Editeur : Dreamland
Nombre
de pages : 319
Résumé : La vie d’Alix a basculé à la mort de son
grand frère Paul qui s’est noyé lors d’une soirée entre amis. Depuis ce drame,
la jeune lycéenne est submergée par des émotions qui l’étouffent : rage,
tristesse, culpabilité, incompréhension. Fragile et meurtrie, Alix croise le
chemin d’Elyas, un garçon dont l’existence a également volé en éclats. Il a fui
la Syrie où ses parents, ses frères et sœurs ont été tués sous ses yeux. Entre
les deux adolescents, la compréhension est immédiate. L’attirance aussi.
Ensemble, ils vont tenter d'apprivoiser leurs nouvelles existences et de
résoudre le mystère de la mort de Paul. Obnubilée par cette enquête, Alix ne
réalise pas à quel point Elyas a, lui aussi, besoin d’aide…
Un grand merci aux éditions Dreamland
pour l’envoi de ce volume.
- Un petit extrait -
« Le calcul de toutes ces forces en présence me rappelait combien nous n'étions que des corps soumis à des interactions. Tout ce qu'on voulait y mettre derrière, les sentiments, les émotions c'était du pipeau. Ce qui avait fait couler mon frère, c'était cette stupide attraction terrestre, qui avait mis minable la poussée d'Archimède. Tout le chaos que cela avait engendré dans nos vies n'était rien dans l'ordre des choses et du cosmos. Les forces gravitationnelles se moquaient bien de savoir si j'allais élucider le mystère de la connerie accidentelle de Paul, si ma mère allait s'en remettre un jour, ou si j'allais revoir Elyas au lycée. La lune tournerait toujours autour de la Terre et la Terre autour du Soleil et nos petites vies merdiques n'avaient qu'à s'en contenter. »
- Mon avis sur le livre -
On inaugure aujourd’hui le tout premier « vrai »
partenariat du blog, et croyez-moi, j’en suis toute retournée ! En effet,
il y a de cela quelques mois, j’ai reçu dans la boite mail du blog une sacrée
surprise : les éditions Dreamland me proposaient un partenariat. A moi,
petite blogueuse de rien du tout, qui ose à peine demander un service de presse
ponctuel à une maison d’édition de peur de paraitre présomptueuse, vous vous
rendez compte ?! Aujourd’hui encore, j’ai du mal à y croire … et pourtant,
ça y est, c’est le grand jour : je vous parle aujourd’hui de ma toute
première lecture Dreamland ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que
non seulement elle m’a énormément plu, mais elle m’a surtout beaucoup
chamboulée !
Cela fait quatre mois que l’existence d’Alix
a basculée. Quatre mois que Paul, son frère ainé, s’est noyé dans le canal
suite à une soirée entre amis. Quatre mois qu’Alix se demande comment cela a
bien pu arriver, comment son frère si raisonnable et si posé a pu finir au fond
du fleuve. Quatre mois que sa famille s’effrite progressivement, que son père
se noie dans le travail et sa mère dans l’alcool. Quatre mois que sa meilleure
amie Fanny tente à tout prix de l’aider à remonter la pente. C’est ainsi qu’un
soir, en venant diner chez Fanny, qui vit dans un « habitat collectif
participatif », Alix fait la connaissance d’Elyas, qui vient d’arriver de
Syrie avec son frère ainé Aylan et qui loge chez l’un des étranges voisins de
Fanny. L’âme et le cœur d’Elyas sont tout aussi cabossés, si ce n’est plus, que
les siens … C’est peut-être cette souffrance commune qui les a rapproché, ou c’est
peut-être autre chose, mais une chose est désormais certaine : c’est à
deux qu’ils vont affronter leur peine et leur douleur …
Avant d’être une histoire d’amour, ce roman
est donc une histoire de reconstruction. Depuis la mort de Paul, cette mort
inexpliquée, inexplicable, Alix est complétement perdue. Haine et culpabilité,
accablement et incompréhension se mélangent et s’affrontent en elle, et ce ne
sont pas ses parents qui vont l’aider à surmonter ce deuil : sa mère
sombre progressivement dans l’alcool et la dépression tandis que son père se
réfugie dans son travail de chirurgien-pneumologue. Son seul véritable soutien
est sa meilleure amie, Fanny, qui veille sur elle sans tomber dans la
compassion dégoulinante des voisins et amis qui s’obstinent à la traiter comme
une enfant en cristal. Alix est une héroïne vraiment attachante, à laquelle je
me suis beaucoup identifiée grâce à son amour inconditionnel pour la lecture et
son désintérêt profond pour les soirées alcoolisées et autres « loisirs »
adolescents, grâce à sa fragilité et sa sensibilité … Elyas m’a énormément
touchée, également : encore hanté par les horreurs de la guerre syrienne
et de la traversée jusqu'en France, c’est un jeune homme en équilibre très
instable, tantôt insouciant et souriant, tantôt renfrogné et ombrageux, en
colère contre le monde entier.
Deux âmes abimées, deux cœurs blessés. Entre
eux, ce n’est pas le coup de foudre, pas vraiment. C’est plutôt comme si chacun
reconnaissait sa propre souffrance dans le regard de l’autre … et cela va les
rapprocher. On a beau s’y attendre, on a beau s’en douter, cela semble
tellement naturel, tellement évident, que cette prévisibilité ne choque pas, ne
dérange pas. La relation entre ces deux ados à la dérive est tout simplement
bouleversante. C’est beau, c’est cruellement beau. Car cet amour ne suffit pas
à effacer la douleur, à mettre fin à la peine et la culpabilité qui hantent
Alix et Elyas - la première persuadée qu’elle n’a pas été une petite sœur assez
perspicace, le second persuadé qu’il aurait dû mourir avec ses parents, ses sœurs,
son petit frère -, cet amour va même être menacé par la fragilité et le
déséquilibre psychologique de nos deux cœurs déchirés. L’amour n’est pas un
remède miraculeux, n’est pas un antidote magique. Ce n’est pas un roman à l’eau
de rose, même si certains passages sont mignons tout plein. Elyas et Alix s’aiment,
mais il va leur falloir beaucoup de temps pour commencer à revivre, et non plus
à survivre à deux : ils ne guériront jamais de leur souffrance, ils n’oublieront
jamais ceux qu’ils ont perdus, mais ils savent désormais qu’ils peuvent compter
l’un sur l’autre pour avancer.
Qu’ajouter de plus ? Je pense qu’il me
suffit de conclure en affirmant que l’auteur nous offre ici un roman
bouleversant, émouvant, une histoire captivante, déchirante, une histoire qui
fait pleurer mais qui fait aussi rire, une histoire qui fait trembler mais qui
fait aussi sourire. Il va me falloir du temps pour me remettre de cette
lecture, qui m’a fait l’effet d’une véritable claque : c’est dur, c’est
dramatique même, mais c’est aussi, et surtout, une véritable ode à la vie et à
l’espoir, à l’amour et à l’amitié, mais aussi au respect et à la tolérance, à
la bienveillance et à la générosité. C’est un livre qui fait du bien, même si
on a les larmes aux yeux du début à la fin, même si les thématiques abordées
sont graves et terribles. C’est un livre magnifiquement bien écrit, porté par
une plume aussi belle que simple, une narration qui va à l’essentiel et pleine
d’émotions. Vous l’aurez donc compris, je recommande vraiment chaudement ce
roman, qui s’adresse aussi bien aux adolescents qu’aux adultes !
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)
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