mercredi 6 février 2019

Le temps d'une étoile - Valentin Auwercx


Le temps d’une étoile, Valentin Auwercx

Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 332
Résumé : Je m'appelle Hélio Gargan et j'écris ce livre en 2518. Lisez-moi bien : mon présent – votre futur est bien plus horrible que ce que vous pouvez imaginer. Ici, plus tard, la vie n'a pas de saveur, la vérité est un mensonge et la liberté n'est qu'un mot. Mais si le décor est terne, la situation est pire. Notre espérance de vie ne cesse de diminuer et l'Humanité est sur le point de s'éteindre. Ce livre est un appel au secours, alors, vous qui en êtes la cause, pourrez-vous agir en conséquence ?

Un grand merci à Valentin Auwercx pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -

« Je ne suis pas dupe, je sais très bien qu'il arrive à tout le monde de faire des erreurs. Ce qui est étrange, c'est que peu importe leur grandeur, nous arrivons toujours à relativiser. Nous restons persuadés que le temps les gommera, qu'il suffira de tourner la page pour ne plus y être confronté, mais nous oublions la culpabilité qui les accompagne. Elle est comme un marque-page tranchant qui nous rappelle, d'un glissement de doigt à la douleur vive, que nous avons fait telle erreur, à tel passage de votre vie. Plus notre culpabilité est grande, et plus nous aurons du mal à tourner la page. »

- Mon avis sur le livre -

Cela fait des années maintenant que je tente par tous les moyens de donner le goût de lire à mon petit frère, qui passe ses journées à se bousiller les yeux devant des jeux-vidéos sanguinolents qui vont à l’encontre des valeurs profondément non-violentes de notre cellule familiale … Je pensais qu’il serait facile de lui transmettre « le virus de la lecture », vu que je suis bien atteinte, mais l’entreprise s’avère plus ardue que prévue. S’il pioche assez régulièrement dans les deux immenses bibliothèques remplies d’albums, de bandes-dessinées et de centaines de documentaires aux sujets divers et variés, il boude encore les « livres sans images » … Mais, parfois, un petit miracle survint : le résumé d’un roman a attiré son attention, et il vient me demander si je veux bien le lui prêter. Vous vous doutez bien que j’accepte bien volontiers ! Vu la petite lueur d’intérêt que j’ai entraperçu hier tandis qu’il lisait – fort peu discrètement – le résumé de ce merveilleux roman qu’est Le temps d’une étoile, je pense que j’ai tout intérêt à le laisser « trainer » quelque part pour l’inciter à l’emprunter …

Hélio, 25 ans, est professeur d’histoire, mais son plus grand rêve, c’est de devenir écrivain. Depuis des années, il s’acharne sur ce qui deviendra un jour son premier roman : il ne veut pas bâcler cette histoire, celle qui hante ses nuits et ses jours, celle qu’il réécrit pour la troisième fois car il sent qu’elle mérite mieux que les mots qu’il lui a déjà donné. Il se dit qu’il a le temps : il n’a que 25 ans, ce qui lui laisse encore 14 ans, 3 mois et 19 jours à vivre … Car en 2518, l’espérance de vie est de quarante ans, pas un jour de plus : l’humanité vit sous le joug mystérieux et inexpliqué de la Limite. Mais voilà qu’un jour, un aveuglant éclair blanc recouvre à nouveau la terre, tuant sur son passage tous les individus âgés de plus de 35 ans … Le lendemain, la Limite baisse à 34 ans … Tandis que l’espérance de vie diminue d’un an chaque jour, Hélio rencontre Astéria, énigmatique jeune femme étrangère à la cité ultra-technologique dans laquelle vit Hélio. Il s’est perdu dans ses yeux, elle s’est perdue dans les siens, ils sont amoureux et n’ont plus que quelques jours devant eux … 

Contrairement à ce que mon résumé laisse penser, ce livre n’est pas vraiment une romance, même si l’histoire d’amour entre Hélio et Astéria est un fil rouge essentiel du roman, celui qui fait d’un simple professeur d’histoire le héros de cette histoire. Non, ce livre est une mise en garde, un appel au secours. Dès les premières lignes, Hélio nous exhorte : « Si vous ne lisez pas ce livre, s’il vous plait, donnez-le à quelqu’un qui le fera. ». Dans les dernières lignes, il nous questionne : « Nous savons tous que l’Homme peut changer le futur, mais est-ce que le futur peut changer l’Homme ? ». Ce livre nous raconte un futur possible : souhaitons-nous réellement le voir advenir ? sommes-nous prêts à nous battre pour éviter aux générations futures ce terrible destin qui pèse sur leurs épaules si nous ne faisons rien ? ou bien allons-nous hausser les épaules et lever les yeux au ciel en déclarant que ce n’est pas un livre qui va nous dicter nos conduites ? pire encore, allons-nous rejeter la faute sur les autres, les dirigeants, les présidents des grandes firmes, en affirmant que ce sont eux les responsables et que nous, nous ne pouvons rien faire ? n’est-il pas plus facile de se laisser bercer par le confort du quotidien que de restreindre notre consommation d’énergie au profit de gens qui ne sont même pas encore nés ? 

Sans jamais être moralisateur, ce livre démontre plusieurs choses : que nous sommes tous responsables de l’avenir de l’humanité, que nous sommes tous coupables de notre passivité qui participe à la mort de notre planète, que les belles paroles en faveur de la protection de l’environnement ne valent rien si nous n’appliquons pas nous-mêmes les beaux principaux que nous professons. Il montre également que l’Homme n’apprend jamais de ses erreurs, et qu’« après un pas en arrière, il fait deux pas en avant », même s’il se trouve à quelques centimètres d’un précipice dans lequel il est tombé quelques jours auparavant. L’Homme se croit invincible, infaillible, et forcément meilleur que son prédécesseur. Il pense qu’il fera nécessairement mieux que celui qui a échoué. Il s’imagine que sa maitrise de la science fait de lui un puissant, capable de s’émanciper des lois de la nature. Mais il oublie qu’il n’est rien à l’échelle de l’univers, qu’il n’est même pas un grain de poussière. Et que si la vie s’est développée sur Terre, sans que l’on ne comprenne vraiment comment ni pourquoi, elle peut très bien s’éteindre aussi brusquement, aussi soudainement, aussi inexplicablement, qu’elle est apparu … Sans que nous ne puissions rien y faire.

Mais que ferions-nous, justement, si nous apprenions qu’il ne nous restait que quelques années, quelques mois, quelques jours à vivre ? Que ferions-nous de ce compte-à-rebours ? Hélio nous le dit : certains se laissent emporter par le désespoir et attendent la fin sans rien faire de leurs journées, d’autres au contraire choisissent d’en profiter pour satisfaire tous leurs désirs, même les plus malsains, d’autres encore sont prêts à croire tous les mensonges qui se présentent à eux dans l’espoir de vaincre la Limite, alors que certains préfèrent se perdre dans les méandres d’un rêve virtuel pour oublier cette réalité effrayante. Astéria, elle, « se promène sans compter le temps », sans « passer sa vie à essayer d’échapper à sa mort », elle vit, tout simplement, sans sembler se préoccuper de cette Limite qui ne cesse de baisser … Derrière cette histoire se cache finalement la question du sens de la vie, du sens que nous voulons lui donner surtout. Se pose également la question de liberté, de l’espoir et du bonheur … sans oublier l’amour ! Car, je l’ai dit plus haut, c’est bien le véritable coup de foudre entre le banal Hélio et l’insaisissable Astéria qui est au cœur de cette histoire. Je ne peux pas trop en dire pour ne pas vous gâcher la surprise, mais je peux vous dire que c’est Beau avec un grand B … C’est vraiment le genre d’histoire d’amour impossible et improbable qui nous fait croire en la poésie, en la magie, en la rêverie. 

En bref, vous l’aurez bien compris, ce livre est une vraie merveille. Magnifique histoire portée par une plume exceptionnelle, ce récit se fait l’écho d’un futur à bout de souffle qui a besoin d’un coup de pouce du passé – notre présent – pour ne pas s’éteindre. « Quelques mots suffisent pour dire de grandes choses, mais une belle histoire permet de les comprendre » nous dit Hélio … voici ce que nous offre Valentin Auwercx : une belle histoire pour nous rappeler que nous vivons « à une époque où tout est encore possible », et que nous ne pouvons nous permettre de fermer les yeux et de continuer notre petite existence comme si de rien n’était. Il est encore temps, Hélio en est persuadé : l’Homme est capable de grandes choses, si tant est qu’il accepte de travailler main dans la main avec son voisin et qu’il cesse de ne penser qu’à sa propre petite personne, si tant est qu’il accepte de faire quelques sacrifices pour le bien des générations à venir qui hériteront du monde qu’on voudra bien leur laisser. Souhaitons-nous la mort d’Hélio ? ou bien sommes-nous prêts à agir pour qu’il vive, lui qui témoigne de cet avenir qui pourrait être le nôtre … ?



Ce livre a été lu dans le cadre du Tournoi des 3 Sorciers
(plus d’explications sur cet article)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire