sont terriblement pertinentes. Quant à Augustus, je suis tombée sous le charme de son humour mordant, de son exubérance qui n’est finalement qu’une façon de déjouer le sort, de sa crainte de l’oubli et de la profondeur de ses sentiments pour Hazel. Ensemble, ils sont à la fois plus forts et plus fragiles : à deux on affronte plus facilement les difficultés de la vie mais ils savent que l’un d’eux finira seul pour combattre le chagrin provoqué par le décès de l’autre. Hazel et Augustus sont deux personnages très complexes, bien loin des clichés sur les enfants malades : ils ne sont ni parfaitement courageux et déterminés à se battre, ni totalement déprimés et résignés sur leur sort. Non, ils sont un peu des deux, car personne ne peut être indéfiniment brave ou complétement fataliste. Je remercie vraiment l’auteur pour avoir fait ce choix, très juste et très réaliste.

Mais Nos étoiles contraires, c’est aussi l’histoire des personnages secondaires qui vivent aux côtés de nos deux protagonistes. Celui qui m’a le plus touché, c’est sans aucun doute Isaac. Isaac, c’est le garçon qui n’est pas brisé par le fait de devenir aveugle mais par celui d’avoir été « trahi » par sa petite copine qui, en dépit de ses innombrables promesses de l’aimer « toujours », l’abandonne le jour-même de son opération. Isaac, c’est le garçon qui croit au Grand Amour mais aussi en l’Amitié, qui est toujours présent pour ceux qu’il aime et qui attend qu’on en fasse autant pour lui. J’ai également été terriblement émue par les parents d’Hazel, par leur courage face à la maladie de leur fille mais également par leur maladresse. Ils font tout pour prouver à Hazel qu’elle n’est pas un fardeau à leurs yeux, mais ne se rendent pas compte que cette dernière s’inquiète terriblement pour eux. Le dernier personnage très important pour l’intrigue est Peter Van Houten, l’auteur du livre favori d’Hazel. Il s’agit d’un individu que j’ai énormément de mal à cerner : d’un côté son comportement m’exaspère au plus haut point, et de l’autre on le sent profondément brisé par la vie. Malgré cette ambigüité, je suis bien obligée de reconnaitre que certaines de ses réflexions sont terriblement justes. Si j’ajoute ce « terriblement », c’est bien parce que l’auteur met dans sa bouche les remarques les plus cruelles et les moins politiquement correctes.

En bref, ce livre est un merveilleux coup de cœur. John Green a réussi le pari de me faire rire et pleurer à chaque page, de m’offrir un récit bouleversant mais aussi terriblement rayonnant. Par son écriture toute en légèreté et en finesse, il évite de sombrer dans le pathétique sans pour autant prendre tout à la rigolade. J’ai beau avoir du plusieurs fois sortir le paquet de mouchoirs, j’ai également eu quelques éclats de rire au cours de ma lecture. Très étrangement, c’est apaisée que je tourne la dernière page de ce livre, un livre qui restera gravé dans ma mémoire non pas comme un roman qui m’a fait pleurer mais plutôt comme celui qui a fait germé en moi l’espoir de rencontrer un jour un Augustus Waters … A mes yeux, ce livre fait partie de ceux qui devraient être lus par tout le monde, car il offre tellement de pistes de réflexion, car il est tellement captivant et tellement profond, car il n’est ni déprimant ni surréaliste, il est génial tout simplement.

Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2016
(plus d’explications sur cet article)

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