samedi 26 septembre 2020

La 5e vague, tome 2 : La mer infinie - Rick Yancey


La 5e Vague2, Rick Yancey
La mer infinie

Editeur : Robert Laffont
Collection : R
Nombre de pages : 401
Résumé : Cassie Sullivan et ses compagnons ont survécu aux quatre premières vagues destructrices lancées par les Autres. Maintenant que l'espèce humaine a été presque entièrement exterminée et que la 5e Vague déferle sur la planète, le groupe se trouve face à un choix : se préparer à affronter l'hiver en espérant le retour rapide d'Evan Walker, ou se mettre en quête d'éventuels survivants avant que l'ennemi ne referme sur eux son impitoyable piège. Personne ne peut prédire à quels abîmes de cruauté les Autres sont prêts à s'abaisser, ni à quelles hauteurs l'humanité saura se hisser. La bataille finale ne fait que commencer...

- Un petit extrait -
« Nous nous sommes regardés, et le temps s'est comme replié sur lui-même, le temps que nous avons perdu dans le sang et le temps que nous avons acquis grâce au sang, le temps où je n'étais qu'une chieuse de grande sœur et lui l'ennuyeux petit frère, le temps où j'étais celle qui valait la peine que l'on vive pour elle, et lui celui qui valait la peine qu'on meure pour lui. »
- Mon avis sur le livre -

Vous avez du vous en rendre compte désormais : j’aime beaucoup les livres à « deux niveaux de lecture », ceux que l’on peut lire à la fois pour le simple plaisir de l’aventure et pour les messages sous-jacents qu’on peut y trouver en creusant un peu, ceux qui nous permettent de vivre des péripéties qu’on espère ne jamais avoir à subir dans la réalité tout en nous questionnant sur le monde, la vie, l’humanité. L’équilibre est délicat à trouver : si l’auteur insère trop de « réflexions métaphysico-philosophiques », il risque de perdre nombre de lecteurs qui ne viennent chercher que du divertissement, mais s’il n’en met pas du tout, il réduira la flamme profonde de son récit à néant. Car bien souvent, les personnages eux-mêmes ont besoin de se rattacher à quelque chose – la religion, la morale, l’éthique – pour rester pleinement humains en dépit de toutes les horreurs qu’ils vivent et des actes parfois terribles qu’ils sont obligés d’accomplir pour survivre. C’est d’ailleurs un point de divergence récurrent entre papa et moi : lui fait un blocage dès qu’une chose « immorale » arrive, alors que j’aime personnellement analyser ce qui a été à l’origine de cet acte, de ce choix, et ce que ça montre sur notre propre humanité …

L’humanité. Cassie et ses compagnons ont parfois le sentiment de représenter à eux seuls les dernières réminiscences de l’espèce humaine. Sept gamins rescapés de cette implacable invasion extraterrestre, sept gosses même pas fichus de s’accorder entre eux : si Cassie refuse obstinément de quitter l’hôtel où ils se sont retranchés avant qu’Evan ne les ai rejoint, Ringer fait savoir qu’elle ne restera pas une seule seconde de plus dans ce trou à rats alors que l’hiver approche à grands pas. Les garçons assistent impuissants à cette lutte sans fin entre deux volontés inébranlables. La rupture est inéluctable : Ringer s’en va, en quête d’un nouveau refuge pour survivre à la mauvaise saison, suivie par la petite Teacup qui la voit comme son héroïne, tandis que Cassie, Ben, Sam et les autres décident d’attendre encore un peu, de laisser encore un peu de temps à Evan pour tenir sa promesse. Mais d’un côté comme de l’autre, les choses tournent mal : les Autres n’ont pas dit leur dernier mot, et il semblerait que leur plan soit loin d’être aussi évident qu’on ne pouvait l’imaginer …

Comme c’est souvent le cas dans les trilogies, ce deuxième opus est indiscutablement un tome de transition : c'est le calme après la tempête qui vient de s'achever et avant celle qui approche. Le temps semble s’être arrêté, une certaine langueur s’installe progressivement, entre attente et découragement. Rester, c’est mourir. Partir, c’est mourir. Car il ne fait aucun doute que les Autres sont toujours là, prêts à achever le moindre humain qui sortira de son trou. Mourir de faim et de froid, ou mourir abattu : tel l’âne de Buridan qui meurt de faim et de soif entre un seau contenant de l'avoine et un seau contenant de l'eau, n’ayant pu choisir entre les deux, nos héros semblent tourner en rond sans parvenir à se décider sur ce qu’il convient de faire. Alors ils piétinent. Le temps s’est arrêté, rien ne se passe : il faut le reconnaitre, le premier tiers est atrocement lent. Et pourtant, l’envie de poursuivre ne faiblit pas un seul instant. On a besoin de savoir. On est dans l'expectative, on se demande à quelle sauce nos héros vont bien être mangé : où, quand, comment ? Et surtout, pourquoi ? Au fil des chapitres, cette question se fait plus lancinante ...

En effet, dans ce tome, toutes nos certitudes s’effondrent une à une, et il ne reste plus qu’un océan de perplexité, une mer infinie de confusion. On ne sait plus à qui se fier, on ne sait plus que croire : jusqu’à présent, les choses semblaient simples, évidentes. Ils voulaient la Terre et décimaient l’espèce humaine pour s’approprier ce territoire. Mais plus ça avance, plus on se questionne : il y a quelque chose qui cloche, on le sent, on le sait. Mais impossible de mettre véritablement le doigt dessus, impossible de deviner quel est réellement leur plan. Tout comme Ringer, que nous suivons durant plus de la moitié du récit (à mon plus grand désespoir initial vu que je ne l’appréciais pas vraiment, et pour mon plus grand plaisir par la suite car elle s’avère bien plus intéressante – voire même un tantinet attachante – au fil des chapitres), on se demande sans cesse comment tout cela va bien pouvoir évoluer, comment tout ceci va bien se finir. Ce tome est certes bien plus calme que le précédent, mais une chose est absolument sûre et certaine : il est clairement aussi captivant, d’une autre manière …

En bref, vous l’aurez bien compris, bien que ce tome soit clairement un opus de transition, avec toute la monotonie que cela peut entrainer, j’ai tout de même passé un très bon moment de lecture, et surtout, j’ai atrocement envie de me jeter sur la suite, à défaut de pouvoir me ruer sur Vosh pour lui faire cracher ses quatre vérités. Si j’ai été quelque peu déçue et frustrée de ne pas voir Cassie et ses compagnons pendant toute la seconde moitié du récit, qui est centré exclusivement sur Ringer, il ne fait aucun doute que c’est cela qui pousse le lecteur à continuer, vaillamment, parce qu’on a besoin de savoir comment ce grand bourbier va bien pouvoir se terminer. Ça promet un troisième et dernier opus riche en rebondissements et en révélations, car il faudra bien qu'on est enfin le dernier mot de toute cette affaire, un opus riche en actions et en émotions, car on sent que tous ne s'en sortiront pas indemnes. Tous les nœuds de l’intrigue sont désormais bien noués, et on se demande bien comment ils vont se démêler pour former le fil du grand dénouement … J’ai hâte de voir ce que l’auteur nous a concocté, mais j’ai peur en même temps !

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