samedi 28 septembre 2019

Le fabuleux destin d'un sapin - Antoinette Hontang


Le fabuleux destin d’un sapin, Antoinette Hontang

Editeur : Ex Aequo
Nombre de pages : 40

Résumé : Voici les mémoires d'un sapin. Né dans une pépinière, il ne connaîtra pas la forêt, son destin est de vivre parmi les hommes. Avec sa sensibilité d'arbre, il nous confie ses pensées, raconte son quartier, la solidarité entre les êtres. Des liens se tissent, les joies et les peines se succèdent au rythme des saisons: la vie en somme!

Un grand merci  aux éditions Ex Aequo pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -

« Jamais je ne serais le roi de la forêt, alors je m’engageais à devenir le ROI du JARDIN. Je n’eus rien à faire sinon grandir, m’étoffer, en un mot profiter ; ce que je faisais plutôt bien à en croire les commentaires humains. Il faut dire que je ne manquais de rien : exposition privilégiée, bonne terre, arrosage intégré … j’étais comme un coq en pâte ! Mon moral se trouvait également au beau fixe, car, à Mounicot, régnait un sympathique esprit de voisinage. Les gens s’entraidaient volontiers, se retrouvaient autour d’un verre. »

- Mon avis sur le livre -

En général, en ce qui concerne les petits ouvrages de la formidable collection Saute-Mouton, je consacre plus de temps à l’écriture de la chronique qu’à la lecture à proprement parler ! Il faut dire qu’avec ses quarante pages, ce tout petit roman ne m’a pas occupé bien longtemps … Comme quoi, parfois, il n’est pas nécessaire de faire long pour faire bon : c’est toujours un tel plaisir que de me plonger dans un de ces petits romans pour petits et grands enfants ! Suzanne Max, directrice de la collection, fait vraiment un très bon travail de sélection, car tous les romans de cette collection jeunesse que j’ai eu l’occasion de lire jusqu’à présent m’ont totalement conquise. Sans plus attendre, je vous parle donc du Fabuleux destin d’un sapin, un petit roman que je vous conseille plutôt de lire à l’approche de Noël, si possible à haute voix au pied du sapin, car lui aussi a le droit de partager un petit moment de lecture avec vous !

Comme bien des sapins, celui dont parle ce livre est né dans une pépinière, avant d’être transporté dans une jardinerie. Là, il a été repéré par un couple, qui l’emmena dans sa maison. Il fut bichonné, décoré, admiré, puis replanté dans le jardin, là où tout le quartier pourrait le voir. Au fil des années, il grandit, s’embellit. Au fil des années, on se regroupait autour de lui. On en fit l’attraction de l’année : le beau sapin, que l’on décorait avec amour, autour duquel on aimait se retrouver entre voisins et amis. Pendant plus de trente ans, il veilla sur ces hommes qui prenaient soin de lui, qui l’admiraient, qui l’aimaient. Aujourd’hui, tandis qu’un tempête s’abat sur lui, il nous raconte son histoire …

Je ne sais pas vous, mais je garde un souvenir émerveillé de toutes ses après-midis passées à décorer le sapin de Noël. A mes yeux, il n’y avait rien de plus beau qu’un sapin tout enguirlandé, tout illuminé, qui trônait fièrement au milieu du salon, attendant que des cadeaux ne viennent se glisser à ses pieds. Et puis, il y avait la tristesse de le voir se dessécher, perdre ses aiguilles, se ratatiner … J’ai fini par demander à mes parents de ne plus acheter de « vrais sapins », car cela me rendait toujours triste de savoir qu’un arbre avait été tué pour nous faire plaisir pendant quelques semaines – car ce n’est pas toujours évident de pouvoir replanter le sapin de Noël, si on n’a pas de jardin assez grand. Mais le sapin de cette histoire a eu cette chance : après son premier Noël – dont il garde un merveilleux souvenir, il se sentait tellement aimé ! –, il a élu domicile dans le jardin, au milieu d’un quartier fort sympathique où tout le monde s’entraide et s’apprécie. Commence pour lui la plus belle des histoires …

Une histoire faite d’amitié et de solidarité : dans ce quartier, les gens ne vivent pas repliés sur eux-mêmes, chacun dans son coin. Loin de là. Ils aiment se retrouver, monter des projets ensembles, comme une énorme famille. Autant vous dire que la beauté de ce majestueux sympa leur a donné une grande idée : et si, chaque année, on en faisait la mascotte de Noël du quartier ? Chacun met la main à la pâte : certains se chargent de fournir le matériel, d’autres s’occupent de décorer le conifère pour en faire le Roi de Noël … Le jardin du sapin devint le lieu de rencontre du quartier, le lieu de convivialité, de partage et d’échange. Un lieu de joie. Car voilà ce que nous enseigne ce vieux sage verdoyant : le bonheur est dans les petites choses simples du quotidien, dans un sourire, dans une main tendue … Dans l’amitié, dans l’échange avec ceux qui nous entourent au quotidien. 

On a terriblement besoin de ce message, nous qui vivons dans une société de plus en plus individualiste, où chacun ne s’occupe que de lui-même. Et surtout, nous vivons dans une société de plus en plus « virtuelle » : nous avons des milliers d’ « amis » sur les réseaux sociaux, mais nous n’avons aucun contact avec notre vieille voisine, malade et esseulée, qui donnerait n’importe quoi pour recevoir une petite visite. Je m’en rends compte dans mon village : il y a toujours autant d’enfants, mais plus aucun ne se rend au terrain de jeu, alors qu’il y a une petite douzaine d’année, nous étions des vingtaines à s’y réunir chaque jour après l’école, souvent rejoints par nos parents qui discutaient sur les bancs tandis que nous jouions à n’en plus finir. Les papas montaient le projet commun de nous fabriquer une immense cabane dans le jardin d’un d’entre eux, tandis que les mamans prévoyaient d’immenses gouters festifs. C’était tellement agréable, quel dommage que cela ne se fasse plus … peut-être qu’il nous faudrait l’aide d’un sapin !

En bref, vous l’aurez bien compris, c’est une histoire toute simple et toute douce que nous propose Antoinette Hontang … et qu’est-ce que ça fait du bien de lire ce genre de petit récit ! J’en ressors avec une bonne dose de nostalgie, et l’envie irrésistible d’aller toquer chez tous les voisins pour leur demander de faire passer ce livre de maison en maison, parce que c’est vraiment un petit roman à partager tout autour de soi. Parce que c’est un livre qui invite à créer du lien, qui appelle à former une immense chaine d’entraide, d’amour et de joie, tous ensemble, plutôt que de rester enfermé chez soi devant un écran. Alors n’hésitez pas : plongez dans l’histoire de ce sapin au grand cœur et partagez là autour de vous, aux enfants comme aux adultes, agrémentez ceci d’un grand sourire et d’un mot gentil, et c’est parti !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire