Editeur : L’école des loisirs
Collection : Medium +
Nombre
de pages : 246
Résumé : 1910, Buenos Aires. Une jeune femme
réapparaît au domicile de ses parents des années après avoir disparue, une nuit
alors qu’elle dormait dans son berceau. Une jeune femme sans aucun souvenir, un
homme qui se comporte comme un chien, les images hallucinées d’une session d’hypnose,
sont les pistes qui conduiront Alejandro à remonter le fil de cette sombre
histoire jusqu’à un dénouement aussi terrifiant qu’inattendu.
Un grand aux éditions L’école
des loisirs pour l’envoi de ce volume ainsi qu’à la plateforme Babelio pour
avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Il y en avait sur les murs, sur le sol, sur le plafond. Des lignes et des figures qui montaient, descendaient, se tordaient et s'entrecoupaient, explosion de formes et de couleurs. L'œuvre était fraîche, encore palpitante de vie. Au milieu du tableau, en plein centre, une étrange structure s'élevait à quarante centimètres de hauteur. La tête de Brian en constituait la base. Les yeux étaient ouverts. La bouche également, lui donnant une expression de surprise infinie. Sur la tête, un empilement d'os formait une espèce de pupitre où des feuilles étaient posées. »
- Mon avis sur le livre -
Ce n’est plus un secret pour personne :
j’aime énormément L’école des loisirs. Pas uniquement parce que ce sont les
albums et petits romans de cette maison d’édition qui m’ont donné le gout de la
lecture, mais aussi parce que leurs ouvrages sont toujours de grande qualité et
qu’ils éditent un peu de tout - du contemporain, de la dystopie, du thriller,
de l’atypique … C’est donc très enthousiaste que je me suis plongée dans La noirceur
des couleurs, un thriller
dont le résumé m’intriguait énormément : quelle est donc l’expérience
menée sur ces cinq enfants disparus ? comment et pourquoi ce journaliste
se retrouve-t-il mêlé à cela ? et surtout, c’est quoi cette histoire de
couleurs ? Autant vous dire que ce roman, pas bien gros, n’a pas fait long
feu … malgré mon manque de temps chronique, j’ai réussi à le dévorer en deux
petits jours à peine !
1885. Cinq bébés, de cinq nationalités
différentes, disparaissent mystérieusement la même nuit. 1910. Trois d’entre
eux réapparaissent tout aussi mystérieusement, sans le moindre souvenir de ces vingt-cinq
dernières années. Alejandro, journaliste, est engagé par le père d’Amira pour
découvrir ce qui est arrivé à la jeune fille durant son absence. Aidé dans ses
recherches par un talentueux mais fantasque hypnotiseur, Alejandro se lance à
corps perdu dans cette enquête … Sans se douter un seul instant que les
découvertes qu’il fera au cours de son investigation pourraient bouleverser son
existence toute entière …
Je dois bien l’admettre, j’ai eu quelques
difficultés à me plonger dans l’histoire : le début me semblait plat,
futile, inutile. Ce n’est qu’arrivée au dernier chapitre que j’ai compris l’intérêt
de cette longue et lente introduction, de ce « passage à vide » qui a
failli me décourager à poursuivre ma lecture. Je ne suis définitivement pas
douée pour repérer les indices semés ci et là par les auteurs de thriller :
je me suis laissée surprendre du début à la fin, contrairement à d’autres
collègues blogueurs qui regrettaient vivement la prévisibilité du dénouement !
Et même si c’est parfois un peu frustrant de se faire ainsi mener par le bout
du nez, cela est finalement la preuve que l’auteur a bien fait son travail :
j’avais tellement envie de savoir le fin mot de l’histoire, que je n’ai pas été
capable de deviner par avance, que je dévorais pages après pages, chapitres
après chapitres, afin de comprendre ce qui s’était passé … et ce qui était en
train de se passer.
Car c’est bien là la grande particularité de
ce roman : deux histoires nous sont contées simultanément et parallèlement.
D’un côté, nous avons la narration « traditionnelle », qui suit
Alejandro dans sa quête de vérité. Et de l’autre, nous avons le journal intime
du docteur Andrew, à l’origine de l’enlèvement des enfants, qui nous explique son
grand projet et l’avancement de cette expérimentation. J’ai énormément apprécié
cette alternance de points de vue, qui a fait naitre en moi de nombreuses
interrogations. Plus le récit avançait, plus je me demandais comment ces deux
histoires, séparées de plus de vingt ans, allaient finir par s’entremêler,
comment le passé allait-il rejoindre le présent. Alejandro découvrira-t-il la
sinistre réalité qui se cache derrière ces longues disparitions ? Mais
plus encore, ma curiosité se portait sur l’évolution de la situation : après
avoir appris les horreurs subies par ces enfants au nom de la science, comment
réagira-t-il ? L’histoire allait-elle s’arrêter une fois la vérité mise en
lumière, ou bien les résultats de cette terrible enquête allaient-ils entrainer
de nouveaux rebondissements ?
Ma crainte était là : que l’auteur se
contente d’amener le personnage principal jusqu’à la connaissance, et s’arrête
là. Fort heureusement, cette crainte s’est révélée infondée : les révélations
finales, qui je le répète m’ont laissée bouche-bée tellement je ne m’attendais
pas à cela (alors que, rétrospectivement, je me rend compte que j’aurai du m’en
douter, les indices étaient suffisamment éloquents … c’est juste que l’auteur a
réussi son pari avec moi : il voulait nous faire oublier un personnage, et
je l’ai effectivement oublié, ce qui a causé ma perte), ouvrent la voie aux
conséquences de cette découverte. Il y a du sang, des larmes, de la haine, de l’incompréhension,
il y a de la vengeance, de la violence, de l’émotion. Et puis, il y a le retour
à une vie « normale », une existence bouleversée par les
répercussions de cette enquête, mais une vie qui reprend progressivement son
cours … Je dois d’ailleurs avouer être restée quelque peu sur ma faim : j’aurai
vraiment aimé une vraie conclusion qui nous dise clairement ce que sont devenus
tous les personnages, au lieu de ce grand flou qui est tout sauf artistique.
Cette fin n’en est pas une : alors que ce livre est censé être un
one-shot, tout n’est pas réellement résolu, l’esprit du lecteur est encore en
questionnement, et c’est fort dommage !
Malgré ce petit bémol final, j’ai passé un
très bon moment de lecture en compagnie de La noirceur des couleurs, titre très bien trouvé au passage. Ce
livre, très bien écrit, est à la fois une enquête policière et la porte
ouverte à un questionnement éthique :
jusqu’où la science peut-elle et doit-elle aller ? peut-on tout accepter
au nom de la science ? suffit-il d’avoir l’intention d’agir pour le mieux
pour être dédouané de toute culpabilité ? A côté de ces interrogations, une
autre question, plus sociologique, s’impose également : sommes-nous le
fruit de notre nature humaine, ou bien de notre éducation ? Pour tout
dire, j’ai ressorti mes cours de sociologie de terminale afin de replonger un
peu dans cette grande thématique qui oppose nature et culture ! En bref,
un roman très intéressant, surprenant et captivant, que je conseille à tous
ceux qui ont le cœur bien accroché, car certains passages sont à la limite du
gore …
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire