samedi 13 juin 2020

La 5e vague, tome 1 - Rick Yancey


La 5e Vague1, Rick Yancey

Editeur : Robert Laffont
Collection : R
Nombre de pages : 592
Résumé : À l’aube de la 5e Vague, sur une bretelle d’autoroute désertée, Cassie tente de Leur échapper… Eux, ces êtres qui ressemblent trait pour trait aux humains et qui écument la campagne, exécutant quiconque a le malheur de croiser Leur chemin. Eux, qui ont balayé les dernières poches de résistance et dispersé les quelques rescapés … Pour Cassie, rester en vie signifie rester seule. Elle se raccroche à cette règle jusqu’à ce qu’elle rencontre Evan Walker. Mystérieux et envoûtant, ce garçon pourrait bien être son seul espoir de sauver son petit frère, voire elle-même. Du moins, si Evan est bien celui qu’il prétend…


- Un petit extrait -
« Si c'est le cas, si je suis le dernier spécimen de l'humanité, putain, je ne vais pas laisser l'histoire se terminer comme ça. OK, je suis peut-être la dernière femme vivante, mais je suis encore debout. Je suis celle qui fait face au tireur sans visage dans les bois, sur l'autoroute abandonnée. Je suis celle qui ne s'enfuit pas, qui ne se contente pas de rester là, mais qui affronte.
Parce que si je suis la dernière, alors je suis l'Humanité.
Et si c'est notre ultime guerre, je suis son champ de bataille. »
- Mon avis sur le livre -

Ce livre fait partie des nombreux romans que j’ai survolés en lisant par-dessus l’épaule d’une amie lorsque nous étions au collège et passions nos récréations assises dans un coin à dévorer méthodiquement l’intégralité du fonds du CDI … Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il m’avait fait très bonne impression, et la seule chose qui m’avait alors empêché de l’emprunter à la seconde même où elle l’aurait rendu était que la documentaliste n’avait pas acheté la suite, et que je n’étais psychologiquement pas prête à commencer la trilogie sans avoir la possibilité d’enchainer avec les tomes suivants. Je me suis donc résolue à attendre de me procurer les trois opus pour dévorer enfin cette histoire qui promettait d’être palpitante. Et ce n’est que cette année que j’ai enfin trouvé les deux derniers tomes en occasion … Ma curiosité était d’autant plus forte que j’ai été voir l’adaptation cinématographique lors de sa sortie, que je l’avais trouvé superbe et que j’étais ainsi convaincue que le roman allait être mille fois meilleur. Spoiler alert : j’avais raison.

Il y a quelques temps encore, Cassie était une adolescente comme les autres : elle passait ses journées à discuter par sms avec sa meilleure amie, flashait sur le joueur de foot le plus sexy du lycée et s’énervait quand son père avait le malheur de l’appeler par son prénom complet pour la faire enrager. Mais Ils sont arrivés. Eux, que Cassie appellent tantôt les Autres, tantôt les Silencieux. Les Extraterrestres. Non pas ceux que décrivaient l’industrie du cinéma, tantôt bienveillants, tantôt suffisamment stupides pour être mis en échec par l’humanité soudée contre l’adversité. Non, des envahisseurs fichtrement intelligents qui n’ont laissé absolument aucune chance aux misérables cafards que représentent les êtres humains à leurs yeux : en quelques mois à peine, la population humaine a été réduite à une bouchée de pain. Parfois, Cassie a presque le sentiment d’être la dernière personne humaine encore en vie. Une seule chose l’aide encore à avancer, coute que coute : l’ours en peluche qu’elle trimballe nuit et jour et qui lui rappelle continuellement la promesse qui la lie à son petit frère. Elle le retrouvera. Quoi qu’il lui en coute.

Imaginez le Silence. Le vrai Silence. Pas un seul bourdonnement de voiture ou d’avion. Pas un moindre clapotis de votre réfrigérateur. Pas un minuscule brouhaha venant de l’appartement du dessus. Juste le Silence. Eventuellement le vent dans les feuilles et le chant de la rivière, mais rien de plus. Un Silence oppressant. Si vous faites le moindre bruit, si vous brisez ce silence, Ils le sauront. Et Ils vous descendront. Car Ils veulent notre planète, et ont entamé une vaste et implacable opération d’épuration. L’humanité vit ses derniers instants, décimée par les Vagues successives envoyés par les Autres, ces extraterrestres qui n’ont pas pris la peine d’engager la moindre conversation avant de frapper. Cassie a survécu aux quatre premières vagues, mais à quel prix ? Ses parents sont morts, son petit frère a été emmené elle ne sait où, et elle ne peut faire confiance à personne. Car les Autres se sont mêlés à nous, et quand vous rencontre quelqu’un, vous ne pouvez pas savoir s’il est humain ou non. D’ailleurs, qu’est qu’être humain ? Qu’est-ce qui fait de nous des humains et pas autre chose ? Quelle est l’essence profonde de l’humanité ? Voici une question qui traverse le récit d’un bout à l’autre, qui se déploie progressivement, subtilement, sans jamais prendre le dessus sur l’intrigue, mais qui fait son petit bonhomme de chemin dans l’esprit du lecteur. 

C’est à cette question que se retrouve également confronté Ben, notre second personnage principal. Je vous avoue avoir été fort décontenancée lors du premier changement de point de vue, car rien dans le résumé de la quatrième de couverture ne m’avait préparé à cela, mais il ne m’a pas fallu bien longtemps pour attendre avec impatience chacune de ses apparitions. Car Ben nous invite à suivre l’autre facette de l’histoire : qu’arrive-t-il au petit Sammy après qu’il ait été séparé de sa sœur ainée, que lui arrive-t-il pendant qu’elle tente de le retrouver ? Sauvés par des soldats qui leur affirment qu’ils ont trouvé un moyen de savoir qui a été infesté par un extraterrestre et qui est réellement humain, et qu’eux, les enfants, sont les derniers espoirs de l’humanité, ce petit bout de chou et son protecteur Ben, dit Zombie, subissent un entrainement militaire intensif … Soyons bien clair, on sent rapidement qu’il y a quelque chose de louche là-dedans, surtout quand on sait ce qu’a vu et vécu Cassie après que les enfants aient été emmenés. Page après page, chapitre après chapitre, un vif sentiment d’épouvante enfle dans tout notre être, on sent que quelque chose d’absolument effroyable est en train de se tramer devant nos yeux, et une fois qu’on a compris quoi, on est d’autant plus glacé d’affolement car on se demande comment ils vont bien réussir à se sortir de se guêpier.

Une chose est absolument certaine : il est impossible de sortir tout à fait indemnes de cette lecture. En effet, l’auteur n’épargne ni ses personnages ni ses lecteurs : il nous balance à la figure toutes ces atrocités, toutes ces douleurs, sans le moindre filtre. Chaque page apporte son lot de nouveaux coups de poings, chaque chapitre vous fracasse un peu plus le cœur. Il y a une puissance inouïe dans ce récit, et toutes les émotions ressenties par nos héros se démultiplient pour déferler sur vous comme un tsunami dévastateur. Avec Cassie, vous perdez votre mère, votre père, votre frère. Avec Ben, vous perdez votre amie, votre sœur, votre humanité. Avec Sammy, vous perdez votre joie, votre insouciance, votre avenir. Mais avec eux, vous tenez bon. Car Cassie vit avec sa promesse, Ben vit avec sa volonté farouche de faire mieux, Sammy vit avec cet espoir invincible que sa sœur viendra le rejoindre. L’humanité n’est pas encore morte, elle n’a pas dit son  dernier mot, tant que vivent encore des hommes pour penser aux autres, pour lutter au nom de l’amour, de l’amitié et de la fraternité. Vous n’imaginez même pas à quel point Cassie m’a touchée à chaque fois qu’elle s’accroche au Nounours de son petit frère, lui parlant pour le rassurer comme si elle parlait à son frère à travers lui. Elle est prête à tout pour le sauver lui, même à mourir, car elle a fait une promesse et compte bien la tenir. C’est terriblement émouvant.

En bref, vous l’aurez bien compris,  je me suis vraiment régalée en dévorant ce premier tome. Page après page, chapitre après chapitre, on sent la tension qui enfle au point de devenir insupportable, mais sans pour autant trouver la force d’arrêter une seule seconde sa lecture, tandis que l’action se noue et se dénoue, tandis que l’intrigue progresse vers ce qui apparait le point de non-retour, vers cet instant fatidique où tout peut s’arrêter ou basculer, cet instant qu’on attend et qu’on redoute à la fois. C’est vraiment un roman époustouflant que nous offre l’auteur, un page-turner incroyablement haletant qui vous happe du début à la fin, qui vous fait passer par toutes les émotions possibles et inimaginables. J’ai tremblé bien des fois, j’ai pleuré bien souvent, j’ai même rie parfois, et j’étais sous le charme toujours. Ce n’est pas uniquement une invasion extraterrestre incroyablement effrayante et palpitante que nous offre l’auteur, mais bien plus un récit qui nous rappelle qui nous sommes, pour le meilleur comme pour le pire. Car l’homme est capable des deux, mais que c’est quand le pire est la voie de la facilité que le meilleur prend tout son sens. A lire si vous aimez trembler et avoir le cœur qui s’affole pendant votre lecture !

2 commentaires:

  1. Merci pour l'avis qui m'a donné plus qu'envie de lire ce livre ! Je verrai si il est au CDI ;).
    Quand tu as parlé des ''Autres'', ça m'a de suite fait penser aux ''Estres'' dans Miss Perigrine et les enfants particuliers. Mais finalement, je me suis trompée. L'univers est différent et me tente beaucoup. Sans ta chronique je n'aurais sans doute pas cherché à en connaître plus car la couverture ne me donne pas plus envie que ça.
    Je me demandais si à mon âge (12 ans), il était possible de le lire car tu l'as dit... C'est cru et l'auteur ne vous épargne rien.
    Penses-tu également que le livre est trop vulgaire sachant que dans le petit extrait, nous avons déjà un gros mot. Non pas que ça me gêne spécialement (avec le collège, on est dedans) mais ça pourrait rebuter mes parents.
    Merci pour la chronique, aussi !

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    Réponses
    1. Je suis ravie que mon avis t'ai donné envie de le lire !
      Toutefois, je pense que tu devrais attendre quelques années avant de t'y plonger, peut-être plutôt vers 14-15 ans minimum, car il y a des scènes assez difficiles quand même ...
      Par contre, non, le livre n'est pas très vulgaire. Il y a certes quelques gros mots de temps en temps, mais rien de plus !

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