Editeur : Bayard Jeunesse
Nombre
de pages : 396
Résumé : Talitha Running Horse est différente des
autres Indiens Lakotas de la réserve : elle est métisse et vit avec son père
dans une caravane. Sa mère, une blanche, les a abandonnés quand elle était
petite. Malgré tout, la jeune fille est heureuse : elle a une amie chère, elle
aime dessiner et, surtout, elle est passionnée par les chevaux. Or, les
nouveaux voisins de sa tante possèdent un petit élevage d’Apaloosas. Talitha se
prend d’affection pour un poulain, qu’elle baptise Stormy, et tombe sous le
charme de Neil Thunderhawk, le fils du propriétaire … Mais, lorsque la caravane
de son père est détruite, toute sa vie bascule…
- Un petit extrait -
« Voilà le plus important, il faut faire ce que l’on aime, et essayer de le faire bien. On ne te demande pas d’être parfaite, mais d’y mettre tout ton cœur. »
- Mon avis sur le livre -
Il me semble l’avoir déjà dit, mais Antje
Babendererde fait indéniablement partie de mes auteurs préférés, bien qu’elle
n’ait écrit que très - trop - peu de livres. Après avoir relu des dizaines de
fois Lune indienne et Le chant
des orques, c’est avec un
énorme plaisir que j’ai appris la traduction en français de Talitha
Running Horse, et je me le
suis procuré dès que j’ai pu. Je dois bien avouer qu’il a patienté bien des
mois dans ma pile à lire, puisque j’attendais d’être en vacances pour le lire,
afin de le savourer pleinement, mais c’est maintenant chose faite et … que je
regrette de l’avoir lu, je n’ai désormais plus aucun roman d’Antje à découvrir
et c’est un véritable supplice ! J’espère du fond du cœur que Bayard va
continuer la traduction de ses ouvrages, qui sont de véritables perles
littéraires !
Talitha a treize ans et vit avec son père au
sein de la réserve de Pine Ridge, dans une petite caravane bien délabrée,
attendant avec impatience le jour où ils pourront enfin construire une petite
maison sur les terres qui leur appartiennent. Malgré la précarité dans laquelle
elle évolue et la haine de ses camarades face à son statut de métisse, Talitha
ne se considère pas comme malheureuse : elle a un père formidable, une
meilleure amie fantastique, un don pour le dessin et une passion pour les
chevaux. Aussi, rien ne la rend plus heureuse que d’apprendre que les nouveaux
voisins de son horrible tante possèdent des chevaux, qu’ils l’autorisent à
venir les voir autant qu’elle le souhaite, et qu’ils acceptent même de lui
apprendre à monter. Elle tombe sous le charme d’une pouliche promis à une
destinée exceptionnelle selon les croyances lakotas, mais aussi sous celui du
Neil, le fils ainé de la famille. Son bonheur est total, jusqu’à ce que leur
caravane soit frappée par la foudre et que tous ses rêves se brisent dans
l’incendie qui s’ensuit …
Comme la plupart des ouvrages d’Antje
Babendererde, ce roman plonge le lecteur au cœur d’une réserve indienne et
l’invite à découvrir le quotidien des Lakotas d’aujourd’hui. Une vie en
perpétuel équilibre entre les obligations de la vie « moderne » et le
respect des coutumes et croyances traditionnelles, une existence rythmée autant par les considérations
matérielles que par les exigences spirituelles et morales héritées du passé.
Mais ce roman nous montre également que cet héritage ancestral ne se limite pas
aux festivités et cérémonies dansantes et joyeuses qui nous viennent à l’esprit
lorsque l’on évoque la culture amérindienne : les Lakotas célèbrent aussi
les périodes les plus sombres de leur histoire, par de longues processions à
cheval sur les pas de leurs ancêtres abattus par les soldats Blancs. Et cette
haine des Blancs, cette rancune à l’encontre des chefs pacifiques qui ont
préféré la signature d’un accord à la poursuite de la guerre, se transmet, elle
aussi, et attise aujourd’hui encore des tensions qui séparent progressivement
la tribu. Talitha, bien malgré elle, devint ainsi le souffre-douleur de son
école parce que sa mère était une Blanche, elle qui respecte pourtant bien plus
les traditions que nombre de ses camarades. Ce roman nous conte la douleur d’un
peuple meurtri qui peine à pardonner aux descendants de leurs bourreaux.
Mais ce roman, c’est aussi l’histoire du
passage de l’enfance à l’adolescence, cette transition délicate où tous nos
repères s’effondrent, où notre corps se transforme, où nos rêves se heurtent à
la terrible réalité et où notre sensibilité est mise à rude épreuve. Avec
énormément de finesse, de justesse et de délicatesse, Antje Babendererde nous
invite à suivre Talitha dans cette étape difficile. Car Talitha a beau être une
jeune fille courageuse et débrouillarde, elle n’en reste pas moins une
adolescente sensible et innocente, qui se rend compte avec douleur que la vie n’est
pas un long fleuve tranquille mais un torrent déchainé, que nos choix ne sont
pas sans conséquences et que nos souhaits doivent affronter de nombreux
obstacles pour se réaliser. L’adolescence, c’est l’époque des premiers amours,
des premiers désirs qu’on ne sait comment exprimer, des premiers élans du cœur qu’on
ne sait comment combler. C’est l’époque de toutes les maladresses et de toutes
les peines. Comme toujours avec Antje Babendererde, ce roman est une véritable
source à émotions : on se réjouit avec Talitha, on est triste face à son
chagrin, on espère et on frissonne avec elle.
On se sent très proche de Talitha, et c’est un vrai bonheur que d’avoir fait ce
bout de chemin en sa compagnie.
En bref, Antje Babendererde nous prouve une
fois de plus que la classification « jeunesse » ne rime absolument
pas avec « faiblesse », mais plutôt avec « richesse » :
bien loin d’être un roman « simpliste » ou « futile », Talitha
Running Horse est au
contraire une histoire profonde et intense, qui appelle à des réflexions sur le
pardon et l’acceptation de la différence, sur l’adolescence et ses désillusions,
mais aussi sur l’importance du dialogue dans une famille, sur la
responsabilité, sur l’espoir et l’amitié. Un roman que je conseille à tous les
amoureux de la culture amérindienne, mais aussi à tous les passionnés de
chevaux (je n’en ai pas parlé car ma chronique est déjà assez longue, mais les
chevaux ont une place centrale dans ce récit) et à ceux qui aiment les belles
histoires d’amour et d’amitié. Un roman que je relirai avec grand plaisir !
Je ne connaissais pas du tout cette auteur mais je pense que ça pourrait me plaire, moi qui cherchait des lectures sur les amérindiens il y a peu. Merci pour la découverte !
RépondreSupprimerKin