Editeur : Folio SF
Nombre de pages : 210
Résumé : Depuis sa naissance, l’enfant est enfermé dans une minuscule cellule,
au 804 du 5969e étage de l’Édifice. Autour de lui, que du béton, sans ouverture
sur l’extérieur. Et deux présences : le père qui s’abrutit de plus en plus et
la mère qui redoute l’expulsion. Immobile dans son dortoir, l’enfant est
bouleversé par une transformation qui lui révélera un horizon inattendu.
Un grand
merci aux éditions Folio pour l’envoi de ce volume et à la plateforme Livraddict
pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Mon nouvel œil se posait partout avec une attention d’une profondeur affolante. S’enfonçant sous chair, sous béton, pour s’ouvrir sur quelque chose d’imperceptible. Quelque chose qui augmentait les palpitations du cœur. Qui imposait le silence en tête. Quelque chose qui semblait m’observer en retour. Avec la même attention. »
- Mon avis sur le livre -
Parfois, on se retrouve confronté
à des ouvrages tellement atypiques que l’on passe complétement à côté … Et c’est
bien ce qui m’est arrivé avec Sous béton. Le résumé me promettait un huis
clos mystérieux et angoissant, mais ne me préparait pas à ce que j’allais
véritablement trouver derrière cette couverture assez intrigante, qui exprime
finalement bien ce qui finit par arriver - je crois - dans l’histoire. A vrai
dire, je ne suis certaine de rien à propos de ce roman : j’ai la vague
impression de ne pas avoir tout compris. Mais y a-t-il véritablement quelque
chose à comprendre ? J’ai comme le sentiment que le sens de ce livre ne m’apparaitra
clairement que dans quelques jours, quelques semaines, quelques mois peut-être.
Message à retardement. Ou bien message perdu à jamais dans le néant, comment
savoir ?
L’enfant n’a pas de nom, juste son
matricule et son numéro d’identification médicale. A quoi bon lui donner un nom ?
Il sera comme la mère, comme le père, comme tous les autres résidants de l’Edifice.
Il nait, il grandit, il se putréfie. S’il n’est pas expulsé avant. L’enfant est
le même que les milliers d’autres enfants de l’Edifice. Il est le même que les
milliards d’individus parqués dans cet immense bâtiment en Béton Total. Quotidien
immuable, cycle sans cesse renouvelé. Réveil, avalage des nutriments, absorption
du Savoir, sommeil. Et ainsi de suite. Jusqu’à ce que l’abrutissement ou la
pourriture s’empare de l’esprit et du corps. Jusqu’à ce que la répétition
incessante soit perturbée par une disparition. Celle de l’enfant.
Le premier tiers de ce roman est
intriguant. Comme le sont tous les romans d’anticipation à penchant dystopique.
Une humanité enfermée dans un immense édifice de béton, condamnée à l’immuabilité,
à l’immobilité, à l’impassibilité. Dehors, le néant, le chaos. Du moins, c’est
ce que l’on dit, ce qu’on l’on apprend, ce que montre les informations
quotidiennes. C’est ce que répète le père à l’enfant trop curieux, avant de le
punir pour cette curiosité, pour cette pensée. Car au sein de l’Edifice, on ne
pense pas. Penser, se questionner, poser des questions, c’est mettre en danger
tout l’équilibre de l’Edifice. L’Edifice est là pour les protéger de l’extérieur,
de la violence et de la mort qui y rôdent. J’ai plutôt apprécié cette première
partie, elle était assez intéressante, car on était finalement dans un système
dystopique poussé à l’extrême avec l’enfermement de tous dans une petite
cellule « familiale » en béton pour protéger ce qu’il reste de l’humanité.
On s’interroge sur les causes de cette organisation, sur sa naissance, sur ses
dirigeants …
Le second tiers, quand à lui, est
surprenant. Un tournant survint : l’enfant nous raconte comment, un jour,
une question s’est imposée brusquement à lui. « Pourquoi je me demande pourquoi ? ».
La passionnée de philosophie que je suis s’est brusquement écriée : la
naissance de la conscience ! A ce moment-là, même si je commençais à
trouver ce roman vraiment très étrange, j’étais encore suffisamment intéressée
par « l’histoire » pour me réjouir. De grands questionnements
métaphysiques, existentiels, étaient résumés par l’apparition du « semblable »,
cet « œil au cerveau », cette présence au fond de lui qui n’était pas
un organe, pas de la chair, mais quelque chose d’autre, d’indéfinissable, qui n’était
jamais mentionné dans le Savoir. L’enfant prenait conscience de lui-même, de sa
propre pensée, de sa propre existence, non pas en tant que corps mais en tant
qu’esprit. Ça commençait à devenir bizarre, cette histoire.
Mais le dernier tiers, lui, est carrément
déroutant, troublant, dérangeant. Une des découvertes que l’enfant fait, une
fois libéré de la frontière physique de son corps, une fois libre de parcourir
en esprit l’intégralité de l’Edifice, m’a tout simplement écœurée. C’est
révoltant, rebutant … mais on sent confusément qu’il y a un sens, un message,
derrière cette situation. En creusant un petit peu, on peut ainsi s’interroger
sur notre système économique, que la guerre rend fleurissant même si on se
voile la face. La mort des autres permet de faire tourner notre système. C’est
cruel à dire, mais c’est bien ce que montre ce livre d’une façon bien plus
imagée, mais surtout bien plus répugnante encore. Surtout, ne lisez pas ce
livre pendant les repas, c’est un conseil que je vous donne ! Mais ce que
je reproche vraiment à cette ultime partie, c’est d’être parfaitement incompréhensible
du point de vue de « l’histoire ». Je n’ai pas réussi à saisir ce qui
arrivait réellement à l’enfant, ce qu’il se passait véritablement. La
narration, très particulière j’en conviens, n’est vraiment pas claire. Du coup,
je n’ai rien compris à la fin. Et par extension, je n’ai rien compris à « l’histoire »
(si histoire il y a !) …
En bref, un roman qui débutait
plutôt bien, mais qui finit en bouillie littéraire inintelligible. C’est
oppressant, c’est angoissant, mais surtout, c’est déconcertant. Je suis à la
fois très perplexe et très frustrée : j’ai le sentiment d’avoir le cerveau
anesthésié par cette plume trop atypique pour raconter une histoire
compréhensible. Alors, on tourne les pages, plus par automatisme qu’autre
chose, sans véritablement savoir ce que l’on lit, sans en saisir le sens. Une
expérience littéraire, certes, mais qui n’est à mes yeux pas concluante du
tout. Ce livre aurait écrit en chinois que cela m’aurait fait le même effet :
mais qu’est-ce que ça veut dire que tout cela ? C’est dommage, mais c’est
vraiment la seule chose qui ressort de cette lecture, fort heureusement assez
courte !
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)
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