L’envers du monde
Editeur : Scrineo
Nombre de pages : 390
Résumé : (Risque de spoiler du tome 1) C’est l’heure du duel décisif entre les deux camps qui
s’entredéchirent pour la cité mère de Kyrenia. Deux champions vont s’affronter
sur le sable de l’arène, un combat qui peut faire basculer le destin d’un
peuple entier. Mais quelques heures à peine avant le coup de gong, le culte du
Prophète a perdu son champion. Qui affrontera le redoutable gladiateur du
Temple ? Déchirée par les luttes de pouvoir, la plus grande cité du monde est
au bord de la guerre civile. Entre
complots, combats et trahisons, chacun
lutte pour sauver sa place et parfois sa vie …
- Un petit extrait -
« Attendre. Laisser venir. Ne pas deviner, ne pas prévoir. Ne regarder que les yeux, le fond des yeux, le fond de l’âme. Attendre l’étincelle, le souffle imperceptible qui s’infiltre dans les épaules, dans les poignets, jusqu’au bout de la lame. Attendre l’attaque comme on attend une vague, au bruit, à l’instinct, à la sensation d’écume. Distinguer l’animal apeuré derrière le jeu des postures… Et frapper. »
- Mon avis sur le livre -
Suite à ma
lecture du premier tome, qui m’avait énormément plu malgré cette fin
horriblement frustrante, je n’ai pas hésité une seule seconde avant de sortir
le second et dernier opus de ma pile à lire. Je vous conseille d’ailleurs de ne
surtout pas vous lancer dans la lecture du premier si vous n’avez pas le
deuxième sous la main : vous risqueriez de devenir fou d’impatience dans
le cas contraire ! Car monsieur Katz sait jouer avec nos nerfs : la
fin du premier tome ouvre un univers d’interrogations, et la tension est
insoutenable.
L’envers du monde est marqué par un changement capital : le point de vue.
Souvenez-vous : dans le premier tome, nous suivions l’histoire à travers
le personnage de Leth Marek, un ancien gladiateur qui, suite à un terrible
drame, se retrouve à escorter et protéger les fidèles d’un culte nouveau, le
culte d’Ochin. Dans le second tome, c’est Desmeon qui porte l’histoire, et j’en
suis ravie : outre le fait qu’il s’agit de mon personnage-chouchou, je
trouve cela terriblement intéressant d’avoir un autre point de vue sur les
événements. Car Desmeon est très différent de Leth Marek : là où le
gladiateur était violent et impulsif, le jeune combattant est ironique et
nonchalant, et cette différence se ressent dans la narration.
L’histoire est
donc la suite directe du premier tome : on retrouve les personnages là où
on les avait quittés. Mais les événements s’accélèrent : la confrontation
entre le culte de la Déesse et celui d’Ochin est imminente, la tension monte et
la violence se fait de plus en plus présente. On ne s’ennuie pas une seule
seconde au cours de ce roman, car l’action se fait omniprésente : il ne se
passe pas une seule page sans rebondissements. L’ambiance se fait également
bien plus sombre que dans le premier opus : outre les nombreux combats qui
rythment l’histoire, c’est surtout la noirceur de l’âme humaine qui est mise en
évidence au cours de ce livre. On en apprend plus sur les coulisses des deux
religions antagonistes, et il n’y a pas à dire : elles se ressemblent bien
plus qu’elles ne veulent bien l’admettre. Complots, machinations et manipulations
sont le lot quotidien des deux camps.
En ce qui
concerne les personnages, je vais redire ce que j’ai déjà dit dans ma chronique
du premier tome : ils sont terriblement bien construits, réalistes et
profonds. Je pense que cela est dû au fait qu’ils ne sont pas caricaturaux :
il n’y a pas d’un côté les super-gentils et de l’autre les super-méchants. Chaque
personnage a sa part de clarté et de noirceur, ils sont humains et s’intéressent
donc surtout à eux-mêmes, et ce au détriment des autres si besoin. Ce tome met
d’ailleurs en évidence cette ambivalence propre à chaque être humain : certains
personnages qui m’apparaissaient comme corrects et sympathiques au cours du
premier opus se révèlent finalement être aussi fourbes que les autres. Le moins
que l’on puisse dire, c’est que ce roman ne dresse pas un portrait bien
élogieux de la nature humaine …
Au cours de ce
livre, toutes les certitudes des personnages et du lecteur se voient réduites à
néant, brisées par les nombreuses révélations qui ponctuent le cours de l’histoire.
Une fois encore, l’auteur parvient à surprendre toujours plus ses lecteurs :
j’avais beau m’attendre à des coups de théâtre et à des retournements de
situation, je me suis laissée avoir à chaque fois car ce qui arrivait
réellement n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais. J’adore être surprise
quand je lis un roman, j’aime quand l’auteur arrive à nous mener par le bout du
nez pour ensuite nous mettre devant le fait accompli sans prévenir. Et sur ce
point, je suis servie, un grand merci à l’auteur !
Mais, parce qu’il
y a un mais … c’est quoi cette fin ? Depuis que j’ai tourné la dernière
page, je ne cesse de répéter ces quelques mots, cette interrogation vitale,
expression de la frustration qui m’a envahi lorsque le dernier paragraphe s’est
achevé. Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas une fin, cela, c’est un
instrument de torture ! L’auteur cherche vraisemblablement à faire buguer
le cerveau de ses lecteurs … dans mon cas, il a réussi, je suis resté bloquée sur
ce final si inattendu et si énigmatique. J’ai beau l’avoir terminé hier soir,
je suis encore sous le choc et je n’arrive toujours pas à m’en remettre. C’est
quoi cette fin, nom d’un petit bonhomme en mousse ?! Ne vous y méprenez
pas, je ne voudrais pas d’une autre fin car, en tentant d’oublier mon
effarement, je suis bien forcée d’admettre que ce final clôt magnifiquement le
dyptique. Mais il n’en reste pas moins que cette fin est terriblement
frustrante, en particulier pour ceux qui, comme moi, aiment que les choses
soient claires et nettes. Bref, une fin inoubliable !
Il est désormais
temps de conclure. Il m’est toujours très difficile d’abandonner des
personnages que j’apprécie, et c’est surement pour cette raison que je préfère
habituellement les longues sagas qui me permettent de rester plus longtemps en
compagnie des personnages. Mais dans le cas d’Aeternia, je n’ai pas tant de regrets : je ne
veux pas d’une suite, j’ai trop peur de ce qu’on pourrait y trouver ! Je ne
sais pas s’il est nécessaire de le redire encore une fois : ce dyptique
est un vrai coup de cœur, le genre de sagas que je relirais avec beaucoup de
plaisir dans quelques mois, que je redécouvrirais avec joie même si je connais
désormais les grands dénouements de l’histoire.
C’est une saga que je
recommande aux amoureux de la fantasy, bien évidemment, mais également à tous
ceux qui aiment se faire surprendre, qui adorent les intrigues où se mêlent
complots et trahisons, manipulations et révélations. Je conseille également ces
deux romans à ceux qui ont envie de réfléchir sur la nature humaine, sur la
religion, sur le bien-fondé d’un conflit … Je pense qu’il y a matière à
réflexion dans cette saga ! Plus généralement, je conseille ce dyptique à
tout le monde, car il ne faut pas passer à côté de cette petite merveille …
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