Editeur : Bayard
Nombre de pages : 581
Résumé : Némésis est une Diabolic, une adolescente humanoïde créée pour protéger
la fille d'un sénateur, Sidonia. Lorsque l'empereur apprend que le père de
Sidonia fomente un complot, il convoque cette dernière à la cour pour en faire
un otage. C'est Némésis qui entreprend le voyage, sous l'identité de Sidonia.
Programmée pour tuer, Némésis va devoir aller contre sa nature pour ne pas être
démasquée. Et l'humanité qu'elle devine en elle-même pourrait lui donner les
moyens de sauver sa propre vie, mais aussi de renverser le tyran qui fait
régner la terreur sur l'empire.
Un grand
aux éditions Bayard pour l’envoi de ce volume ainsi qu’à la plateforme Babelio
pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Avez-vous déjà observé un tigre ? Je vous parle des vrais spécimens, de ceux que l'on trouve au Chrysanthème. Pas des espèces de gros matous que nous avons ici. Ils sont tout en muscles et possèdent une mâchoire assez puissante pour broyer l'homme le plus robuste, et pourtant, lorsqu'ils traquent leur proie, lorsqu'ils chassent... leur force immense leur confère plus de grâce que n'en ont les plus délicates des créatures. Ça c'est Némésis. »
- Mon avis sur le livre -
De toute ma vie
de lectrice, j’ai rarement ressenti un soulagement aussi profond que celui que
j’ai éprouvé en tournant la dernière page de ce livre. Ce n’est pas qu’il m’ait
déplu, bien au contraire, ce roman de science-fiction a été un véritable coup
de cœur. Ce n’est pas non plus qu’il soit difficile à lire, puisqu’il se dévore
comme un gâteau au chocolat. Non, ce n’est rien de tout cela : si j’ai
littéralement poussé un grand soupir de soulagement après avoir lu le dernier
mot, c’est que jusqu’à la dernière seconde, on est persuadé que la plus grande
tragédie de l’univers va se jouer devant nos yeux effarés, sans que l’on ne
puisse rien y faire, alors on a le cœur qui bat tous les records de vitesse et
notre souffle coupé par l’angoisse. Alors, forcément, quand le dénouement est
moins terrible que cela n’était redouté, on ne peut que se sentir libéré d’un
lourd fardeau pesant sur notre petit cœur fragile de lecteur émotif !
Comme toutes les
Diabolics de l’Empire, Némésis a été conçue artificiellement et a été
programmée chimiquement pour n’être attachée qu’à une seule et unique personne,
la jeune Sidonia, fille de sénateur, qu’elle protégera envers et contre tout
sans n’avoir d’autre but dans la vie que de sauvegarder la vie de cette
dernière. Alors lorsque Sidonia est convoquée à la cour par l’Empereur, qui
voit d’un très mauvais œil les idées révolutionnaires du père de la jeune
fille, c’est Némésis qui va s’y rendre à sa place. Elle va devoir jouer fin
pour garder sa véritable nature secrète, déjà parce qu’usurper la place d’un
membre de la noblesse est passible de mort, mais surtout parce que, sous l’effet
d’un récent décret, les Diabolics sont désormais interdits et devraient tous
avoir été éradiqués par leurs propriétaires … La tâche est d’autant plus
délicate que les complots foisonnent à la cour, que les apparences sont
toujours trompeuses et qu’elle se découvre une part d’humanité jusqu’alors
insoupçonnée qui va lui jouer bien des tours …
Un Empire intergalactique
en pleine décadence, régi par une religion omnisciente qui interdit toute
curiosité scientifique, menacé par l’obsolescence des vaisseaux et autres
machines des temps anciens que nul ne sait réparer. Une intrigue politique
infiniment alambiquée, composée de multiples complots imbriqués les uns dans
les autres, qui fait tourner le lecteur en bourrique : à qui se vouer ?
de qui se méfier ? qui sont les gentils, qui sont les méchants ? y
a-t-il des gentils et des méchants ? Des personnages hauts en couleurs, à
la personnalité riche et complexe, aux facettes multiples et paradoxales, qui
fascinent et qui intriguent, qui brouillent les pistes et qui font s’écrier « enfin
des personnages authentiques, qui ne multiplient pas les forces ni les
faiblesses, qui oscillent en permanence entre des moments de triomphe et de
doute, de gloire et d’échec ! ». L’auteure nous offre ici un univers
construit, qui accueille une intrigue pleine de rebondissements et de coups de
théâtre, portée par des personnages tout en finesse et en surprises, et elle a
fichtrement bien réussi son coup !
La grande
originalité de ce roman est de nous proposer une héroïne non-humaine :
Némésis est une Diabolic, une humanoïde conçue artificiellement qui a subi une
programmation lui ôtant une grande partie de son libre arbitre puisqu’elle est
chimiquement forcée à s’attacher à Sidonia et à tout mettre en œuvre pour la
protéger. Mais voilà qu’au fur et à mesure de son quotidien à la cour, au fil
des rencontres et des conversations, le regard et le cœur de Némésis vont
progressivement s’ouvrir à quelque chose de bien plus vaste que cette amitié
puissante mais artificielle au départ : les sentiments, les émotions, la
beauté … et aussi, peut-être, un sentiment d’injustice mêlé à un formidable cri
du cœur, « je veux être libre, vivre ma vie pour moi-même et pas
uniquement pour elle ». L’évolution de Némésis tout au cours du récit
ouvre la voie à de nombreux axes de réflexion : peut-on s’affranchir du
conditionnement de notre éducation ? comment s’accepter tel que l’on est,
en dépit du regard et du jugement des autres ? J’en passe, et des
meilleures, car la liste de questionnements que fait naitre ce roman pourrait
facilement atteindre à elle-seule plusieurs pages !
Que dire des
personnages secondaires, sinon qu’ils servent avec brio cette intrigue hors du
commun ? Tout comme Némésis, le lecteur apprend progressivement à les
connaitre, ou du moins, à tenter de cerner leur personnalité, leur objectif,
leur honnêteté … Si vous aimez les romans dans lesquels on ne sait jamais à qui
faire confiance, dans lesquels les coups de théâtre sont légions, entrainant
ainsi un bouleversement total de l’échelle « ami-ennemi », alors
Diabolic est fait pour vous. Vraiment. Même plusieurs jours après la fin de ma
lecture, il y a encore certains personnages dont je ne sais que penser : d’un
côté on a terriblement envie de croire en leur « gentillesse » (si on
peut utiliser ce terme lorsqu’on parle d’un roman constitué à 90% de complots
et autres machinations politiques), mais de l’autre on a peur de se laisser
aller à cette confiance, car jusqu’à la dernière phrase, l’auteur joue avec nos
nerfs en faisant passer chaque personnage de chaque côté de la balance
plusieurs fois ! Et toujours en faisant progressivement monter la tension
dramatique, obligeant ses pauvres lecteurs à lire sans pouvoir s’arrêter afin
de pouvoir, enfin, souffler un bon coup et reprendre son souffle une fois le
point final dépassé.
Vous l’aurez
compris je le pense, ce livre est un mémorable coup de cœur, qui a réussi le
petit miracle de me faire complétement sortir de ma panne de lecture (même s’il
me reste encore l’étape des partiels à passer pour pouvoir retrouver un rythme
de lecture normal). De la science-fiction de dingue (un empire intergalactique,
tout de suite, ça pose un contexte de folie) avec des complots politiques, des
considérations philosophico-religieuses, des machinations, de l'action, des
grands moments d'adrénaline, mais aussi d'émotions, des rebondissements qui
font littéralement sursauter, des frayeurs à couper le souffle ... et une
histoire d'amour très compliquée et très loin du coup de foudre … tous les
ingrédients étaient réunis ! Et comme l’auteure est bonne cuisinière de
roman, elle l’a fait mijoter tout juste ce qu’il fallait pour enclencher le
coup de foudre. Alors, quelle belle surprise ce fut de lire ce discret « to
be continued » après les remerciements : même si ce volume s’autosuffit
parfaitement, je serai ravie de retrouver Némésis dans un second tome !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire