Editeur : Casterman
Nombre
de pages : 357
Résumé : [Tome 2 de la saga La Brigade de l’Ombre.
Peut se lire indépendamment du premier.] Le type tressaillit en sentant le
métal froid des menottes. « Capitaine Jobert... Brigade des goules. »
Elle vit les épaules se raidir, il commença à trembler. « Tu comprends de
quoi je te parle ? » « Je... Je... » Il se mit à pleurer,
comme un môme. « C'est la première fois ? » demanda Diane.
« J'ai... j'ai blessé quelqu'un ? » Elle éprouva soudain un profond
sentiment de pitié et de colère mêlées. « Blessé ? si tu savais... Tu
n'imagines même pas. »
Un grand merci aux éditions Casterman
pour l’envoi de ce volume et à la plateforme Livraddict pour avoir rendu ce
partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Les fous sont parfois les êtres les plus lucides, les plus transparents aussi. Parce qu’il faut parfois pouvoir tirer les rideaux, mettre des vitres fumées entre soi et le monde, pour en supporter la vision, pour supporter qu’il nous regarde. Et ils ne le peuvent pas. Les fous. »
- Mon avis sur le livre -
Lorsque je ne lis pas de sagas, j’essaye
autant que possible de varier mes lectures, de ne pas lire d’affilée deux
romans du même genre. Mais puisque le hasard a voulu que je reçoive la même
semaine deux livres en partenariats étant tous deux des thrillers jeunesse,
j’ai donc fait deux incursions d’affilée dans ce genre que je connais
finalement assez mal. Je tiens toutefois dès présent à nuancer la
classification de ce second tome, qui peut se lire indépendamment du premier :
comme souvent avec Villeminot, les genres s’entremêlent et se mélangent
habillement, et même si on trouve effectivement des éléments tout droit sortis
des thrillers et autres policiers, on croise également bien des traces de
fantastique, et même quelques touches de romance disséminées ci et là, et bien
d’autres choses encore …
A chaque attaque de goule, c’est la Brigade
Markowicz, dite aussi « la Brigade des goules » ou tout simplement la Brigade
pour les intimes, qui intervient. Son boulot ? Interpeller le « client » - et
non pas le meurtrier -, lui annoncer la terrible nouvelle – « désolée monsieur,
vous êtes une goule … enfin vous souffrez du syndrome IBLIS, vous venez de tuer
quelqu’un sans le savoir, mais rassurez-vous, si vous vous rendez au zoo … heu
pardon, au centre de rétention de Denfert avant chaque crise, vous ne risquez
plus de blesser personne, bonne soirée monsieur et bien le bonjour chez vous »
- et enfin assurer sa sécurité face à la haine de l’opinion publique. Alors,
lorsque plusieurs goules sont sauvagement assassinées, pas question de laisser
la Criminelle, lente et incompétente, s’occuper seule de l’enquête : le
capitaine Jobert, nouvellement affectée à la Brigade, compte bien coffrer le
meurtrier avant ses supérieurs. Mais la situation est bien plus complexe que
prévue, et les secrets qu’elle découvre remettent en question tout ce qu’elle
tenait pour acquis … A qui peut-elle se fier, hormis à elle-même ?
Premier point très positif : ce tome est
véritablement indépendant du premier. Aussi, bien que n’ayant jamais lu le
volume précédent, je n’ai ressenti aucune difficulté à me plonger dans
l’histoire, à saisir le rôle de la Brigade, à comprendre les relations entre
les personnages … Alors certes, je ne suis pas tout à fait certaine d’avoir
saisi quels étaient les événements relatés dans le premier tome et lesquels
relevaient juste du passé « non conté » des personnages, mais c’est justement
la preuve qu’ils ne sont absolument pas indispensables l’un envers l’autre ! Je
tiens à rassurer ceux qui hésitent à lire ce roman car ils n’ont pas lu le
premier tome : oubliez toute inquiétude à ce sujet, vous ne serez absolument
pas largués, bien au contraire !
Second point très positif : les personnages.
On s’en doute bien, dans une telle Brigade, on rencontre de sacrés phénomènes !
Entre le commissaire Markowicz errant sans relâche dans L’Enfer de Dante et son
Enfer personnel, le commandant Bosco et ses indispensables carnets, le
lieutenant Jimi et ses exorcismes à l’encens, et bien sûr le capitaine Jobert
et son passé aussi tumultueux que mystérieux, on ne doit pas s’y ennuyer ! Sans
oublier les deux fils du commissaire, la jeune Fleur amoureuse d’un funambule
et la petite Adelaïde persuadée au fond d’elle-même d’être folle. Tous ces
personnages ont leur personnalité propre, une personnalité forte et complexe,
un passé qui les poursuit, un futur qui les attend … Contrairement à d’autres
personnages dans d’autres livres qui portent fièrement leur statut de
personnages inventés par un auteur, ceux-là semblent tellement vrais, tellement
réels, tellement humains qu’on oublie bien souvent qu’il ne s’agit que de
personnages de fiction …
Troisième point très positif : la narration.
Je crois que je ne me lasserai jamais de la plume de monsieur Villeminot, elle
nous happe, elle nous transporte dans un monde parallèle au notre, elle nous
fait retenir notre souffle, elle nous fait sourire, trembler, elle nous fait
rêver, aussi. Je suis toujours stupéfaite par le rythme des phrases de monsieur
Villeminot : pas de longues envolées lyriques ou de descriptions « littéraires
». Non : c’est vivant, c’est dynamique, c’est expressif. J’aime ces phrases
parfois lapidaires mais toujours percutantes, qui vont directement au fond des
choses sans passer par d’artificielles périphrases certes plus « jolies » mais
tellement inutiles. Pour raconter une histoire, il n’est pas nécessaire d’en
faire trop, et monsieur Villeminot l’a parfaitement compris. Il n’en fait ni
trop ni pas assez, il a trouvé le juste milieu, le bon rythme, et le lecteur
n’a plus qu’à se laisser porter par ces mots, ces phrases, pour entrer dans
cette histoire trépignante et captivante.
Je vais arrêter là mon énumération de points
positifs, même si je pourrais continuer longtemps comme cela, pour m’arrêter un
peu sur les côtés plus « négatifs », ou tout du moins les éléments qui me
chagrinent. Je pense qu’au final, ils convergent tous vers le même ressenti :
cette impression de « trop peu ». Au final, j’ai presque le sentiment que
monsieur Villeminot (oui, je vais continuer à l’appeler ainsi jusqu’à la fin de
ma chronique) s’est retenu : le dénouement arrive presque trop facilement, trop
rapidement. Il se passe énormément de choses, mais le lecteur n’a pas le temps
de savourer les implications de chacun de ses événements que déjà tout est
résolu et tout est fini. Je n’aurai absolument pas été contre une cinquantaine
– si ce n’est une centaine – de pages supplémentaires : je suis clairement
restée sur ma faim, je pense que chaque étape de l’enquête aurait mérité à être
expédiée un peu moins hâtivement.
En bref, une excellente lecture qui n’est pas
passée loin du coup de cœur. Des personnages atypiques, plus énigmatiques que
véritablement attachants. Une intrigue qui mêle brillamment enquête policière
et créatures fantastiques, qui tient le lecteur en haleine, qui captive et qui
côtoie une histoire d’amour discrète et mignonne à souhait (parce que oui, je
n’ai absolument rien contre une petite romance un peu « gnangnan » dans un
roman policier, bien au contraire). Seulement, un dénouement bien trop rapide
qui me laisse sur ma faim … quel dommage !
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