Le journal d’un nouveau parent
Editeur : Solar
Nombre
de pages : 458
Résumé : A 26 ans, Hollie McNish n'était pas prête à
devenir maman. Quand elle découvre qu'elle est enceinte, alors que son copain
lui annonce qu'il la quitte, elle est loin de s'imaginer tout ce qui l'attend,
toutes ces choses dont on ne lui avait pas parlé ... Sous la forme d'un journal
écrit sur le vif à quatre heures du matin, aux toilettes, à l'hôpital, au
travail, parfois interrompus par des cris, et parfois inachevés, ce livre
raconte son expérience personnelle, son ressenti et ses réflexions de jeune
parent, saison après saison, depuis le test de grossesse jusqu'aux 3 ans de sa
fille.
Un grand merci aux éditions Solar
pour l’envoi de ce volume et à la plateforme Babelio pour avoir rendu ce
partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Au cours de la matinée, je ne trouve plus mon stylo. Je le cherche partout sur mon bureau. Quand je demande à ma collègue si elle le voit, elle rit d’un air entendu en disant que j’ai le syndrome du neurone unique. J’entends souvent cette expression aux réunions du groupe pour les parents de nouveau-nés. Elle renvoie à la théorie, dénuée de tout fondement scientifique, selon laquelle le cerveau de la femme se remplit de ouate après l’arrivée de l’enfant. Seules les femmes ont l’air d’user de cette expression. Les hommes du groupe, non. Je n’ai jamais entendu parler du syndrome du neurone unique des papas. Les hommes ne disent pas cela. Parce qu’ils n’en souffrent pas : ils appellent ça être « défoncés de fatigue », reflet plus fidèle de la réalité. Bien joué, les papas. Pour les mamans, j’ajouterais volontiers quelques mots, pour dire qu’elles sont « défoncées de fatigue alors qu’elles gèrent les effets psychologiques et physiques d’une transformation interne et externe totale de leur corps ». »
- Mon avis sur le livre -
Parmi les questions récurrentes à propos de
mon « activité » de blogueuse, il y a le fameux « mais qu’est-ce
que cela t’apporte ? ». Si je me contente généralement de répondre « du
bonheur, tout simplement », puisque je ne me suis jamais sentie aussi
épanouie que depuis l’ouverture du blog, je suis bien souvent obligée d’apporter
un peu plus de précision, mon interlocuteur estimant que ce n’est pas une
réponse satisfaisante. Comme s’il fallait obligatoirement que cela m’apporte un
élément à ajouter à mon CV, que cela m’ouvre des portes pour mon avenir
professionnel, voire même que cela me permette de renflouer mon compte en banque !
Je suis donc obligée de répéter sans cesse que la seule chose que je recherche
à travers ce blog, ce sont le partage et la découverte. J’aime échanger avec d’autres
lecteurs. Et j’aime élargir mes horizons littéraires en testant de nouveaux
genres, en sortant de ma zone de confort. C’est ainsi que je me suis retrouvée
avec ce témoignage d’une slameuse féministe entre les mains … Et une fois
encore, l’équipe de Babelio a visé juste en me proposant cet ouvrage, ce fut
vraiment une belle lecture !
Tandis qu’Hollie, 26 ans, est sur le chemin
qui la conduit vers sa toute première scène de poésie, elle découvre qu’elle
est enceinte. La joie et le désarroi se disputent la suprématie dans son
esprit. Désemparée, désarmée, effrayée, émerveillée. Elle décide alors de
commencer à tenir un journal, un journal de « toutes les choses dont elle
ne pouvait pas parler » avec son entourage. Jours après jours, saisons
après saisons, elle raconte les joies et les peines, les petits et les gros
tracas du quotidien, les réflexions, les doutes, les maladresses … Elle raconte
l’amour qui grandit pour ce petit être qui vit déjà en elle, le bonheur et la
peur de voir grandir Petite Chérie qui fait ses premiers pas dans ce monde de
folie. Elle raconte les moments de désespoir, de découragement, les douleurs,
les larmes et les cris qui ne demandent qu’à sortir mais qu’elle doit réfréner.
Elle raconte comment elle est parvenue, progressivement, à apprivoiser le mot « maman »
…
Ce témoignage, donc, n’en est pas réellement
un : comme l’explique l’auteure dans les remerciements, elle ne pensait
pas publier un jour ce journal intime … Elle ressentait juste le besoin de
coucher sur papier toutes ses pensées, tous ses états d’âme, d’écrire ce qu’elle
ne pouvait pas dire à haute voix, ce qu’elle pensait tout bas. Puisque ces mots
n’étaient pas destinés à être publier, elle a écrit sans jamais s’autocensurer,
et cet ouvrage est donc vibrant de sincérité et d’authenticité ! Elle
évoque ainsi sans pudeur la difficulté à apprivoiser ce corps qui se transforme
soudainement, la terreur de mourir pendant l’accouchement, la question de la
sexualité après l’accouchement. Elle parle ainsi sans honte du calvaire de l’allaitement
en public, de la fatigue qui s’accumule au fil des mois, de la peur de mal
faire alimentée par les articles des magazines et les émissions télévisées.
Devenir maman, ce n’est pas uniquement donner naissance à un enfant, selon
Hollie : c’est une véritable transformation, physique comme psychique. A
travers ce journal, à travers ces poèmes, Hollie raconte à quel point c’est
dur, d’être maman. Mais aussi à quel point c’est beau. Ce livre, c’est aussi
une déclaration d’amour d’une mère à sa fille, d’une mère qui passe ses nuits à
regarder son nourrisson dormir, d’une mère qui passe ses journées à s’émerveiller
d’avoir donné la vie à ce petit être incroyable. Je l’admets volontiers :
j’ai pleuré bien des fois, tellement c’était émouvant !
Mais Hollie ne parle pas uniquement de sa
relation avec sa Petite Chérie, cette petite fille qu’elle a portée pendant
neuf mois et qui grandit désormais un petit peu plus chaque jour. Elle couche également
sur papier ses éclats de colère : ne pourrait-on pas la laisser élever sa
fille comme elle l’entend ? De quel droit diable d’illustres inconnus se
permettent-ils continuellement de la juger, de la critiquer, de la blâmer ?
Est-ce trop demander, de pouvoir allaiter tranquillement sa fille sans avoir à
le faire dans les toilettes publiques, au milieu d’odeurs nauséabondes et de
milliards de bactéries, sans recevoir de remarques désobligeantes face à
quelque chose de parfaitement naturel et bénéfique pour ce petit être fragile
et innocent ? Est-ce trop demander, de pouvoir s’assoir dans le métro
quand on va accoucher dans deux jours et qu’on ressemble à une montgolfière
ambulante, sans avoir en plus à faire face aux regards haineux de ceux qui
pointent du doigt en hurlant « tu es trop jeune pour être mère » ?
Est-ce trop demander, de pouvoir acheter deux biberons sans avoir à subir un
discours de persuasion expliquant qu’il est nécessaire pour le bon
développement de l’enfant d’acheter également une lotion pour le bain de bébé ?
Est-ce trop demander, de pouvoir acheter un blouson de pluie résistant qui ne
soit pas étiqueté « pour petit garçon », ou un vélo avec un panier
qui ne soit pas estampillé « pour petite fille » ? Entre
questionnement et effarement, Hollie dresse un portrait fort peu flatteur de notre
monde actuel …
En bref, vous l’aurez bien compris, j’ai vraiment
beaucoup aimé ce livre ! A travers ce journal, l’auteure livre un portrait
bouleversant de la maternité, avec ses bons et ses moins bons côtés. Elle parle
de sa vie de nouvelle maman, parlant des bons comme des mauvais moments. Elle
évoque la peur et la douleur, mais aussi le bonheur et la douceur. Et tout cela
sans le moindre filtre, sans la moindre retenue : Hollie livre ses pensées
à l’état brut, comme elles viennent, sans se préoccuper de la bienséance ou des
« qu’en dira-t-on ? ». Elle raconte tout ce qu’elle a sur le cœur,
sans rien cacher, sans rien dissimuler. Elle explique qu’elle a choisi d’agir
comme elle l’entendait, comme elle le sentait, comme elle le souhaitait, même s’il
est parfois difficile de ne pas céder à la pression de l’entourage et de la
société. Ce livre, à sa manière, est révolutionnaire : il invite à ne pas
se laisser influencer par les « conseils d’amis », par les remarques
et autres réflexions plus ou moins bienveillantes, et encore moins par les
grandes sociétés qui cherchent à profiter de la vulnérabilité des parents
débordés pour leur faire acheter tout et n’importe quoi, en titillant la
culpabilité inhérente à la peur de mal faire pour faire toujours plus de profit
… A la fois témoignage et manifeste, ce livre bouleverse et interpelle !
Ce livre
a été lu dans le cadre du Tournoi des 3 Sorciers
(plus
d’explications sur cet article)
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