Editeur : Fleurus
Nombre de pages : 400
Résumé : À 14 ans, Becky semble être une adolescente
ordinaire. Elle vit avec sa mère, son beau-père et son demi-frère, va au
collège avec ses trois meilleures amies. Mais Becky avait un cœur malade et,
pour survivre, elle a dû subir une greffe. Depuis, la jeune fille est assaillie
par d’étranges visions dont elle ne s’explique pas les origines et elle a des
pensées, des envies et des réactions qui ne lui ressemblent pas. Au lycée, les
relations avec ses amies se tendent, à la maison, les disputes éclatent. Et si Becky avait reçu un « mauvais » cœur
?
- Un petit extrait -
« J'observe les autres passagers, et une pensée me traverse l'esprit. Des centaines d'autres wagons comme le nôtre sont remplis de gens avec des histoires qui s'entrecroisent. Même si on voulait cheminer seuls au fil de notre existence, ça ne fonctionnerait pas. On a tous besoin les uns des autres durant notre passage sur cette petite planète. »
-
Mon avis sur le livre -
Outre le titre,
que je trouve magnifique, ce qui m’a tout d’abord attiré chez ce livre, c’est
sa couverture. Sobre et très graphique, sans fioriture inutile, elle retient
immédiatement le regard. De plus, la quatrième de couverture est très vide, à peine
trois petites phrases d’accroche qui, en plus de résumer parfaitement l’esprit
du roman, sont irrésistiblement intrigantes. J’avais beau avoir déjà dévalisé
le rayonnage jeunesse du bibliobus – au plus grand désespoir du bibliothécaire
qui allait devoir enregistrer tous ces prêts –, je n’ai pas pu m’empêcher de le
glisser dans le sac ! Et je suis bien heureuse de ne pas avoir écouté la
voix de la raison mais celle de mon cœur : ce fut une très jolie
découverte.
Becky a quatorze
ans : à cet âge-là, on va au cinéma avec ses copines, on fait du sport et
on se délecte des rumeurs concernant les amourettes des autres élèves de sa
classe. Mais Becky ne fait rien de tout cela : son cœur est malade et elle
est bien trop fatiguée pour sortir de chez elle. Depuis deux ans, la famille de
Becky vit dans l’angoisse du lendemain : un organe arrivera-t-il à temps
pour la sauver ? Vous l’aurez compris en lisant le résumé, le miracle
arrive : un cœur est disponible, et compatible avec son groupe sanguin.
Becky va donc subir cette greffe, et sa nouvelle vie va pouvoir débuter.
Du moins, ça, c’est
la théorie. En pratique, l’adolescente a énormément de mal à réaliser sa
chance. Bien au contraire, elle vit dans la peur. Peur du rejet. Peur des
bactéries. Peur du regard des autres. Car ce livre traite également du harcèlement,
des moqueries, de la méchanceté des
adolescents entre eux et du cruel effet de foule qui peut conduire un collège
entier à se retourner contre une seule personne … Mais Becky est également
envahie par la culpabilité : elle se rend compte que si elle est en vie, c’est
à cause du décès de son donneur. Cette prise de conscience et l’immense
détresse qui en découle est parfaitement bien décrite par l’auteur. Becky s’en
veut, et par conséquent elle ne savoure par cette nouvelle chance de vivre.
D’autant plus qu’un
autre élément vient gâcher cette joie : depuis son réveil à l’hôpital,
Becky ne cesse d’être assaillie par d’étranges visions de lieux qui lui
semblent terriblement familiers et apaisants alors qu’elle sait pertinemment qu’elle
n’y a jamais mis les pieds. Pire encore, Becky a le sentiment de ne plus être
totalement elle-même : ses gouts alimentaires changent, elle se découvre
de nouvelles performances sportives, et surtout, son caractère n’est plus
vraiment le sien. La colère monte en elle, inexplicable, elle a envie de hurler
et même de frapper les gens qui l’entourent. Et si la personnalité de son
donneur était en train de prendre le pas sur sa propre identité ?
La rencontre avec
Sam, un jeune homme de quinze ans qu’elle croise dans ses visions, va l’aider à
reprendre le dessus sur cette déferlante d’événements inexplicables. Becky va
progressivement se rendre compte qu’elle veut vivre, mais que pour cela elle va
devoir accepter de porter ce cœur qui n’est pas complétement le sien. Elle va
réaliser la chance qu’elle a de vivre, elle va réaliser le cadeau que cet
inconnu lui a offert. Et surtout, elle va apprendre à se reconstruire malgré
cette épreuve. Le lecteur est plongé au cœur de cette prise de conscience, et c’est
terriblement prenant, émouvant et poignant.
La plume de l’auteur
est d’une finesse rare : le style est fluide, très simple à lire. Les
chapitres sont courts et le roman se lit vraiment vite. Laura Summers aborde
dans ce livre plusieurs thématiques importantes : le don d’organe, bien
évidemment, mais également la solitude, la relation avec les parents, l’engagement
du personnel soignant, ainsi que la solitude et la difficulté à se reconstruire
suite à un bouleversement. Contrairement à nombre d’auteurs actuels qui
affectionnent les fins tragiques et moroses – dans l’objectif de montrer que la
vie n’est pas toute rose –, Laura Summers a fait le choix de terminer par une
touche d’espoir et d’optimisme.
C’est donc le
sourire aux lèvres que j’ai achevé cette lecture, et je remercie l’auteur pour
cela. Mon cœur battant a été une très bonne lecture, sans prise de tête, mais suffisamment
bien menée pour être inoubliable. Je recommande ce livre à tous les lecteurs,
jeunes comme moins jeunes. Il s’agit en effet d’une thématique assez peu
abordée en littérature, et ce petit récit vaut vraiment le coup d’être lu. Je
pense que je le relirai avec plaisir dans quelques années !
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